Histoire des Temps Modernes

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Introduction
1° Pourquoi une « introduction générale » à l’histoire des Temps Modernes ?
C’est une période qui peut être un laboratoire pour étudier les « trois temps » de
l’histoire, de Braudel. Le temps long qui nous permet grâce au recul à voir évoluer les
choses (par exemple les institutions qui évoluent lentement ou l’industrialisation). Le
temps moyen qui n’excède pas une génération (30ans) et qui va servir entre autre
pour étudier le protestantisme et ses répercussions sur la vie politique et culturelle. Et
le temps court qui sont des phénomènes pouvant modifier le court de l’histoire
(bataille, guerre, règne, création d’une institution, crise économique)
On peut aussi avoir une approche verticale et horizontale des problématiques.
L’approche verticale suit un phénomène à travers les siècles, par contre l’approche
horizontale va voir ce qui se passe ailleurs au même moment.
Durant les Temps Modernes, la langue officielle pour beaucoup de choses comme la
justice et l’enseignement n’est plus le latin. Comme les Temps Modernes est la
période de l’histoire qui précède la période de mise en place de notre société, 90% du
contenu des termes sont encore les mêmes aujourd’hui.
2° Cadres chronologiques, géographiques et thématiques du cours:
Pour le début on a longtemps pensé à 1453 qui l’année de la chute de Constantinople. On
a pris cette date là en comparaison avec le début du Moyen âge, qui correspond à la
chute de Rome. Mais cela n’avait pas vraiment de sens car Constantinople est une ville
d’Orient . On a donc eu besoin d’une autre date : 1492 est l’expression d’un monde
qui s’ouvre et qui à plus long terme va amener à la colonisation et 1517 est le début du
protestantisme qui plus tard va avoir des répercussions politiques.
Pour l’Espagne cela pourrait être 1492, non seulement à cause de Christophe Colomb
mais aussi car c’est l’année de l’unification de l’Espagne et la disparition des
royaumes musulmans au Sud de l’Espagne. En Allemane cela pourrait être 1517, mais
aussi 1493 qui est l’année d’avènement de Maximilien I et donc le début du règne des
Habsbourgs. En Angleterre cela pourrait être 1485 qui est l’année d’avènement de
Henri VII et donc le début des Tudors mais aussi le retour de l’autorité monarchique
en Angleterre. Ou bien 1534 qui est l’année de promulgation de l’acte de suprématie
de Henri VIII qui rompt ainsi avec Rome et devient chef de l’église dans son pays. En
France il n’y a pas vraiment de date précise, d’ailleurs on ne parle pas de Temps
Modernes mais d’Ancien Régime qui débuterait vers la fin de la guerre de 100 ans en
1453 ou bien à l’avènement de Louis XI en 1461 ou bien encore au début de la guerre
des italiens en 1494.
Pour déterminer la fin de la période on emploie souvent la date de 1789, la révolution
va s’avérer importante pour une grande partie de l’Europe lors des guerres de
Napoléon. Mais cette date n’est pas importante pour l’Europe de l’Est ou pour
l’Angleterre. En Angleterre en 1776 il y a la publication de « Recherche sur la nature
et les causes de la richesse des nations » par Smith, qui va engendrer une rupture du
point de vue économique et qui va avoir des répercussions sociales assez importantes.
On pourrait aussi nommer la date de 1806 qui est l’abdication de l’empereur François
II et la fin juridique du saint Empire Germanique. En Russie la date devrait plutôt être
1917 avec l’arrivée du communisme.
Il y a donc beaucoup de dates qui sont très symboliques, mais les dates ne sont pas fort
importantes et pour les Temps Modernes il faut voir l’ensemble des évolutions, des
réalités mouvantes et changeantes.
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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Première partie:
Cadres intellectuels, géographiques et religieux au XVe et XVIe siècles.
Chapitre I.: L’esprit de la renaissance.
a) Renaissance: le terme et son sens.
vient de l’italien « rinascita » et fut utilisé par l’artiste et auteur italien Vasari (15111574). Ce terme fut employé dans un caractère métaphorique car on se trouve dans
une période de nouvelle vigueur culturelle et artistique faisant suite à une période de
déclin. Le terme a un sens esthétique et éthique, la renaissance c’est la renaissance
des arts, on redécouvre le monde de l’Antiquité d’abord dans sa dimension esthétique.
Car à Rome au 15ième siècle il y a de grands travaux de la papauté pour la construction
de Saint Pierre et Paul et les matériaux sont trouvés sur les sites antiques comme le
Colisee. En plus de cela il y a des terrassements pour construire des palais, on va alors
redécouvrir les sculptures de l’Antiquité et la représentation de l’homme par le
sculpteur antique, c’est un art profane et osé. On va alors aussi redécouvrir la
littérature et la philosophie.
La Renaissance va alors s’opposer à un passé proche d’un point de vue esthétique et
éthique. La Renaissance sera la restauration d’un âge d’or et une recherche
d'authenticité. Le Moyen âge va alors être perçu comme l’âge de la chasse aux
sorcières, de l’inquisition (qui pourtant date surtout des Temps Modernes), de l’Eglise
toute puissante,... => déformation de la réalité historique. Le Moyen âge est
d’ailleurs une période sans nom qui se trouve entre la Renaissance et l’Antiquité.
Volonté de rupture avec le Moyen âge.
La Renaissance va apporter un nouvel esprit: individualisme, universalisme et
laïcisation. C’est l’ère de l’individualisme car on a confiance en la nature humaine,
c’est un temps de libération de l’homme. Car au Moyen âge l’homme était membre
d’un groupe, d’une corporation, d’une paroisse, d’un atelier, d’une école d’un ordre.
L’homme existe maintenant en tant qu’individu qui peut avoir une promotion sociale
ou intellectuelle; chaque homme a une propre expression artistique et une propre
pensée. Un esprit universaliste car l’homme a soif de connaissance, de découverte, le
monde du Moyen âge devient trop petit, car c’est un monde d’attachement au chez soi
(la sanction la plus lourde qui existait alors était une peine de bannissement). Il y a
aussi une laïcisation de la société, c’est toujours une société croyante mais c’est la fin
de l’exclusivité de l’église. Il va y avoir une coexistence d’une activité antique mais
aussi chrétienne. Il y a une promotion de laïques car l’homme peut aussi se réaliser par
les arts, la littérature, le commerce, les voyages, … .
b.) L’humanisme
L’humanisme est un courant ayant commencé à Florence au XIVè siècle et avait pour but
de rechercher des manuscrits originaux d’auteurs latins et grecs; il fallait que ce soit
des textes originaux car les humanistes voulaient redécouvrir la pensée et les écrits des
auteurs grecs et latins. Ils vont créer une académie platonicienne à Florence avec une
volonté de replacer les textes dans leurs contextes et teneurs originaux. Un exemple
est Lorenzo Valla qui veut absolument retourner aux sources, au texte original et il a
la volonté de considérer tout texte comme le produit de son temps. Avant cela, au
Moyen âge les textes antiques avaient pour but de renforcer l’idéologie chrétienne ou
d’appuyer les princes médiévaux.
Erasme, est l’exemple même de l’humaniste, il tente de concilier sa foi chrétienne avec
la culture antique. Il est aussi individualiste car il sort de la pensée de son temps et il
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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est laïcisant sans perdre son identité chrétienne, bien qu’il critique l’ignorance du
clergé et la corruption de la papauté. Mais il a fait cela pour régler de l’intérieur les
problèmes de l’église. Erasme a eu une influence sur pas mal de monde, dont
Guillaume Budé, le fondateur du collège de France et Thomas More, l’auteur
d’Utopia.
L’humanisme, par contre n’aurait jamais pu exister sans l’imprimerie inventée par
Gutenberg et perfectionnée par Plantin, car c’est elle qui a permis une plus grande
diffusion des ouvrages écrits par les humanistes. Avant cela, tout devait être
calligraphié et cela pouvait prendre un an ou même plus.
Les humanistes vont être critiqués pour le fait qu’ils puissent conjuguer leur chrétienté
avec leur amour d’un art payen. L’une des réactions contre les humanistes sera celle
de Savonarole qui veut déposer le pape afin de prêcher le règne du christ et un certain
obscurantisme avec un retour aux valeurs du passé.
Les papes à cette époque là, étaient de vrais mécènes de la Renaissance et donc
s’occupait un peu trop des arts et pas assez de la religion, de même ils se comportaient
aussi comme des princes cherchant à défendre leurs territoires.
c.) Expressions de la renaissance aux XVe et XVIe siècles.
Quand on pense à la Renaissance, on pense aux arts: à l’architecture et Bramante qui
dès 1514 prépare les plans pour la future basilique de Rome; il y a aussi la sculpture
avec Michel-Ange et Cellini. Il y a Raphaël, Michel-Ange qui a peint la chapelle
Sixtine et Léonard da Vinci qui étudie les œuvres, de l’Antiquité, surtout les
sculptures, et qui expérimente en matière de peinture pour un équilibre parfait entre
ombre et lumière. En tant que physicien il étudie les lois de l’équilibre et les met en
pratique dans les sculptures du corps humain. La plupart des artistes italiens seront
copiés et plagiés en Italie, par contre les chercheurs et physiciens seront copiés et
plagiés ailleurs.
Car Léonard de Vinci était aussi un précurseur de génie en sciences, il a expérimenté
une machine à voler, un char d’assaut, un scaphandre, … . A cette époque là,
l’astronomie va, elle aussi se développer et devenir une vraie science. Il y a par
exemple Galilée qui va inventer la lunette astronomique et qui va émettre des théories
sur le système solaire; Copernic, lui, va passer à l’héliocentrisme, ce qui va poser de
nombreux problèmes, entre autre à l’église car ces théories heurtent les anciennes
idées et leurs travaux respectifs vont être mis à l’index, ils vont être accusés d’hérésie
et vont devoir se détracter. L’on voit bien ici une évolution d’une période où l’homme
fait partie d’un groupe à une période d’homme individualiste. Autre scientifique,
Kepler découvre l’orbite elliptique des corps célestes. En médecine Vésale écrit au
16ième siècle un ouvrage consacré au corps humain qu’il a observé en disséquant les
morts (avant cela, le corps humain était considéré comme sacré). Ambroise Paré va
entre autre grâce à cela pouvoir ligaturer les veines.
En physique, Stevin démontre l'impossibilité du mouvement perpétuel.
On va se rendre compte que le calendrier n’était plus exact, le jour le plus long n’était
plus le plus long car une année contait 365 jours et non pas de 365 jours, 6 heures et
quelques minutes. C’est Grégoire XIII qui va changer le calendrier Julien qui
comptait 10 jours de retard et c’est donc ainsi qu’en 1582 on est passé du 5 au 15
octobre en une nuit et on va inventer l’année bissextile. Attention ce changement ne va
pas avoir lieu partout en même temps, par exemple en Allemagne, ce ne sera qu’en
1700, en Angleterre se sera en 1752, en Suède en 1753 et en Russie en 1918. Et ce
calendrier Julien est d’ailleurs toujours présent dans la liturgie orthodoxe. C’est un peu
près au même moment, en 1575-1576 que l’on va mettre le premier janvier comme
premier jour de l’an et plus le jour de Pâques (premier dimanche après la première
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pleine lune du printemps); car cela était un problème, l’on conjuguait une date lunaire
avec un calendrier solaire. (Quand il est noté n.s. c’est que la date a déjà été changée
en notre système).
Les sciences humaines, comme la science politique, l’histoire ou le droit vont être
développées. Machiavel est un diplomate de Florence et a un sens aigu de
l’observation tout en ayant le don de l’expérimentation. L’idée centrale de son ouvre,
« Le Prince », c’est comment faire pour réussir? Le but de Machiavel est un idéal et
pour y parvenir, tout les moyens sont bons, mais quand même avec certaines
conditions: l’idéal doit être élevé et ni la violence, ni la trahison ne peuvent être utilisé,
mais pour le reste tout est bon. L’idéal de Machiavel est l’unification italienne sur le
principe de la Res Publica, c’est à dire la chose publique. Pour lui, l’intérêt public
prime sur l’intérêt particulier, la raison d’état se place au-dessus des individus.
La méthode historique se développe également. Mise en avant de l’observation et du
scepticisme face aux sources. Découverte de l’historiographie et des ouvrages
historiques tentent le pari de l’impartialité. L’histoire devient donc scientifique, et
n’est plus seulement un genre littéraire.
Pour le droit, on voit apparaître une nouvelle école de droit romain, qui est étudié par
des écoles: les glossateurs, puis les post glossateurs ou les commentateurs. Par contre
pour eux le droit romain ne doit pas être considéré comme le produit d’une époque et
ils veulent savoir si le droit romain peut être appliqué dans la période qu’ils
connaissent en complément du droit qu’ils ont déjà. Et pour eux la féodalité n’existait
pas, car on en trouve pas trace dans le droit romain. Mais au 15ième-16ième siècles naît
une école humaniste de droit romain avec entre autre André Alciat; eux voient le droit
romain comme le produit d’une époque.
 C’est grâce à cet esprit de la Renaissance que seront possible les grandes découvertes et le
protestantisme.
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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Chapitre II.: Les « grandes découvertes ».
a.) Causes et prémisses.
Les découvertes ne sont pas dues à une entreprise planifiée et ne reposent pas non plus
sur des expéditions antérieures, comme celle de Marco Polo, qui a peut être fait rêver
des aventuriers, mais il n’en a pas découlé une planification d’un pouvoir politique.
Causes des découvertes: l’or; avant cela on trouvait l’or au Soudan ou dans la région
du fleuve Sénégal. Le problème est que tout l’or passait d’abord par chez les Arabes et
entre autre la ville de Tunis (là où est mort saint Louis, il n’avait peut être pas que des
raisons religieuses pour assiéger la ville) et puis seulement acheminé vers l’Espagne
ou l’Italie. Mais au fil du temps, les besoins en or deviennent plus grands et la quantité
importée, plus petite car conflit avec les Arabes; et de plus il y a des pirates en
Méditerranée. A cause de cela, en 1436, le roi du Portugal va exempter de taxes toutes
les importations de métaux précieux dans son pays, ce qui va donc accroître un
possible bénéfice. Une autre raison économique, les épices qui arrivent via une route
en partie terrestre et en partie maritime à Venise. Mais pour les mêmes raisons que
pour l’or cela devient difficile et les épices rapportent aussi beaucoup.
