Les implantations cochléaires de l’enfant sourd
le cadre des tentatives de réhabilitation
fonctionnelle, il ne peut en être de même
pour les surdités profondes congénitales
pré linguales. Au moment où l'indication de
l'implant est discutée, l'enfant est déjà
engagé dans un processus de
développement cognitif et affectif qui sera
modifié ou infléchi par l'implantation et la
rééducation. L'intérêt réel de cette tentative
de modification ne fait pas l'objet d'un
consensus chez les professionnels de la
surdité. Il est mis en question en regard des
connaissances acquises dans le
développement psychologique de l'enfant
sourd. Si l'implantation devient une source
de perturbations pour le développement
cognitif et psychoaffectif de l'enfant, elle
devient alors contre indiquée. Or, les
parents, comme beaucoup de
professionnels médicaux, ont parfois
tendance à banaliser cette perturbation et à
préconiser l'implant pour des bénéfices
futurs. Cependant, en aucune façon, le
développement psychologique ne peut être
perturbé sous ce prétexte. Par exemple, le
développement de la relation
psychologique entre l'enfant et ses parents,
et donc celui de la communication, ne peut
souffrir de retard sans un préjudice grave
pour l'enfant.
On ne peut donc attendre les bénéfices
supposés de l'implantation à l'horizon
d'une, deux voire plusieurs années qu’à la
condition que ce délai ne perturbe pas le
développement de l’enfant. Or, une
communication entière, immédiate, totale
est nécessaire pour le bon développement
de l'enfant. Ce point fondamental amène à
devoir inclure les éventuels projets
d'implants dans une perspective globale
d'éducation de l'enfant sourd qui inclut de
façon précoce la langue des signes, seule
façon de permettre cette communication
immédiate, rapide et entière. Ce choix ne
préjuge pas de la capacité de l’enfant à
apprendre secondairement ou
simultanément à utiliser la communication
vocale et le langage oral. De très
nombreuses observations sont en faveur du
caractère de facilitation de l’utilisation
précoce de la langue des signes pour la
construction du langage, y compris du
langage oral. La nécessité pour l’enfant
sourd profond congénital de posséder
rapidement un langage intérieur permettant
la construction de représentations mentales
structurées et génératives impose
l’utilisation précoce de la langue des signes.
Le retard d’acquisitions linguistiques pour
des raisons de délai de la rééducation de la
parole peut entraîner des séquelles
cognitives et psychoaffectives, voire dans
certains cas psychopathologiques. C’est un
fait clinique démontré par nombre
d’observations d’enfants sourds présentant
des difficultés psychologiques.
En effet, un enfant sourd ne se réduit pas à
une cochlée déficiente ou à une fonction
auditive déficiente qu'il conviendrait à tout
prix de restaurer. C'est un être entier en
développement doué d'une capacité auto-
adaptative à son environnement perceptif et
qui privilégie, de façon biologiquement
fondée, les modalités perceptives
susceptibles de supporter les formes ayant
une signification et une utilité directe pour
lui. Les compétences symboliques innées
utilisent la modalité sensorielle la plus
adaptée compte tenu des circonstances de
développement. Ainsi le développement
préférentiel de la modalité visuelle-
gestuelle du langage chez la grande
majorité des enfants sourds profonds
congénitaux est un fait d'observation. Sur le
plan cognitif, les raisons de ce choix
préférentiel tiennent à la contingence des
vecteurs perceptifs de la symbolisation, aux
caractères génériques des signifiants
iconiques (ils sont couplées avec les
processus cognitifs profonds) et à la
plasticité neuronale.
Évaluation de la demande parentale
Les parents d'enfants sourds désirent le
mieux pour leur enfant afin de lui donner le
maximum de chances dans la vie et
cherchent ainsi à atténuer leur propre