Introduction 1° Pourquoi une « introduction générale » à l’histoire des Temps Modernes ? C’est une période qui peut être un laboratoire pour étudier les « trois temps » de l’histoire, de Braudel. Le temps long qui nous permet grâce au recul à voir évoluer les choses (par exemple les institutions qui évoluent lentement ou l’industrialisation). Le temps moyen qui n’excède pas une génération (30ans) et qui va servir entre autre pour étudier le protestantisme et ses répercussions sur la vie politique et culturelle. Et le temps court qui sont des phénomènes pouvant modifier le court de l’histoire (bataille, guerre, règne, création d’une institution, crise économique) On peut aussi avoir une approche verticale et horizontale des problématiques. L’approche verticale suit un phénomène à travers les siècles, par contre l’approche horizontale va voir ce qui se passe ailleurs au même moment. Durant les Temps Modernes, la langue officielle pour beaucoup de choses comme la justice et l’enseignement n’est plus le latin. Comme les Temps Modernes est la période de l’histoire qui précède la période de mise en place de notre société, 90% du contenu des termes sont encore les mêmes aujourd’hui. 2° Cadres chronologiques, géographiques et thématiques du cours: Pour le début on a longtemps pensé à 1453 qui l’année de la chute de Constantinople. On a pris cette date là en comparaison avec le début du Moyen âge, qui correspond à la chute de Rome. Mais cela n’avait pas vraiment de sens car Constantinople est une ville d’Orient . On a donc eu besoin d’une autre date : 1492 est l’expression d’un monde qui s’ouvre et qui à plus long terme va amener à la colonisation et 1517 est le début du protestantisme qui plus tard va avoir des répercussions politiques. Pour l’Espagne cela pourrait être 1492, non seulement à cause de Christophe Colomb mais aussi car c’est l’année de l’unification de l’Espagne et la disparition des royaumes musulmans au Sud de l’Espagne. En Allemane cela pourrait être 1517, mais aussi 1493 qui est l’année d’avènement de Maximilien I et donc le début du règne des Habsbourgs. En Angleterre cela pourrait être 1485 qui est l’année d’avènement de Henri VII et donc le début des Tudors mais aussi le retour de l’autorité monarchique en Angleterre. Ou bien 1534 qui est l’année de promulgation de l’acte de suprématie de Henri VIII qui rompt ainsi avec Rome et devient chef de l’église dans son pays. En France il n’y a pas vraiment de date précise, d’ailleurs on ne parle pas de Temps Modernes mais d’Ancien Régime qui débuterait vers la fin de la guerre de 100 ans en 1453 ou bien à l’avènement de Louis XI en 1461 ou bien encore au début de la guerre des italiens en 1494. Pour déterminer la fin de la période on emploie souvent la date de 1789, la révolution va s’avérer importante pour une grande partie de l’Europe lors des guerres de Napoléon. Mais cette date n’est pas importante pour l’Europe de l’Est ou pour l’Angleterre. En Angleterre en 1776 il y a la publication de « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » par Smith, qui va engendrer une rupture du point de vue économique et qui va avoir des répercussions sociales assez importantes. On pourrait aussi nommer la date de 1806 qui est l’abdication de l’empereur François II et la fin juridique du saint Empire Germanique. En Russie la date devrait plutôt être 1917 avec l’arrivée du communisme. Il y a donc beaucoup de dates qui sont très symboliques, mais les dates ne sont pas fort importantes et pour les Temps Modernes il faut voir l’ensemble des évolutions, des réalités mouvantes et changeantes. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 1 Première partie: Cadres intellectuels, géographiques et religieux au XVe et XVIe siècles. Chapitre I.: L’esprit de la renaissance. a) Renaissance: le terme et son sens. vient de l’italien « rinascita » et fut utilisé par l’artiste et auteur italien Vasari (15111574). Ce terme fut employé dans un caractère métaphorique car on se trouve dans une période de nouvelle vigueur culturelle et artistique faisant suite à une période de déclin. Le terme a un sens esthétique et éthique, la renaissance c’est la renaissance des arts, on redécouvre le monde de l’Antiquité d’abord dans sa dimension esthétique. Car à Rome au 15ième siècle il y a de grands travaux de la papauté pour la construction de Saint Pierre et Paul et les matériaux sont trouvés sur les sites antiques comme le Colisee. En plus de cela il y a des terrassements pour construire des palais, on va alors redécouvrir les sculptures de l’Antiquité et la représentation de l’homme par le sculpteur antique, c’est un art profane et osé. On va alors aussi redécouvrir la littérature et la philosophie. La Renaissance va alors s’opposer à un passé proche d’un point de vue esthétique et éthique. La Renaissance sera la restauration d’un âge d’or et une recherche d'authenticité. Le Moyen âge va alors être perçu comme l’âge de la chasse aux sorcières, de l’inquisition (qui pourtant date surtout des Temps Modernes), de l’Eglise toute puissante,... => déformation de la réalité historique. Le Moyen âge est d’ailleurs une période sans nom qui se trouve entre la Renaissance et l’Antiquité. Volonté de rupture avec le Moyen âge. La Renaissance va apporter un nouvel esprit: individualisme, universalisme et laïcisation. C’est l’ère de l’individualisme car on a confiance en la nature humaine, c’est un temps de libération de l’homme. Car au Moyen âge l’homme était membre d’un groupe, d’une corporation, d’une paroisse, d’un atelier, d’une école d’un ordre. L’homme existe maintenant en tant qu’individu qui peut avoir une promotion sociale ou intellectuelle; chaque homme a une propre expression artistique et une propre pensée. Un esprit universaliste car l’homme a soif de connaissance, de découverte, le monde du Moyen âge devient trop petit, car c’est un monde d’attachement au chez soi (la sanction la plus lourde qui existait alors était une peine de bannissement). Il y a aussi une laïcisation de la société, c’est toujours une société croyante mais c’est la fin de l’exclusivité de l’église. Il va y avoir une coexistence d’une activité antique mais aussi chrétienne. Il y a une promotion de laïques car l’homme peut aussi se réaliser par les arts, la littérature, le commerce, les voyages, … . b.) L’humanisme L’humanisme est un courant ayant commencé à Florence au XIVè siècle et avait pour but de rechercher des manuscrits originaux d’auteurs latins et grecs; il fallait que ce soit des textes originaux car les humanistes voulaient redécouvrir la pensée et les écrits des auteurs grecs et latins. Ils vont créer une académie platonicienne à Florence avec une volonté de replacer les textes dans leurs contextes et teneurs originaux. Un exemple est Lorenzo Valla qui veut absolument retourner aux sources, au texte original et il a la volonté de considérer tout texte comme le produit de son temps. Avant cela, au Moyen âge les textes antiques avaient pour but de renforcer l’idéologie chrétienne ou d’appuyer les princes médiévaux. Erasme, est l’exemple même de l’humaniste, il tente de concilier sa foi chrétienne avec la culture antique. Il est aussi individualiste car il sort de la pensée de son temps et il Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 2 est laïcisant sans perdre son identité chrétienne, bien qu’il critique l’ignorance du clergé et la corruption de la papauté. Mais il a fait cela pour régler de l’intérieur les problèmes de l’église. Erasme a eu une influence sur pas mal de monde, dont Guillaume Budé, le fondateur du collège de France et Thomas More, l’auteur d’Utopia. L’humanisme, par contre n’aurait jamais pu exister sans l’imprimerie inventée par Gutenberg et perfectionnée par Plantin, car c’est elle qui a permis une plus grande diffusion des ouvrages écrits par les humanistes. Avant cela, tout devait être calligraphié et cela pouvait prendre un an ou même plus. Les humanistes vont être critiqués pour le fait qu’ils puissent conjuguer leur chrétienté avec leur amour d’un art payen. L’une des réactions contre les humanistes sera celle de Savonarole qui veut déposer le pape afin de prêcher le règne du christ et un certain obscurantisme avec un retour aux valeurs du passé. Les papes à cette époque là, étaient de vrais mécènes de la Renaissance et donc s’occupait un peu trop des arts et pas assez de la religion, de même ils se comportaient aussi comme des princes cherchant à défendre leurs territoires. c.) Expressions de la renaissance aux XVe et XVIe siècles. Quand on pense à la Renaissance, on pense aux arts: à l’architecture et Bramante qui dès 1514 prépare les plans pour la future basilique de Rome; il y a aussi la sculpture avec Michel-Ange et Cellini. Il y a Raphaël, Michel-Ange qui a peint la chapelle Sixtine et Léonard da Vinci qui étudie les œuvres, de l’Antiquité, surtout les sculptures, et qui expérimente en matière de peinture pour un équilibre parfait entre ombre et lumière. En tant que physicien il étudie les lois de l’équilibre et les met en pratique dans les sculptures du corps humain. La plupart des artistes italiens seront copiés et plagiés en Italie, par contre les chercheurs et physiciens seront copiés et plagiés ailleurs. Car Léonard de Vinci était aussi un précurseur de génie en sciences, il a expérimenté une machine à voler, un char d’assaut, un scaphandre, … . A cette époque là, l’astronomie va, elle aussi se développer et devenir une vraie science. Il y a par exemple Galilée qui va inventer la lunette astronomique et qui va émettre des théories sur le système solaire; Copernic, lui, va passer à l’héliocentrisme, ce qui va poser de nombreux problèmes, entre autre à l’église car ces théories heurtent les anciennes idées et leurs travaux respectifs vont être mis à l’index, ils vont être accusés d’hérésie et vont devoir se détracter. L’on voit bien ici une évolution d’une période où l’homme fait partie d’un groupe à une période d’homme individualiste. Autre scientifique, Kepler découvre l’orbite elliptique des corps célestes. En médecine Vésale écrit au 16ième siècle un ouvrage consacré au corps humain qu’il a observé en disséquant les morts (avant cela, le corps humain était considéré comme sacré). Ambroise Paré va entre autre grâce à cela pouvoir ligaturer les veines. En physique, Stevin démontre l'impossibilité du mouvement perpétuel. On va se rendre compte que le calendrier n’était plus exact, le jour le plus long n’était plus le plus long car une année contait 365 jours et non pas de 365 jours, 6 heures et quelques minutes. C’est Grégoire XIII qui va changer le calendrier Julien qui comptait 10 jours de retard et c’est donc ainsi qu’en 1582 on est passé du 5 au 15 octobre en une nuit et on va inventer l’année bissextile. Attention ce changement ne va pas avoir lieu partout en même temps, par exemple en Allemagne, ce ne sera qu’en 1700, en Angleterre se sera en 1752, en Suède en 1753 et en Russie en 1918. Et ce calendrier Julien est d’ailleurs toujours présent dans la liturgie orthodoxe. C’est un peu près au même moment, en 1575-1576 que l’on va mettre le premier janvier comme premier jour de l’an et plus le jour de Pâques (premier dimanche après la première Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 3 pleine lune du printemps); car cela était un problème, l’on conjuguait une date lunaire avec un calendrier solaire. (Quand il est noté n.s. c’est que la date a déjà été changée en notre système). Les sciences humaines, comme la science politique, l’histoire ou le droit vont être développées. Machiavel est un diplomate de Florence et a un sens aigu de l’observation tout en ayant le don de l’expérimentation. L’idée centrale de son ouvre, « Le Prince », c’est comment faire pour réussir? Le but de Machiavel est un idéal et pour y parvenir, tout les moyens sont bons, mais quand même avec certaines conditions: l’idéal doit être élevé et ni la violence, ni la trahison ne peuvent être utilisé, mais pour le reste tout est bon. L’idéal de Machiavel est l’unification italienne sur le principe de la Res Publica, c’est à dire la chose publique. Pour lui, l’intérêt public prime sur l’intérêt particulier, la raison d’état se place au-dessus des individus. La méthode historique se développe également. Mise en avant de l’observation et du scepticisme face aux sources. Découverte de l’historiographie et des ouvrages historiques tentent le pari de l’impartialité. L’histoire devient donc scientifique, et n’est plus seulement un genre littéraire. Pour le droit, on voit apparaître une nouvelle école de droit romain, qui est étudié par des écoles: les glossateurs, puis les post glossateurs ou les commentateurs. Par contre pour eux le droit romain ne doit pas être considéré comme le produit d’une époque et ils veulent savoir si le droit romain peut être appliqué dans la période qu’ils connaissent en complément du droit qu’ils ont déjà. Et pour eux la féodalité n’existait pas, car on en trouve pas trace dans le droit romain. Mais au 15ième-16ième siècles naît une école humaniste de droit romain avec entre autre André Alciat; eux voient le droit romain comme le produit d’une époque. C’est grâce à cet esprit de la Renaissance que seront possible les grandes découvertes et le protestantisme. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 4 Chapitre II.: Les « grandes découvertes ». a.) Causes et prémisses. Les découvertes ne sont pas dues à une entreprise planifiée et ne reposent pas non plus sur des expéditions antérieures, comme celle de Marco Polo, qui a peut être fait rêver des aventuriers, mais il n’en a pas découlé une planification d’un pouvoir politique. Causes des découvertes: l’or; avant cela on trouvait l’or au Soudan ou dans la région du fleuve Sénégal. Le problème est que tout l’or passait d’abord par chez les Arabes et entre autre la ville de Tunis (là où est mort saint Louis, il n’avait peut être pas que des raisons religieuses pour assiéger la ville) et puis seulement acheminé vers l’Espagne ou l’Italie. Mais au fil du temps, les besoins en or deviennent plus grands et la quantité importée, plus petite car conflit avec les Arabes; et de plus il y a des pirates en Méditerranée. A cause de cela, en 1436, le roi du Portugal va exempter de taxes toutes les importations de métaux précieux dans son pays, ce qui va donc accroître un possible bénéfice. Une autre raison économique, les épices qui arrivent via une route en partie terrestre et en partie maritime à Venise. Mais pour les mêmes raisons que pour l’or cela devient difficile et les épices rapportent aussi beaucoup. L’église a aussi la volonté d’une nouvelle œuvre missionnaire, la défense de la foi ne va plus s’exprimer d’une façon unilatérale avec les musulmans. Le but ne va plus être de convertir ou de libérer les lieux saints, mais bien d’apporter la foi chrétienne à ceux qui vivent dans l’ignorance de la foi ou même dans l’ignorance de Dieu. Mais ceci va surtout servir comme appui et justification pour les expéditions, plutôt que d’être un vrai but. La cause principale est en effet la soif de connaissance, l’esprit humaniste est donc la première cause des grandes découvertes, il faut découvrir ce qu’il y a au-delà. Toutes ces causes sont bien belles, mais sans un certain progrès technique, elles n’auraient pas suffit. Il y a entre des innovations en matière de navigation, on voit apparaître la caravelle, qui est un petit bateau, pour 30 à 40 personnes, d’environ 30 mètres de long. Mais avec la possibilité d’amener une cargaison assez importante. Mais les vraies innovations sont l’importante voilure qui permet de naviguer d’une manière plus autonome et le gouvernail axial qui permet de naviguer avec un vent ¾ face, ce qui n’était pas possible avant. Il y a aussi la boussole et le sextant (qui permet de savoir on l’on se trouve exactement). Et comme dernière innovation il y a le développement de la cartographie, qui avec Mercator devient une discipline scientifique. Dès le début du 15ième siècle, les Portugais commencent à voyager. Vers 1415 ils atteignent la partie Nord du Maroc et vont continuer à longer la côte africaine tout en établissant des bases comptoirs pour y échanger de l’or contre toutes sortes d’ustensiles. Vers 1456 ils vont avoir une base au Cap Vert et vers 1472, une en Guinée. Le problème, est que l’approvisionnement en or suffit à peine aux besoins portugais, et il n’y a pas d’épices. Ceci va pousser la monarchie portugaise à aller plus vite et plus loin. En 1488 Bartholomé Diaz va arriver à ce qu’il appellera le cap des tempêtes et qui plus tard va être rebaptisé le cap de bonne espérance. Ceci va ouvrir la voie vers l’Océan indien et une base va être crée sur l’île de Madagascar. Toutes ces expéditions ont bénéficiée d’un soutien royal de Henri le Navigateur, qui est le 3ième fils du roi Jean. Au début, il y avait une volonté d’évangélisation et puis il y eut l’envie de découvrir le monde. La contre partie de ces aides royales, furent que l’état va avoir le monopole des importations en or et en épices. b.) Voyages de Colomb et conséquences Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 5 Christophe Colomb est né en 1451 à Gènes, en Italie; il est le fils d’un tisserand et il va séjourner au Portugal pour parfaire sa formation en vue de succéder à son père. Mais il va porter de l’intérêt à la navigation, un intérêt qui va devenir plus grand en lisant différents récits surtout ceux de Marco Polo. Et il va se mettre à chercher une nouvelle route pour aller vers ce monde fabuleux que décrit Marco Polo. Avant Christophe Colomb, on prenait ce dont Marco Polo parlait, les millions de personnes, les richesses, la cité interdite, le commerce, …, pour de la fiction, mais Christophe Colomb est fasciné et veut absolument y atteindre. Et il ne peut pas prendre la route qui est monopolisée par le Portugal. Mais comme on sait depuis peu que le monde est une sphère, il y a sûrement une autre route. Colomb va donc se mettre à la recherche de commanditaires, pas vraiment pour de l’argent, car il avait déjà réussi à convaincre des entreprises privées; mais il voulait un monopole, des protections dont il pourrait tirer avantage ensuite, des privilèges fiscaux et des titres, entre autre celui de vice-roi des terres qu’il découvrirait. Et tout cela, non seulement pour lui, mais aussi pour sa descendance, en fait, on peut remarquer, qu’il cherche avant tout une promotion sociale. Il va d’abord aller voir à la cour du Portugal où il y a un refus car ses calculs semblaient douteux et même fantaisiste et car le Portugal a investi dans la route africaine. Chez les Français et les Anglais il essuie un nouvel échec, toujours car ses calculs semblent douteux et que de toute manière ces 2 royaumes ont d’autres priorités politiques. Puis il va aller voir aux royaumes de Castille et d’Aragon et le projet va être soumis à une commission qui va trouver l’idée séduisante, mais les calculs douteux et donc va émettre un avis négatif en 1490. Mais Christophe Colomb va insister et en 1492, il va avoir le feu vert car les Espagnols savent que l’autre route est condamnée par les Portugais et qu’il faut donc tenter quelque chose mais en prenant le moins de risques possibles et surtout en investissant le moins possible. Christophe Colomb va donc recevoir un équipage de 3 bateaux, le Pinta, le Niña et le Santa Maria avec seulement 100 membres d’équipage pour la plupart sortis de prison. On accord à Christophe Colomb, seulement les titres pour des terres dont il prendrait possession au nom du roi. Et il est aussi nommé Amiral des Océans, mais pour le reste, il ne recevra rien. Quand il part, peu de gens pensent qu’il puisse réussir, mais il va atteindre une terre qu’il va nommer Hispaniola, probablement l’île d’Haïti. Et lors de son premier voyage, il va explorer les Antilles. Il va faire 3 autres voyages jusqu’en 1504. En septembre 1493 il va peupler les îles découvertes et en 1500 il va enfin accoster sur la terre ferme entre le Venezuela et Panama. Quand il arrive, il voit des indigènes avec des parures en or, donc il est persuadé d’avoir découvert un pays où l’or abonde car en plus de cela, il trouve des pépites dans les rivières et lors de son 3ième voyage, il découvre même quelques mines. Il tente donc d’identifier ce qu’il à découvert et va donc tout naturellement voir dans Marco Polo, qui parle de Cipangu, qui serait un archipel de plus de 700 îles; pour Colomb, ça ne fait aucun doute, c’est là qu’il est arrivé et tout concorde sauf les nombreux bateaux qu’il n’y a pas et les coutumes des peuples, il se dit donc qu’il est en périphérie de cet archipel. En retournant aux thèses antiques, et la vue de tout cet or, va faire dire à Christophe Colomb qu’il est proche de la mythique Eldorado. Ceci va pousser beaucoup de navigateurs espagnols et ils ne vont pas faire comme les Portugais, qui eux ne rentrait pas à l’intérieur des terres; les Espagnols vont coloniser, évangéliser, … . Avant 1520, les découvertes vont être limitées aux Antilles et avant 1530, l’on trouve l’or avec le pillage des populations indigènes et dans les rivières, ce n’est seulement Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 6 plus tard, qu’il va y avoir une exploitation minière. Et donc les quantités d’or couvrent à peine les frais des voyages et aucune trace d’épices. Les impacts des voyages sont peu connus et surtout peu appréciés, car Colomb a différents conflits avec ses officiers et son équipage, on accuse Colomb aussi d’être un faussaire, car les indigènes mélangent l’or et le cuivre. Et il faut quand même dire que ses calculs étaient complètement faux; la question est pourquoi? Etait-il naïf, incompétent ou manipulateur? Il faut aussi dire que Christophe Colomb, n’a de son vivant jamais su qu’il avait découvert un autre continent. Amerigo Vespucci, né en 1484 à Florence, est un agent commercial qui travaille à Séville et qui a fourni à Colomb, du matériel pour ses voyages. En 1508 il va aller là où Colomb a été, et va émettre l’idée qu’il y aurait un autre continent entre l’Europe et l’Inde. Plus tard dans un traité de cosmographie allemande on va pour la première fois nommer America, le Sud de l’Inde Occidentale (l’Amérique du Sud). Et les cartes de Mercator, vont étendre ce nom à l’ensemble du continent. c.) Rapports entre l’Europe et les autres continents En 1498, Vasco de Gama va contourner le continent africain et tracer la route vers les Indes en fondant des comptoirs à Madagascar et en Mozambique. En 1500 Cabral va atteindre le Brésil et un bois de couleur rouge qui était très recherché, le brasil. En 1513 Balboa découvre le Pacifique. Entre 1519 et 1521 Magellan, un portugais au service des Espagnols va chercher un passage entre l’Atlantique et le Pacifique; il le découvrira à l’extrême Sud du continent, entre la terre ferme et la terre de feu, une partie de son équipage va faire le tour du monde, mais lui va mourir durant une lutte triballe aux Philippines. Entre 1519 et 1522 Cortes va découvrir et conquérir les empires Mayas (Yucatan, Guatemala, Honduras et Belize) et Aztèques (Mexique). Pizarre va conquérir le royaume inca (Bolivie et Pérou). Tous ces explorateurs sont obsédés par l’Eldorado et ils jouent sur les guerres internes, les croyances et la suprématie de leur armement (armes à feu et chevaux) pour conquérir ces empires. Entre 1534 et 1536 Cartier va atteindre Terre-Neuve; il cherchait une route vers les indes par le Nord mais en fait, il a remonté le Saint Laurent. Jusqu’au 17ième siècle les Français vont avoir un comptoir pour échanger des fourrures. Au 17ième siècle les Anglais et entre autre Hudson vont chercher à établir des comptoirs pour des fourrures. On va assister à un peuplement de l’Amérique du Nord; en 1607 déjà, la ville de Québec va être fondée et en 1642 Montréal. La plupart de ceux qui vont coloniser ce qui va devenir les Etats-Unis et le Canada sont des personnes qui fuient les persécutions religieuses et politiques. Les Hollandais (Peter Stuyvesant) et les Scandinaves vont être intéressés par le commerce; ce sont les Hollandais qui en premier ont fondé la ville de Nieuw-Amsterdam. Les Portugais vont seulement installer des comptoirs pour organiser l’échange des produits. Il n’y a donc pas d’empire colonial. Certains de ces comptoirs sont restés portugais pendant très longtemps (Macao). Pourquoi, y a-t-il donc eu tant de Portugais au Brésil? Car, il n’y avait pas de main d’œuvre sur place, et donc il a fallu amener des Portugais sur place, mais ils se sont mélangés avec les populations locales. Dès son 2ième voyage Colomb va amener avec lui des colons qui vont s’installer dans le nouveau monde. Cortes va devenir gouverneur de la nouvelle Espagne et il va aussi y avoir une nouvelle Castille. Plus tard il va même y avoir 2 vices rois, un à Mexico et un à Lima. Il y a une double philosophie derrière ce peuplement: la souveraineté, qui renforce la force espagnole et l’évangélisation, chez les Portugais, avec les Jésuites, et chez les Espagnols qui allaient surtout servir d’exemples. Au début les Français et les Anglais, Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 7 n’ont qu’un but commercial, qui est l’échange des fourrures contre des armes à feu et de l’alcool. Il va y avoir des conflits entre Français et Anglais pour la suprématie de leurs bases commerciales. Et au milieu du 17ième siècle, les Français vont aussi vouloir avoir un empire colonial, qui au début ne comprend que les Antilles (Guadeloupe et Martinique), mais plus tard aussi le Québec. Il y aura une politique de peuplement, les colons avaient d’ailleurs 12 à 14 enfants en moyenne. Le génocide des populations est une idée diffusée par Rousseau, la plupart des populations sont mortes en raison d’épidémies. Mais par exemple la syphilis vient de là bas et a été ramenée en Europe. Au début, il y avait une appréciation positive entre les locaux et les nouveaux arrivants, sauf évidemment quand il y avait de l’or. Il y avait un peu près partout une bienveillance, ce qui va changer quand on va s’apercevoir que certaines populations pratiquaient le sacrifice humain. Mais en 1537 le pape reconnaît le caractère humain des amérindiens, contrairement aux Africains. Un évêque va même émettre l’idée que les terres devraient appartenir aux indigènes. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 8 Chapitre III.: Les Réformes religieuses. a.) La Réforme protestante pluralité de causes: * Des causes religieuses et spirituelles: C’est une époque durant laquelle l’individu fut mis en avant aussi du point de vue spirituel et ceci depuis le mysticisme religieux de la fin du Moyen âge. Il y a aussi une volonté de simplification de la foi, on veut retrouver l’écriture comme élément essentiel. Ceci va aboutir à l’accent qui va être mis sur chaque croyant. * Des causes économiques et sociales: En plus du mal croire que l’on vient de voir, il y a un mal vivre du à la mauvaise situation économique. Et ceci vaut surtout pour l’empire dans lequel il y a un appauvrissement de la population et une économie déclinante car il n’y a pas de pouvoir fort, pas de structure étatique et une fiscalité pontificale qui accentue l’appauvrissement des populations. C’est pour cela que les réformes vont commencer par l’empire. * Des causes morales: Ceci, ce sont les abus de l’église et du clergé. Il y a des déviances, des excès du haut et du bas clergé. Chez le bas clergé, c’est le manque d’instruction, le concubinage, les paroisses laissées à l’abandon, … . Chez le haut clergé: les évêques, les cardinaux, le pape; c’est le goût du luxe. Il y eut déjà des réactions contre cela au Moyen âge: par exemple celle de Saint François d’Assise qui prêchait la pauvreté et l’abstinence. Mais cette fois ci, les réformes ne vont plus se faire à l’intérieur de l’institution, mais elles vont rompre avec l’institution. On va appeler les personnes qui vont rompre avec l’église, les protestants car ils protestent contre les abus de l’église et contre le manque de libre examen. On va aussi pouvoir parler de l’église catholique, qui n’est catholique que depuis la réforme protestante. * Martin Luther est né en 1483 et mort en 1546, c’est le fils d’un industriel qui possède une petite exploitation minière et qui subi donc la crise économique de plein fouet. Il fait des études à l’université et en 1505 il obtient une maîtrise en philosophie, en plus de ça, il obtient en 1512 un doctorat en théologie. Mais dès 1505 il décide de rentrer dans les ordres, et il va rentrer dans l’ordre de saint Augustin, qui est un ordre sévère avec des règles très dur. Et Luther est un homme angoissé et obsédé par l’idée que l’homme est par nature indigne du salut. Le 31 octobre 1517 il affiche à l’église de Wittenberg ses 95 thèses qui ne sont pas un manifeste politique, ni spécialement dirigée contre l’église catholique, mais l’établissement d’une distinction claire entre le divin et l’ecclésiastique, entre Dieu et les hommes. C’est donc une attaque contre les indulgences, c’est-à-dire la tarification des fautes et donc le possible rachat des fautes. Avant il était possible de racheter ses fautes avec la pénitence, donc en priant en faisant un pèlerinage, en jeûnant, … . Mais c’est devenu le rachat avec de l’argent et de plus il va même être possible de racheter ses fautes futures car l’église a besoin de moyens financiers importants. Luther pense que l’église n’a pas le droit de s’occuper de ce domaine, car Dieu seul peut pardonner les péchés et seulement dans le cas où il y aurait un repentir. L’idée centrale de Luther est le « sola Scriptura, sola Gratia, sola Fide » ou « Seul compte l’écriture pour aller vers le salut par la foi ». C’est un nouveau rapport entre le croyant et Dieu, le salut ne peut être qu’une