L’église a aussi la volonté d’une nouvelle œuvre missionnaire, la défense de la foi ne
va plus s’exprimer d’une façon unilatérale avec les musulmans. Le but ne va plus être
de convertir ou de libérer les lieux saints, mais bien d’apporter la foi chrétienne à ceux
qui vivent dans l’ignorance de la foi ou même dans l’ignorance de Dieu. Mais ceci va
surtout servir comme appui et justification pour les expéditions, plutôt que d’être un
vrai but.
La cause principale est en effet la soif de connaissance, l’esprit humaniste est donc la
première cause des grandes découvertes, il faut découvrir ce qu’il y a au-delà.
Toutes ces causes sont bien belles, mais sans un certain progrès technique, elles
n’auraient pas suffit. Il y a entre des innovations en matière de navigation, on voit
apparaître la caravelle, qui est un petit bateau, pour 30 à 40 personnes, d’environ 30
mètres de long. Mais avec la possibilité d’amener une cargaison assez importante.
Mais les vraies innovations sont l’importante voilure qui permet de naviguer d’une
manière plus autonome et le gouvernail axial qui permet de naviguer avec un vent ¾
face, ce qui n’était pas possible avant. Il y a aussi la boussole et le sextant (qui permet
de savoir on l’on se trouve exactement). Et comme dernière innovation il y a le
développement de la cartographie, qui avec Mercator devient une discipline
scientifique.
Dès le début du 15ième siècle, les Portugais commencent à voyager. Vers 1415 ils
atteignent la partie Nord du Maroc et vont continuer à longer la côte africaine tout en
établissant des bases comptoirs pour y échanger de l’or contre toutes sortes
d’ustensiles. Vers 1456 ils vont avoir une base au Cap Vert et vers 1472, une en
Guinée. Le problème, est que l’approvisionnement en or suffit à peine aux besoins
portugais, et il n’y a pas d’épices. Ceci va pousser la monarchie portugaise à aller plus
vite et plus loin. En 1488 Bartholomé Diaz va arriver à ce qu’il appellera le cap des
tempêtes et qui plus tard va être rebaptisé le cap de bonne espérance. Ceci va ouvrir la
voie vers l’Océan indien et une base va être crée sur l’île de Madagascar. Toutes ces
expéditions ont bénéficiée d’un soutien royal de Henri le Navigateur, qui est le 3ième
fils du roi Jean. Au début, il y avait une volonté d’évangélisation et puis il y eut
l’envie de découvrir le monde. La contre partie de ces aides royales, furent que l’état
va avoir le monopole des importations en or et en épices.
b.) Voyages de Colomb et conséquences
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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Christophe Colomb est né en 1451 à Gènes, en Italie; il est le fils d’un tisserand et il va
séjourner au Portugal pour parfaire sa formation en vue de succéder à son père. Mais il
va porter de l’intérêt à la navigation, un intérêt qui va devenir plus grand en lisant
différents récits surtout ceux de Marco Polo. Et il va se mettre à chercher une nouvelle
route pour aller vers ce monde fabuleux que décrit Marco Polo. Avant Christophe
Colomb, on prenait ce dont Marco Polo parlait, les millions de personnes, les
richesses, la cité interdite, le commerce, …, pour de la fiction, mais Christophe
Colomb est fasciné et veut absolument y atteindre. Et il ne peut pas prendre la route
qui est monopolisée par le Portugal. Mais comme on sait depuis peu que le monde est
une sphère, il y a sûrement une autre route. Colomb va donc se mettre à la recherche
de commanditaires, pas vraiment pour de l’argent, car il avait déjà réussi à
convaincre des entreprises privées; mais il voulait un monopole, des protections dont
il pourrait tirer avantage ensuite, des privilèges fiscaux et des titres, entre autre celui
de vice-roi des terres qu’il découvrirait. Et tout cela, non seulement pour lui, mais
aussi pour sa descendance, en fait, on peut remarquer, qu’il cherche avant tout une
promotion sociale. Il va d’abord aller voir à la cour du Portugal où il y a un refus car
ses calculs semblaient douteux et même fantaisiste et car le Portugal a investi dans la
route africaine. Chez les Français et les Anglais il essuie un nouvel échec, toujours car
ses calculs semblent douteux et que de toute manière ces 2 royaumes ont d’autres
priorités politiques. Puis il va aller voir aux royaumes de Castille et d’Aragon et le
projet va être soumis à une commission qui va trouver l’idée séduisante, mais les
calculs douteux et donc va émettre un avis négatif en 1490. Mais Christophe Colomb
va insister et en 1492, il va avoir le feu vert car les Espagnols savent que l’autre route
est condamnée par les Portugais et qu’il faut donc tenter quelque chose mais en
prenant le moins de risques possibles et surtout en investissant le moins possible.
Christophe Colomb va donc recevoir un équipage de 3 bateaux, le Pinta, le Niña et le
Santa Maria avec seulement 100 membres d’équipage pour la plupart sortis de prison.
On accord à Christophe Colomb, seulement les titres pour des terres dont il prendrait
possession au nom du roi. Et il est aussi nommé Amiral des Océans, mais pour le
reste, il ne recevra rien.
Quand il part, peu de gens pensent qu’il puisse réussir, mais il va atteindre une terre qu’il
va nommer Hispaniola, probablement l’île d’Haïti. Et lors de son premier voyage, il va
explorer les Antilles. Il va faire 3 autres voyages jusqu’en 1504. En septembre 1493 il
va peupler les îles découvertes et en 1500 il va enfin accoster sur la terre ferme entre le
Venezuela et Panama.
Quand il arrive, il voit des indigènes avec des parures en or, donc il est persuadé
d’avoir découvert un pays où l’or abonde car en plus de cela, il trouve des pépites dans
les rivières et lors de son 3ième voyage, il découvre même quelques mines. Il tente donc
d’identifier ce qu’il à découvert et va donc tout naturellement voir dans Marco Polo,
qui parle de Cipangu, qui serait un archipel de plus de 700 îles; pour Colomb, ça ne
fait aucun doute, c’est là qu’il est arrivé et tout concorde sauf les nombreux bateaux
qu’il n’y a pas et les coutumes des peuples, il se dit donc qu’il est en périphérie de cet
archipel.
En retournant aux thèses antiques, et la vue de tout cet or, va faire dire à Christophe
Colomb qu’il est proche de la mythique Eldorado. Ceci va pousser beaucoup de
navigateurs espagnols et ils ne vont pas faire comme les Portugais, qui eux ne rentrait
pas à l’intérieur des terres; les Espagnols vont coloniser, évangéliser, … .
Avant 1520, les découvertes vont être limitées aux Antilles et avant 1530, l’on trouve
l’or avec le pillage des populations indigènes et dans les rivières, ce n’est seulement
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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plus tard, qu’il va y avoir une exploitation minière. Et donc les quantités d’or couvrent
à peine les frais des voyages et aucune trace d’épices.
Les impacts des voyages sont peu connus et surtout peu appréciés, car Colomb a
différents conflits avec ses officiers et son équipage, on accuse Colomb aussi d’être un
faussaire, car les indigènes mélangent l’or et le cuivre. Et il faut quand même dire que
ses calculs étaient complètement faux; la question est pourquoi? Etait-il naïf,
incompétent ou manipulateur? Il faut aussi dire que Christophe Colomb, n’a de son
vivant jamais su qu’il avait découvert un autre continent.
Amerigo Vespucci, né en 1484 à Florence, est un agent commercial qui travaille à
Séville et qui a fourni à Colomb, du matériel pour ses voyages. En 1508 il va aller là
où Colomb a été, et va émettre l’idée qu’il y aurait un autre continent entre l’Europe et
l’Inde. Plus tard dans un traité de cosmographie allemande on va pour la première fois
nommer America, le Sud de l’Inde Occidentale (l’Amérique du Sud). Et les cartes de
Mercator, vont étendre ce nom à l’ensemble du continent.
c.) Rapports entre l’Europe et les autres continents
En 1498, Vasco de Gama va contourner le continent africain et tracer la route vers les
Indes en fondant des comptoirs à Madagascar et en Mozambique. En 1500 Cabral va
atteindre le Brésil et un bois de couleur rouge qui était très recherché, le brasil. En
1513 Balboa découvre le Pacifique. Entre 1519 et 1521 Magellan, un portugais au
service des Espagnols va chercher un passage entre l’Atlantique et le Pacifique; il le
découvrira à l’extrême Sud du continent, entre la terre ferme et la terre de feu, une
partie de son équipage va faire le tour du monde, mais lui va mourir durant une lutte
triballe aux Philippines. Entre 1519 et 1522 Cortes va découvrir et conquérir les
empires Mayas (Yucatan, Guatemala, Honduras et Belize) et Aztèques (Mexique).
Pizarre va conquérir le royaume inca (Bolivie et Pérou). Tous ces explorateurs sont
obsédés par l’Eldorado et ils jouent sur les guerres internes, les croyances et la
suprématie de leur armement (armes à feu et chevaux) pour conquérir ces empires.
Entre 1534 et 1536 Cartier va atteindre Terre-Neuve; il cherchait une route vers les
indes par le Nord mais en fait, il a remonté le Saint Laurent. Jusqu’au 17ième siècle les
Français vont avoir un comptoir pour échanger des fourrures. Au 17ième siècle les
Anglais et entre autre Hudson vont chercher à établir des comptoirs pour des
fourrures.
On va assister à un peuplement de l’Amérique du Nord; en 1607 déjà, la ville de Québec
va être fondée et en 1642 Montréal. La plupart de ceux qui vont coloniser ce qui va
devenir les Etats-Unis et le Canada sont des personnes qui fuient les persécutions
religieuses et politiques. Les Hollandais (Peter Stuyvesant) et les Scandinaves vont
être intéressés par le commerce; ce sont les Hollandais qui en premier ont fondé la
ville de Nieuw-Amsterdam. Les Portugais vont seulement installer des comptoirs
pour organiser l’échange des produits. Il n’y a donc pas d’empire colonial. Certains de
ces comptoirs sont restés portugais pendant très longtemps (Macao). Pourquoi, y a-t-il
donc eu tant de Portugais au Brésil? Car, il n’y avait pas de main d’œuvre sur place, et
donc il a fallu amener des Portugais sur place, mais ils se sont mélangés avec les
populations locales.
Dès son 2ième voyage Colomb va amener avec lui des colons qui vont s’installer dans
le nouveau monde. Cortes va devenir gouverneur de la nouvelle Espagne et il va aussi
y avoir une nouvelle Castille. Plus tard il va même y avoir 2 vices rois, un à Mexico et
un à Lima.
Il y a une double philosophie derrière ce peuplement: la souveraineté, qui renforce la
force espagnole et l’évangélisation, chez les Portugais, avec les Jésuites, et chez les
Espagnols qui allaient surtout servir d’exemples. Au début les Français et les Anglais,
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n’ont qu’un but commercial, qui est l’échange des fourrures contre des armes à feu et
de l’alcool. Il va y avoir des conflits entre Français et Anglais pour la suprématie de
leurs bases commerciales. Et au milieu du 17ième siècle, les Français vont aussi vouloir
avoir un empire colonial, qui au début ne comprend que les Antilles (Guadeloupe et
Martinique), mais plus tard aussi le Québec. Il y aura une politique de peuplement,
les colons avaient d’ailleurs 12 à 14 enfants en moyenne.
Le génocide des populations est une idée diffusée par Rousseau, la plupart des
populations sont mortes en raison d’épidémies. Mais par exemple la syphilis vient de
là bas et a été ramenée en Europe. Au début, il y avait une appréciation positive entre
les locaux et les nouveaux arrivants, sauf évidemment quand il y avait de l’or. Il y
avait un peu près partout une bienveillance, ce qui va changer quand on va
s’apercevoir que certaines populations pratiquaient le sacrifice humain. Mais en 1537
le pape reconnaît le caractère humain des amérindiens, contrairement aux Africains.
Un évêque va même émettre l’idée que les terres devraient appartenir aux indigènes.
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Chapitre III.: Les Réformes religieuses.
a.) La Réforme protestante
pluralité de causes:
* Des causes religieuses et spirituelles: C’est une époque durant
laquelle l’individu fut mis en avant aussi du point de vue spirituel et ceci depuis le
mysticisme religieux de la fin du Moyen âge. Il y a aussi une volonté de simplification
de la foi, on veut retrouver l’écriture comme élément essentiel.  Ceci va aboutir à
l’accent qui va être mis sur chaque croyant.
* Des causes économiques et sociales: En plus du mal croire
que l’on vient de voir, il y a un mal vivre du à la mauvaise situation économique. Et
ceci vaut surtout pour l’empire dans lequel il y a un appauvrissement de la population
et une économie déclinante car il n’y a pas de pouvoir fort, pas de structure étatique et
une fiscalité pontificale qui accentue l’appauvrissement des populations. C’est pour
cela que les réformes vont commencer par l’empire.
* Des causes morales: Ceci, ce sont les abus de l’église et du
clergé. Il y a des déviances, des excès du haut et du bas clergé. Chez le bas clergé,
c’est le manque d’instruction, le concubinage, les paroisses laissées à l’abandon, … .
Chez le haut clergé: les évêques, les cardinaux, le pape; c’est le goût du luxe.
Il y eut déjà des réactions contre cela au Moyen âge: par exemple celle de Saint
François d’Assise qui prêchait la pauvreté et l’abstinence. Mais cette fois ci, les
réformes ne vont plus se faire à l’intérieur de l’institution, mais elles vont rompre avec
l’institution.
On va appeler les personnes qui vont rompre avec l’église, les protestants car ils
protestent contre les abus de l’église et contre le manque de libre examen. On va aussi
pouvoir parler de l’église catholique, qui n’est catholique que depuis la réforme
protestante.
* Martin Luther est né en 1483 et mort en 1546, c’est le fils d’un industriel qui
possède une petite exploitation minière et qui subi donc la crise économique de plein
fouet. Il fait des études à l’université et en 1505 il obtient une maîtrise en philosophie,
en plus de ça, il obtient en 1512 un doctorat en théologie. Mais dès 1505 il décide de
rentrer dans les ordres, et il va rentrer dans l’ordre de saint Augustin, qui est un ordre
sévère avec des règles très dur. Et Luther est un homme angoissé et obsédé par l’idée
que l’homme est par nature indigne du salut. Le 31 octobre 1517 il affiche à l’église
de Wittenberg ses 95 thèses qui ne sont pas un manifeste politique, ni spécialement
dirigée contre l’église catholique, mais l’établissement d’une distinction claire entre le
divin et l’ecclésiastique, entre Dieu et les hommes. C’est donc une attaque contre les
indulgences, c’est-à-dire la tarification des fautes et donc le possible rachat des fautes.
