Lucie et Marie Tanguy et Virginie 08/01/09 10h30-11h30 Romain VOLMER BACTERIOLOGIE MYCOPLASMES Présentation des mycoplasmes Classification C’est une famille de bactéries très particulières. Les Mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes c'est-à-dire des bactéries dites à peau molle car elles n’ont pas de paroi. Il existe quatre ordres dont celui des Mycoplasmatales qui contient deux genres principaux : - les Mycoplasma pathogènes pour les animaux (Deux nouveaux sous-genres appartiennent maintenant à ce genre : Haemobartonella et Eperythrozoon) - les Ureaplasma pathogènes pour l’homme Caractéristiques bactériologiques principales Leur taille est très faible, de l’ordre de 0,5 micron. Ils ont le plus petit génome bactérien connu (580-1000kb) ce qui rend leur équipement enzymatique limité. Cela leur donne la particularité d’être les êtres vivants les plus simples capables de vivre de façon autonome et de proliférer dans le milieu extérieur. Il n‘ont pas de paroi donc pas de peptidoglycanes, ce qui encore une fois les rend uniques parmi les bactéries! Leur structure est alors conférée par le cholestérol présent dans leur membrane en quantité importante. Le stérol et les lipoprotéines évitent que la bactérie ne soit pas trop déformée. Les Mycoplasmes ne peuvent cependant pas synthétiser ce dernier de façon autonome mais doivent l’emprunter à leurs hôtes (importance d’une proximité avec les cellules hôtes et prélèvement dans les membranes du cholestérol). Aspect des colonies de Mycoplasmes On les cultive sur un milieu enrichi en cholestérol. Il est nécessaire de faire une observation à la loupe des microcolonies car leur diamètre est inférieur à 1 micron. La micro-colonie est légèrement surélevée. La culture étant très difficile le diagnostic se fait préférentiellement par recherche de gènes bactériens par PCR. Remarque intéressante : Chez les Mycoplasmes il existe une particularité génétique : l’un des codons stop (UGA) code en fait pour un tryptophane. Ceci existe aussi chez les mitochondries, ce qui tend à confirmer l’origine bactérienne de ces dernières. BACTERIOLOGIE - Mycoplasmes - page 1/6 Conséquences pratiques : Habitat des Mycoplasmes Ces bactéries se multiplient uniquement au contact des muqueuses des cellules eucaryotes permettant l’apport de Cholestérol. Leur résistance dans le milieu extérieur est faible, en effet en l’absence de paroi elles sont sensibles à la dessiccation. Du fait de la petite taille de leur génome et de leur faible équipement enzymatique, elles ont besoin d’un hôte voir même d’un organe spécifique qui leur fournissent tout le nécessaire pour leur multiplication. On peut donc dire qu’il y a un tropisme d’hôte très strict et un tropisme préférentiel d’organe, tout comme chez les virus. Les bactéries sont très inféodées à l’hôte. Les différents mycoplasmes Chez l’homme il existe des pathogènes stricts, c’est-à-dire à l’origine de symptômes dès qu’ils sont présents : ex : Mycoplasma pneumoniae à l’origine de la pneumonie atypique qui montre des symptômes respiratoires mais pas de symptômes généraux. La transmission se fait d’homme à homme. Il existe également des pathogènes opportunistes (ex : Mycoplasma hominis, Ureaplasma urealyticum) On va maintenant s’intéresser aux Mycoplasmes agissant sur les animaux. Pathogènes stricts chez les ruminants - Mycoplasma mycoides subsp (sous espèce) mycoides variant SC (Small Colony) : il est à l’origine de la péripneumonie contagieuse bovine qui a fait des ravages en Europe au 19ème siècle (à l’origine de la création des écoles vétérinaires). Maintenant cette maladie n’existe plus en Europe mais est encore présente en Afrique. Cette photo représente un poumon atteint de péripneumonie. On observe un parenchyme rouge, luisant et charnu (= hépatisation du poumon). On observe également des interstitium (en blanc) très inflammés, lésés en « fromage de tête » ou en « damier »!!!!!!! Quand cette maladie affecte un élevage, il touche 80 % des bovins avec 50 % de mortalité. - Mycoplasma capricolum subsp capripneumoniae : il est à l’origine de la pleuropneumonie contagieuse caprine. Cette maladie présente exactement les mêmes symptômes que la précédente avec atteinte de la plèvre. La mortalité associée à cette maladie est très importante, de l’ordre de 50%. - Mycoplasma agalactiae : agent de l’agalactie contagieuse des petits ruminants. Cette bactérie est souvent associée à M. mycoides ou M.capricolum. Ceci peut donner des Mammites, des Arthrites, des Kératites, des Pneumonies, des Septicémies (syndrome MAKePS). Elle entraîne également une perte de production laitière. BACTERIOLOGIE - Mycoplasmes - page 2/6 Mycoplasmes pathogènes opportunistes On les rencontre fréquemment et ils atteignent de nombreuses espèces, mais on ne sait pas s’ils sont directement responsables de la maladie. - Mycoplasma bovis : présent surtout chez les veaux où il est à l’origine de pneumonie et d’arthrite. Chez l’adulte, il peut aussi donner des mammites. - Mycoplasma hyopneumoniae (hyo=porc) : Donne une pneumonie enzootique chez le porc à l’origine de lourdes pertes économiques surtout dans les élevages intensifs de haute performance dans lesquels les conditions de développement de la bactérie sont favorables (concentration des animaux et fragilité des bêtes). La maladie est alors souvent déclenchée par un stress (modification de paramètres zootechniques) ; On