initiative divine. C’est la justification par la foi, car le fait de croire est une condition absolue pour le salut de l’homme. Donc les bonnes œuvres, la pénitence, … doivent être des actes Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 9 gratuits, il n’y a pas moyen de racheter son salut. La seul chose qu’un croyant puisse faire, c’est croire. Il y a chez Luther le sacerdoce universel, la société n’est pas divisée entre laïques et prêtres, entre religieux et laïques. Il n’y a donc aucune utilité à avoir une hiérarchie ecclésiastique, car il y a un contact direct entre les croyants et Dieu. Ce qui fait qu’il n’y a pas d’utilité des saints, qui dans l’église catholique sont des intercesseurs entre les croyants et dieu. C’est aussi une liturgie dépouillée, dont la seule base de la foi sont les écritures saintes, donc les croyants doivent pouvoir accéder aux écritures, il va donc y avoir une traduction dans la langue des gens. Une dernière chose importante chez Luther est la réduction du nombre de sacrements, il n’y en a plus que 2, car le Christ n’a instauré que 2 sacrements: le baptême et l’eucharistie. Donc d’après Luther les autres sacrements ne sont que des subterfuges. Il y eut au sein de l’église, une réaction très violente sur le point de la forme et du fond. Sur la forme car généralement s’il y a une critique elle est se fait à l’intérieur de l’église et non pas sur la place publique. Et sur le fond car tout ceci touche à la foi (des dogmes sont mis en cause) et à l’institution (à travers sa fiscalité). Alors en 1518 Luther est sommé de comparaître à Rome. Après il répond de vive voix au légat du pape que l’écriture est supérieure au pape. En 1520 Luther reçoit une bulle pontificale d’excommunication, qu’il va brûler. Mais ceci n’inquiete pas que la papauté, Charles Quint va penser que les idées de Luther peuvent provoquer une rupture de l’empire. Et en 1521 lors de la diète de Worms, Luther va être mis au ban de l’empire, il va donc se retrouver hors du temps et de la religion. Mais ses idées vont connaître un succès considérable, entre autre chez les princes territoriaux qui de cette façon peuvent s’opposer à l’empire, ils s’opposent ainsi à la catholique dynastie des Habsbourg, qui remettaient en cause l’autonomie des princes. Ceci va provoquer une guerre jusqu'à Paix d’Augsbourg en 1555, qui reconnaît l’existence de l’église luthérienne et reconnaît à chaque prince territorial allemand d’imposer la religion de son choix « Cuius regie eius religio », celui à qui appartient la région, impose la religion. C’est donc l’échec de la politique des Habsbourg catholiques. * Ulrich Zwingli est né en 1484 et mort en 1531, il fait des études à Bale, il est fort influencé par les écrits d’Erasme et devient curé à Zurich. En 1521 il adhère au luthéranisme modifié à sa manière. Il prône une expérience personnelle en rajoutant au luthéranisme une vision plus humaniste et universaliste. Il y a un caractère plus optimiste. Il a une admiration pour la philosophie antique et en particulier Platon dans lequel il trouve une affirmation d’un rationalisme (le droit de penser pour soi) critique. Il a une vision plus sociale et plus politique du christianisme, il veut changer la société par la religion. On retrouve chez Zwingli la prédestination: Dieu choisi un nombre d’élus à qui il va donner la foi; ceci marque la souveraineté de Dieu et justifie la foi. La foi n’est plus un moyen d’accéder au salut, c’est un signe du salut. Il y a aussi l’action directe du Saint-Esprit qui vient donner la foi aux élus. Chez Zwingli, les sacrements ne sont que des symboles, par exemple il n’y a pas de présence divine dans l’eucharistie, il retient la phrase « Faites ceci en mémoire de moi », alors que Luther met l’accent sur « Ceci est mon corps ». Donc les sacrements ne font en fait que rappeler les actes du christ et vont donc passer au second plan alors que le sermon devient important, car c’est le commentaire de l’écriture. * Jean Calvin est né en 1509 et mort en 1547, il est fils de fonctionnaire et fait des études théologiques à Paris, puis des études de droit à Orléans et à Bourges. En 1533 il part pour la Suisse, en 1534 il rejoint la réforme, en 1536 il habite à Genève, en 1538 il est exilé par le conseil de ville et il s’installe à Bale, puis à Strasbourg et en 1541 il retourne à Genève. Il publie un ouvrage à Bale entre 1538 et 1541 qui s’intitule « Institution de la religion chrétienne » et qui est une synthèse de sa pensée Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 10 théologique qui s’adresse aux laïques. C’est un peu la doctrine de Luther revue et corrigée par un juriste. Il est plus autoritaire, organisé, austère. De plus il rajoute à Luther l’action politique que l’on retrouve chez Zwingli. Il part de la doctrine de Luther et y rajoute le lien entre l’église et l’état récupéré de Zwingli et c’est pour cela que Zwingli est important, il fait le lien entre Luther et Calvin. Il y a comme chez Zwingli la présence de la prédestination: il y a eu la déchéance de l’homme en raison du péché originel et Dieu a envoyé son fils pour les hommes capables d’entendre ses révélations, ce sont les hommes prédestinés, c’est une prédestination pessimiste car le salut ne vient pas pour tous les élus, il y a une double restriction. Chez Calvin, il y a aussi la transcendance divine: Dieu est très éloigné de l’homme, donc il y a un rejet de la figuration divine et de la tradition, c’est pour cela que les temples calvinistes n’ont ni sculptures, ni peintures, ni tableaux, il n’y a que la gloire de Dieu: « soli Deo gloria ». Les sacrements sont une manifestation du don de la foi par Dieu, mais ne sont pas fondateurs de grâce. Par exemple l’eucharistie n’est pas le sang et le corps matériel du Christ, mais n’est pas seulement non plus un symbole, c’est l’expression des vertus du christ. Calvin va vouloir organiser la société en fonction de la foi chrétienne, il veut hiérarchiser la société avec les 3 « ministres » essentiels: les pasteurs, qui s’occupent des sacrements et des sermons; les docteurs, qui interprètent les écritures; et les diacres qui s’occupent de la gestion, des pauvres, des gens malades, …, le côté humain. Il veut aussi reconnaître un rôle accru aux laïques et soumettre l’état à l’église, c’est une expérience théocratique, une société organisée selon les principes de la religion. C’est la soumission de l’état à l’église, du temporel au spirituel. Alors que Luther ne se préoccupait que du spirituel. Henri VIII règne de 1509 à 1547. En 1524 il promulgue un traité sur les sacrements contre Luther et il y a une persécution des réformes, par exemple les réformés sont expulsés de Cambridge. En 1527 il demande au Vatican l’annulation de son mariage avec Catherine d’Aragon avec comme prétexte officiel la consanguinité. Mais pour cela il avait reçu une dispense du Vatican et la véritable raison était le fait qu’il voulait une descendance, de préférence masculine. Mais le pape refuse et en 1531 Henri VIII se proclame chef suprême de l’église d’Angleterre, qui va devenir l’église anglicane. Ce n’est en tout cas pas au début une réforme, c’est un schisme. Le clergé va se soumettre au roi et en 1534 le roi va pouvoir nommer des évêques, mais la doctrine de l’église romaine est maintenue, la seule chose qui change c’est le chef. Mais sous les successeurs d’Henri VIII, on passe d’un schisme à une hérésie, il va y avoir un rejet de certains éléments de la foi romane. Sous Edouard VI, il va y avoir une évolution théologique vers le protestantisme, il va y avoir une réduction des sacrements: seul le baptême, l’eucharistie et la pénitence (qui va disparaître un peu plus tard) vont persister. Sous Marie Tudor il y a une tentative de restauration du catholicisme car elle a épousé Philippe II d’Espagne. Il y a une abolition de l’acte de suprématie et une répression des évêques qui ont épousé les idées de Luther. Mais sous Elisabeth Ier il y a une radicalisation de l’hérésie: il y a une fixation de l’anglicanisme dans sa structure (soumise au trône, et hiérarchisée) et dans ses principes théologiques, c’est une religion qui est inspirée du calvinisme, qui se prête mieux à une symbiose entre état et église. b.) La réforme catholique On a souvent utilisé le terme contre réforme pour désigner la réforme catholique, mais ce n’est peut être pas le bon terme, car cette réforme n’est pas uniquement une réaction contre quelque chose, c’est une reforme plus large qui refuse l’hérésie dans son mode de pensée et dans son action. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 11 Il y a au sein de l’église une réflexion biblique, dogmatique et historique. On veut un retour à l’église des origines et pour cela on va rechercher la vérité dans les livres saints mais aussi, contrairement aux protestants, dans la tradition. La réforme catholique, va se faire au Concile de Trente entre 1545 et 1563 et va partir des thèmes de la réforme protestante pour donner une vision propre. Il va y avoir une réaffirmation de l’existence des 7 sacrements, et une reconnaissance de la présence réelle du christ dans l’eucharistie, il y a une transfiguration. Il y a aussi une reconnaissance des œuvres de foi, pour souligner sa foi en Dieu et pour atteindre le salut, il n’y a donc pas de prédestination. La place des saints va être affirmée, non pas en tant que personnes adorées, mais en tant qu’exemples. Le Concile de Trente va aussi tracer des lignes de force théologiques, une théologie plus vivante avec une ouverture aux laïques; une théologie plus affective avec un Dieu d’amour et plus un Dieu vengeur; et une théologie mieux documentée avec par exemple les Bollandistes qui font des recherches sur la vie des saints et il va y avoir des textes juridiques pour régir l’église. Les papes de la fin du 16ième siècle vont avoir des propos sévères sur la vie mondaine de leurs prédécesseurs, l’image théologique va être mise en avant, les papes vont être soucieux des doctrines et de la discipline. Il va y avoir la fondation de la congrégation du saint office, ce sont des cardinaux qui vont veiller sur la doctrine catholique. En plus de cela, il va y avoir un réveil de la vie religieuse avec la réorganisation d’ordres religieux et la création de nouveaux ordres, qui sont des communautés marquées par une règle stricte et où la pauvreté est mise en avant pour favoriser la liberté de l’âme. Par exemple Sainte Thérèse d’Avila. Il y a aussi des ordres qui vont se spécialiser dans l’enseignement et la mission comme les jésuites ou les Ursulines pour les filles. Le but était de préparer à une carrière ecclésiastique mais très vite la bourgeoisie et la noblesse ont mis leurs enfants dans ces écoles. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 12 Deuxième partie: Politique, société et économie aux XVIe et XVIIe siècles. Chapitre I.: Les systèmes politiques. On a pu voir que les temps modernes débutaient en raison de changements. Un de ces changements est la construction de l’état. C’est en fait la formation de l’état moderne dont nos états sont les héritiers directs. Ce sont des états monarchiques avec une forte centralisation du pouvoir, alors qu’au Moyen âge il y avait un morcellement du pouvoir. Le roi était alors seigneur de tous et vassal de personne, mais au 14ième siècle on passe d’un roi suzerain à un roi souverain. On a affaire à un pouvoir de souveraineté, la souveraineté étant l’ensemble des caractéristiques juridiques qui font que le souverain exerce un pouvoir sur l’ensemble de ses sujets (c’est un concept de droit romain). On passe d’un rapport entre un roi et ses vassaux à un rapport entre un souverain et l’ensemble de ses sujets. Au 15ième –16ième siècles l’état moderne existe, est organisé, a le moyen d’imposer sa force et son pouvoir et s’exprime sur le plan international. Les monarques vont alors expérimenter des systèmes politiques, qui sont inscrits dans l’histoire de ces états. a.)L’Espagne Au 15ième siècle il n’y a pas de couronne d’Espagne, et pas non plus de cadre juridique précis qui pourrait favoriser une unification territoriale. Unification qui va se réaliser par une succession de hasard, de politique matrimoniale et de conquête territoriale. b.) France Lors de la guerre de 100 ans, il y avait 2 prétendants à la couronne: le roi d’Angleterre et le roi soi-disant de France, car il y avait des problèmes quant aux règles de successions et des problèmes entre le suzerain et celui qu’il considère comme étant son vassal. Le roi de France va gagner et renforcer ainsi son pouvoir. Louis XI va ainsi prendre des territoires aux ducs de Bourgogne. Durant la guerre de 100 ans il y avait les états généraux qui représentaient les 3 ordres: noblesse – clergé – tiers état (les bourgeois des villes); qui soutenait le roi dans sa lutte contre le roi d’Angleterre entre autre en lui donnant les moyens de sa politique grâce à des impôts. C’est ainsi que le roi va obtenir la gabelle, un impôt prélevé sur le sel; le sel étant le seul moyen de conservation à l’époque, il est très recherché. Et à partir de ce moment là, il n’a plus besoin de solliciter les états généraux car cet impôt qui devait être temporaire est entré dans les usages. En résumé Louis XI est une personnalité autoritaire, qui a un projet étatique et ne doit pas négocier pour des moyens financiers. Louis XI est un monarque absolu, c’est-à-dire détaché de tout, qui domine tout et la légitimité de son pouvoir est basée sur le droit divin. Etant donné que son pouvoir lui vient de Dieu, il ne pourra être remis en question que lors du jugement dernier. Au 16ième siècle on a la phase de mise en route de ce pouvoir politique et des penseurs politiques vont donner un corps à ce pouvoir politique. Il y a par exemple Jean Bodin qui écrit « La République » dans le sens de la Res Publica; c’est un ouvrage dans lequel il défend l’absolutisme de droit divin, il y donne l’image d’un roi législateur et le premier instrument de pouvoir royal est de faire la loi en dominant tout. Mais à cette Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 13 époque, le roi gouverne encore avec un principal ministre comme Richelieu ou Mazarin. Mais à partir de Louis XIV, le roi va gouverner personnellement: « L’état c’est moi » Mais il y a quand même des limites au pouvoir royal: il y a des lois divines et naturelles que Bossuet, le précepteur de Louis XIV, va enseigner au roi. Il y a aussi les lois fondamentales du royaume, qui sont des principes coutumiers que le roi doit respecter. Parmi ces lois il y a les règles de succession au trône: c’est la progéniture avec le privilège de masculinité en excluant les femmes. Il y a aussi la règle de majorité, qui est de 14 ans (13 ans révolus). Il y a la catholicité, le roi de France doit être catholique on se souvient de la France de Henri IV, un protestant qui est devenu catholique pour