Avant il était possible de racheter ses fautes avec la pénitence, donc en priant en
faisant un pèlerinage, en jeûnant, … . Mais c’est devenu le rachat avec de l’argent et
de plus il va même être possible de racheter ses fautes futures car l’église a besoin de
moyens financiers importants. Luther pense que l’église n’a pas le droit de s’occuper
de ce domaine, car Dieu seul peut pardonner les péchés et seulement dans le cas où il y
aurait un repentir. L’idée centrale de Luther est le « sola Scriptura, sola Gratia, sola
Fide » ou « Seul compte l’écriture pour aller vers le salut par la foi ». C’est un
nouveau rapport entre le croyant et Dieu, le salut ne peut être qu’une initiative divine.
C’est la justification par la foi, car le fait de croire est une condition absolue pour le
salut de l’homme. Donc les bonnes œuvres, la pénitence, … doivent être des actes
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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gratuits, il n’y a pas moyen de racheter son salut. La seul chose qu’un croyant puisse
faire, c’est croire. Il y a chez Luther le sacerdoce universel, la société n’est pas
divisée entre laïques et prêtres, entre religieux et laïques. Il n’y a donc aucune utilité à
avoir une hiérarchie ecclésiastique, car il y a un contact direct entre les croyants et
Dieu. Ce qui fait qu’il n’y a pas d’utilité des saints, qui dans l’église catholique sont
des intercesseurs entre les croyants et dieu. C’est aussi une liturgie dépouillée, dont la
seule base de la foi sont les écritures saintes, donc les croyants doivent pouvoir
accéder aux écritures, il va donc y avoir une traduction dans la langue des gens. Une
dernière chose importante chez Luther est la réduction du nombre de sacrements, il n’y
en a plus que 2, car le Christ n’a instauré que 2 sacrements: le baptême et
l’eucharistie. Donc d’après Luther les autres sacrements ne sont que des subterfuges.
 Il y eut au sein de l’église, une réaction très violente sur le point de la forme et du
fond. Sur la forme car généralement s’il y a une critique elle est se fait à l’intérieur de
l’église et non pas sur la place publique. Et sur le fond car tout ceci touche à la foi (des
dogmes sont mis en cause) et à l’institution (à travers sa fiscalité). Alors en 1518
Luther est sommé de comparaître à Rome. Après il répond de vive voix au légat du
pape que l’écriture est supérieure au pape. En 1520 Luther reçoit une bulle pontificale
d’excommunication, qu’il va brûler. Mais ceci n’inquiete pas que la papauté, Charles
Quint va penser que les idées de Luther peuvent provoquer une rupture de l’empire. Et
en 1521 lors de la diète de Worms, Luther va être mis au ban de l’empire, il va donc se
retrouver hors du temps et de la religion. Mais ses idées vont connaître un succès
considérable, entre autre chez les princes territoriaux qui de cette façon peuvent
s’opposer à l’empire, ils s’opposent ainsi à la catholique dynastie des Habsbourg, qui
remettaient en cause l’autonomie des princes. Ceci va provoquer une guerre jusqu'à
Paix d’Augsbourg en 1555, qui reconnaît l’existence de l’église luthérienne et
reconnaît à chaque prince territorial allemand d’imposer la religion de son choix
« Cuius regie eius religio », celui à qui appartient la région, impose la religion. C’est
donc l’échec de la politique des Habsbourg catholiques.
* Ulrich Zwingli est né en 1484 et mort en 1531, il fait des études à Bale, il est fort
influencé par les écrits d’Erasme et devient curé à Zurich. En 1521 il adhère au
luthéranisme modifié à sa manière. Il prône une expérience personnelle en rajoutant au
luthéranisme une vision plus humaniste et universaliste. Il y a un caractère plus
optimiste. Il a une admiration pour la philosophie antique et en particulier Platon dans
lequel il trouve une affirmation d’un rationalisme (le droit de penser pour soi)
critique. Il a une vision plus sociale et plus politique du christianisme, il veut changer
la société par la religion. On retrouve chez Zwingli la prédestination: Dieu choisi un
nombre d’élus à qui il va donner la foi; ceci marque la souveraineté de Dieu et justifie
la foi. La foi n’est plus un moyen d’accéder au salut, c’est un signe du salut. Il y a
aussi l’action directe du Saint-Esprit qui vient donner la foi aux élus. Chez Zwingli,
les sacrements ne sont que des symboles, par exemple il n’y a pas de présence divine
dans l’eucharistie, il retient la phrase « Faites ceci en mémoire de moi », alors que
Luther met l’accent sur « Ceci est mon corps ». Donc les sacrements ne font en fait
que rappeler les actes du christ et vont donc passer au second plan alors que le sermon
devient important, car c’est le commentaire de l’écriture.
* Jean Calvin est né en 1509 et mort en 1547, il est fils de fonctionnaire et fait des
études théologiques à Paris, puis des études de droit à Orléans et à Bourges. En 1533 il
part pour la Suisse, en 1534 il rejoint la réforme, en 1536 il habite à Genève, en 1538
il est exilé par le conseil de ville et il s’installe à Bale, puis à Strasbourg et en 1541 il
retourne à Genève. Il publie un ouvrage à Bale entre 1538 et 1541 qui s’intitule
« Institution de la religion chrétienne » et qui est une synthèse de sa pensée
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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théologique qui s’adresse aux laïques. C’est un peu la doctrine de Luther revue et
corrigée par un juriste. Il est plus autoritaire, organisé, austère. De plus il rajoute à
Luther l’action politique que l’on retrouve chez Zwingli. Il part de la doctrine de
Luther et y rajoute le lien entre l’église et l’état récupéré de Zwingli et c’est pour cela
que Zwingli est important, il fait le lien entre Luther et Calvin. Il y a comme chez
Zwingli la présence de la prédestination: il y a eu la déchéance de l’homme en raison
du péché originel et Dieu a envoyé son fils pour les hommes capables d’entendre ses
révélations, ce sont les hommes prédestinés, c’est une prédestination pessimiste car le
salut ne vient pas pour tous les élus, il y a une double restriction. Chez Calvin, il y a
aussi la transcendance divine: Dieu est très éloigné de l’homme, donc il y a un rejet
de la figuration divine et de la tradition, c’est pour cela que les temples calvinistes
n’ont ni sculptures, ni peintures, ni tableaux, il n’y a que la gloire de Dieu: « soli Deo
gloria ». Les sacrements sont une manifestation du don de la foi par Dieu, mais ne sont
pas fondateurs de grâce. Par exemple l’eucharistie n’est pas le sang et le corps matériel
du Christ, mais n’est pas seulement non plus un symbole, c’est l’expression des vertus
du christ. Calvin va vouloir organiser la société en fonction de la foi chrétienne, il veut
hiérarchiser la société avec les 3 « ministres » essentiels: les pasteurs, qui s’occupent
des sacrements et des sermons; les docteurs, qui interprètent les écritures; et les
diacres qui s’occupent de la gestion, des pauvres, des gens malades, …, le côté
humain. Il veut aussi reconnaître un rôle accru aux laïques et soumettre l’état à
l’église, c’est une expérience théocratique, une société organisée selon les principes de
la religion. C’est la soumission de l’état à l’église, du temporel au spirituel. Alors
que Luther ne se préoccupait que du spirituel.
Henri VIII règne de 1509 à 1547. En 1524 il promulgue un traité sur les sacrements
contre Luther et il y a une persécution des réformes, par exemple les réformés sont
expulsés de Cambridge. En 1527 il demande au Vatican l’annulation de son mariage
avec Catherine d’Aragon avec comme prétexte officiel la consanguinité. Mais pour
cela il avait reçu une dispense du Vatican et la véritable raison était le fait qu’il voulait
une descendance, de préférence masculine. Mais le pape refuse et en 1531 Henri VIII
se proclame chef suprême de l’église d’Angleterre, qui va devenir l’église anglicane.
Ce n’est en tout cas pas au début une réforme, c’est un schisme. Le clergé va se
soumettre au roi et en 1534 le roi va pouvoir nommer des évêques, mais la doctrine de
l’église romaine est maintenue, la seule chose qui change c’est le chef. Mais sous les
successeurs d’Henri VIII, on passe d’un schisme à une hérésie, il va y avoir un rejet
de certains éléments de la foi romane. Sous Edouard VI, il va y avoir une évolution
théologique vers le protestantisme, il va y avoir une réduction des sacrements: seul le
baptême, l’eucharistie et la pénitence (qui va disparaître un peu plus tard) vont
persister. Sous Marie Tudor il y a une tentative de restauration du catholicisme car elle
a épousé Philippe II d’Espagne. Il y a une abolition de l’acte de suprématie et une
répression des évêques qui ont épousé les idées de Luther. Mais sous Elisabeth Ier il y
a une radicalisation de l’hérésie: il y a une fixation de l’anglicanisme dans sa structure
(soumise au trône, et hiérarchisée) et dans ses principes théologiques, c’est une
religion qui est inspirée du calvinisme, qui se prête mieux à une symbiose entre état et
église.
b.) La réforme catholique
On a souvent utilisé le terme contre réforme pour désigner la réforme catholique, mais ce
n’est peut être pas le bon terme, car cette réforme n’est pas uniquement une réaction contre
quelque chose, c’est une reforme plus large qui refuse l’hérésie dans son mode de pensée et
dans son action.
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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Il y a au sein de l’église une réflexion biblique, dogmatique et historique. On veut un
retour à l’église des origines et pour cela on va rechercher la vérité dans les livres
saints mais aussi, contrairement aux protestants, dans la tradition. La réforme
catholique, va se faire au Concile de Trente entre 1545 et 1563 et va partir des thèmes
de la réforme protestante pour donner une vision propre. Il va y avoir une
réaffirmation de l’existence des 7 sacrements, et une reconnaissance de la présence
réelle du christ dans l’eucharistie, il y a une transfiguration. Il y a aussi une
reconnaissance des œuvres de foi, pour souligner sa foi en Dieu et pour atteindre le
salut, il n’y a donc pas de prédestination. La place des saints va être affirmée, non
pas en tant que personnes adorées, mais en tant qu’exemples.
Le Concile de Trente va aussi tracer des lignes de force théologiques, une théologie plus
vivante avec une ouverture aux laïques; une théologie plus affective avec un Dieu
d’amour et plus un Dieu vengeur; et une théologie mieux documentée avec par
exemple les Bollandistes qui font des recherches sur la vie des saints et il va y avoir
des textes juridiques pour régir l’église.
Les papes de la fin du 16ième siècle vont avoir des propos sévères sur la vie mondaine de
leurs prédécesseurs, l’image théologique va être mise en avant, les papes vont être
soucieux des doctrines et de la discipline. Il va y avoir la fondation de la congrégation
du saint office, ce sont des cardinaux qui vont veiller sur la doctrine catholique. En
plus de cela, il va y avoir un réveil de la vie religieuse avec la réorganisation d’ordres
religieux et la création de nouveaux ordres, qui sont des communautés marquées par
une règle stricte et où la pauvreté est mise en avant pour favoriser la liberté de l’âme.
Par exemple Sainte Thérèse d’Avila. Il y a aussi des ordres qui vont se spécialiser
dans l’enseignement et la mission comme les jésuites ou les Ursulines pour les filles.
Le but était de préparer à une carrière ecclésiastique mais très vite la bourgeoisie et la
noblesse ont mis leurs enfants dans ces écoles.
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Deuxième partie:
Politique, société et économie aux XVIe et XVIIe siècles.
Chapitre I.: Les systèmes politiques.
On a pu voir que les temps modernes débutaient en raison de changements. Un de ces
changements est la construction de l’état. C’est en fait la formation de l’état moderne dont
nos états sont les héritiers directs. Ce sont des états monarchiques avec une forte centralisation
du pouvoir, alors qu’au Moyen âge il y avait un morcellement du pouvoir. Le roi était alors
seigneur de tous et vassal de personne, mais au 14ième siècle on passe d’un roi suzerain à un
roi souverain. On a affaire à un pouvoir de souveraineté, la souveraineté étant l’ensemble des
caractéristiques juridiques qui font que le souverain exerce un pouvoir sur l’ensemble de ses
sujets (c’est un concept de droit romain). On passe d’un rapport entre un roi et ses vassaux à
un rapport entre un souverain et l’ensemble de ses sujets. Au 15ième –16ième siècles l’état
moderne existe, est organisé, a le moyen d’imposer sa force et son pouvoir et s’exprime sur le
plan international. Les monarques vont alors expérimenter des systèmes politiques, qui sont
inscrits dans l’histoire de ces états.
a.)L’Espagne
Au 15ième siècle il n’y a pas de couronne d’Espagne, et pas non plus de cadre juridique précis
qui pourrait favoriser une unification territoriale. Unification qui va se réaliser par une
succession de hasard, de politique matrimoniale et de conquête territoriale.

b.) France
Lors de la guerre de 100 ans, il y avait 2 prétendants à la couronne: le roi d’Angleterre et
le roi soi-disant de France, car il y avait des problèmes quant aux règles de successions
et des problèmes entre le suzerain et celui qu’il considère comme étant son vassal. Le
roi de France va gagner et renforcer ainsi son pouvoir. Louis XI va ainsi prendre des
territoires aux ducs de Bourgogne. Durant la guerre de 100 ans il y avait les états
généraux qui représentaient les 3 ordres: noblesse – clergé – tiers état (les bourgeois
des villes); qui soutenait le roi dans sa lutte contre le roi d’Angleterre entre autre en lui
donnant les moyens de sa politique grâce à des impôts. C’est ainsi que le roi va obtenir
la gabelle, un impôt prélevé sur le sel; le sel étant le seul moyen de conservation à
l’époque, il est très recherché. Et à partir de ce moment là, il n’a plus besoin de
solliciter les états généraux car cet impôt qui devait être temporaire est entré dans les
usages. En résumé Louis XI est une personnalité autoritaire, qui a un projet étatique et
ne doit pas négocier pour des moyens financiers.
Louis XI est un monarque absolu, c’est-à-dire détaché de tout, qui domine tout et la
légitimité de son pouvoir est basée sur le droit divin. Etant donné que son pouvoir lui
vient de Dieu, il ne pourra être remis en question que lors du jugement dernier.
Au 16ième siècle on a la phase de mise en route de ce pouvoir politique et des penseurs
politiques vont donner un corps à ce pouvoir politique. Il y a par exemple Jean Bodin
qui écrit « La République » dans le sens de la Res Publica; c’est un ouvrage dans
lequel il défend l’absolutisme de droit divin, il y donne l’image d’un roi législateur et
le premier instrument de pouvoir royal est de faire la loi en dominant tout. Mais à cette
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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époque, le roi gouverne encore avec un principal ministre comme Richelieu ou
Mazarin. Mais à partir de Louis XIV, le roi va gouverner personnellement: « L’état
c’est moi »
Mais il y a quand même des limites au pouvoir royal: il y a des lois divines et naturelles
que Bossuet, le précepteur de Louis XIV, va enseigner au roi.
