L’Ancien Régime (A) René Rémond, L’Ancien Régime et la Révolution (1750-1815) Jean-Paul Dessenne, Révolution et Empire (1783-1815) ----------------------------------Sous l’Ancien Régime, peu de gens parlent français. La France est un agrégat inconstitué de peuples désunis. Il n’y a pas d’unité juridique ou administrative. En 1748, De l’Esprit des lois ; 1750, Histoire naturelle et publication du prospectus de Diderot annonçant le lancement de L’Encyclopédie. A l’époque, la France compte 26 millions d’habitants, dont seulement 500 000 privilégiés. L’espérance de vie est de 29 ans. On paye seulement en espèces « sonnantes et trébuchantes », entrainant une forte inflation. La France a déjà 48 000 kilomètres de routes nationales. Le pavé du Roi est de très bonne qualité mais les barrières douanières sont trop nombreuses. I L’Etat et l’administration « Il n’est comptable qu’à Dieu dans l’exercice des pouvoirs suprêmes » Garde des Sceaux parlant de Louis XVI, qui lui déclare « c’est légal parce que je le veux » Le Roi n’a de compte à rendre à personne. Il peut utiliser les lettres de cachet. Néanmoins il y a une administration totalement archaïque. Le Roi de France demeure un suzerain, le premier des seigneurs de France. Depuis le coup d’Etat de 987 qui installe Hugues Capet, il faut respecter les seigneurs. Voltaire : « on change de roi en changeant de chevaux de poste ». Chaque Parlement (13 en France) a des lois différentes de son voisin. La justice retenue, celle du Roi, permet à ce dernier de réaliser ce qu’il veut. De plus, il y a 40 gouverneurs militaires. Bref, les lois ne sont pas lisibles. Si le Roi est représenté en province par le préfet, le Roi compose toujours avec le Parlement pour enregistrer un édit. « La Provence a trois fléaux : la Durance, le Mistral et son Parlement » A l’époque, le Parlement est une cour d’appel : il enregistre les ordonnances royales et rend à la limite des décisions de justice. Il assume les charges d’avocats, de notaires, de juges, etc. Ces Parlements cultivent un esprit de caste. II Une France des illusions En 1763, les Français perdent face aux Anglais, et le Canada passe alors sous contrôle britannique. Louis XVI monte sur le trône en 1774. Il construit la plus belle flotte que la France ait jamais eu, alors qu’au siècle précédent, elle a perdu l’Empire des Indes et le Canada. Le 4 juillet 1776, quand les 13 colonies proclament leur indépendance. Les Français s’insurgent. En 1778, la France est en guerre contre l’Angleterre. Le 5 septembre 1781, au large de Yorktown, les Anglais sont défaits. La France a dépense 5 milliards de livres. Les trois-quarts des revenus de l’Etat servent à rembourser les dettes. Il existe de nombreux impôts : la taille est payée par le Tiers-Etat, l’impôt sur le sel – la gabelle. Louis XVI a besoin d’argent et demande aux banquiers un financement. Ceux-ci perçoivent désormais les impôts. 90% de l’économie française repose sur l’agriculture. 40% du sol appartient aux grands propriétaires nobles ou ecclésiastiques. Tous les métiers sont extrêmement contingentés. La France n’a qu’un haut fourneau en 1789, tandis que l’Angleterre en a plus d’une trentaine. Quand Louis XVI signe un traité de libre-échange avec l’Angleterre, les produits britanniques envahissent le pays, et la France connaît le chômage. III La France des ordres On ne quitte pas son ordre social. La haute noblesse, la noblesse de sang voit le frère aîné hériter de l’intégralité du patrimoine. La noblesse vit des pensions octroyées par le Roi.Le clergé représente lui 130 000 personnes. A la veille de la révolution, on voit revenir des droits : le champart (on ajoute un droit sur la production et non sur la terre), etc. La révolution a deux facteurs : les paysans veulent que cela change, la noblesse qui voudraient retrouver un niveau de vie encore supérieur. Les 20 millions de Français du Tiers-Etat sont les seuls à payer l’impôt. Les serfs sont rattachés à la terre sur laquelle ils travaillent. Par contre on compte aussi dans cet ordre les bourgeois : ces banquiers qui ont érigé leur fortune sur les dépenses de l’Etat et le commerce triangulaire. Les bourgeois ont le pouvoir financier mais n’ont aucun droit politique. Les artisans et les ouvriers sont les plus pauvres. A la veille de la Révolution, 88% des revenus de l’artisan sert à l’achat du pain.