devenir roi, « Paris vaut bien une messe ». Et en dernier lieu il faut faire le serment du scare, qui veut que l’on respecte les coutumes et les privilèges des sujets. Cet ensemble de règles coutumières donne à la monarchie une sorte de fondement constitutionnel, même s’il vaut mieux parler d’un fondement statutaire. Il faut en tout cas faire une distinction entre la monarchie et la personne physique du roi, par exemple dans la phrase « Le roi est mort, vive le roi ». Le premier « roi » est la personne physique alors que le deuxième « roi » n’est pas une autre personne, mais on sait déjà qui sera le futur roi. Il y a aussi la phrase « Le roi ne meurt jamais en France », ce n’est pas la personne physique que l’on vise mais bien l’institution monarchique. Les parlements sont en France des institutions judiciaires et pas comme en Angleterre des institutions représentatives. A l’origine il n’y avait qu’un parlement, le parlement de Paris. Mais en 1453 il va y avoir la création d’un parlement à Toulouse car la distance (en temps et en coût) entre la Provence et Paris était très grande à l‘époque et en plus le droit était différent au Sud de la Loire. Au Nord on avait à faire avec la coutume alors qu’au Sud il y avait un droit écrit. Plus tard il va, y en avoir d’autres car à chaque fois qu’une principauté était rattachée à la France on transférait les institutions princières en institutions royales. Par exemple quand la Bretagne est rattachée à la France, la cour de justice ducale devient le parlement royal de Bretagne. On fait cela par crainte d’oppositions, et l’on va d’ailleurs faire de même pour la Bourgogne, la région de Bordeaux, les Pays-Bas, … . Les parlements forment une limite au pouvoir royal pour 2 raisons. La première est en rapport avec le fait qu’il n’y a pas de séparation des pouvoirs et qu’il va donc y avoir une confusion entre le pouvoir législatif et judiciaire. Le pouvoir judiciaire intervient dans le procédé législatif, c’est en effet au parlement d’enregistrer la loi, qui sert comme source formelle du droit. Et c’est le parlement qui le fait car il possède un greffe qui sait le faire et c’est de toute façon au parlement qu’il revient de pratiquer la loi. Et le parlement peut s’opposer à des décisions royales grâce au droit de remontrance, c’est le refus d’enregistrer une loi. Le parlement peut faire ceci car le roi avait juré le jour de son sacre de d’observer et de respecter les coutumes de ses sujets. Et donc si une loi va à l’encontre de cela, le parlement peut refuser, le parlement peut en fait juger de la « constitutionnalité » des décisions royales. Une fois que le parlement a refusé, il envoie des remontrances au roi. A ce moment ou bien le roi accepte celles ci et modifie la loi, ce qu’il fait lorsqu’il s’agit uniquement de raison technique. Mais le roi peut refuser de modifier la loi et il doit alors envoyer des lettres de jussions. Le parlement peut alors se plier à l’ordre du roi, mais il peut aussi refuser. A ce moment si le roi veut vraiment faire passer la loi, il doit convoquer un lit de justice. On appelle ça le lit en raison de la façon dont est organisé le parlement: Il y a une partie pour la cour et une partie qui est dite publique, dont les premiers rangs sont occupés par les avocats. Dans la partie pour la cour, il y a le ministère public et les représentants du roi Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 14 qui se trouvent dans le parc (parquet). Il y avait aussi un trône à baldaquins (comme un lit) pour le roi, mais qui était souvent inoccupé, cela voulait simplement dire que c’était au nom du roi. Mais quand le roi convoque un lit de justice, il se rend sur place et le parlement ne peut plus s’opposer au roi. On peut voir que le roi obtient de toute façon gain de cause mais après une longue procédure et le parlement s’oppose ouvertement au roi, donc ce dernier ne fait ceci que si c’est vraiment important. Et de plus comme le parlement est indépendant, tous les parlements peuvent refuser, et le roi doit se rendre dans chaque parlement (ceci va être supprimé au 18ième siècle). La deuxième raison pour laquelle le parlement est une limite au pouvoir royal est car le parlement rend la justice et peut donc à travers des décrets faire opposition au pouvoir, avec des décisions qui ne doivent pas être motivée, car ces décisions viennent du roi et motivé ces raisons se serait en fait impliqué le roi et même Dieu; si l’on donnait une mauvaise motivation ça pourrait vouloir dire que Dieu se serait trompé. Et le parlement trouve ceci en fait très pratique, ça lui permet de juger en équité et pas en droit et ainsi écarter certaines lois ou ordonnances. Au départ il y avait des institutions, et des hommes étaient nommés par le roi, ces hommes apparaissaient comme des créatures du roi. Mais ils vont vouloir l’amovibilité de leur charge, ce qu’ils vont obtenir au moment où Louis XI va arriver au pouvoir, car il voulait virer tout le monde et il y a eu de fortes protestations. Plus tard ces hommes vont obtenir le droit de transmettre leur charge à leur descendance (hérédité), ils obtiennent cela car le roi avait besoin d’argent et ils vont payer des taxes. Mais il y avait un problème pour les personnes qui n’avaient pas d’enfants, ou dont les enfants ne voulaient pas de la charge ou ceux qui n’avaient que des filles. Ces personnes là vont obtenir de pouvoir vendre leurs charges (vénalité) et lors de la vente, le roi prélève une taxe. Une fonction publique est maintenant considérée comme un bien privé. Quand le roi va avoir besoin d’argent, il va crée de nouvelles charges (premier perruquier du roi, grand maître du levé du roi, …), qu’il va vendre. Plusieurs personnes investissent là dedans car, toutes ces charges sont anoblissantes, donc donnent accès à des privilèges et à des exceptions d’impôts. Ceci va vite causer des problèmes au roi car il n’a plus d’autorité sur ces personnes, le roi n’a plus d’emprises sur les institutions. La seule solution qui lui reste est de donner le pouvoir réel à des personnes qui ne se trouvent pas dans ces institutions. Il va dès lors y avoir 2 catégories de personnes au service du roi: les officiers à la tête d’offices qui seront une propriété privée. Mais le roi va créer des commissaires à la tête de commissions, à qui le roi donne un pouvoir déterminé pour une durée déterminée et le roi va transférer les pouvoir des officiers aux commissaires. Par exemple à la tête de chaque province il y a un gouverneur, qui est officier et qui est en charge des questions militaires, des fonctions financières (contrôle et collecte) et de la police (les règlements pour la tranquillité de la province), il a aussi quelques pouvoirs en matière de justice. Mais plus tard à côté de lui, va être placé un intendant, qui est commissaire. Le gouverneur va rester le numéro 1 de la hiérarchie mais la plupart de ses compétences vont aller à l’intendant, le gouverneur va seulement garder le militaire. La seule institution qui va garder des officiers est le parlement, car il faut une formation et une expérience pour être au parlement; de plus la justice nécessite du temps et a besoin de connaître le passé. La principale opposition qu’il reste au roi est la noblesse d’épée (>< noblesse de robe, qui fut anoblie par une charge), qui est implantée dans les campagnes et peut soulever le peuple. C’est pour cela que Louis XIV va faire construire Versailles, qui sera une sorte de prison dorée pour la noblesse. Versailles est le lieu du roi et des commissaires alors que les officiers restent à Paris. La noblesse va devoir résider à la cour, où elle doit tenir son rang, être à la mode, entretenir des maîtresses, jouer, … . Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 15 Elle y fait en fait tout sauf s’occuper d’une opposition politique. Et le centre de pouvoir est le conseil qui se trouve à côté du roi à Versailles, se sont des ministres, dans le sens de serviteurs (du roi). Un des ministres les plus important est Colbert, qui est commissaire et est une sorte de ministre des finances. Les états généraux qui auraient pu être un contre pouvoir ne le sont plus depuis que le roi a obtenu un impôt sur le sel. c.) L’Angleterre ou le triomphe du Parlementarisme. En Angleterre, l’histoire est marquée par un conflit entre le roi et le parlement, qui est une institution représentative. Les origines de ce parlement datent du début du 13ième siècle et du règne de Jean, le frère de Richard Cœur de Lion. Il est d’abord régent et puis à la mort de son frère il devient roi. Il arrive à susciter l’opposition de toutes les forces du royaume: la Noblesse, le pape (qui vaut une suprématie du pouvoir papal) et les villes, qui en ont marre de payer des impôts pour des conflits perdus (perte de la Normandie). En 1215 les sujets vont arracher au roi, la Magna Carta libertatis aussi appelée grande Charte d’Angleterre. Cette charte est le fondement de toutes les constitutions modernes européennes et c’est un engagement du roi à gouverner autrement, c’est-à-dire en prenant l’avis de ses sujets. C’est pourquoi il fut crée une institution qui représente les sujets auprès du roi. Cette institution s’occupe de législation et de vote d’impôts; ces 2 choses étant souvent liées car quand le roi a besoin d’impôts le parlement l’oblige à faire passer des lois. Ce parlement fonctionne selon un mode bicaméral: il y a la chambre haute (House of Lords), qui sont les barons du roi et dont les membres le sont héréditairement; et il y a la chambre basse, avec les villes et la petite noblesse (la gentry) dont les membres le sont par élection. La chambre basse s’occupe des impôts et des lois et la chambre haute joue le rôle de conseil et de plus haute juridiction. Le jeu politique en Angleterre est un jeu fondé sur les rapports entre le parlement et le monarque. Les Temps Modernes débutent en Angleterre avec la dynastie des Tudor, c’est une dynastie qui s’impose après la guerre des 2 roses (la rose blanche de la maison de York et la rose rouge de la maison de Lancaster). Henri VII va recevoir les pleins pouvoirs du parlement pour mettre fin à la guerre civile. Il va alors y avoir un absolutisme d’intention, car le pouvoir lui fut quand même donné par le parlement. Cet absolutisme d’intention va se poursuivre sous Henri VIII car c’est une personne autoritaire qui n’a pas besoin d’impôts et donc qui ne donne pas de lois au parlement. En effet quand il est devenu chef de l’église anglicane, il a supprimé le clergé régulier (les abbayes) et va nationaliser les biens de ce clergé. Après lui, sous Elisabeth Ier l’absolutisme d’intention continue même si les richesses commencent à s’épuiser car les richesses commencent à venir des colonies et de la prise des bateaux espagnols. En 1603 Jacques Stuart qui est déjà roi d’Ecosse, monte sur le trône et l’on peu maintenant parler de Royaume-Uni, car il y a une réunion sous un même monarque de l’Angleterre et de l’Ecosse (c’est une union personnelle). Les Stuart veulent poursuivre la politique autoritaire des Tudor, mais ils n’ont plus les moyens financiers de le faire. De plus les Stuart sont catholiques et discriminent les anglicans. Charles Ier va rentrer en conflit avec le parlement, car il veut des moyens financiers mais refuse des contreparties. En 1642 il va y avoir une véritable guerre civile entre les 2 factions, les parlementaristes et les royalistes, ce qui est aussi une lutte entre anglicans et catholiques et à cette époque l’absolutisme est essentiellement catholique. En 1649, le parlement va utiliser le droit d’impeachment contre le roi. L’impeachment fut crée au 14ième siècle dans le cadre de la précision des cadres du parlement. Le parlement pouvait mettre en accusation les ministres du roi, seulement les ministres car au 14ième siècle, si quelque chose n’allait pas, ça ne pouvait pas être à cause du roi, mais c’étaient les ministres qui ne comprenaient pas ce que le roi voulait. La procédure voulait que la chambre des communes mette en accusation et que la chambre des lords Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 16 juge, car on ne pouvait à l’époque n’être jugé que par des pairs. Et d’habitude après que ce soit fait, le roi change de position, mais Charles Ier refuse et le parlement décide alors de lancer la procédure contre le roi lui-même. Le roi va être condamné à être décapité, ce qui va être fait à la tour de Londres. Dans toute l’Europe on va alors crier au régicide, ce qui n’est pas le cas car on a procédé par juridiction. On ne peut seulement reprocher au parlement d’avoir donné une interprétation extensive de l’impeachment. Pourquoi as-t-on alors parlé de régicide? Car la légitimité du pouvoir était différente, en France et en Espagne il y avait un absolutionnisme de droit divin, ce qui fait que seul Dieu peut juger les actes du roi. Mais ça faisait longtemps qu’en Angleterre on avait abandonné l’idée d’un pouvoir fondée sur une délégation par Dieu. Par exemple Thomas Hobbes dans son ouvrage « Le Léviathan », défend un pouvoir royal autoritaire en utilisant l’image d’un monstre biblique à plusieurs têtes. D’après lui, il faut que le pouvoir revienne à une seule tête pour qu’un état puisse fonctionner correctement. L’absolutisme en Angleterre est donc la délégation d’un pouvoir par les sujets, c’est une délégation tacite et irréversible, mais si le roi exagère, les sujets peuvent mettre des bornes. Le pouvoir du monarque est ascendant et non pas descendant (France ou Espagne). A la mort de Charles Ier il y a un intermède républicain jusqu’en 1660, c’est la république du Commonwealth qui supprime la monarchie ainsi que la chambre haute et il va y avoir la seule constitution que l’Angleterre n’ait jamais eue. Car c’est une période autoritaire de la part de Cromwell, qui est un despote pire que les rois. En 1660, c’est le fils de Charles Ier, Charles II qui monte sur le trône. 