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convient-il d'en cerner généralement la teneur. Par ailleurs, au Canada, l'application de
ces principes doit être scrutée à la lumière de plusieurs textes et c'est pourquoi il apparaît
opportun d'évoquer l'apport de la théorie de la hiérarchie des sources législatives.
Les principes d'universalité et de contraignabilité
L'obligation de respecter les principes d'universalité et de contraignabilité trouve
son justificatif dans les valeurs fondamentales que la société canadienne privilégie.
Le Canada fait partie des pays démocratiques à économie libérale. Le principal
moteur à l'intérieur d'un tel régime est l'intérêt économique individuel. Les détenteurs du
capital financier nécessaire pour faire fonctionner les entreprises visent à maximiser leurs
avoirs alors que les travailleurs recherchent une meilleure participation aux profits,
privant d'autant les premiers de possibilité de capitalisation. Historiquement le
capitalisme a engendré la nécessité pour les travailleurs de se regrouper et d'imposer aux
employeurs la négociation collective de leurs conditions de travail. Dès 1898, la Cour
suprême du Canada reconnut implicitement la liberté d'action collective des travailleurs
en statuant que cette forme de regroupement n'était plus une coalition criminelle
. L'État
a par la suite décidé d'intervenir positivement et a établi une structure de droits et
d'obligations. Le régime des rapports collectifs a transplanté en milieu du travail les
premiers jalons des grands idéaux de la démocratie politique (libertés d'association, de
réunion et d'expression) aux fins plus particulièrement d'assurer la promotion de droits
socio-économiques (protection de l'emploi contre l'arbitraire, sécurité de la personne sur
le lieu de travail, conditions de travail décentes, accessibilité à la justice du travail, etc.).