Il y a aussi les lois fondamentales du royaume, qui sont des principes coutumiers que
le roi doit respecter. Parmi ces lois il y a les règles de succession au trône: c’est la
progéniture avec le privilège de masculinité en excluant les femmes. Il y a aussi la
règle de majorité, qui est de 14 ans (13 ans révolus). Il y a la catholicité, le roi de
France doit être catholique on se souvient de la France de Henri IV, un protestant qui
est devenu catholique pour devenir roi, « Paris vaut bien une messe ». Et en dernier
lieu il faut faire le serment du scare, qui veut que l’on respecte les coutumes et les
privilèges des sujets.  Cet ensemble de règles coutumières donne à la monarchie une
sorte de fondement constitutionnel, même s’il vaut mieux parler d’un fondement
statutaire. Il faut en tout cas faire une distinction entre la monarchie et la personne
physique du roi, par exemple dans la phrase « Le roi est mort, vive le roi ». Le premier
« roi » est la personne physique alors que le deuxième « roi » n’est pas une autre
personne, mais on sait déjà qui sera le futur roi. Il y a aussi la phrase « Le roi ne meurt
jamais en France », ce n’est pas la personne physique que l’on vise mais bien
l’institution monarchique.
Les parlements sont en France des institutions judiciaires et pas comme en Angleterre
des institutions représentatives. A l’origine il n’y avait qu’un parlement, le parlement
de Paris. Mais en 1453 il va y avoir la création d’un parlement à Toulouse car la
distance (en temps et en coût) entre la Provence et Paris était très grande à l‘époque et
en plus le droit était différent au Sud de la Loire. Au Nord on avait à faire avec la
coutume alors qu’au Sud il y avait un droit écrit. Plus tard il va, y en avoir d’autres car
à chaque fois qu’une principauté était rattachée à la France on transférait les
institutions princières en institutions royales. Par exemple quand la Bretagne est
rattachée à la France, la cour de justice ducale devient le parlement royal de Bretagne.
On fait cela par crainte d’oppositions, et l’on va d’ailleurs faire de même pour la
Bourgogne, la région de Bordeaux, les Pays-Bas, … . Les parlements forment une
limite au pouvoir royal pour 2 raisons. La première est en rapport avec le fait qu’il
n’y a pas de séparation des pouvoirs et qu’il va donc y avoir une confusion entre le
pouvoir législatif et judiciaire. Le pouvoir judiciaire intervient dans le procédé
législatif, c’est en effet au parlement d’enregistrer la loi, qui sert comme source
formelle du droit. Et c’est le parlement qui le fait car il possède un greffe qui sait le
faire et c’est de toute façon au parlement qu’il revient de pratiquer la loi. Et le
parlement peut s’opposer à des décisions royales grâce au droit de remontrance, c’est
le refus d’enregistrer une loi. Le parlement peut faire ceci car le roi avait juré le jour
de son sacre de d’observer et de respecter les coutumes de ses sujets. Et donc si une loi
va à l’encontre de cela, le parlement peut refuser, le parlement peut en fait juger de la
« constitutionnalité » des décisions royales. Une fois que le parlement a refusé, il
envoie des remontrances au roi. A ce moment ou bien le roi accepte celles ci et
modifie la loi, ce qu’il fait lorsqu’il s’agit uniquement de raison technique. Mais le roi
peut refuser de modifier la loi et il doit alors envoyer des lettres de jussions. Le
parlement peut alors se plier à l’ordre du roi, mais il peut aussi refuser. A ce moment
si le roi veut vraiment faire passer la loi, il doit convoquer un lit de justice. On appelle
ça le lit en raison de la façon dont est organisé le parlement: Il y a une partie pour la
cour et une partie qui est dite publique, dont les premiers rangs sont occupés par les
avocats. Dans la partie pour la cour, il y a le ministère public et les représentants du roi
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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qui se trouvent dans le parc (parquet). Il y avait aussi un trône à baldaquins (comme un
lit) pour le roi, mais qui était souvent inoccupé, cela voulait simplement dire que
c’était au nom du roi. Mais quand le roi convoque un lit de justice, il se rend sur place
et le parlement ne peut plus s’opposer au roi. On peut voir que le roi obtient de toute
façon gain de cause mais après une longue procédure et le parlement s’oppose
ouvertement au roi, donc ce dernier ne fait ceci que si c’est vraiment important. Et de
plus comme le parlement est indépendant, tous les parlements peuvent refuser, et le roi
doit se rendre dans chaque parlement (ceci va être supprimé au 18ième siècle). La
deuxième raison pour laquelle le parlement est une limite au pouvoir royal est car le
parlement rend la justice et peut donc à travers des décrets faire opposition au pouvoir,
avec des décisions qui ne doivent pas être motivée, car ces décisions viennent du roi et
motivé ces raisons se serait en fait impliqué le roi et même Dieu; si l’on donnait une
mauvaise motivation ça pourrait vouloir dire que Dieu se serait trompé. Et le
parlement trouve ceci en fait très pratique, ça lui permet de juger en équité et pas en
droit et ainsi écarter certaines lois ou ordonnances.
Au départ il y avait des institutions, et des hommes étaient nommés par le roi, ces
hommes apparaissaient comme des créatures du roi. Mais ils vont vouloir
l’amovibilité de leur charge, ce qu’ils vont obtenir au moment où Louis XI va arriver
au pouvoir, car il voulait virer tout le monde et il y a eu de fortes protestations. Plus
tard ces hommes vont obtenir le droit de transmettre leur charge à leur descendance
(hérédité), ils obtiennent cela car le roi avait besoin d’argent et ils vont payer des
taxes. Mais il y avait un problème pour les personnes qui n’avaient pas d’enfants, ou
dont les enfants ne voulaient pas de la charge ou ceux qui n’avaient que des filles. Ces
personnes là vont obtenir de pouvoir vendre leurs charges (vénalité) et lors de la
vente, le roi prélève une taxe. Une fonction publique est maintenant considérée
comme un bien privé. Quand le roi va avoir besoin d’argent, il va crée de nouvelles
charges (premier perruquier du roi, grand maître du levé du roi, …), qu’il va vendre.
Plusieurs personnes investissent là dedans car, toutes ces charges sont anoblissantes,
donc donnent accès à des privilèges et à des exceptions d’impôts. Ceci va vite causer
des problèmes au roi car il n’a plus d’autorité sur ces personnes, le roi n’a plus
d’emprises sur les institutions. La seule solution qui lui reste est de donner le pouvoir
réel à des personnes qui ne se trouvent pas dans ces institutions. Il va dès lors y avoir 2
catégories de personnes au service du roi: les officiers à la tête d’offices qui seront une
propriété privée. Mais le roi va créer des commissaires à la tête de commissions, à qui
le roi donne un pouvoir déterminé pour une durée déterminée et le roi va transférer les
pouvoir des officiers aux commissaires. Par exemple à la tête de chaque province il y a
un gouverneur, qui est officier et qui est en charge des questions militaires, des
fonctions financières (contrôle et collecte) et de la police (les règlements pour la
tranquillité de la province), il a aussi quelques pouvoirs en matière de justice. Mais
plus tard à côté de lui, va être placé un intendant, qui est commissaire. Le gouverneur
va rester le numéro 1 de la hiérarchie mais la plupart de ses compétences vont aller à
l’intendant, le gouverneur va seulement garder le militaire. La seule institution qui va
garder des officiers est le parlement, car il faut une formation et une expérience pour
être au parlement; de plus la justice nécessite du temps et a besoin de connaître le
passé. La principale opposition qu’il reste au roi est la noblesse d’épée (>< noblesse
de robe, qui fut anoblie par une charge), qui est implantée dans les campagnes et peut
soulever le peuple. C’est pour cela que Louis XIV va faire construire Versailles, qui
sera une sorte de prison dorée pour la noblesse. Versailles est le lieu du roi et des
commissaires alors que les officiers restent à Paris. La noblesse va devoir résider à la
cour, où elle doit tenir son rang, être à la mode, entretenir des maîtresses, jouer, … .
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Elle y fait en fait tout sauf s’occuper d’une opposition politique. Et le centre de
pouvoir est le conseil qui se trouve à côté du roi à Versailles, se sont des ministres,
dans le sens de serviteurs (du roi). Un des ministres les plus important est Colbert, qui
est commissaire et est une sorte de ministre des finances.
Les états généraux qui auraient pu être un contre pouvoir ne le sont plus depuis que le
roi a obtenu un impôt sur le sel.
c.) L’Angleterre ou le triomphe du Parlementarisme.
En Angleterre, l’histoire est marquée par un conflit entre le roi et le parlement, qui est une
institution représentative. Les origines de ce parlement datent du début du 13ième siècle et du
règne de Jean, le frère de Richard Cœur de Lion. Il est d’abord régent et puis à la mort de son
frère il devient roi. Il arrive à susciter l’opposition de toutes les forces du royaume: la
Noblesse, le pape (qui vaut une suprématie du pouvoir papal) et les villes, qui en ont marre de
payer des impôts pour des conflits perdus (perte de la Normandie). En 1215 les sujets vont
arracher au roi, la Magna Carta libertatis aussi appelée grande Charte d’Angleterre. Cette
charte est le fondement de toutes les constitutions modernes européennes et c’est un
engagement du roi à gouverner autrement, c’est-à-dire en prenant l’avis de ses sujets. C’est
pourquoi il fut crée une institution qui représente les sujets auprès du roi. Cette institution
s’occupe de législation et de vote d’impôts; ces 2 choses étant souvent liées car quand le roi a
besoin d’impôts le parlement l’oblige à faire passer des lois. Ce parlement fonctionne selon un
mode bicaméral: il y a la chambre haute (House of Lords), qui sont les barons du roi et dont
les membres le sont héréditairement; et il y a la chambre basse, avec les villes et la petite
noblesse (la gentry) dont les membres le sont par élection. La chambre basse s’occupe des
impôts et des lois et la chambre haute joue le rôle de conseil et de plus haute juridiction. Le
jeu politique en Angleterre est un jeu fondé sur les rapports entre le parlement et le monarque.
Les Temps Modernes débutent en Angleterre avec la dynastie des Tudor, c’est une
dynastie qui s’impose après la guerre des 2 roses (la rose blanche de la maison de
York et la rose rouge de la maison de Lancaster). Henri VII va recevoir les pleins
pouvoirs du parlement pour mettre fin à la guerre civile. Il va alors y avoir un
absolutisme d’intention, car le pouvoir lui fut quand même donné par le parlement.
Cet absolutisme d’intention va se poursuivre sous Henri VIII car c’est une personne
autoritaire qui n’a pas besoin d’impôts et donc qui ne donne pas de lois au parlement.
En effet quand il est devenu chef de l’église anglicane, il a supprimé le clergé régulier
(les abbayes) et va nationaliser les biens de ce clergé. Après lui, sous Elisabeth Ier
l’absolutisme d’intention continue même si les richesses commencent à s’épuiser car
les richesses commencent à venir des colonies et de la prise des bateaux espagnols.
En 1603 Jacques Stuart qui est déjà roi d’Ecosse, monte sur le trône et l’on peu
maintenant parler de Royaume-Uni, car il y a une réunion sous un même monarque de
l’Angleterre et de l’Ecosse (c’est une union personnelle). Les Stuart veulent
poursuivre la politique autoritaire des Tudor, mais ils n’ont plus les moyens financiers
de le faire. De plus les Stuart sont catholiques et discriminent les anglicans. Charles Ier
va rentrer en conflit avec le parlement, car il veut des moyens financiers mais refuse
des contreparties. En 1642 il va y avoir une véritable guerre civile entre les 2 factions,
les parlementaristes et les royalistes, ce qui est aussi une lutte entre anglicans et
catholiques et à cette époque l’absolutisme est essentiellement catholique. En 1649, le
parlement va utiliser le droit d’impeachment contre le roi. L’impeachment fut crée au
14ième siècle dans le cadre de la précision des cadres du parlement. Le parlement
pouvait mettre en accusation les ministres du roi, seulement les ministres car au 14ième
siècle, si quelque chose n’allait pas, ça ne pouvait pas être à cause du roi, mais
c’étaient les ministres qui ne comprenaient pas ce que le roi voulait. La procédure
voulait que la chambre des communes mette en accusation et que la chambre des lords
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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juge, car on ne pouvait à l’époque n’être jugé que par des pairs. Et d’habitude après
que ce soit fait, le roi change de position, mais Charles Ier refuse et le parlement décide
alors de lancer la procédure contre le roi lui-même. Le roi va être condamné à être
décapité, ce qui va être fait à la tour de Londres.
Dans toute l’Europe on va alors crier au régicide, ce qui n’est pas le cas car on a
procédé par juridiction. On ne peut seulement reprocher au parlement d’avoir donné
une interprétation extensive de l’impeachment. Pourquoi as-t-on alors parlé de
régicide? Car la légitimité du pouvoir était différente, en France et en Espagne il y
avait un absolutionnisme de droit divin, ce qui fait que seul Dieu peut juger les actes
du roi. Mais ça faisait longtemps qu’en Angleterre on avait abandonné l’idée d’un
pouvoir fondée sur une délégation par Dieu. Par exemple Thomas Hobbes dans son
ouvrage « Le Léviathan », défend un pouvoir royal autoritaire en utilisant l’image d’un
monstre biblique à plusieurs têtes. D’après lui, il faut que le pouvoir revienne à une
seule tête pour qu’un état puisse fonctionner correctement. L’absolutisme en
Angleterre est donc la délégation d’un pouvoir par les sujets, c’est une délégation
tacite et irréversible, mais si le roi exagère, les sujets peuvent mettre des bornes. Le
pouvoir du monarque est ascendant et non pas descendant (France ou Espagne).
A la mort de Charles Ier il y a un intermède républicain jusqu’en 1660, c’est la
république du Commonwealth qui supprime la monarchie ainsi que la chambre haute
et il va y avoir la seule constitution que l’Angleterre n’ait jamais eue. Car c’est une
période autoritaire de la part de Cromwell, qui est un despote pire que les rois. En
1660, c’est le fils de Charles Ier, Charles II qui monte sur le trône. 1649 n’était pas une
opposition à la monarchie, mais une opposition au pouvoir autoritaire d’un homme.