1649 n’était pas une opposition à la monarchie, mais une opposition au pouvoir autoritaire d’un homme. Mais le problème est que Charles II et puis Jacques II vont retomber dans les mêmes travers et vont avantager les catholiques en justifiant qu’ils furent discriminés sous Cromwell. Il y a alors un nouveau conflit qui va se terminer en 1689 par la "Glorious Revolution" quand le roi abdique (on lui avait dit que les événements de 1649 pourraient se reproduire). La fille de ce roi va épouser Guillaume d’Orange et l’on va rentrer dans une nouvelle période pour l’Angleterre. On peut dire que pour l’Angleterre il y a un échec de l’absolutisme et un triomphe du parlementarisme et que le régime politique va être une monarchie parlementaire. On peut dire qu’il y a en Angleterre une monarchie de type constitutionnelle. De type car une constitution doit normalement contenir une définition des pouvoirs et la relation entre les différents pouvoirs + garantie des libertés publiques. Ces 2 éléments ne sont pas toujours présent en Angleterre, sauf lors de l’intermède de Cromwell évidemment. Le grand modèle des textes « constitutionnels » est la Magna Carta libertatis de 1215, elle partage les pouvoirs en disant ce que le roi peut faire seul et ce qu’il ne peut pas faire seul, mais seulement avec l’accord du parlement. En 1628 il y a la Petition of Right, qui n’énumère pas des droits mais qui est un texte par lequel les sujets réclament le respect des règles juridiques de la grande charte mais aussi d’autres textes. On demande à l’Angleterre de respecter un caractère juridique, c’est un texte qui s’oppose aux dérivent absolutistes. En 1679 il y a le Habeas Corpus Act, qui concerne la procédure criminelle, c’est un writ (un bref), donc un document par lequel on engage une procédure, qui concerne le fait de se saisir du corps de quelqu’un (de l’emprisonner). C’est à partir de ce moment que le roi ne peut plus emprisonner quelqu’un sans qu’il n’y ait de procédure judiciaire (ceci évite les emprisonnements arbitraires). Et d’ailleurs aujourd’hui dans le droit anglo-saxon, il n’y a pas de détention préventive (il y a le principe de caution), sauf s’il y a un danger pour la société. En 1689 il y a la Bill of Rights qui est un droit à la liberté individuelle Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 17 et en 1701 il y a l’Act of Settlement qui règle la succession au trône et distribue les pouvoirs respectifs du roi et du parlement. Tous ces textes ont eu des conséquences importantes, par exemple l’Act of Settlement a influencé la constitution américaine pour la séparation des pouvoirs. Le Bill of Rights et le Habeas Corpus Act ont de l’importance pour la déclaration des droits des Nations unies et la déclaration européenne des droits de l’homme. d.) L’Empire C’est +/- l’espace qui constitue l’Allemagne actuelle. Le pouvoir impérial est sorti affaibli du Moyen âge pour 2 raisons. La première étant le fait que la dignité impériale (rétablie par Otto Ier en 962), ait un caractère électif; il y a une tractation entre différents dignitaires. Il n’y a donc pas de distinction entre la personne de l’empereur et la dignité impériale, il y a juste une succession de personnes. La deuxième raison est qu’il y a depuis 1075 un conflit entre l’empereur et le pape. Le pape veut une suprématie du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel ce que l’empereur ne veut pas. Il y a eu une évolution théocratique du pouvoir pontifical, sous Boniface VIII, l’universalité du pouvoir spirituel va être élevée au rang de dogme. Ce qui pose problème à l’empereur qui avait un système de politique de l’église impériale, il mettait à la tête des grands états, des figures ecclésiastiques comme à Liège par exemple. Car ceci permettait à l’empereur de choisir les princes. Mais le pape c’est attaqué au fait que l’empereur choisisse les évêques. Ces faiblesses vont ancrer le pouvoir impérial dans une perte d’autorité. Il n’y a pas non plus de pouvoir central, ni d’institution exprimant un pouvoir centralisateur. L’Empire est une mosaïque de principautés, et l’empereur est symbolique, il règne, seulement sur un territoire limité que sont les possessions de sa famille, mais il ne gouverne sûrement pas. L’empereur est aussi soumis à la bonne volonté de la diète, qui est une assemblée au pouvoir mal défini et avec une composition incertaine, et auquel l’empereur doit mendier pour avoir des moyens financiers ou pour solliciter de l’aide et à laquelle il ne peut imposer ses vues que s’il a des territoires patrimoniaux suffisamment importants. Pour preuve que l’empire n’existe plus vraiment un acte de 1442 qui ne mentionne plus le terme empire mais qui parle des principautés allemandes. Il y a un tournant à cela lors de l’élection de Maximilien de Habsbourg qui représente parfaitement l’esprit de la Renaissance en conjuguant tradition et vision d’avenir. En matière de politique, il va ainsi donner naissance au Saint-Empire romain de la nation germanique. Empire romain étant la tradition et nation germanique la réalité politique; cette terminologie va rester jusqu’en 1801, moment à partir duquel on va avoir affaire au Deutsche Reich. Il va œuvrer en faveur d’une libération du titre d’empereur vis-àvis de la papauté, c’est ainsi qu’après lui, les empereurs ne seront plus couronnés par le pape; il met ainsi fin à la dépendance symbolique. Et par exemple Charles Quint est couronné par l’archevêque de Cologne. Il développe aussi des institutions centrales et veut qu’elles soient l’expression du pouvoir impérial en dehors de la personne de l’empereur et ceci contrecarre aussi le pouvoir de la diète. Il y a 3 institutions qui sont crées: la chancellerie impériale; le concile aulique, qui à partir du 16ième siècle sera exclusivement composé de conseiller nommé par l’empereur et non plus issu de la diète, et comme 3ième institution il y a la Reichskammergericht en 1495, qui est une chambre impériale, et qui s’occupe de juridiction. Elle va d’abord être à Francfort, puis plusieurs autres ville avant d’arriver définitivement à Wetzler en 1693. C’est une institution qui est présentée comme arbitre entre les différents princes territoriaux; comme arbitre car l’empereur ne peut rien imposer, mais par contre, il peut chercher une solution acceptée par toutes les parties. Cette institution sera placée sous le Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 18 pouvoir de l’empereur. Comme le droit dans l’empire est coutumier, il est différent pour chaque principauté, et il fallait bien choisir quelque chose, et le seul qui puisse faire l’unanimité est le droit romain. Ce qui évidemment avantage l’empereur car en même temps c’est traditionnel et ça raffermit le pouvoir impérial, car c’est un droit qui venait de l’empereur Justinien et qui soulignait le pouvoir politique de l’empereur. Tout ceci va amener une stabilité relative pendant une grande partie du 16ième siècle, mais avec la montée du protestantisme et une récession économique il va y avoir un frein à la centralisation. Il va y avoir des guerres de religion qui vont faire de l’empire un champ de bataille et entraîner l’Europe entière. A la fin du 16ième siècle les états vont avoir plus d’indépendance au détriment de l’empire ceci est renforcé par la réforme. L’empereur ne va plus être fédérateur et ne va être respecté que s’il ne gêne pas les princes territoriaux. Le seul lien qui va justifier l’unité allemande est la menace étrangère de la Turquie et de la France. L’indépendance va aussi se faire au détriment des villes, qui vont subir un déclin progressif, ce qui va causer un déclin des campagnes et va plonger l’Allemagne dans une crise économique et sociale en plus des conflits religieux, qui arrivent à un moment de perte de vigueur du protestantisme et de montée en puissance de la réforme catholique et du baroque. La guerre de 30 ans va commencer en 1618 et se terminer en 1648; elle concerne avant tout l’empire, mais va atteindre une échelle européenne. Les causes remontent à 1582, quand l’archevêque de Cologne va passer à la réforme, mais il va vouloir garder son territoire et cela avec l’appui de certains princes territoriaux. Mais il sera chassé de son territoire par des troupes bavaroises et espagnoles. On va alors voir l’opposition entre 2 factions: l’Union évangélique composée de princes protestants appuyés par l’Angleterre, les Pays-Bas et la France; et la ligue catholique composée des Habsbourg et de l’Espagne. La France ne fait partie de l’Union évangélique que pour contrer l’Espagne. C’est au départ une guerre de religion pour finir en conflit politique européen. Ce sera aussi un conflit entre l’Empire et la Suède pour des raisons économiques concernant la mer Baltique. Et dans les Indes orientales, surtout aux Philippines il va y avoir un conflit entre les Pays-Bas et l’Espagne. Il y a donc des conséquences de la guerre jusque dans les colonies et c’est une des grandes différences entre les Temps modernes et le Moyen âge. Il va y avoir une place stratégique des colonies, la mainmise sur des colonies est l’expression de la puissance politique; c’est ainsi que Richelieu a dit « La souveraineté royale devrait se mesurer à la puissance coloniale ». L’économie européenne va ainsi dépendre des colonies. Le 24 octobre 1648 le traité de Westphalie va rétablir la paix dans l’Empire et va définir une « constitution » germanique qui va établir les cadres de l’Empire. C’est à ce moment que 350 principautés vont se faire reconnaître, ce sera le Landeshoheit qui est la souveraineté territoriale qui va marquer l’indépendance politique des princes allemands dont la seule obligation à l’encontre du pouvoir impérial sera l’interdiction de conclure des traités contre l’empereur. Les institutions vont disparaître, seule la chambre impériale va subsister pour garantir un arbitrage entre les états, mais ce ne sera plus une institution de l’empereur. Les questions religieuses devraient être tranchées par la diète mais à l’unanimité ce qui va aboutir à ce que chaque prince impose à ses sujets un choix religieux; c’est le « cuius regio eius religio ». Toutefois la liberté religieuse est garantie par le fait que le prince doit accepter l’émigration des sujets qui ne veulent pas adhérer à sa religion. Le traité de Westphalie a aussi des conséquences européennes, ils entérinent les conquêtes territoriales, c’est ainsi que l’Alsace va être transférée à la France. Les cantons suisses vont se détacher définitivement. Les provinces unies vont officiellement être indépendantes. Cela va aussi être la fin entre la guerre France – Espagne. Mais la fin de la guerre va marquer Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 19 la banqueroute de l’Empire et l’appauvrissement de la population dans son ensemble. L’Empire va être laissé comme un désert intellectuel, car les universitaires et les artistes ont fui l’Empire pour se réfugier ailleurs (aux Pays-Bas, en France, en Scandinavie et même en Russie). C’est une guerre avec peu de morts civils, mais avec un grand déplacement des populations, pas seulement les intellectuels, mais aussi les marchands et les personnes d’une autre religion ont fui, vers la Saxe, la France, la Suisse et les provinces unies. Ces traités de Westphalie marquent de leur empreinte la politique, l’économie, le social, la religion dans l’Empire et dans le reste de l’Europe. On ne peut d’ailleurs pas comprendre l’histoire contemporaine sans les traités de Westphalie, car c’est le point de non-retour d’une nation germanique décomposée. L’indépendance des états germaniques est garantie par les puissances étrangères, donc l’échec impérial est garanti par les puissances étrangères. Ce qui fait que l’Allemagne ne joue aucun rôle politique jusqu’au 19ième siècle et la montée de la Prusse, qui a voulu revenir aux traités de Westphalie avec la reconquête de l’Alsace. Chapitre II.: La société d’Ancien régime. a.) L’approche théorique: ordres, états et corps L’ordre est un terme caractéristique pour la période médiévale qui indique un état cloisonné voulu par Dieu; on naît dans un ordre, on ne devient pas dans un ordre. Le Moyen âge est une société trifonctionnelle avec 3 ordres correspondants à une fonction dans la société. A l’époque moderne on va plutôt parler de 3 états: la noblesse, qui protège avec les armes; le clergé qui a la responsabilité des âmes; et les paysans qui s’occupent de nourriture terrestre. Au Moyen âge c’est une société stable car elle est voulue par Dieu; on reconnaît la fonction plus les devoirs et les privilèges qui vont avec (par exemple la noblesse et le clergé ne doivent pas payer d’impôts). Mais vers la fin du Moyen âge la société est un peu perturbée pour 2 raisons: La première est que le troisième ordre ou le tiers état n’est plus composé que de paysans, il y a une nouvelle couche sociale qui apparaît, ce sont les artisans et les marchands. Et ces bourgeois vont devenir les représentants politiques du troisième ordre. La deuxième raison est que l’on voit apparaître une nouvelle forme de noblesse à travers le service du prince. Ce sont des juristes qui deviennent conseiller du prince ou qui travaillent pour des institutions. Il y a ainsi une perturbation de l’ordre voulu par Dieu, car la noblesse de robe ne protège pas la société et le tiers état des villes ne produit pas de nourriture. Les états généraux fonctionnent sur ce modèle de 3 ordres mais à part ça la notion d’ordre ne va plus suffire pour qualifier la société des Temps modernes. La classe a une base économique, c’est un critère dans le niveau de vie et définit un rôle dans le cadre de la production et de la consommation. Pour qu’il y ait des classes, il Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 20 faut qu’il y ait une conscience de classe qui ne se base pas sur une solidarité entre des membres mais plutôt sur l'opposition entre groupes. Alors peut-on vraiment parler de classes avant le 19ième siècle? Pour les historiens on ne peut pas car l’Ancien régime est fondé sur des fidélités, sur une hiérarchie qui s’exprime en terme de protections. C’est une société fondée sur un clientélisme, donc sur le rapport entre différentes parties en fonction de ce que les différentes parties peuvent apporter les unes aux autres. Mais pour les historiens marxistes l’histoire est marquée par les rapports entre exploiteur et exploité. Ils parlent de l’ère de l’esclavagisme qu’est l’Antiquité, de l’ère du capitalisme que sont les 19ième – 20ième siècles et du féodalisme entre les 2. Mais le féodalisme ne désigne aucunement un rapport entre exploiteur et exploité, c’est un contrat synallagmatique avec des droits et devoirs réciproques. Les historiens marxistes ont confondu système seigneurial et système féodal. Le système seigneurial est en effet l’exploitation d’une population soumise à un nombre de droits exercés par un seigneur. Par exemple l’obligation de travailler sur des terres et concédant une partie de la récolte; faire des corvées; utiliser des équipements (four, moulin, presse) en payant (en nature ou en monnaie); et il y avait une justice rendue par le seigneur. Et pour preuve que le système féodal n’était pas vraiment un problème pour le tiers état, dans les cahiers de doléance dans lesquelles le tiers état dénonce ce qui ne va pas, il n’est nulle part fait mention des rapports féodaux, mais on se plaint souvent du système seigneurial. Alors y-a-t-il une continuité entre le « prolétariat » de l’Ancien régime et le prolétariat qui naît avec l’industrialisation? La réponse est NON, l’Ancien régime n’est pas la préfiguration du système industriel. Durant l’Ancien régime il n’y a pas de conscience d’appartenir à une classe en terme de confrontation mais bien en terme de solidarité. Les sociétés du Moyen âge et des Temps Modernes se concevaient en terme de corps. Les corps sont une forme