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- Les frontières terrestres sont aussi source de problèmes. Ainsi, le contrôle du Cachemire oppose l’Inde
et le Pakistan. Les deux Corées sont séparées par la frontière la plus surveillée au monde, avec un no
man’s land large de 2 km ; la situation est encore plus tendue avec les essais nucléaires menés par les
Nord-Coréens. L’Inde empêche l’entrée clandestine de population du Bangladesh en contrôlant les 4000
km de frontière par une double clôture gardée par l’armée.
- Enfin, la zone est touchée par le terrorisme suite aux nombreuses guerres en Afghanistan. Ce
terrorisme a frappé l’Inde, la Thaïlande, le Pakistan et l’Indonésie.
Malgré ces tensions, les échanges à l’intérieur de la zone se renforcent. Une vaste zone de libre échange,
l’AFTA (Asian Free Trade Area), est d’ailleurs en projet.
2 – La remise en question du modèle de croissance
La rapide émergence de la région repose sur un modèle de développement qui présente certaines faiblesses :
- Tout d’abord, cette région connaît une forte dépendance en matières premières, particulièrement
énergétiques. Ainsi, la Chine est le 2ème consommateur d’énergie après les USA. Il faut couper
l’électricité régulièrement y compris dans le sud-est dynamique du pays, et cela malgré la réalisation de
centrales nucléaires (la Chine avait, en 2014, 21 réacteurs nucléaires et 28 autres en construction).
- De plus, la croissance de l’Asie repose sur les exportations et est donc touchée par les fluctuations
de l’économie mondiale. Les Etats préfèrent désormais encourager la croissance par la consommation
interne privée pour réduire la dépendance aux exportations et à la finance mondiale.
- Enfin, le poids démographique de l’Asie et les fortes inégalités sociales posent le problème de la
dépendance alimentaire. C’est pour la réduire que l’Inde, par exemple, a mis en place la Révolution Verte
dans les années 1960. Il s’agit d’intensifier l’agriculture (recours aux engrais chimiques, irrigation,
pesticides, mécanisation, etc.) afin de la rendre plus productive.
Aujourd’hui, la Chine n’a plus que 10% de sa population souffrant de sous-alimentation, 19% en Inde ou
25% au Cambodge. Mais la malnutrition reste forte, en particulier dans les campagnes.
- Enfin, l’exode rural reste très fort. L’opposition entre monde urbain et campagnes ainsi que les
inégalités sociales entre les métropoles sont à l’origine de tensions comme le montre les grandes
manifestations ouvrières dans la filière textile au Bangladesh ou au Cambodge
en 2014.
3 – Les dégradations environnementales
L’émergence rapide de l’Asie se fait aux dépends de l’environnement. L’industrialisation des grandes villes
portuaires ou fluviales provoque la transformation des paysages urbains côtiers par l’apparition de terre-pleins
industriels et portuaires dans les baies, surtout à Tokyo. Les rejets industriels se sont multipliés, d’où une
pollution importante de l’eau et de l’air. La Chine est devenue le 1er émetteur de gaz à effet de serre et 16
des 20 villes les plus polluées au monde se trouvent en Chine.
Les paysages ruraux sont aussi profondément modifiés : les rizières reculent au profit de l’élevage de
crevettes destinées à l’exportation, les forêts sont surexploitées ou détruites au profit de la culture du palmier
à huile (Indonésie) – doc. 1 page 381. Ce qui pousse aussi les pays asiatiques à investir en Afrique et en Amérique
latine, comme nous l’avons vu au chapitre précédent.
A cela, il faut ajouter les importants risques naturels : moussons (dévastatrices au Pakistan et au Bangladesh),
typhons, tsunamis (2004 en Asie du Sud-Est, 2011 au Japon), séismes, éruptions volcaniques, etc. Les
conséquences de ces risques naturels sont aggravées par la littoralisation et la métropolisation qui accroissent
la vulnérabilité des espaces (tsunami et catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon en 2011).
Pour conclure, rappelons que l’Asie est confrontée à un enjeu démographique de taille, mais elle connaît
parallèlement la plus forte croissance économique dans le monde, faisant d’elle le moteur de l’économie mondiale.
Cette croissance s’explique par l’abondance de main-d’œuvre, le gigantisme des marchés, le rôle des Etats et des
entreprises. Mais les fruits de la croissance sont mal répartis et les fragilités restent nombreuses.
II – Japon – Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales
Ces manifestations font suite à l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble à Dacca, capitale du Bangladesh, le 24 avril 2013. Cet
effondrement a provoqué la mort de 1130 personnes. Le bâtiment abritait plusieurs ateliers de confection travaillant pour diverses marques
internationales de vêtements. Des consignes d'évacuation données la veille, après l'apparition de fissures, avaient été ignorées !