Mais le problème est que Charles II et puis Jacques II vont retomber dans les mêmes
travers et vont avantager les catholiques en justifiant qu’ils furent discriminés sous
Cromwell. Il y a alors un nouveau conflit qui va se terminer en 1689 par la "Glorious
Revolution" quand le roi abdique (on lui avait dit que les événements de 1649
pourraient se reproduire). La fille de ce roi va épouser Guillaume d’Orange et l’on va
rentrer dans une nouvelle période pour l’Angleterre.
 On peut dire que pour l’Angleterre il y a un échec de l’absolutisme et un triomphe
du parlementarisme et que le régime politique va être une monarchie parlementaire.
On peut dire qu’il y a en Angleterre une monarchie de type constitutionnelle. De type car
une constitution doit normalement contenir une définition des pouvoirs et la relation
entre les différents pouvoirs + garantie des libertés publiques. Ces 2 éléments ne sont
pas toujours présent en Angleterre, sauf lors de l’intermède de Cromwell évidemment.
Le grand modèle des textes « constitutionnels » est la Magna Carta libertatis de
1215, elle partage les pouvoirs en disant ce que le roi peut faire seul et ce qu’il ne peut
pas faire seul, mais seulement avec l’accord du parlement.
En 1628 il y a la Petition of Right, qui n’énumère pas des droits mais qui est un texte
par lequel les sujets réclament le respect des règles juridiques de la grande charte mais
aussi d’autres textes. On demande à l’Angleterre de respecter un caractère juridique,
c’est un texte qui s’oppose aux dérivent absolutistes. En 1679 il y a le Habeas Corpus
Act, qui concerne la procédure criminelle, c’est un writ (un bref), donc un document
par lequel on engage une procédure, qui concerne le fait de se saisir du corps de
quelqu’un (de l’emprisonner). C’est à partir de ce moment que le roi ne peut plus
emprisonner quelqu’un sans qu’il n’y ait de procédure judiciaire (ceci évite les
emprisonnements arbitraires). Et d’ailleurs aujourd’hui dans le droit anglo-saxon, il
n’y a pas de détention préventive (il y a le principe de caution), sauf s’il y a un danger
pour la société. En 1689 il y a la Bill of Rights qui est un droit à la liberté individuelle
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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et en 1701 il y a l’Act of Settlement qui règle la succession au trône et distribue les
pouvoirs respectifs du roi et du parlement.
 Tous ces textes ont eu des conséquences importantes, par exemple l’Act of
Settlement a influencé la constitution américaine pour la séparation des pouvoirs. Le
Bill of Rights et le Habeas Corpus Act ont de l’importance pour la déclaration des
droits des Nations unies et la déclaration européenne des droits de l’homme.
d.) L’Empire
C’est +/- l’espace qui constitue l’Allemagne actuelle.
Le pouvoir impérial est sorti affaibli du Moyen âge pour 2 raisons. La première étant le
fait que la dignité impériale (rétablie par Otto Ier en 962), ait un caractère électif; il y a
une tractation entre différents dignitaires. Il n’y a donc pas de distinction entre la
personne de l’empereur et la dignité impériale, il y a juste une succession de
personnes. La deuxième raison est qu’il y a depuis 1075 un conflit entre l’empereur et
le pape. Le pape veut une suprématie du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel ce
que l’empereur ne veut pas. Il y a eu une évolution théocratique du pouvoir pontifical,
sous Boniface VIII, l’universalité du pouvoir spirituel va être élevée au rang de
dogme. Ce qui pose problème à l’empereur qui avait un système de politique de
l’église impériale, il mettait à la tête des grands états, des figures ecclésiastiques
comme à Liège par exemple. Car ceci permettait à l’empereur de choisir les princes.
Mais le pape c’est attaqué au fait que l’empereur choisisse les évêques.
Ces faiblesses vont ancrer le pouvoir impérial dans une perte d’autorité. Il n’y a pas
non plus de pouvoir central, ni d’institution exprimant un pouvoir centralisateur.
L’Empire est une mosaïque de principautés, et l’empereur est symbolique, il règne,
seulement sur un territoire limité que sont les possessions de sa famille, mais il ne
gouverne sûrement pas. L’empereur est aussi soumis à la bonne volonté de la diète,
qui est une assemblée au pouvoir mal défini et avec une composition incertaine, et
auquel l’empereur doit mendier pour avoir des moyens financiers ou pour solliciter de
l’aide et à laquelle il ne peut imposer ses vues que s’il a des territoires patrimoniaux
suffisamment importants. Pour preuve que l’empire n’existe plus vraiment un acte de
1442 qui ne mentionne plus le terme empire mais qui parle des principautés
allemandes.
Il y a un tournant à cela lors de l’élection de Maximilien de Habsbourg qui représente
parfaitement l’esprit de la Renaissance en conjuguant tradition et vision d’avenir. En
matière de politique, il va ainsi donner naissance au Saint-Empire romain de la nation
germanique. Empire romain étant la tradition et nation germanique la réalité politique;
cette terminologie va rester jusqu’en 1801, moment à partir duquel on va avoir affaire
au Deutsche Reich. Il va œuvrer en faveur d’une libération du titre d’empereur vis-àvis de la papauté, c’est ainsi qu’après lui, les empereurs ne seront plus couronnés par
le pape; il met ainsi fin à la dépendance symbolique. Et par exemple Charles Quint est
couronné par l’archevêque de Cologne. Il développe aussi des institutions centrales et
veut qu’elles soient l’expression du pouvoir impérial en dehors de la personne de
l’empereur et ceci contrecarre aussi le pouvoir de la diète. Il y a 3 institutions qui sont
crées: la chancellerie impériale; le concile aulique, qui à partir du 16ième siècle sera
exclusivement composé de conseiller nommé par l’empereur et non plus issu de la
diète, et comme 3ième institution il y a la Reichskammergericht en 1495, qui est une
chambre impériale, et qui s’occupe de juridiction. Elle va d’abord être à Francfort,
puis plusieurs autres ville avant d’arriver définitivement à Wetzler en 1693. C’est une
institution qui est présentée comme arbitre entre les différents princes territoriaux;
comme arbitre car l’empereur ne peut rien imposer, mais par contre, il peut chercher
une solution acceptée par toutes les parties. Cette institution sera placée sous le
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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pouvoir de l’empereur. Comme le droit dans l’empire est coutumier, il est différent
pour chaque principauté, et il fallait bien choisir quelque chose, et le seul qui puisse
faire l’unanimité est le droit romain. Ce qui évidemment avantage l’empereur car en
même temps c’est traditionnel et ça raffermit le pouvoir impérial, car c’est un droit qui
venait de l’empereur Justinien et qui soulignait le pouvoir politique de l’empereur.
Tout ceci va amener une stabilité relative pendant une grande partie du 16ième siècle,
mais avec la montée du protestantisme et une récession économique il va y avoir un
frein à la centralisation. Il va y avoir des guerres de religion qui vont faire de l’empire
un champ de bataille et entraîner l’Europe entière. A la fin du 16ième siècle les états
vont avoir plus d’indépendance au détriment de l’empire ceci est renforcé par la
réforme. L’empereur ne va plus être fédérateur et ne va être respecté que s’il ne gêne
pas les princes territoriaux. Le seul lien qui va justifier l’unité allemande est la menace
étrangère de la Turquie et de la France. L’indépendance va aussi se faire au détriment
des villes, qui vont subir un déclin progressif, ce qui va causer un déclin des
campagnes et va plonger l’Allemagne dans une crise économique et sociale en plus
des conflits religieux, qui arrivent à un moment de perte de vigueur du protestantisme
et de montée en puissance de la réforme catholique et du baroque.
La guerre de 30 ans va commencer en 1618 et se terminer en 1648; elle concerne avant
tout l’empire, mais va atteindre une échelle européenne. Les causes remontent à 1582,
quand l’archevêque de Cologne va passer à la réforme, mais il va vouloir garder son
territoire et cela avec l’appui de certains princes territoriaux. Mais il sera chassé de son
territoire par des troupes bavaroises et espagnoles. On va alors voir l’opposition entre
2 factions: l’Union évangélique composée de princes protestants appuyés par
l’Angleterre, les Pays-Bas et la France; et la ligue catholique composée des Habsbourg
et de l’Espagne. La France ne fait partie de l’Union évangélique que pour contrer
l’Espagne. C’est au départ une guerre de religion pour finir en conflit politique
européen. Ce sera aussi un conflit entre l’Empire et la Suède pour des raisons
économiques concernant la mer Baltique. Et dans les Indes orientales, surtout aux
Philippines il va y avoir un conflit entre les Pays-Bas et l’Espagne. Il y a donc des
conséquences de la guerre jusque dans les colonies et c’est une des grandes différences
entre les Temps modernes et le Moyen âge. Il va y avoir une place stratégique des
colonies, la mainmise sur des colonies est l’expression de la puissance politique; c’est
ainsi que Richelieu a dit « La souveraineté royale devrait se mesurer à la puissance
coloniale ». L’économie européenne va ainsi dépendre des colonies. Le 24 octobre
1648 le traité de Westphalie va rétablir la paix dans l’Empire et va définir une
« constitution » germanique qui va établir les cadres de l’Empire. C’est à ce moment
que 350 principautés vont se faire reconnaître, ce sera le Landeshoheit qui est la
souveraineté territoriale qui va marquer l’indépendance politique des princes
allemands dont la seule obligation à l’encontre du pouvoir impérial sera l’interdiction
de conclure des traités contre l’empereur. Les institutions vont disparaître, seule la
chambre impériale va subsister pour garantir un arbitrage entre les états, mais ce ne
sera plus une institution de l’empereur. Les questions religieuses devraient être
tranchées par la diète mais à l’unanimité ce qui va aboutir à ce que chaque prince
impose à ses sujets un choix religieux; c’est le « cuius regio eius religio ». Toutefois la
liberté religieuse est garantie par le fait que le prince doit accepter l’émigration des
sujets qui ne veulent pas adhérer à sa religion. Le traité de Westphalie a aussi des
conséquences européennes, ils entérinent les conquêtes territoriales, c’est ainsi que
l’Alsace va être transférée à la France. Les cantons suisses vont se détacher
définitivement. Les provinces unies vont officiellement être indépendantes. Cela va
aussi être la fin entre la guerre France – Espagne. Mais la fin de la guerre va marquer
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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la banqueroute de l’Empire et l’appauvrissement de la population dans son ensemble.
L’Empire va être laissé comme un désert intellectuel, car les universitaires et les
artistes ont fui l’Empire pour se réfugier ailleurs (aux Pays-Bas, en France, en
Scandinavie et même en Russie). C’est une guerre avec peu de morts civils, mais avec
un grand déplacement des populations, pas seulement les intellectuels, mais aussi les
marchands et les personnes d’une autre religion ont fui, vers la Saxe, la France, la
Suisse et les provinces unies. Ces traités de Westphalie marquent de leur empreinte la
politique, l’économie, le social, la religion dans l’Empire et dans le reste de l’Europe.
On ne peut d’ailleurs pas comprendre l’histoire contemporaine sans les traités de
Westphalie, car c’est le point de non-retour d’une nation germanique décomposée.
L’indépendance des états germaniques est garantie par les puissances étrangères, donc
l’échec impérial est garanti par les puissances étrangères. Ce qui fait que l’Allemagne
ne joue aucun rôle politique jusqu’au 19ième siècle et la montée de la Prusse, qui a
voulu revenir aux traités de Westphalie avec la reconquête de l’Alsace.
Chapitre II.: La société d’Ancien régime.
a.) L’approche théorique: ordres, états et corps
L’ordre est un terme caractéristique pour la période médiévale qui indique un état
cloisonné voulu par Dieu; on naît dans un ordre, on ne devient pas dans un ordre. Le
Moyen âge est une société trifonctionnelle avec 3 ordres correspondants à une
fonction dans la société. A l’époque moderne on va plutôt parler de 3 états: la
noblesse, qui protège avec les armes; le clergé qui a la responsabilité des âmes; et les
paysans qui s’occupent de nourriture terrestre. Au Moyen âge c’est une société stable
car elle est voulue par Dieu; on reconnaît la fonction plus les devoirs et les privilèges
qui vont avec (par exemple la noblesse et le clergé ne doivent pas payer d’impôts).
Mais vers la fin du Moyen âge la société est un peu perturbée pour 2 raisons: La
première est que le troisième ordre ou le tiers état n’est plus composé que de paysans,
il y a une nouvelle couche sociale qui apparaît, ce sont les artisans et les marchands. Et
ces bourgeois vont devenir les représentants politiques du troisième ordre. La
deuxième raison est que l’on voit apparaître une nouvelle forme de noblesse à travers
le service du prince. Ce sont des juristes qui deviennent conseiller du prince ou qui
travaillent pour des institutions. Il y a ainsi une perturbation de l’ordre voulu par Dieu,
car la noblesse de robe ne protège pas la société et le tiers état des villes ne produit pas
de nourriture. Les états généraux fonctionnent sur ce modèle de 3 ordres mais à part ça
la notion d’ordre ne va plus suffire pour qualifier la société des Temps modernes.
La classe a une base économique, c’est un critère dans le niveau de vie et définit un rôle
dans le cadre de la production et de la consommation. Pour qu’il y ait des classes, il
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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faut qu’il y ait une conscience de classe qui ne se base pas sur une solidarité entre des
membres mais plutôt sur l'opposition entre groupes. Alors peut-on vraiment parler de
classes avant le 19ième siècle?
Pour les historiens on ne peut pas car l’Ancien régime est fondé sur des fidélités, sur
une hiérarchie qui s’exprime en terme de protections. C’est une société fondée sur un
clientélisme, donc sur le rapport entre différentes parties en fonction de ce que les
différentes parties peuvent apporter les unes aux autres.
Mais pour les historiens marxistes l’histoire est marquée par les rapports entre
exploiteur et exploité. Ils parlent de l’ère de l’esclavagisme qu’est l’Antiquité, de l’ère
du capitalisme que sont les 19ième – 20ième siècles et du féodalisme entre les 2. Mais le
féodalisme ne désigne aucunement un rapport entre exploiteur et exploité, c’est un
contrat synallagmatique avec des droits et devoirs réciproques. Les historiens
marxistes ont confondu système seigneurial et système féodal. Le système seigneurial
est en effet l’exploitation d’une population soumise à un nombre de droits exercés par
un seigneur. Par exemple l’obligation de travailler sur des terres et concédant une
partie de la récolte; faire des corvées; utiliser des équipements (four, moulin, presse)
en payant (en nature ou en monnaie); et il y avait une justice rendue par le seigneur. Et
pour preuve que le système féodal n’était pas vraiment un problème pour le tiers état,
dans les cahiers de doléance dans lesquelles le tiers état dénonce ce qui ne va pas, il
n’est nulle part fait mention des rapports féodaux, mais on se plaint souvent du
système seigneurial.