de solidarité parmi d’autres. Des exemples de corps sont les appartenances à une ville ou à un village, il y a aussi des corps en fonction des métiers, des appartenances à des congrégations religieuses (des confréries ou des paroisses). L’homme des Temps modernes ne se définit pas en fonction de classe (sauf le clergé et la noblesse) mais se présente en fonction du ou des corps auquel il appartient. Car il y a une notion de solidarité, à côté de l’individualité de la pensée et des croyances, les solidarités sont importantes. Par exemple quand un ouvrier décède, il y a de l’argent, d’une caisse alimentée par les membres du corps, qui est versé à la veuve et aux orphelins, et c’est le même chose lors de maladies. Il y a aussi les villes qui s’occupent de leurs habitants en cas de problèmes comme une famine. La différence qu’il y a ente Temps modernes et Moyen âge c’est que les corps civils prennent plus d’importance que les corps religieux. b.) L’approche concrète ou les réalités sociales On a plus vraiment affaire à des ordres homogènes. Le clergé: Le clergé forme un ordre mais il y a un clivage important entre le haut et le bas clergé. Le haut clergé est issu de la noblesse et a une vie de luxe, mais le bas clergé est pauvre, peu instruit et dont la condition de vie est proche de la population paysanne. Ceci crée une perte de moralité: il y a des prêtres vivant en concubinage, d’autres qui des enfants illégitimes, … . Tout cela on le retrouve dans le registre des officialités. Les officialités sont la juridiction de l’église qui ont une compétence très large dans 2 domaines. En premier lieu c’est le seul tribunal qui peut juger les ecclésiastiques, car il y a le privilège du for, cela veut dire que les ecclésiastiques ne peuvent être jugés que par des tribunaux d’église mais pour des affaires de meurtre. La deuxième compétence de ces tribunaux, c’est de juger les laïques pour tout ce qui Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 21 touche à des compétences réservées à l’église, comme le mariage. Donc la validité des mariages, l’annulation, mais aussi les enfants, le contrat de mariage, la succession et le contrôle des testaments. Et c’est registres aident à connaître la vie du clergé, et l’on voit qu’il y a beaucoup de problèmes de concubinage, de manque de compétence, de délaissement du service divin, des enfants naturels, … . Et quand ce tribunal rend une sentence, le bas clergé doit souvent payer des amendes qui vont dans les poches du haut clergé. (voir aussi les critiques de Luther). La noblesse: Il y a un clivage entre la noblesse d’épée et la noblesse de robe. La noblesse d’épée est appauvrie car elle continue à vivre dans des châteaux et avec ce que rapporte la terre, c’est-à-dire de moins en moins. C’est ainsi que cette noblesse va être coupée du pouvoir. La noblesse de robe qui est issue de la bourgeoisie car c’est elle qui envoi ses enfants à l’université. Ce sont donc des personnes issues de familles riches, qui vont investir dans la terre pour se mettre à la hauteur de la noblesse d’épée mais aussi pour rattacher des titres à leur nom. Ils vont se marier avec de la noblesse d’épée pour le nom ou avec la bourgeoisie pour l’argent. La bourgeoisie: Il y a les artisans, qui sont des gens de métier, mais il y a aussi les financiers et commerçants qui parviennent à la noblesse. Les paysans: Il y a aussi 2 sortes de paysans: les laboureurs qui sont propriétaires (mais ceux-ci vont disparaître) et les manœuvriers qui louent leurs services ou qui sont au service d’un seigneur. c.) Paupérisme, marginalité et criminalité Dans un acte de 1634 on définit le pauvre comme étant « celui qui manque de biens ou de fortune ou celui qui n’a d’autre moyen de vivre que son travail ». C’est donc toute la population qui ne possède pas de réserves, et donc la grande majorité des gens n’est pas pauvre mais est menacée de le devenir. Ceux qui sont vraiment pauvres on les appelle les mendiants ou les vagabonds, et compose 15 à 20 % de la population. Les mendiants sont ceux qui sont tombés dans l’indigence, ce sont ceux qui ne peuvent survivre que grâce à l’aide d’institutions (religieuses ou laïques) charitables. Les vagabonds sont des personnes sans profession, sans domicile, sans biens, sans famille alors que les mendiants ont un domicile et ont eu une profession. Les vagabonds vivent de mendicité ou de menu larcin. Au 16ième siècle il y a une continuité du Moyen âge, le pauvre est donc un membre du christ et est même l’expression du christ, c’est un intercesseur auprès du christ. Il y a un parallèle avec les ordres mendiants comme les franciscains. Mais il y a aussi une volonté de contrôle qui s’exprime de 2 manières: Interdire la mendicité avec une volonté d’encadrement et un secours institutionnalisé. Et la deuxième manière, est une attitude hostile aux vagabonds car on pense qu’ils colportent les épidémies comme le choléra. Le vagabondage va être passible d’une condamnation aux galères. Au 17ième siècle on va vouloir débarrasser la société de mendiants et de vagabonds car l’assistance du 16ième siècle est insuffisante. L’idéal de pauvreté est terminé, il faut débarrasser la société des asociaux oisifs et irrécupérables. Pour cela il y a 2 solutions. La première consiste à créer des hôpitaux qui sont des lieux d’incarcération où les pauvres sont enfermés et dans lesquelles ils vivent sous un régime mi-carcéral, mimonastique. On va essayer de s’occuper de leur éducation, en les débarrassant de leur paresse, en les rééduquant moralement tout en étant soumis à des règles monastiques. La deuxième solution consiste à les déporter dans les colonies, c’est une politique de colonisation à travers l’idée que les colons pouvaient assurer le domaine politique et économique et en plus de cela on débarrasse la métropole de sujets indésirables. Les premiers habitants des colonies sont ou bien des aventuriers ou bien de personnes qui fuient les persécutions religieuses mais surtout des criminels, des mendiants et des Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 22 vagabonds. Par exemple au Canada se sont des hommes aventuriers mais les femmes furent prisent dans des hôpitaux (ce sont des prostituées ou des mendiantes). Ces 2 solutions vont être vouées à l’échec car il y a un manque d’hôpitaux, un manque de policier mais surtout car l’on ne s’attaque pas aux causes, mais seulement aux conséquences. Au 18ième siècle il y a une recherche des causes, qui sont l’organisation de la société, l’inégalité fiscale. Il va alors y avoir une réforme de l’assistance avec un développement de caisses de prévoyance. Mais dans la pratique il va y avoir une sévérité renforcée à l’égard des vagabonds avec un enfermement et les galères si récidive. Chapitre III.: La révolution économique. a.) Transformation du commerce et de la finance C’est le Moyen âge qui est à l’origine du capital et des techniques financières qui apparaissent en même temps que se développent les villes (italiennes). On peut dire que le commerce et la finance ont une origine médiévale et méditerranéenne. L’origine des banques est le changeur médiéval qui faisait les changes sur un banc et qu’on appellera le banquieri. Car il fallait échanger les monnaies pour faire du commerce, en effet même dans un même pays il y avait plusieurs monnaies différentes (par exemple la livre de Paris, la livre de Tours, les florins, les ducats, …). Plus tard ces changeurs vont recevoir de l’argent en dépôt. Cet argent va être placé pour des bénéfices ou prêté pour des intérêts. Il va y avoir 2 grandes villes où cela va se passer Astie en Italie avec les Lombards et Cahors en France avec les Cahorsiens. Il va y avoir la lettre de change qui va permettre d’éviter le transport de numéraire et qui se présente comme un traveller cheque; ce fut développé par les templiers dans le cadre des croisades. Après cela il va y avoir les virements qui permettent de débiter ou de créditer un compte sans transfert de numéraire. Après cela il va y avoir les contrats en commandite qui sont nés à Gènes au début du 15ième siècle et qui associent des banquiers, des marchands et des armateurs pour partager les bénéfices en fonction de l’apport de chacun. Les gains sont évidemment moins importants mais s’il y a des pertes on ne perd jamais tout. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 23 Aux Temps modernes il va y avoir un déclin de la puissance de cités italiennes et le centre économique va se déplacer des la Méditerranée à l’Atlantique. Les centres commerciaux vont alors devenir Lisbonne pour le commerce avec l’Orient et Séville et son port Cadix pour le commerce avec l’Amérique et l’apport des métaux précieux. Une importante place de redistribution en Europe sera Anvers. La bourse qui est lieu d’échange de capitaux et au départ aussi un lieu d’échange de marchandises existe d’abord à Bruges. Le terme vient probablement de la famille Van der Beurze car c’est dans l’hôtel particulier de cette famille que c’est développé une activité boursière. En 1531 la bourse va être déplacée à Anvers, va devenir permanente et ne sera plus liée à une activité de forme commerciale. Elle va siéger dans un immeuble conçu à cet effet et va devenir un centre de spéculation financière, elle va en fait ressembler fort aux bourses actuelles. L’église catholique dès le 12è siècle ne peut pas admettre que l’argent fasse de l’argent car l’on voulait protéger les plus faibles de la société. C’est pour cela que les prêteurs étaient souvent des Juifs. L’intérêt était quand même toléré lorsqu’il y avait une prise de risque évident comme dans le commerce international. Durant les Temps modernes, le commerce international va avoir besoin de prêts à intérêt. Il va donc y avoir des ordonnances de taux demandé. Par exemple en 1540 Charles Quint va fixer un taux d’intérêt légal pour les Pays-Bas à 12 %. En Angleterre, Henri VIII va fixer le taux à 10 %. Mais la réforme calviniste n’a pas la même vision, pour les calvinistes le prêt à intérêt n’est pas de l’usure car créer de l’argent est une bénédiction divine. Ceci va donc favoriser le libéralisme économique car il n’y a pas de taux sauf quand on prête aux pauvres. Les calvinistes vont aussi être plus nombreux dans les grands centres financiers, ces grands centres qui vont être transféré dans des villes de la réforme. Au départ il y a 2 centres importants que sont Anvers et Lyon mais les grands financiers vont émigrer à Amsterdam et Genève. Le calvinisme a favorisé le capitalisme mais il ne l’a pas crée. b.) La crise monétaire Il y a durant la première moitié du 16ième siècle une crise monétaire qui est la conséquence d’une dépréciation monétaire. Et cette dépréciation est la conséquence de l’afflux de métaux précieux (surtout argent d’Amérique) qui sera continu et qui va d’abord en Espagne et puis dans le reste de l’Europe causer une hausse des prix. Par exemple en Espagne entre 1525 et 1550 il va y avoir une hausse de 3 fois le prix. Pour les Pays-Bas en moins d’un siècle les céréales vont coûter 3 fois plus cher. Tout ceci va amener à une crise monétaire en 1558-1559 surtout en France et en Espagne. Il y a une dépréciation psychologique car ce qui est rare est cher et donc ce qui n’est pas rare n’est pas cher. Comme il y a à ce moment là beaucoup de métaux précieux leur valeur psychologique baisse. Il y a une inflation du crédit car il y a une utilisation abusive des emprunts. Les princes empruntent tellement que la valeur totale de la dette est plus grande que la valeur totale des métaux précieux en circulation. Cette dette est la conséquence de la naissance des états modernes car il a fallu mettre en place une administration, les activités diplomatiques coûtent et les princes mènent un train de vie très qui coûte cher, ils construisent des palais (l’Escorial) et des résidences secondaires (les châteaux de la Loire). Et il y a aussi les guerres car il faut payer des armées permanentes, des mercenaires. Il faut aussi payer des équipements et des armes modernes, comme l’arquebuse ou le pistolet qui coûtent cher. Cette inflation du crédit va mener à une véritable banqueroute. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 24 Il y a aussi une dévaluation technique de la monnaie car une des choses que les princes font, c’est battre monnaie. Ils vont prendre l’habitude de mettre moins en moins de métal précieux dans les pièces ce qui va causer une dépréciation psychologique. Premières théories monétaires : Jean Bodin, un penseur de l’absolutisme mais aussi des problèmes monétaires, qui va dire que la valeur de la monnaie varie en raison inverse de sa quantité; au plus rare, au plus de valeur. Ceci ne correspond pas avec la dévaluation technique. Comme autre penseur il y a Gresham qui publie en 1558 un ouvrage dont va découler la loi de Gresham qui veut que la mauvaise monnaie chasse la bonne. En Espagne pour faire face au remboursement des dettes, Philippe II va déclarer la banqueroute de l’état, pour éponger la totalité des dettes et les transformer en rente perpétuelle de 5%. Mais comme l’augmentation du coût de la vie est supérieure à 5%, la valeur réel des 5% diminue chaque année. Il y aura aussi une interdiction d’importer les métaux précieux. En France en 1559 Henri IV va aussi devoir déclarer la banqueroute de l’état, même si tout avait été fait pour l’éviter. Entre autre en vendant une partie du domaine de la France et en multipliant les charges publiques mise en vente. Les conséquences de ces banqueroutes seront d’abord politiques, en effet en 1559 il y aura la paix de Cateau-Cambrésis car il n’y a plus d’argent pour faire la guerre. Mais il y a aussi des conséquences économiques: la plupart des banquiers vont faire banqueroute car ils avaient prêté beaucoup d’argent et ils sont donc ruinés. Ce qui va causer la disparition de certaines places financières comme Lyon. Les banquiers qui vont survivre vont rechercher une valeur sure, une valeur refuge que sera la terre, mais ce sera aussi un ralentissement du dynamisme économique. Il va aussi y avoir une diminution du taux d’intérêt car ils peuvent conduire à une banqueroute. Pour éviter une nouvelle banqueroute il va y avoir une réforme monétaire. En Espagne, en 1575 Philippe II va frapper une monnaie forte avec un taux de métal précieux important. La monnaie forte va être réduite en quantité, c’est de la monnaie à valeur ajoutée (théories de Jean Bodin). C’était une bonne idée mais le problème est que l’ancienne monnaie n’est pas retirée et cette ancienne monnaie possède la même valeur nominale que la nouvelle. Ce qui en résulte c’est que la monnaie forte va être thésaurisée et la monnaie faible est utilisée et donc l’économie sera fondée sur la mauvaise monnaie. En France il va y avoir une solution législative qui va fixer officiellement la valeur des monnaies, mais le problème est que la valeur officielle n’est