Neuropsychologie : introduction
I. définitions et rappels historiques
Déf. : La neuropsychologie humaine s'occupe des relations entre les fonctions mentales
supérieures et structures nerveuses qui les sous-tendent ; tente de découvrir les soubassements
structuraux ou cérébraux qui organisent la fonction supérieure.
C'est une discipline relativement jeune en terme d'étude scientifique de la psychologie.
Objectifs généraux :
1. L'analyse des mécanismes physiologique qui sous-tendent le comportement. Cet objectif
est une réelle proba pour la neuropsychologie. Cela est envisageable via les moyens
d'imagerie fonctionnelle.
2. La compréhension de l'organisation des processus cognitifs et comportementaux.
Objectif de connaître le sous-bassement général par ex. de la mémoire : le lobe temporal
médian, notamment l'hippocampe, est la voie par excellence pour enregistrer l'info. Comment
s'organise le souvenir ?
Rappel historique, rapports entre la cognition et le comportement.
L'état historique de la discipline est très important. il y a eu de nombreux progrès dans la
technique, dans l'approche. Mais la description du malade par un test neuropsychologique est
valable sans restriction.
Problème du dualisme, qui a limité l'utilisation de méthodes rationnelles et scientifiques au
corps.
René Descartes, 1647, méditations : fait une distinction claire entre res cogitans (la chose
pensée) et res extensa (la chose physique). Cela implique une division de l'homme en deux
partie, corps et âme, dont il situera le point de conjonction dans la glande pinéale
(hypophyse), notamment parce qu'elle est unique. De plus, des esprits animaux auraient une
influence sur le corps. Théorie très critiquée, qui tient la pensée pour inanalysable, et la
matière pour une simple étendue.
1677 : Spinoza et Willis critiquent le dualisme cartésien. Pour Spinoza, il n'y a qu'une
substance unique (dieu, la nature), dont corps et âmes ne sont que des modes.
1687 : Newton : Principes mathématiques de philosophie naturelle. Ouvre la porte à la
possibilité d'étudier l'âme de la même manière que le corps.
1690 : Locke : "Essay concerning human understanding" , basé sur les travaux de Newton.
Philosophe anglais, fondateur de l'empirisme, sensualiste ; cherche à étudier scientifiquement
la pensée.
Au XVIIIe siècle : associationnisme, qui explique les comportements complexes par
l'association de représentations, sensations ou images, et localisationisme, qui lie une fonction
à une localisation. Sont à la base de la neuropsychologie.
Les zones d'association ne sont pas amodales, mais polymodales.
Au XIXe, le caractère multidisciplinaire de le NP se profile, en même temps que sa rigueur
scientifique.
Les "faiseurs de diagramme". Astucieux et finalement féconds. Mais ils vont rapidement
tourner en rond, entre le sujet réel et le diagramme : ils créent leurs modèles à partir des
sujets, tout en expliquant les caractéristiques de leur sujets à partir de ces modèles, sans réelle
possibilité de vérification. De plus, limités à la méthode anatomo-clinique, ils leur arrivera de
forcer les explications de manière un peu artificielle, et d'aboutir à des résultats incohérents.
C'est l'ouverture à d'autres champs scientifiques (neuro-anatomie, physiologie,
psychophysique, neurologie...) qui permettra de rompre la circularité en permettant la
convergence de données complémentaires.
Shallice appelle cette période la "jeunesse rococo de la neuropsychologie".
Broca, Lichteim (1er diagramme de flux en 1885), Liepman (apraxies), Lissauer (agnosies),
Wernicke, et des cliniciens à double appartenance, soutiennent à la fois l'hypothèse de
localisation des fonctions élémentaires, et celle de la formation des facultés complexes par
association de centres.
Ils étaient convaincus du fait que les fonctions émergent du cerveau.
La complexité du cerveau peut sembler poser problème. Le nombre de combinaisons
neuronales possibles s'élève à 10e^(1 suivi de 1milliard de zéro) ! Or une telle évolution n'est
pas a priori nécessaire.
La position qui dit que "l'ensemble de notre vie est contenu à l'intérieur de notre cerveau" n'est
pas nécessairement matérialiste.
Le principal outil utilisé pour l'étude de patients cérébro-lésés présentant des troubles des
fonctions mentales supérieures fut la méthode anatomo-clinique :
1) observation d'un trouble et description précise.