Alors y-a-t-il une continuité entre le « prolétariat » de l’Ancien régime et le prolétariat
qui naît avec l’industrialisation? La réponse est NON, l’Ancien régime n’est pas la
préfiguration du système industriel. Durant l’Ancien régime il n’y a pas de conscience
d’appartenir à une classe en terme de confrontation mais bien en terme de solidarité.
Les sociétés du Moyen âge et des Temps Modernes se concevaient en terme de corps.
Les corps sont une forme de solidarité parmi d’autres. Des exemples de corps sont les
appartenances à une ville ou à un village, il y a aussi des corps en fonction des métiers,
des appartenances à des congrégations religieuses (des confréries ou des paroisses).
L’homme des Temps modernes ne se définit pas en fonction de classe (sauf le clergé
et la noblesse) mais se présente en fonction du ou des corps auquel il appartient. Car il
y a une notion de solidarité, à côté de l’individualité de la pensée et des croyances, les
solidarités sont importantes. Par exemple quand un ouvrier décède, il y a de l’argent,
d’une caisse alimentée par les membres du corps, qui est versé à la veuve et aux
orphelins, et c’est le même chose lors de maladies. Il y a aussi les villes qui s’occupent
de leurs habitants en cas de problèmes comme une famine. La différence qu’il y a ente
Temps modernes et Moyen âge c’est que les corps civils prennent plus d’importance
que les corps religieux.
b.) L’approche concrète ou les réalités sociales
On a plus vraiment affaire à des ordres homogènes.
Le clergé: Le clergé forme un ordre mais il y a un clivage important entre le haut et le
bas clergé. Le haut clergé est issu de la noblesse et a une vie de luxe, mais le bas
clergé est pauvre, peu instruit et dont la condition de vie est proche de la population
paysanne. Ceci crée une perte de moralité: il y a des prêtres vivant en concubinage,
d’autres qui des enfants illégitimes, … . Tout cela on le retrouve dans le registre des
officialités. Les officialités sont la juridiction de l’église qui ont une compétence très
large dans 2 domaines. En premier lieu c’est le seul tribunal qui peut juger les
ecclésiastiques, car il y a le privilège du for, cela veut dire que les ecclésiastiques ne
peuvent être jugés que par des tribunaux d’église mais pour des affaires de meurtre. La
deuxième compétence de ces tribunaux, c’est de juger les laïques pour tout ce qui
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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touche à des compétences réservées à l’église, comme le mariage. Donc la validité des
mariages, l’annulation, mais aussi les enfants, le contrat de mariage, la succession et le
contrôle des testaments. Et c’est registres aident à connaître la vie du clergé, et l’on
voit qu’il y a beaucoup de problèmes de concubinage, de manque de compétence, de
délaissement du service divin, des enfants naturels, … . Et quand ce tribunal rend une
sentence, le bas clergé doit souvent payer des amendes qui vont dans les poches du
haut clergé. (voir aussi les critiques de Luther).
La noblesse: Il y a un clivage entre la noblesse d’épée et la noblesse de robe. La
noblesse d’épée est appauvrie car elle continue à vivre dans des châteaux et avec ce
que rapporte la terre, c’est-à-dire de moins en moins. C’est ainsi que cette noblesse va
être coupée du pouvoir. La noblesse de robe qui est issue de la bourgeoisie car c’est
elle qui envoi ses enfants à l’université. Ce sont donc des personnes issues de familles
riches, qui vont investir dans la terre pour se mettre à la hauteur de la noblesse d’épée
mais aussi pour rattacher des titres à leur nom. Ils vont se marier avec de la noblesse
d’épée pour le nom ou avec la bourgeoisie pour l’argent.
La bourgeoisie: Il y a les artisans, qui sont des gens de métier, mais il y a aussi les
financiers et commerçants qui parviennent à la noblesse.
Les paysans: Il y a aussi 2 sortes de paysans: les laboureurs qui sont propriétaires (mais
ceux-ci vont disparaître) et les manœuvriers qui louent leurs services ou qui sont au
service d’un seigneur.
c.) Paupérisme, marginalité et criminalité
Dans un acte de 1634 on définit le pauvre comme étant « celui qui manque de biens ou
de fortune ou celui qui n’a d’autre moyen de vivre que son travail ». C’est donc toute
la population qui ne possède pas de réserves, et donc la grande majorité des gens n’est
pas pauvre mais est menacée de le devenir. Ceux qui sont vraiment pauvres on les
appelle les mendiants ou les vagabonds, et compose 15 à 20 % de la population. Les
mendiants sont ceux qui sont tombés dans l’indigence, ce sont ceux qui ne peuvent
survivre que grâce à l’aide d’institutions (religieuses ou laïques) charitables. Les
vagabonds sont des personnes sans profession, sans domicile, sans biens, sans famille
alors que les mendiants ont un domicile et ont eu une profession. Les vagabonds
vivent de mendicité ou de menu larcin.
Au 16ième siècle il y a une continuité du Moyen âge, le pauvre est donc un membre du
christ et est même l’expression du christ, c’est un intercesseur auprès du christ. Il y a
un parallèle avec les ordres mendiants comme les franciscains. Mais il y a aussi une
volonté de contrôle qui s’exprime de 2 manières: Interdire la mendicité avec une
volonté d’encadrement et un secours institutionnalisé. Et la deuxième manière, est une
attitude hostile aux vagabonds car on pense qu’ils colportent les épidémies comme le
choléra. Le vagabondage va être passible d’une condamnation aux galères.
Au 17ième siècle on va vouloir débarrasser la société de mendiants et de vagabonds car
l’assistance du 16ième siècle est insuffisante. L’idéal de pauvreté est terminé, il faut
débarrasser la société des asociaux oisifs et irrécupérables. Pour cela il y a 2 solutions.
La première consiste à créer des hôpitaux qui sont des lieux d’incarcération où les
pauvres sont enfermés et dans lesquelles ils vivent sous un régime mi-carcéral, mimonastique. On va essayer de s’occuper de leur éducation, en les débarrassant de leur
paresse, en les rééduquant moralement tout en étant soumis à des règles monastiques.
La deuxième solution consiste à les déporter dans les colonies, c’est une politique de
colonisation à travers l’idée que les colons pouvaient assurer le domaine politique et
économique et en plus de cela on débarrasse la métropole de sujets indésirables. Les
premiers habitants des colonies sont ou bien des aventuriers ou bien de personnes qui
fuient les persécutions religieuses mais surtout des criminels, des mendiants et des
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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vagabonds. Par exemple au Canada se sont des hommes aventuriers mais les femmes
furent prisent dans des hôpitaux (ce sont des prostituées ou des mendiantes). Ces 2
solutions vont être vouées à l’échec car il y a un manque d’hôpitaux, un manque de
policier mais surtout car l’on ne s’attaque pas aux causes, mais seulement aux
conséquences.
Au 18ième siècle il y a une recherche des causes, qui sont l’organisation de la société,
l’inégalité fiscale. Il va alors y avoir une réforme de l’assistance avec un
développement de caisses de prévoyance. Mais dans la pratique il va y avoir une
sévérité renforcée à l’égard des vagabonds avec un enfermement et les galères si
récidive.
Chapitre III.: La révolution économique.
a.) Transformation du commerce et de la finance
C’est le Moyen âge qui est à l’origine du capital et des techniques financières qui
apparaissent en même temps que se développent les villes (italiennes). On peut dire
que le commerce et la finance ont une origine médiévale et méditerranéenne.
L’origine des banques est le changeur médiéval qui faisait les changes sur un banc et
qu’on appellera le banquieri. Car il fallait échanger les monnaies pour faire du
commerce, en effet même dans un même pays il y avait plusieurs monnaies différentes
(par exemple la livre de Paris, la livre de Tours, les florins, les ducats, …). Plus tard
ces changeurs vont recevoir de l’argent en dépôt. Cet argent va être placé pour des
bénéfices ou prêté pour des intérêts. Il va y avoir 2 grandes villes où cela va se passer
Astie en Italie avec les Lombards et Cahors en France avec les Cahorsiens. Il va y
avoir la lettre de change qui va permettre d’éviter le transport de numéraire et qui se
présente comme un traveller cheque; ce fut développé par les templiers dans le cadre
des croisades. Après cela il va y avoir les virements qui permettent de débiter ou de
créditer un compte sans transfert de numéraire. Après cela il va y avoir les contrats en
commandite qui sont nés à Gènes au début du 15ième siècle et qui associent des
banquiers, des marchands et des armateurs pour partager les bénéfices en fonction de
l’apport de chacun. Les gains sont évidemment moins importants mais s’il y a des
pertes on ne perd jamais tout.
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Aux Temps modernes il va y avoir un déclin de la puissance de cités italiennes et le
centre économique va se déplacer des la Méditerranée à l’Atlantique. Les centres
commerciaux vont alors devenir Lisbonne pour le commerce avec l’Orient et Séville
et son port Cadix pour le commerce avec l’Amérique et l’apport des métaux précieux.
Une importante place de redistribution en Europe sera Anvers. La bourse qui est lieu
d’échange de capitaux et au départ aussi un lieu d’échange de marchandises existe
d’abord à Bruges. Le terme vient probablement de la famille Van der Beurze car c’est
dans l’hôtel particulier de cette famille que c’est développé une activité boursière. En
1531 la bourse va être déplacée à Anvers, va devenir permanente et ne sera plus liée à
une activité de forme commerciale. Elle va siéger dans un immeuble conçu à cet effet
et va devenir un centre de spéculation financière, elle va en fait ressembler fort aux
bourses actuelles.
L’église catholique dès le 12è siècle ne peut pas admettre que l’argent fasse de l’argent
car l’on voulait protéger les plus faibles de la société. C’est pour cela que les prêteurs
étaient souvent des Juifs. L’intérêt était quand même toléré lorsqu’il y avait une prise
de risque évident comme dans le commerce international. Durant les Temps modernes,
le commerce international va avoir besoin de prêts à intérêt. Il va donc y avoir des
ordonnances de taux demandé. Par exemple en 1540 Charles Quint va fixer un taux
d’intérêt légal pour les Pays-Bas à 12 %. En Angleterre, Henri VIII va fixer le taux à
10 %.
Mais la réforme calviniste n’a pas la même vision, pour les calvinistes le prêt à intérêt
n’est pas de l’usure car créer de l’argent est une bénédiction divine. Ceci va donc
favoriser le libéralisme économique car il n’y a pas de taux sauf quand on prête aux
pauvres. Les calvinistes vont aussi être plus nombreux dans les grands centres
financiers, ces grands centres qui vont être transféré dans des villes de la réforme. Au
départ il y a 2 centres importants que sont Anvers et Lyon mais les grands financiers
vont émigrer à Amsterdam et Genève. Le calvinisme a favorisé le capitalisme mais il
ne l’a pas crée.
b.) La crise monétaire
Il y a durant la première moitié du 16ième siècle une crise monétaire qui est la
conséquence d’une dépréciation monétaire. Et cette dépréciation est la conséquence
de l’afflux de métaux précieux (surtout argent d’Amérique) qui sera continu et qui va
d’abord en Espagne et puis dans le reste de l’Europe causer une hausse des prix. Par
exemple en Espagne entre 1525 et 1550 il va y avoir une hausse de 3 fois le prix. Pour
les Pays-Bas en moins d’un siècle les céréales vont coûter 3 fois plus cher. Tout ceci
va amener à une crise monétaire en 1558-1559 surtout en France et en Espagne.
Il y a une dépréciation psychologique car ce qui est rare est cher et donc ce qui n’est
pas rare n’est pas cher. Comme il y a à ce moment là beaucoup de métaux précieux
leur valeur psychologique baisse.
Il y a une inflation du crédit car il y a une utilisation abusive des emprunts. Les
princes empruntent tellement que la valeur totale de la dette est plus grande que la
valeur totale des métaux précieux en circulation. Cette dette est la conséquence de la
naissance des états modernes car il a fallu mettre en place une administration, les
activités diplomatiques coûtent et les princes mènent un train de vie très qui coûte
cher, ils construisent des palais (l’Escorial) et des résidences secondaires (les châteaux
de la Loire). Et il y a aussi les guerres car il faut payer des armées permanentes, des
mercenaires. Il faut aussi payer des équipements et des armes modernes, comme
l’arquebuse ou le pistolet qui coûtent cher. Cette inflation du crédit va mener à une
véritable banqueroute.
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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Il y a aussi une dévaluation technique de la monnaie car une des choses que les
princes font, c’est battre monnaie. Ils vont prendre l’habitude de mettre moins en
moins de métal précieux dans les pièces ce qui va causer une dépréciation
psychologique.
Premières théories monétaires : Jean Bodin, un penseur de l’absolutisme mais aussi des
problèmes monétaires, qui va dire que la valeur de la monnaie varie en raison inverse
de sa quantité; au plus rare, au plus de valeur. Ceci ne correspond pas avec la
dévaluation technique. Comme autre penseur il y a Gresham qui publie en 1558 un
ouvrage dont va découler la loi de Gresham qui veut que la mauvaise monnaie chasse
la bonne.
En Espagne pour faire face au remboursement des dettes, Philippe II va déclarer la
banqueroute de l’état, pour éponger la totalité des dettes et les transformer en rente
perpétuelle de 5%. Mais comme l’augmentation du coût de la vie est supérieure à 5%,
la valeur réel des 5% diminue chaque année. Il y aura aussi une interdiction d’importer
les métaux précieux.
En France en 1559 Henri IV va aussi devoir déclarer la banqueroute de l’état, même si
tout avait été fait pour l’éviter. Entre autre en vendant une partie du domaine de la
France et en multipliant les charges publiques mise en vente.
Les conséquences de ces banqueroutes seront d’abord politiques, en effet en 1559 il y
aura la paix de Cateau-Cambrésis car il n’y a plus d’argent pour faire la guerre. Mais il
y a aussi des conséquences économiques: la plupart des banquiers vont faire
banqueroute car ils avaient prêté beaucoup d’argent et ils sont donc ruinés. Ce qui va
causer la disparition de certaines places financières comme Lyon. Les banquiers qui
vont survivre vont rechercher une valeur sure, une valeur refuge que sera la terre, mais
ce sera aussi un ralentissement du dynamisme économique. Il va aussi y avoir une
diminution du taux d’intérêt car ils peuvent conduire à une banqueroute.