pas égale à la valeur réelle. Et c’est la valeur réelle qui est utilisée dans la vie courante. En Angleterre il n’y a pas de banqueroute mais il y a une réforme faite par Gresham pour l’éviter. Gresham est le conseiller du roi, qui prend 2 grandes mesures. De un il achète 300 000 kilos de pièces d’argent qui vont être fondue pour faire de nouvelles pièces, une monnaie forte la livre sterling, c’est une nouvelle livre à haute teneur en argent. Les vieilles pièces ne sont pas abandonnées mais il va y avoir une réduction de leur valeur proportionnellement à la nouvelle livre sterling. Comme l’ancienne livre avait 20 centigrammes d’argent et la nouvelle en avait 80 centigrammes, l’ancienne va valoir ¼ de la nouvelle. Il va aussi y avoir la création d’un fond de stabilisation grâce à un agent royal à la bourse d’Anvers; cet agent royal va disposer d’une réserve 10 000 livres sterling pour stabiliser la monnaie anglaise en bourse par rapport aux monnaies étrangères. Si le cours baisse, il achète et s’il monte, il vend (c’est la même chose maintenant). c.) La réaction: le mercantilisme Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 25 Il n’y a donc pas de crise monétaire, mais il va y avoir un nouveau régime économique, le mercantilisme qui est l’expression d’un nationalisme économique et qui prône l’interventionnisme de l’état. On va ainsi favoriser l’entrée de matières premières mais prohiber l’importation de produits finis et l’exportation de matières premières. On fait cela grâce aux droits de taxe et de douane et on appelle cela le protectionnisme économique. Le secrétaire d’état anglais William Cecil va mettre en place un conseil de la couronne qui surveille l’économie. Pour le conseil de la couronne, l’intérêt de la nation prime sur l’intérêt particulier. On va ainsi créer de nouvelles industries, mettre sous contrôle des mines, attirer de la main d’œuvre étrangère (par exemple des huguenots français spécialisés en céramique), faire de l’espionnage économique (par exemple sur les techniques de teinture turque), développer une marine marchande. Mais le mercantilisme ne peut fonctionner que s’il y a des débouchés pour les produits manufacturés et que si l’on trouve des matières premières. On a besoin de colonies qui vont devenir un intérêt économique plus qu’un intérêt politique. Ce seront les matières premières qui vont prendre le pas sur les métaux précieux. L’indépendance des EtatsUnis au 18ième siècle est entre autre le résultat du mercantilisme car aux Etats-Unis on trouve des matières premières comme le coton. L’économie américaine est organisée en fonction de l’Angleterre ce qui fait que les Etats-Unis ne peuvent pas produire certaines choses et ne peuvent pas transformer les matières premières. En France le mercantilisme sera connu sous le nom de colbertisme. L’état va créer des industries, des manufactures royales. Il y a aussi une marine marchande et une compagnie commerciale qui va avoir le monopole sur le transport des matières premières, c’est la compagnie des Indes. Et les colonies seront comme en Angleterre sources de matières premières et débouchés de produits manufacturés. Les Provinces Unies ne connaîtront pas de mercantilisme, mais vont devenir les transporteurs de l’Europe surtout au services des Espagnols et des Portugais. Ils auront des entreprises privées comme la compagnie des Indes orientales . Troisième partie: Les grandes mutations du XVIIIe siècle. Chapitre II.: La révolution industrielle en Angleterre. a.) Chronologie et facteurs C’est une période d’accélération de la production en même temps qu’une rupture avec les structures anciennes. Il y a une augmentation de la manufacture et une utilisation de nouvelles sources d’énergie qui va amener au développement de nouveaux centres de production. La révolution industrielle va commencer en Angleterre et pour certains historiens elle date du 17ième siècle car c’est un processus long et c’est la continuité du mercantilisme. D’autres historiens pensent que c’est au 2/3 du 18ième siècle qu’elle commence, mais pour déterminer cela, ils prennent en compte des facteurs économiques, industriels mais surtout des éléments démographiques et urbanistiques. Donc ils prennent en compte des conséquences de la révolution industrielle et pas la révolution elle-même. Certains historiens voient le début de la révolution industrielle à la fin du 18ième siècle avec comme élément déterminant la percée technologique. Car les techniques qui sont mise en œuvre ont des conséquences sur la quantité, il va y avoir une production de masse. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 26 Il y a une croissance démographique importante car il y a une diminution des épidémies grâce au progrès de l’hygiène et de la médecine et à la paix en Europe (les guerres étant facteurs d’épidémies et favorisant leurs diffusions). Une autre raison sont les bonnes récoltes car il y a une absence de catastrophes naturelles et de bonnes conditions climatiques. Il y a donc une diminution des prix et l’on peut donc acheter davantage de nourriture, donc de la nourriture plus riche et plus variée ce qui va amener à une plus grande résistance aux maladies et épidémies. Cela permet aussi de nourrir d’avantages de bouches et donc il va y avoir un accroissement de la natalité. En termes de chiffres il y a en Angleterre au début du 18ième siècle 5,5 milliards d’habitants et au début du 19ième siècle 9,5 milliards d’habitants. Comme il y a une augmentation des revenus moyens par habitant (x 3 au cours du 18ième siècle) la consommation va être favorisée. Les familles ne vont plus seulement acheter de la nourriture, mais elles vont acheter d’autres produits de consommation, il y a donc une consommation de masse, ce qui va amener à une production de masse. Il va y avoir le développement du commerce extérieur en relation avec les colonies. La population des colonies va augmenter car son développement repose sur les populations installées alors qu’au 16ième-17ième siècles il reposait sur l’arrivée de nouveaux habitants. Par exemple au Québec au 17ième siècle il y a 3000 habitants de souche européenne le long du Saint Laurent, à Québec, Montréal et à Trois Rivières. Ils vont transformer l’économie locale, plus seulement des peaux et du bois mais aussi cultiver la terre. Il y a un accroissement de la population du à l’église qui prône les familles nombreuses et à la menace anglaise. Il y a à cette époque une moyenne de 7 à 8 enfants par famille b.) Moyens et secteurs Il y a un développement des infrastructures, surtout des voies de communications et les réseaux routiers et fluviaux (plus de 1000 kilomètres de canaux ont été creusé). Il va falloir des capitaux et on va donc faire appel à des investisseurs privés qui vont d’abord investir dans des bâtiments et puis dans des machines. En 1694 il va y avoir la création de la banque d’Angleterre qui regroupe des hommes d’affaires et des financiers. Il va y avoir aussi une promotion intellectuelle car il faut des ouvriers qualifiés et des contremaîtres dont le niveau intellectuel doit être supérieur à celui de l’agriculteur. Ils doivent pouvoir lire les notices de fonctionnement, de réparation, faire des bilans chiffrés. Les inventions technologiques n’arrivent qu’à la fin du siècle car au départ il faut des gens de métiers à l’intelligence pratique qui savent utiliser, réparer et transformer les machines, et c’est de la transformation qui va découler la création. Il va aussi y avoir une transformation des mentalités avec le libéralisme qui prône la réduction du contrôle de l’état (>< mercantilisme). Le libéralisme défend le libre échange, la concurrence qui met en avant le mérite personnel. Ca va marquer une transformation dans le domaine économique mais aussi sociale car la société rompt avec les anciennes structures sociales et rompt avec les idées de solidarité de groupe. C’est la fin de l’Ancien régime d’un point de vue social en faisant la promotion du mérite individuelle. Cela vient de Adam Smith qui en 1776 écrit « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », qui peut marquer le début de la révolution industrielle et la fin des Temps Modernes ? Dans son ouvrage il condamne le monopole et prône l’initiative privée comme élément de progrès, il y a aussi la mécanisation de la production qui est fondée sur la division du travail. C’est une théorie économique qui va devenir un système politique et social de rupture avec l’Ancien régime. Le libéralisme va être renforcé par des théories socialen notamment par les idées de Malthus dont on tire le malthusianisme (généralement associé à une Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 27 réduction de la natalité). L’objectif est la mise en avant du bien être. Il faut favoriser et sauvegarder le bien être des individus, et pour cela Malthus dit que pour augmenter le bien être, il faut en réduire le nombre de bénéficiaires. Il vaut mieux privilégier la qualité à la quantité, il faut donc des cellules familiales moins nombreuses, et il ne faut avoir des enfants que si l’on peut les élever correctement. Pour cela, il y a 2 moyens: retarder la formation des familles et une contraception naturelle (ce qui provoque des contestations de l’église). La révolution industrielle a pris son essor grâce au textile qui en a bénéficié en premier. Au départ il y a le passage de la laine comme matière première au coton, qui connaît un grand succès car il est bon marché et c’est un tissu léger. C’est surtout le coton qui va bénéficier de l’augmentation du pouvoir d’achat. Pour qu’il y ait du textile il faut de la filature et puis du tissage. Au départ le filage se fait avec un rouet, il se fait à domicile, par les femmes comme complément de revenu. En 1765 il y a comme première innovation la « spinning jenny » qui est une machine permettant de filer en même temps au départ 16 fils et puis plus tard 80 à 100 fils (fin 18ième siècle). Cette invention est complétée par la mule jenny qui embobine automatiquement. Ces inventions vont bénéficier de la nouvelle énergie qu’est la vapeur. Le tissage est au départ un métier à tisser, mais qui va évoluer à partir de la navette, qui est une pièce de bois avec une autre dedans et autour de la deuxième le fil vient s’enrouler. Toute cette mécanisation ne va plus pouvoir se faire dans un contexte familial, mais bien dans des ateliers qui vont devenir usines et ces centres de production vont devenir centres d’habitation. A Manchester en 1782 il y a 2 filatures et en 1802 il y en a 52. Les centres de productions sont ou bien placé près des matières premières (les ports) ou bien là où la production d’énergie coûte moins cher. Sur le continent, en France c’est surtout dans le Nord, la région de Lille et Roubaix, où plus de la moitié des habitants faisaient du textile. La houille devient importante avec le développement de la machine à vapeur qui va encore être plus utilisé avec l’invention du coke, de la houille qui par un procédé chimique est désulfurée ce qui permet de dégager plus d’énergie et d’atteindre une température plus élevée. La métallurgie va surtout être la fabrication de fonte, dès 1788 il y aura une production de 68 000 tonnes de fonte et 1806 ça ira jusqu’à 200 000 tonnes. La révolution industrielle ne va pas rester en Angleterre, par exemple au pays de Liège il va y avoir de la métallurgie car cours d’eau et fer (Cockerill) et le textile sera à Verviers. c.) Conséquences sociales Il va y avoir un abandon du « domestic system », l’artisanat familial fait au domicile privé ou dans un petit atelier. Le nouveau système sera basé sur une production industrielle avec un apport d’énergie considérable qui donne naissance aux usines. Dans un premier temps les systèmes cohabitent mais petit à petit le système familial disparaît. Il y a une concentration de main d’œuvre qui va venir habiter autour des usines, ce qui va créer une nouvelle urbanisation. Au départ il va y avoir une augmentation des salaires et du niveau de vie, car il faut faire face à une demande grandissante. Mais après les conditions de travail vont régresser, il va y avoir une cadence infernale, jusqu’à 15 heures de travail par jour et introduction du travail des femmes et des enfants qui ont des taches pénibles. Les femmes et les enfants ne vont pas devoir travailler car il y a un manque de main d’œuvre mais bien car avec la mécanisation il en faut moins donc réduction des salaires et il faut que toutes les personnes de la famille travaillent pour avoir un salaire suffisant pour vivre. Ceci va créer une baisse du pouvoir d’achat et va augmenter les effets néfastes sur la santé. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 28 Il va aussi y avoir une désagrégation familiale car les hommes n’ont plus le temps de se consacrer à leur famille et toute la famille doit gagner de l’argent pour qu’on puisse survivre. Les usines ne vont plus payer avec de l’argent mais avec des bons qui ne peuvent servir que dans certains magasins. Les logements des familles appartiennent aux employeurs. Il y a aussi beaucoup d’alcoolisme qui est favorisé par les employeurs. Il va aussi y avoir une grande criminalité. C’est l’époque d’un prolétariat mi rural, mi urbain qui va amener aux idées socialistes, marxistes et anarchistes. Chapitre I.: Les systèmes politiques. a.) Les modèles « absolutistes » Il y a 2 types d’absolutisme, celui de droit divin et celui dit éclairé. Celui de droit divin est fondé sur le principe de délégation divine et l’éclairé est une nouvelle forme d’absolutisme dont la forme vient de la philosophie des Lumières, c’est l’absolutisme que l’on retrouve en Autriche, Prusse, Suède et dans une moindre mesure en Russie de Pierre le Grand et de Catherine. La différence se trouve dans le critère de légitimité, les éclairés s’opposent au droit divin car il est incompatible avec la raison et d’ailleurs on le retrouve surtout dans les pays protestants. Ils trouvent leur légitimité chez Thomas Hobbes qui défend le pouvoir fort des Stuart dans « le Levithian » qui soutien le principe de monarchie (autoritaire). Pour lui, le pouvoir royal repose sur un contrat tacite et irréversible avec les sujets; c’est une conception ascendante du pouvoir. Cette idée est reprise par les monarques éclairés auquel les sujets délèguent tout pouvoir mais il doit réaliser le bonheur des peuples car ils savent ce qui est bon pour leurs sujets parfois même malgré eux. On a appelé ça du despotisme car les mesures étaient mal comprises, par exemple les réformes judiciaires et les interventions dans la vie de tous les jours, par exemple les cimetières qui sont déplacés pour des raisons d’hygiène. L’absolutisme de droit divin existe toujours en France et en Espagne. En France cela va aboutir à la révolution française en 1789 qui va amener à la réunion des états généraux qui vont se transformer en constituante et vont