2) Examen post-mortem.
3) Comparaison avec cerveaux sains et lésés (similaires ou différents).
4) Conclusions sur les liens entre localisations et fonctions.
Au XXe siècle, la première révolution est l'introduction de la psychométrie :
Mesure des phénomènes psychiques, par l'utilisation de méthodes expérimentales,
standardisées et étalonnées (batteries de tests).
Le premier est du à Binet et Simon, sur demande du ministère de l'instruction publique, et
servait au départ à repérer les enfants qui bénéficieraient d'un enseignement spécial.
Ce test ne deviendra célèbre qu'après 1916, date de sa traduction par Stanford.
En 1940, Hebb applique pour la première fois des tests d'intelligence à des patients cérébro-
lésés. Les patients frontaux réussissent normalement, ce qui renverse une certitude de
l'époque.
Chez l'homme, les lobes frontaux représentent 1/3 de la taille du cerveau, et les HC dans leur
ensemble, 80 %.
La taille relative du cerveau (quotient d'encéphalisation) semble jouer un rôle dans le
développement phylogénétique de l'intelligence. Mais il est insuffisant, voire trompeur ; en
effet, si les singes ont un QE de 2,5 et les hommes de 6,2, les dauphin en ont un de 6 ! Il faut
donc aussi accorder une importance, à un niveau plus fin, aux structures qui se sont
développées et à leurs emplacements.
Des collaborations de neurologues et de psychologues ont permis l'élaborations des premiers
tests proprement neuropsychologies.
Les évaluations NP se sont surtout multipliées à la fin de la 2e GM, par l'application à grande
échelle de la psychométrie, avec un souci de scientificité visant à se limiter à des traits
clairement mesurables.
La neurochirurgie.
A partir des années 70 (CAT scan), commença un fort développement de l'observation du
cerveau ; IRM dans les années 80, etc. Augmentation de la précision.
Veiller à éviter l'utilisation simpliste de batteries toutes faites ; préférer des tests personnels
conçus sur mesure et plus adaptés au particularités du patient et de son trouble.
La neuro-psychologie cognitive est issue du courant cognitif des années 60.
Norman GESCHWIND publie dans Brain, en 1965, un double article intitulé "dysconnection
syndrom in animal and man", qui est une revue exhaustive des recherches sur les liens des
fonctions et aires cérébrales chez l'animal lésé. Chez l'homme, on lit un retour vers le
diagramme de flux. Pour éviter la même impasse qu'"au XIXe, il faut tenir compte de la
notion de fonctionnement normal.
La psycho cognitive a commencé à élaborer des modèles au sujet du fonctionnement normal :
des modèles d'architecture fonctionnelle ("boîtes" représentant les fonctions supérieures, et
leurs articulations). Ces modèles vont servir de base pour interpréter le fonctionnement
anormal.
2 objectifs que se propose la NP cognitive :
1. Décrire l'architecture fonctionnelle des systèmes de traitement de l'information (TI)
insérés dans le cerveau.
TI implique des processus composés de plusieurs étapes respectant une hiérarchie
(importance de la fonction temps).
2. Préciser la nature des représentations sous-tendant ces traitements et des processus
mentaux émanant des composantes des systèmes de TI.
Représentation : évocation en absence, sans stimulation externe. Peut se construire à partir
de toute modalité (et de toute expérience) sensorielle.
Par ex. : la mémoire visuelle à long terme (MVLT) compte -au moins fonctionnellement- de
nombreuses composantes (topographie, catégories d'objets, couleurs...), desquels émanent des
processus mentaux.
Ces objectifs guident la recherche.
L'hypothèse centrale de la NP cognitive stipule que .........................
Cela implique qu'en cas de lésion neurologique, on n'attendra pas de "rupture" totale dans les
modes cognition ; il n'y aura pas d'apparition de phénomène nouveau.
La pathologie ne reflète pas la normalité, mais permet de discerner des dissociations
imperceptibles chez un sujet normal.
La NP traditionnelle a un but localisationniste : décrire corrélativement symptômes et lésions.
La NP cognitive s'attache à la compréhension du fonctionnement normal (comme but, et
comme base.)
La NP clinique en général présente aussi 2 objectifs principaux :
1. ...........................