Pour éviter une nouvelle banqueroute il va y avoir une réforme monétaire. En
Espagne, en 1575 Philippe II va frapper une monnaie forte avec un taux de métal
précieux important. La monnaie forte va être réduite en quantité, c’est de la monnaie à
valeur ajoutée (théories de Jean Bodin). C’était une bonne idée mais le problème est
que l’ancienne monnaie n’est pas retirée et cette ancienne monnaie possède la même
valeur nominale que la nouvelle. Ce qui en résulte c’est que la monnaie forte va être
thésaurisée et la monnaie faible est utilisée et donc l’économie sera fondée sur la
mauvaise monnaie.
En France il va y avoir une solution législative qui va fixer officiellement la valeur des
monnaies, mais le problème est que la valeur officielle n’est pas égale à la valeur
réelle. Et c’est la valeur réelle qui est utilisée dans la vie courante.
En Angleterre il n’y a pas de banqueroute mais il y a une réforme faite par Gresham
pour l’éviter. Gresham est le conseiller du roi, qui prend 2 grandes mesures. De un il
achète 300 000 kilos de pièces d’argent qui vont être fondue pour faire de nouvelles
pièces, une monnaie forte la livre sterling, c’est une nouvelle livre à haute teneur en
argent. Les vieilles pièces ne sont pas abandonnées mais il va y avoir une réduction de
leur valeur proportionnellement à la nouvelle livre sterling. Comme l’ancienne livre
avait 20 centigrammes d’argent et la nouvelle en avait 80 centigrammes, l’ancienne va
valoir ¼ de la nouvelle. Il va aussi y avoir la création d’un fond de stabilisation grâce à
un agent royal à la bourse d’Anvers; cet agent royal va disposer d’une réserve 10 000
livres sterling pour stabiliser la monnaie anglaise en bourse par rapport aux monnaies
étrangères. Si le cours baisse, il achète et s’il monte, il vend (c’est la même chose
maintenant).
c.) La réaction: le mercantilisme
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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Il n’y a donc pas de crise monétaire, mais il va y avoir un nouveau régime économique,
le mercantilisme qui est l’expression d’un nationalisme économique et qui prône
l’interventionnisme de l’état. On va ainsi favoriser l’entrée de matières premières
mais prohiber l’importation de produits finis et l’exportation de matières premières.
On fait cela grâce aux droits de taxe et de douane et on appelle cela le protectionnisme
économique.
Le secrétaire d’état anglais William Cecil va mettre en place un conseil de la couronne
qui surveille l’économie. Pour le conseil de la couronne, l’intérêt de la nation prime
sur l’intérêt particulier. On va ainsi créer de nouvelles industries, mettre sous contrôle
des mines, attirer de la main d’œuvre étrangère (par exemple des huguenots français
spécialisés en céramique), faire de l’espionnage économique (par exemple sur les
techniques de teinture turque), développer une marine marchande.
Mais le mercantilisme ne peut fonctionner que s’il y a des débouchés pour les produits
manufacturés et que si l’on trouve des matières premières. On a besoin de colonies qui
vont devenir un intérêt économique plus qu’un intérêt politique. Ce seront les matières
premières qui vont prendre le pas sur les métaux précieux. L’indépendance des EtatsUnis au 18ième siècle est entre autre le résultat du mercantilisme car aux Etats-Unis on
trouve des matières premières comme le coton. L’économie américaine est organisée
en fonction de l’Angleterre ce qui fait que les Etats-Unis ne peuvent pas produire
certaines choses et ne peuvent pas transformer les matières premières.
En France le mercantilisme sera connu sous le nom de colbertisme. L’état va créer des
industries, des manufactures royales. Il y a aussi une marine marchande et une
compagnie commerciale qui va avoir le monopole sur le transport des matières
premières, c’est la compagnie des Indes. Et les colonies seront comme en Angleterre
sources de matières premières et débouchés de produits manufacturés.
Les Provinces Unies ne connaîtront pas de mercantilisme, mais vont devenir les
transporteurs de l’Europe surtout au services des Espagnols et des Portugais. Ils auront
des entreprises privées comme la compagnie des Indes orientales .
Troisième partie:
Les grandes mutations du XVIIIe siècle.
Chapitre II.: La révolution industrielle en Angleterre.
a.) Chronologie et facteurs
C’est une période d’accélération de la production en même temps qu’une rupture avec
les structures anciennes. Il y a une augmentation de la manufacture et une utilisation
de nouvelles sources d’énergie qui va amener au développement de nouveaux centres
de production.
La révolution industrielle va commencer en Angleterre et pour certains historiens elle
date du 17ième siècle car c’est un processus long et c’est la continuité du mercantilisme.
D’autres historiens pensent que c’est au 2/3 du 18ième siècle qu’elle commence, mais
pour déterminer cela, ils prennent en compte des facteurs économiques, industriels
mais surtout des éléments démographiques et urbanistiques. Donc ils prennent en
compte des conséquences de la révolution industrielle et pas la révolution elle-même.
Certains historiens voient le début de la révolution industrielle à la fin du 18ième siècle
avec comme élément déterminant la percée technologique. Car les techniques qui sont
mise en œuvre ont des conséquences sur la quantité, il va y avoir une production de
masse.
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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Il y a une croissance démographique importante car il y a une diminution des
épidémies grâce au progrès de l’hygiène et de la médecine et à la paix en Europe (les
guerres étant facteurs d’épidémies et favorisant leurs diffusions). Une autre raison sont
les bonnes récoltes car il y a une absence de catastrophes naturelles et de bonnes
conditions climatiques. Il y a donc une diminution des prix et l’on peut donc acheter
davantage de nourriture, donc de la nourriture plus riche et plus variée ce qui va
amener à une plus grande résistance aux maladies et épidémies. Cela permet aussi de
nourrir d’avantages de bouches et donc il va y avoir un accroissement de la natalité.
En termes de chiffres il y a en Angleterre au début du 18ième siècle 5,5 milliards
d’habitants et au début du 19ième siècle 9,5 milliards d’habitants.
Comme il y a une augmentation des revenus moyens par habitant (x 3 au cours du
18ième siècle) la consommation va être favorisée. Les familles ne vont plus seulement
acheter de la nourriture, mais elles vont acheter d’autres produits de consommation, il
y a donc une consommation de masse, ce qui va amener à une production de masse.
Il va y avoir le développement du commerce extérieur en relation avec les colonies.
La population des colonies va augmenter car son développement repose sur les
populations installées alors qu’au 16ième-17ième siècles il reposait sur l’arrivée de
nouveaux habitants. Par exemple au Québec au 17ième siècle il y a 3000 habitants de
souche européenne le long du Saint Laurent, à Québec, Montréal et à Trois Rivières.
Ils vont transformer l’économie locale, plus seulement des peaux et du bois mais aussi
cultiver la terre. Il y a un accroissement de la population du à l’église qui prône les
familles nombreuses et à la menace anglaise. Il y a à cette époque une moyenne de 7 à
8 enfants par famille
b.) Moyens et secteurs
Il y a un développement des infrastructures, surtout des voies de communications et les
réseaux routiers et fluviaux (plus de 1000 kilomètres de canaux ont été creusé).
Il va falloir des capitaux et on va donc faire appel à des investisseurs privés qui vont
d’abord investir dans des bâtiments et puis dans des machines.
En 1694 il va y avoir la création de la banque d’Angleterre qui regroupe des hommes
d’affaires et des financiers.
Il va y avoir aussi une promotion intellectuelle car il faut des ouvriers qualifiés et des
contremaîtres dont le niveau intellectuel doit être supérieur à celui de l’agriculteur. Ils
doivent pouvoir lire les notices de fonctionnement, de réparation, faire des bilans
chiffrés. Les inventions technologiques n’arrivent qu’à la fin du siècle car au départ il
faut des gens de métiers à l’intelligence pratique qui savent utiliser, réparer et
transformer les machines, et c’est de la transformation qui va découler la création.
Il va aussi y avoir une transformation des mentalités avec le libéralisme qui prône la
réduction du contrôle de l’état (>< mercantilisme). Le libéralisme défend le libre
échange, la concurrence qui met en avant le mérite personnel. Ca va marquer une
transformation dans le domaine économique mais aussi sociale car la société rompt
avec les anciennes structures sociales et rompt avec les idées de solidarité de groupe.
C’est la fin de l’Ancien régime d’un point de vue social en faisant la promotion du
mérite individuelle. Cela vient de Adam Smith qui en 1776 écrit « Recherche sur la
nature et les causes de la richesse des nations », qui peut marquer le début de la
révolution industrielle et la fin des Temps Modernes ? Dans son ouvrage il condamne
le monopole et prône l’initiative privée comme élément de progrès, il y a aussi la
mécanisation de la production qui est fondée sur la division du travail. C’est une
théorie économique qui va devenir un système politique et social de rupture avec
l’Ancien régime. Le libéralisme va être renforcé par des théories socialen notamment
par les idées de Malthus dont on tire le malthusianisme (généralement associé à une
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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réduction de la natalité). L’objectif est la mise en avant du bien être. Il faut favoriser et
sauvegarder le bien être des individus, et pour cela Malthus dit que pour augmenter le
bien être, il faut en réduire le nombre de bénéficiaires. Il vaut mieux privilégier la
qualité à la quantité, il faut donc des cellules familiales moins nombreuses, et il ne faut
avoir des enfants que si l’on peut les élever correctement. Pour cela, il y a 2 moyens:
retarder la formation des familles et une contraception naturelle (ce qui provoque des
contestations de l’église).
La révolution industrielle a pris son essor grâce au textile qui en a bénéficié en premier.
Au départ il y a le passage de la laine comme matière première au coton, qui connaît
un grand succès car il est bon marché et c’est un tissu léger. C’est surtout le coton qui
va bénéficier de l’augmentation du pouvoir d’achat. Pour qu’il y ait du textile il faut
de la filature et puis du tissage. Au départ le filage se fait avec un rouet, il se fait à
domicile, par les femmes comme complément de revenu. En 1765 il y a comme
première innovation la « spinning jenny » qui est une machine permettant de filer en
même temps au départ 16 fils et puis plus tard 80 à 100 fils (fin 18ième siècle). Cette
invention est complétée par la mule jenny qui embobine automatiquement. Ces
inventions vont bénéficier de la nouvelle énergie qu’est la vapeur. Le tissage est au
départ un métier à tisser, mais qui va évoluer à partir de la navette, qui est une pièce de
bois avec une autre dedans et autour de la deuxième le fil vient s’enrouler. Toute cette
mécanisation ne va plus pouvoir se faire dans un contexte familial, mais bien dans des
ateliers qui vont devenir usines et ces centres de production vont devenir centres
d’habitation. A Manchester en 1782 il y a 2 filatures et en 1802 il y en a 52. Les
centres de productions sont ou bien placé près des matières premières (les ports) ou
bien là où la production d’énergie coûte moins cher. Sur le continent, en France c’est
surtout dans le Nord, la région de Lille et Roubaix, où plus de la moitié des habitants
faisaient du textile.
La houille devient importante avec le développement de la machine à vapeur qui va
encore être plus utilisé avec l’invention du coke, de la houille qui par un procédé
chimique est désulfurée ce qui permet de dégager plus d’énergie et d’atteindre une
température plus élevée.
La métallurgie va surtout être la fabrication de fonte, dès 1788 il y aura une
production de 68 000 tonnes de fonte et 1806 ça ira jusqu’à 200 000 tonnes.
La révolution industrielle ne va pas rester en Angleterre, par exemple au pays de Liège
il va y avoir de la métallurgie car cours d’eau et fer (Cockerill) et le textile sera à
Verviers.
c.) Conséquences sociales
Il va y avoir un abandon du « domestic system », l’artisanat familial fait au domicile
privé ou dans un petit atelier. Le nouveau système sera basé sur une production
industrielle avec un apport d’énergie considérable qui donne naissance aux usines.
Dans un premier temps les systèmes cohabitent mais petit à petit le système familial
disparaît. Il y a une concentration de main d’œuvre qui va venir habiter autour des
usines, ce qui va créer une nouvelle urbanisation. Au départ il va y avoir une
augmentation des salaires et du niveau de vie, car il faut faire face à une demande
grandissante. Mais après les conditions de travail vont régresser, il va y avoir une
cadence infernale, jusqu’à 15 heures de travail par jour et introduction du travail des
femmes et des enfants qui ont des taches pénibles. Les femmes et les enfants ne vont
pas devoir travailler car il y a un manque de main d’œuvre mais bien car avec la
mécanisation il en faut moins donc réduction des salaires et il faut que toutes les
personnes de la famille travaillent pour avoir un salaire suffisant pour vivre. Ceci va
créer une baisse du pouvoir d’achat et va augmenter les effets néfastes sur la santé.
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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Il va aussi y avoir une désagrégation familiale car les hommes n’ont plus le temps de se
consacrer à leur famille et toute la famille doit gagner de l’argent pour qu’on puisse
survivre.
Les usines ne vont plus payer avec de l’argent mais avec des bons qui ne peuvent
servir que dans certains magasins. Les logements des familles appartiennent aux
employeurs. Il y a aussi beaucoup d’alcoolisme qui est favorisé par les employeurs. Il
va aussi y avoir une grande criminalité. C’est l’époque d’un prolétariat mi rural, mi
urbain qui va amener aux idées socialistes, marxistes et anarchistes.
Chapitre I.: Les systèmes politiques.
a.) Les modèles « absolutistes »
Il y a 2 types d’absolutisme, celui de droit divin et celui dit éclairé. Celui de droit divin est
fondé sur le principe de délégation divine et l’éclairé est une nouvelle forme d’absolutisme
dont la forme vient de la philosophie des Lumières, c’est l’absolutisme que l’on retrouve en
Autriche, Prusse, Suède et dans une moindre mesure en Russie de Pierre le Grand et de
Catherine. La différence se trouve dans le critère de légitimité, les éclairés s’opposent au droit
divin car il est incompatible avec la raison et d’ailleurs on le retrouve surtout dans les pays
protestants. Ils trouvent leur légitimité chez Thomas Hobbes qui défend le pouvoir fort des
Stuart dans « le Levithian » qui soutien le principe de monarchie (autoritaire). Pour lui, le
pouvoir royal repose sur un contrat tacite et irréversible avec les sujets; c’est une conception
ascendante du pouvoir. Cette idée est reprise par les monarques éclairés auquel les sujets
délèguent tout pouvoir mais il doit réaliser le bonheur des peuples car ils savent ce qui est bon
pour leurs sujets parfois même malgré eux. On a appelé ça du despotisme car les mesures
étaient mal comprises, par exemple les réformes judiciaires et les interventions dans la vie de
tous les jours, par exemple les cimetières qui sont déplacés pour des raisons d’hygiène.