abolir le système féodal, les 3 ordres les privilèges et on va arriver à une monarchie constitutionnelle puis une république. Qui est le responsable Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 29 de cette situation, les rois? En effet ils gouvernaient seul, ils auraient du réunir les états généraux plus tôt, mais ils avaient déjà lancé les cahiers de doléance. En fait les principaux responsables sont les parlements qui limitaient le pouvoir du roi grâce aux remontrances. Louis XIV avait retiré le droit de remontrance aux parlements mais après son décès il y eut des négociations avec la régence qui va entre autre aboutir à la restauration du droit de remontrance. Louis XVI a tenté d’introduire des réformes, mais quasiment aucune n’a abouti car le parlement s’est opposé à ces réformes car elles allaient à l’encontre des coutumes et des privilèges de certaines catégories sociales du royaume. Les parlements avaient un tel pouvoir car il n’y avait pas d’institution représentative et ils se sont donc imposés comme intermédiaire entre le souverain et la nation, ils sont en fait garant d’une certaine constitution française. Ils ont donc un rôle de plus en plus politique et de moins en moins judiciaire, mais c’est surtout un facteur d’immobilisme responsable de l’impossibilité de faire des réformes comme par exemple une réforme fiscale qui abolirait les privilèges fiscaux de la noblesse ou un adoucissement du système seigneurial. De 1760 à 1770 il va y avoir la réforme Maupeou qui veut transformer le parlement en mettant fin à l’hérédité, la vénalité et l’immuabilité des magistrats. Ce fut déjà expérimenté au Québec, avec le Conseil de la nouvelle France en 1667. Les colonies étaient des véritables laboratoires pour expérimenter des nouvelles formules politiques. Les magistrats seront nommés à vie, mais sans hérédité et de vénalité, de plus ils seront nommés par le roi et pas cooptés. Il y a aussi l’interdiction symbolique de porter la robe, car on ne veut pas que les magistrats soient un contre pouvoir. On va aussi interdire les avocats, qui ne « sont que des chicaneurs facteurs de lenteur et de frais ». Ceci va être appliqué en 1770 en France mais ce fut un échec car il y a le poids de la tradition, il y a 5 siècles d’histoire, c’est une atteinte aux particularismes des anciennes provinces. De plus il y a une propagande des parlements qui ne se présentent pas comme victime mais ils présentent les réformes comme des atteintes aux libertés des sujets. L’erreur de la monarchie fut de ne pas remplacer le parlement par une nouvelle institution représentative. b.) Le modèle « parlementaire » : L’Angleterre des Hanovre Les Hanovre sont des princes allemands qui vont devenir roi d’Angleterre, qui elle va devenir une monarchie parlementaire de type constitutionnel. L’Angleterre du 18ième siècle va devenir de fait un système basé sur la séparation des pouvoirs selon John Locke qui a décrit un principe de gouvernement fondé sur la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire). Le pouvoir législatif repose entre les mains du parlement, qui est fondé sur une structure bicamérale. Il y a la chambre basse avec des élus qui viennent de factions politiques, les Whigs (libéraux) et les Tories (conservateurs) qui s’opposent dans leurs concepts des pouvoirs du roi et du parlement. Les Tories veulent un équilibre entre roi et parlement tandis que les Whigs ont une position maximaliste en matière des pouvoirs du parlement. Le pouvoir exécutif va se retrouver entre les mains du conseil royal, qui à l’origine est composé de collaborateurs choisis par le roi, mais plus tard ils vont être imposés au roi dans le conseil de cabinet qui aura des représentants de la majorité parlementaire avec à leur tête un « prime minister » assisté d’un secrétaire d’état et de ministres de parlement qui sont responsables devant le parlement. C’est un système parlementaire où le roi règne mais ne gouverne plus, c’est le fondement de nos systèmes politiques actuels. Le pouvoir judiciaire fut de tout temps indépendant. Ce système est un modèle pour les Etats-Unis, qui va par contre avoir une constitution écrite, faite à partir des la pratique gouvernementale anglaise et à partir des grands textes anglais. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 30 Chapitre III.: L’esprit des Lumières. a.) Les idées La philosophie des Lumières est une philosophie qui prône le progrès et le bonheur en harmonie avec la nature. C’est aussi une philosophie qui fonde sa pensée sur la raison humaine et qui revendique une foi profonde au progrès scientifique et technique. Les philosophes des Lumières défendent donc les innovations scientifiques et techniques pour peu qu’elles soient fondées sur la raison humaine (matérialisme). Ils prônent aussi une attitude différente par rapport au fait religieux, c’est le rejet de toute religion dogmatique, ils prônent le déisme (Dieu dans la nature) et certains osent même l’athéisme, entre autre les encyclopédistes Diderot et d’Alembert qui ont une foi inébranlable dans la science. b.) Les combats des philosophes Il y a un rejet absolu de l’absolutisme de droit divin, car il est contraire à la raison et va à l’encontre des buts des philosophes qui est le bonheur pour tout le monde. Il y a 2 conceptions politiques. Celle de Voltaire, qui réfute l’absolutisme de droit divin, mais pas un pouvoir fort et autoritaire quand il veut réaliser le bonheur de tous les hommes. Il prend pour modèle le roi de Prusse qui tient sa légitimité dans la raison humaine et qui a pour but de faire le bonheur des sujets parfois malgré eux, car ils ne savent pas toujours ce qui est bon Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 31 pour eux. Voltaire va reprendre Hobbes qui avait fait du pouvoir une délégation tacite par les sujets au monarque. Autorité; liberté; propriété. Il y a aussi Montesquieu qui prône un libéralisme aristocratique; il rejette l’absolutisme de droit divin mais aussi la démocratie. Il pense que la noblesse est la plus à même de gouverner le pays. Il prône aussi une séparation et une harmonisation du pouvoir qui s’inspire de John Locke. Par contre, il élève les théories de John Locke au rang d’une théorie politique et la met en dehors de l’actualité politique anglaise, il se présente comme un modèle pour tous les pays. Il rajoute aussi un troisième pouvoir qu’est le judiciaire. Cette séparation des pouvoirs est d’ailleurs inscrite dans la constitution américaine. Jean-Jacques Rousseau. Tous les changements dans le droit et la justice ont pour but d’introduire la raison dans le système judiciaire. C’est aussi une unification et une uniformisation dans le cadre des états-nations. On veut codifier le droit, car il y a le problème des sources du droit. Les sources du droit sont les règles juridiques pour rendre la justice, ce qu’on appelle la loi et qui présente à l’époque sous le nom d’ordonnance faite par les rois, les princes et les villes. Mais ces lois ne sont pas les principales sources de droit, que sont les coutumes. Les coutumes sont des règles qui se sont crées plus ou moins spontanément et qui par leur répétition/application vont être établie comme règle juridique. Mais le problème est que chaque ville, chaque village ont leur propre coutume, qui ne sont pas fort différentes mais qui établissent un droit différent. Par exemple pour la succession, parfois ça va à l’aîné, parfois à tous les garçons, parfois les filles sont prises en compte, … . Vers les 15ième-16ième siècles on a commencé à mettre par écrit les coutumes les prouver. Mais le problème, c’est le nombre de ces coutumes par exemple pour nos régions il y en a 900 différentes. On va alors décider d’homologuer certaines coutumes, ce qui va faire que l’on va descendre à moins de 200 coutumes homologuées et plus tard même 90. Les tribunaux vont donc quand même devoir rendre la justice à partir d’un droit différent et pour les philosophes des Lumières ce n’est pas raisonnable, ils veulent codifier le droit avec un seul droit pour une nation. Par exemple en 1794 en Prusse Frédéric II (algemeine landrecht) n’a plus qu’un code avec un seul droit et dès 1786 Joseph II (Josephinisches Gesetzbuch) avait fait de même en Autriche. Par contre en France on n'y arrive pas, il y aura bien des ordonnances codes pour certains domaines. En 1670 il y a une ordonnance criminelle et il y avait déjà en 1667 une ordonnance civile qui reprenait toutes les règles de procédure en matière civile. Mais le droit civil ne va pas être codifié malgré l’insistance des philosophes. Ce ne sera réalisé qu’avec Napoléon, et son code civil de 1804. Rationalisation de l’organisation judiciaire, entre autre en mettant fin à l’interférence de l’église dans les affaires de l’état, par exemple sur le plan de la justice. En cela les philosophes visent 2 choses: le privilège du for, car ils rejettent l’idée que les clercs relèveraient de tribunaux particuliers. Ils pensent aussi que les affaires de mariage et autres devraient être confiés à l’état civil et à des officiers d’état civil qui devraient remplacer les registres paroissiaux. On veut aussi faire le ménage en ce qui concerne l’organisation judiciaire, car c’est une situation avec une multitude de détenteurs du pouvoir de justice: seigneurs, ecclésiastiques, villes, villages, princes, rois et même empereurs. Certains possèdent la basse, la moyenne et la haute justice mais sans aucune logique car certains seigneurs puissants n’ont pas toujours la haute justice alors que d’autres moins puissants l’ont parfois. La haute justice permet de prononcer des peines capitales, la moyenne permet Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 32 des peines de privation de liberté, de marquer le condamné dans la chaire et la basse juste des amendes. Joseph II en 1787 va supprimer tout les droits de justice pour les remplacer par un modèle de 63 tribunaux avec 2 cours d’appel (à Bruxelles et Luxembourg) et un conseil souverain de justice à Bruxelles. Ca n’a pas duré longtemps car il y a résistance des anciens conseils provinciaux qui avec cela perdent leur pouvoir et vont dire que c’est une atteinte à la tradition et aux usages et c’est ainsi que la révolution brabançonne va vouloir revenir au passé. Evolution du système pénal. Il fait partie du droit public, qui s’occupe des rapports gouvernants – gouvernés et cela va devenir une prérogative de l’état à partir de la Révolution Française. Avant il y avait un système accusatoire, il fallait que quelqu’un porte plainte pour que la justice se saisisse de l’affaire. Mais cela va devenir un système inquisitoire, donc il y a un déclenchement automatique de l’action publique et cela sous l’influence du droit romain vers les 12ième-13ième siècles. Il va aussi y avoir une évolution dans le domaine des preuves et des peines. Il va y avoir le système des preuves légales, donc le nombre de preuves nécessaires est établi par la loi. Il faut une preuve absolue pour condamner quelqu’un et cette preuve est définie par les textes. Il faut par exemple 2 témoins qui ont vu et entendu le crime, si on ne les a pas on peut utiliser des preuves incomplètes qui s’accumulent. Et c’est comme cela qu’un témoin qui a vu et entendu est égal à 2 témoins qui ont seulement vu et est égal à 4 témoins qui ont seulement entendu. Il y a aussi le fait qu’un homme vaille plus qu’une femme et qu’un noble vaut plus qu’un non noble. La reine des preuves est évidemment l’aveu, qui peut être provoqué par la torture judiciaire (ce n’est donc pas une peine), qui peut être l’estrapade, l’eau, … . La torture judiciaire est réglementée: présence d’un médecin, le temps et le nombre de fois est réglementé car il faut que l’aveu soit répété en dehors de la torture. Le système n’est pas raisonnable car sous la torture on peut accepter n’importe sous la torture. De plus l’aveu en lui-même n’est pas parfait car on peut s’accuser soi-même pour un autre. En plus de cela il existait déjà des sortes d’antidouleur comme le savon. On peut dire que le système n’est pas fiable. Dans un premier temps les contrôles vont être plus sévères pour la torture et il va y avoir des appels devant les plus hautes juridictions. Puis il ne va plus y avoir que de la torture extraordinaire, qui ne servira que sur les condamnés à mort pour extorquer le nom des complices. Certaines peines ont un caractère cruel et inhumain, car elles doivent symboliser le crime commis. Il s’agit d’amendes, de bannissements à temps ou à perpétuité, de pèlerinages expiatoires, des peines de galère et de peine de mort. Les différentes façons de donner la mort symbolisaient le crime commis et voulaient éviter que d’autres personnes fassent la même chose. Les bandits de grand chemin étaient pendu, les faux monnayeurs étaient mis dans l’eau ou dans l’huile bouillante. Les crimes de lèse-majesté ou les trahisons se faisaient écarteler. Par contre tous les nobles se faisaient couper la tête. Il y avait aussi les expositions au pilori, les personnes « promenée » en ville et les récidivistes étaient marqués au fer rouge (la fleur de Lys). En 1764 Cesare Beccaria va écrire « Des délits et des peines » qui connaît un succès phénoménal et qui expose le système de la légitimité des peines. On ne va plus pouvoir être condamné que pour un crime prévu par la loi et on va mettre fin à l’arbitraire des juges, car se sont eux qui fixent les peines. C’est ainsi qu’il va y avoir des peines minimums et maximums et la prison va être introduite comme peine par Jeremy Bentham. Avant il n’y avait que de la prison préventive sauf au cas où une dette ne pouvait être payée. La Révolution Française va apporter une nouvelle forme de peine capitale, la guillotine qui « ne laisse qu’un léger coup de froid dans la nuque ». Le suicide est le crime le plus odieux que l’on puisse commettre car c’est un Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 33 crime de lèse-majesté divine, c’est un crime contre Dieu lui-même. Il y a donc une véritable enquête (presque moderne) pour savoir s’il s’agit d’un accident ou d’un suicide et puis il y a un procès avec un avocat commis d’office et si la personne est jugée coupable, il y a une peine qui s’en suit. La personne est traînée sur la clye à travers sa ville ou son village. Puis il est pendu par les pieds en dehors de la ville et avec une interdiction de lui donner une sépulture chrétienne. Comme ce n’est pas très rationnel les juges vont quasiment toujours conclure que c’est un accident et comme cela on va pouvoir faire des sépultures. Tout cela vaut aussi pour les duels qui sont des crimes de lèse-majesté royale. On trouve que ce n’est pas rationnel car il est difficile de justifier un crime contre un cadavre et ce n’est pas en rapport avec le bonheur des hommes, de plus c’est une interférence de l’église dans l’état. Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure. 34