La description et l'évaluation des fonctions intactes est aussi importante que celle des
fonctions perturbées !
2. .......................
Exemple ex abrupto, cité par une étudiante :
Femme ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) dans le lobe occipital, sur une aire
de 2 x 7 mm. Présente une atteinte du champ visuel droit, ainsi qu'apparemment de la MLT.
Les troubles ont diminué par la suite.
On peut conclure que l'AVC a eu lieu à gauche, sans doute dans l'une des aires 17, 18 ou 19...
L'amélioration est probablement due à une réduction de l'œdème (qui accompagne parfois
l'AVC et provoque une compression des régions adjacentes.
Concernant le problème de mémoire, il faudrait faire attention à ne pas le rechercher avec des
moyens mettant en œuvre d'autres processus cognitifs, comme par ex. la lecture. Il faut en
effet tenir compte du fait que les patients cherchent parfois dissimuler leurs déficits quand ils
les considèrent "humiliants".
Il existe des patients avec des problèmes de lecture très sélectifs : des patients p. ex. ne
parvenant à lire que les mots présentant une correspondance grapho-phonétique régulière (ex.:
'maison', mais pas 'choléra').
On peut donc en tirer une conclusion concernant le sujet sain : Il doit exister deux voies de
lecture distinctes, une pour les mots réguliers une pour les irréguliers.
II. Méthodologie de la NPC
Elle doit être éclectique et associer plusieurs approches.
Les données neurologiques servent de point de départ. (AVC, tumeur, épilepsie...)
EN cognitive, ces données ne vont pas guider la démarche, mais simplement limiter les
possibilités syndromiques.
L'observation est nécessaire. La vision ultra-cognitiviste (représentée dans les années 80 par
Carramazza), qui consiste à ne pas tenir compte du cerveau, mais uniquement des modèles est
dépassée.
On utilise des modèles cognitifs et neurologiques, pour étudier les dissociations
comportementales en plus des bases anatomiques. L'étude des bases anatomiques est
essentielle, et riche en enseignements (not. : IC). C'est la convergence de données qui permet
d'avancer le plus et le plus sûrement.
On peut citer trois niveaux d'analyse :
1) Le niveau anatomique, qui correspond à la description du lieu de la lésion.
2) Le niveau anatomo-clinique, qui combine le niveau 1) avec une description
comportementale sommaire. (ex : "troubles non-verbaux.")
3) Le niveau neuro-psychologique, qui s'attache à une recherche et une description plus
fines du type de trouble.
La NPC analyse les processus lésés. L'IC aide l'analyse de ces processus dans le cerveau
intact.
Pour D. MARR (1976), plus l'objet est complexe, plus la probabilité qu'il soit composé de de
"parties" indépendantes augmente.
Ce postulat (modularité) a reçu des confirmations empiriques. Par ex., la reconnaissance
visuelle peut être altérée sélectivement, alors que le rappel, non..........................
Zeky a montré l'indépendance du fonctionnement de la reconnaissance des couleurs.
1 ) Module et modularité
Quantité d'interaction qui a lieu entre deux systèmes. ???????????????
FODOR, en 1984 décrit dans "la modularité de l'esprit" un certain nombre de caractéristiques
de ce qu'il appelle "module".
a) Encapsulation de l'information. Chaque module traite un type particulier de
l'information, par ex. la mémoire (encodage stockage et récupération).
Attention :il s'agit d'une notion fonctionnelle ; ne pas confondre avec l'idée d'une
localisation cérébrale unique !
La notion d'indépendance totale est à nuancer : certains modules (not. intégratifs)
reçoivent des informations d'autres modules.
b) Spécificité du domaine. Traitement d'un type d'information (p.ex. verbale, visuelle
???) spécifique du type d'entrée pour lequel il est conçu."Système perceptif" n'est pas
assimilable aux modalités sensorielles traditionnelles, mais est plus précis (on peut
p.ex. imaginer un module spécifique de la reconnaissance des visages, un pour
l'analyse des voix...
c) Déclenchement irrépressible.
Il est ainsi par ex. impossible de ne pas reconnaître quelqu'un. Il y a une limite à cela,
quand sont mises en œuvre des stratégies de recherche.
Il faudrait faire la distinction entre modules et aspects centraux.
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