L’absolutisme de droit divin existe toujours en France et en Espagne. En France cela va
aboutir à la révolution française en 1789 qui va amener à la réunion des états généraux qui
vont se transformer en constituante et vont abolir le système féodal, les 3 ordres les privilèges
et on va arriver à une monarchie constitutionnelle puis une république. Qui est le responsable
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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de cette situation, les rois? En effet ils gouvernaient seul, ils auraient du réunir les états
généraux plus tôt, mais ils avaient déjà lancé les cahiers de doléance. En fait les principaux
responsables sont les parlements qui limitaient le pouvoir du roi grâce aux remontrances.
Louis XIV avait retiré le droit de remontrance aux parlements mais après son décès il y eut
des négociations avec la régence qui va entre autre aboutir à la restauration du droit de
remontrance. Louis XVI a tenté d’introduire des réformes, mais quasiment aucune n’a abouti
car le parlement s’est opposé à ces réformes car elles allaient à l’encontre des coutumes et des
privilèges de certaines catégories sociales du royaume. Les parlements avaient un tel pouvoir
car il n’y avait pas d’institution représentative et ils se sont donc imposés comme
intermédiaire entre le souverain et la nation, ils sont en fait garant d’une certaine constitution
française. Ils ont donc un rôle de plus en plus politique et de moins en moins judiciaire, mais
c’est surtout un facteur d’immobilisme responsable de l’impossibilité de faire des réformes
comme par exemple une réforme fiscale qui abolirait les privilèges fiscaux de la noblesse ou
un adoucissement du système seigneurial. De 1760 à 1770 il va y avoir la réforme Maupeou
qui veut transformer le parlement en mettant fin à l’hérédité, la vénalité et l’immuabilité des
magistrats. Ce fut déjà expérimenté au Québec, avec le Conseil de la nouvelle France en
1667. Les colonies étaient des véritables laboratoires pour expérimenter des nouvelles
formules politiques. Les magistrats seront nommés à vie, mais sans hérédité et de vénalité, de
plus ils seront nommés par le roi et pas cooptés. Il y a aussi l’interdiction symbolique de
porter la robe, car on ne veut pas que les magistrats soient un contre pouvoir. On va aussi
interdire les avocats, qui ne « sont que des chicaneurs facteurs de lenteur et de frais ». Ceci va
être appliqué en 1770 en France mais ce fut un échec car il y a le poids de la tradition, il y a 5
siècles d’histoire, c’est une atteinte aux particularismes des anciennes provinces. De plus il y
a une propagande des parlements qui ne se présentent pas comme victime mais ils présentent
les réformes comme des atteintes aux libertés des sujets. L’erreur de la monarchie fut de ne
pas remplacer le parlement par une nouvelle institution représentative.
b.) Le modèle « parlementaire » : L’Angleterre des Hanovre
Les Hanovre sont des princes allemands qui vont devenir roi d’Angleterre, qui elle va devenir
une monarchie parlementaire de type constitutionnel. L’Angleterre du 18ième siècle va devenir
de fait un système basé sur la séparation des pouvoirs selon John Locke qui a décrit un
principe de gouvernement fondé sur la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et
judiciaire).
Le pouvoir législatif repose entre les mains du parlement, qui est fondé sur une structure
bicamérale. Il y a la chambre basse avec des élus qui viennent de factions politiques, les
Whigs (libéraux) et les Tories (conservateurs) qui s’opposent dans leurs concepts des
pouvoirs du roi et du parlement. Les Tories veulent un équilibre entre roi et parlement tandis
que les Whigs ont une position maximaliste en matière des pouvoirs du parlement.
Le pouvoir exécutif va se retrouver entre les mains du conseil royal, qui à l’origine est
composé de collaborateurs choisis par le roi, mais plus tard ils vont être imposés au roi dans le
conseil de cabinet qui aura des représentants de la majorité parlementaire avec à leur tête un
« prime minister » assisté d’un secrétaire d’état et de ministres de parlement qui sont
responsables devant le parlement. C’est un système parlementaire où le roi règne mais ne
gouverne plus, c’est le fondement de nos systèmes politiques actuels.
Le pouvoir judiciaire fut de tout temps indépendant.
Ce système est un modèle pour les Etats-Unis, qui va par contre avoir une constitution écrite,
faite à partir des la pratique gouvernementale anglaise et à partir des grands textes anglais.
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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Chapitre III.: L’esprit des Lumières.
a.) Les idées
La philosophie des Lumières est une philosophie qui prône le progrès et le bonheur en
harmonie avec la nature. C’est aussi une philosophie qui fonde sa pensée sur la raison
humaine et qui revendique une foi profonde au progrès scientifique et technique. Les
philosophes des Lumières défendent donc les innovations scientifiques et techniques pour peu
qu’elles soient fondées sur la raison humaine (matérialisme). Ils prônent aussi une attitude
différente par rapport au fait religieux, c’est le rejet de toute religion dogmatique, ils prônent
le déisme (Dieu dans la nature) et certains osent même l’athéisme, entre autre les
encyclopédistes Diderot et d’Alembert qui ont une foi inébranlable dans la science.
b.) Les combats des philosophes
Il y a un rejet absolu de l’absolutisme de droit divin, car il est contraire à la raison et va à
l’encontre des buts des philosophes qui est le bonheur pour tout le monde. Il y a 2
conceptions politiques.
Celle de Voltaire, qui réfute l’absolutisme de droit divin, mais pas un pouvoir fort et
autoritaire quand il veut réaliser le bonheur de tous les hommes. Il prend pour modèle
le roi de Prusse qui tient sa légitimité dans la raison humaine et qui a pour but de faire
le bonheur des sujets parfois malgré eux, car ils ne savent pas toujours ce qui est bon
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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pour eux. Voltaire va reprendre Hobbes qui avait fait du pouvoir une délégation tacite
par les sujets au monarque. Autorité; liberté; propriété.
Il y a aussi Montesquieu qui prône un libéralisme aristocratique; il rejette
l’absolutisme de droit divin mais aussi la démocratie. Il pense que la noblesse est la
plus à même de gouverner le pays. Il prône aussi une séparation et une
harmonisation du pouvoir qui s’inspire de John Locke. Par contre, il élève les
théories de John Locke au rang d’une théorie politique et la met en dehors de
l’actualité politique anglaise, il se présente comme un modèle pour tous les pays. Il
rajoute aussi un troisième pouvoir qu’est le judiciaire. Cette séparation des pouvoirs
est d’ailleurs inscrite dans la constitution américaine.
Jean-Jacques Rousseau.
Tous les changements dans le droit et la justice ont pour but d’introduire la raison dans le
système judiciaire. C’est aussi une unification et une uniformisation dans le cadre des
états-nations.
On veut codifier le droit, car il y a le problème des sources du droit. Les sources du
droit sont les règles juridiques pour rendre la justice, ce qu’on appelle la loi et qui
présente à l’époque sous le nom d’ordonnance faite par les rois, les princes et les
villes. Mais ces lois ne sont pas les principales sources de droit, que sont les coutumes.
Les coutumes sont des règles qui se sont crées plus ou moins spontanément et qui par
leur répétition/application vont être établie comme règle juridique. Mais le problème
est que chaque ville, chaque village ont leur propre coutume, qui ne sont pas fort
différentes mais qui établissent un droit différent. Par exemple pour la succession,
parfois ça va à l’aîné, parfois à tous les garçons, parfois les filles sont prises en
compte, … . Vers les 15ième-16ième siècles on a commencé à mettre par écrit les
coutumes les prouver. Mais le problème, c’est le nombre de ces coutumes par exemple
pour nos régions il y en a 900 différentes. On va alors décider d’homologuer certaines
coutumes, ce qui va faire que l’on va descendre à moins de 200 coutumes
homologuées et plus tard même 90. Les tribunaux vont donc quand même devoir
rendre la justice à partir d’un droit différent et pour les philosophes des Lumières ce
n’est pas raisonnable, ils veulent codifier le droit avec un seul droit pour une nation.
Par exemple en 1794 en Prusse Frédéric II (algemeine landrecht) n’a plus qu’un
code avec un seul droit et dès 1786 Joseph II (Josephinisches Gesetzbuch) avait fait
de même en Autriche. Par contre en France on n'y arrive pas, il y aura bien des
ordonnances codes pour certains domaines. En 1670 il y a une ordonnance criminelle
et il y avait déjà en 1667 une ordonnance civile qui reprenait toutes les règles de
procédure en matière civile. Mais le droit civil ne va pas être codifié malgré
l’insistance des philosophes. Ce ne sera réalisé qu’avec Napoléon, et son code civil de
1804.
Rationalisation de l’organisation judiciaire, entre autre en mettant fin à
l’interférence de l’église dans les affaires de l’état, par exemple sur le plan de la
justice. En cela les philosophes visent 2 choses: le privilège du for, car ils rejettent
l’idée que les clercs relèveraient de tribunaux particuliers. Ils pensent aussi que les
affaires de mariage et autres devraient être confiés à l’état civil et à des officiers d’état
civil qui devraient remplacer les registres paroissiaux.
On veut aussi faire le ménage en ce qui concerne l’organisation judiciaire, car c’est
une situation avec une multitude de détenteurs du pouvoir de justice: seigneurs,
ecclésiastiques, villes, villages, princes, rois et même empereurs. Certains possèdent la
basse, la moyenne et la haute justice mais sans aucune logique car certains seigneurs
puissants n’ont pas toujours la haute justice alors que d’autres moins puissants l’ont
parfois. La haute justice permet de prononcer des peines capitales, la moyenne permet
Histoire des Temps Modernes: Dauchy: lundi 13 heure.
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des peines de privation de liberté, de marquer le condamné dans la chaire et la basse
juste des amendes. Joseph II en 1787 va supprimer tout les droits de justice pour
les remplacer par un modèle de 63 tribunaux avec 2 cours d’appel (à Bruxelles et
Luxembourg) et un conseil souverain de justice à Bruxelles. Ca n’a pas duré
longtemps car il y a résistance des anciens conseils provinciaux qui avec cela perdent
leur pouvoir et vont dire que c’est une atteinte à la tradition et aux usages et c’est ainsi
que la révolution brabançonne va vouloir revenir au passé.
Evolution du système pénal. Il fait partie du droit public, qui s’occupe des rapports
gouvernants – gouvernés et cela va devenir une prérogative de l’état à partir de la
Révolution Française. Avant il y avait un système accusatoire, il fallait que quelqu’un
porte plainte pour que la justice se saisisse de l’affaire. Mais cela va devenir un
système inquisitoire, donc il y a un déclenchement automatique de l’action publique et
cela sous l’influence du droit romain vers les 12ième-13ième siècles.
Il va aussi y avoir une évolution dans le domaine des preuves et des peines. Il va y
avoir le système des preuves légales, donc le nombre de preuves nécessaires est établi
par la loi. Il faut une preuve absolue pour condamner quelqu’un et cette preuve est
définie par les textes. Il faut par exemple 2 témoins qui ont vu et entendu le crime, si
on ne les a pas on peut utiliser des preuves incomplètes qui s’accumulent. Et c’est
comme cela qu’un témoin qui a vu et entendu est égal à 2 témoins qui ont seulement
vu et est égal à 4 témoins qui ont seulement entendu. Il y a aussi le fait qu’un homme
vaille plus qu’une femme et qu’un noble vaut plus qu’un non noble. La reine des
preuves est évidemment l’aveu, qui peut être provoqué par la torture judiciaire (ce
n’est donc pas une peine), qui peut être l’estrapade, l’eau, … . La torture judiciaire
est réglementée: présence d’un médecin, le temps et le nombre de fois est réglementé
car il faut que l’aveu soit répété en dehors de la torture. Le système n’est pas
raisonnable car sous la torture on peut accepter n’importe sous la torture. De plus
l’aveu en lui-même n’est pas parfait car on peut s’accuser soi-même pour un autre. En
plus de cela il existait déjà des sortes d’antidouleur comme le savon.  On peut dire
que le système n’est pas fiable. Dans un premier temps les contrôles vont être plus
sévères pour la torture et il va y avoir des appels devant les plus hautes juridictions.
Puis il ne va plus y avoir que de la torture extraordinaire, qui ne servira que sur les
condamnés à mort pour extorquer le nom des complices.
Certaines peines ont un caractère cruel et inhumain, car elles doivent symboliser le
crime commis. Il s’agit d’amendes, de bannissements à temps ou à perpétuité, de
pèlerinages expiatoires, des peines de galère et de peine de mort. Les différentes
façons de donner la mort symbolisaient le crime commis et voulaient éviter que
d’autres personnes fassent la même chose. Les bandits de grand chemin étaient pendu,
les faux monnayeurs étaient mis dans l’eau ou dans l’huile bouillante. Les crimes de
lèse-majesté ou les trahisons se faisaient écarteler. Par contre tous les nobles se
faisaient couper la tête. Il y avait aussi les expositions au pilori, les personnes
« promenée » en ville et les récidivistes étaient marqués au fer rouge (la fleur de Lys).
En 1764 Cesare Beccaria va écrire « Des délits et des peines » qui connaît un succès
phénoménal et qui expose le système de la légitimité des peines. On ne va plus
pouvoir être condamné que pour un crime prévu par la loi et on va mettre fin à
l’arbitraire des juges, car se sont eux qui fixent les peines. C’est ainsi qu’il va y avoir
des peines minimums et maximums et la prison va être introduite comme peine par
Jeremy Bentham. Avant il n’y avait que de la prison préventive sauf au cas où une
dette ne pouvait être payée. La Révolution Française va apporter une nouvelle forme
de peine capitale, la guillotine qui « ne laisse qu’un léger coup de froid dans la
nuque ». Le suicide est le crime le plus odieux que l’on puisse commettre car c’est un
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crime de lèse-majesté divine, c’est un crime contre Dieu lui-même. Il y a donc une
véritable enquête (presque moderne) pour savoir s’il s’agit d’un accident ou d’un
suicide et puis il y a un procès avec un avocat commis d’office et si la personne est
jugée coupable, il y a une peine qui s’en suit. La personne est traînée sur la clye à
travers sa ville ou son village. Puis il est pendu par les pieds en dehors de la ville et
avec une interdiction de lui donner une sépulture chrétienne. Comme ce n’est pas très
rationnel les juges vont quasiment toujours conclure que c’est un accident et comme
cela on va pouvoir faire des sépultures. Tout cela vaut aussi pour les duels qui sont des
crimes de lèse-majesté royale. On trouve que ce n’est pas rationnel car il est difficile
de justifier un crime contre un cadavre et ce n’est pas en rapport avec le bonheur des
hommes, de plus c’est une interférence de l’église dans l’état.
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