trouve cette bactérie chez les animaux non malades au niveau des muqueuses de l’appareil respiratoire supérieur (cavités nasales, pharynx, larynx). En cas de stress la contamination gagne l’appareil respiratoire profond. - Mycoplasma hyorhinis : il est à l’origine de polysérites (=inflammation des séreuses de la plèvre, des poumons et du péricarde à l’origine de symptômes généraux) et d’arthrites. L’agent pathogène se trouvant dans le sang peut passer à travers l’épithélium basal. Il peut passer de la muqueuse nasale aux organes internes. - Mycoplasma hyosynoviae : il est l’origine d’arthrites et de synovites. - Mycoplasma gallisepticum à l’origine de troubles respiratoires chroniques et aigus chez les Volailles. Mycoplasma synoviae à l’origine d’arthrites et de synovites chez les Volailles - Points communs des Mycoplasmoses - - Ce sont toutes des maladies de troupeau apparaissant quand les animaux sont concentrés. La transmission se fait par contact direct (par voie génitale ou aérogène). Elles présentent une forte morbidité mais une faible mortalité, elles évoluent souvent vers la chronicité avec des symptômes respiratoires chroniques à l’origine de pertes de production. Elles sont à l’origine de perte de croissance et de pertes économiques. Le diagnostic est difficile (techniques moléculaires) car ce sont des bactéries difficiles à cultiver. Le traitement se fait par des macrolides, tétracyclines ou quinolones mais pas par des Blactamines qui agissent sur la synthèse de la paroi (absence de cible). La chronicité ne facilite pas le traitement. Etude d’un cas particulier : Mycoplasma bovis Il peut être pathogène strict dans le cas d’une forte charge bactérienne, mais il est le plus souvent opportuniste ou favorisant. Il se développe à la faveur d’un stress ou d’une autre infection, notamment virale. Par exemple avec les virus VRSB (Virus respiratoire syncitial bovin), BVD, PI3V (parainfluenza). Le VRSB se multiplie dans l’appareil respiratoire et détruit ainsi l’épithélium cilié de la muqueuse chez les bovins, favorisant ainsi une infection par des bactéries, tout comme le BVD qui provoque une immunodépression. BACTERIOLOGIE - Mycoplasmes - page 3/6 Cette bactérie peut également être associée à d’autres agents tels que Mannheimia haemolytica, Pasteurella multocida, Hystophilus somni. Par contre on ne sait lequel déclenche la maladie. Epidémiologie : - Répartition mondiale - Contamination directe - Infection par voie respiratoire, mammaire ou génitale - Résistance faible dans le milieu extérieur Inoculation expérimentale de veaux : On observe un jetage important, la respiration est difficile (cf. port de la tête). A l’autopsie on observe un poumon dense, humide et épaissi au niveau des lobes ventraux notamment... Le diagnostic se fait par LBA puis culture ou par un test ELISA. Le traitement est difficile car souvent la maladie atteint l’ensemble du troupeau. On recherche alors plutôt les causes favorisantes et on les supprime ou on les réduit (exemple : vaccination pour supprimer un virus favorisant, amélioration des conditions d’élevages, stress, carences alimentaires). Un vaccin contre Mycoplasma bovis existe mais ne marche pas bien. Pouvoir pathogène des Mycoplasmes Il est assez mal connu et met en jeu trois mécanismes : 1) Adhésion aux cellules épithéliales des muqueuses L’adhésion utilise un organe terminal dans lequel des protéines sont accumulées, zone plus dense en microscopie électronique. La liaison se fait avec les acides sialiques ou sialoglycoprotéines. Une forte proximité avec l’épithélium est nécessaire à l’implantation. La proximité avec l’hôte permet la nutrition de la bactérie. BACTERIOLOGIE - Mycoplasmes - page 4/6 2) Echappement à la réponse immunitaire - par la variabilité antigénique : Elle est très importante chez les mycoplasmes, posant des problèmes pour les vaccins (variabilité des protéines de surface). Par exemple pour M. gallisepticum, 100000 possibilités (sur le même principe que la variabilité génétique des immunoglobulines). De plus, il y a une possibilité de modifications rapides au cours de la maladie. C’est pourquoi la réponse immunitaire n’est pas efficace. - par modulation de la réponse immunitaire : Des lipoprotéines bactériennes de surface stimulent les cellules immunitaires et entrainent la synthèse de cytokines pro-inflammatoires TNF et IL1 qui recrutent les cellules inflammatoires qui synthétisent aussi des cytokines. Il y a un dérèglement du système immunitaire à l’origine des symptômes. La réponse immunitaire est trop importante, donc inefficace. 3) Origine des symptômes - Immunopathologie : Il y a stimulation de la sécrétion des cytokines pro-inflammatoires et présence d’infiltrats de cellules inflammatoires. Il y a alors épaississement de la muqueuse et donc des problèmes respiratoires. - Effets directs : Il y en a très peu, sauf synthèse de radicaux oxygénés à fort pouvoir oxydant. Ces radicaux sont rapidement détruits dans le milieu extérieur donc pour être actifs ils nécessitent un contact étroit entre la bactérie et la cellule. La bactérie se nourrit grâce à la cellule. Encore une fois pour observer ces symptômes il faut un contact étroit entre les bactéries et l’épithélium : importance de l’adhésion dans le pouvoir pathogène. Nouvelles bactéries du genre Mycoplasma M. suis et M. haemofelis se trouvent dans le sang, ont un tropisme pour les globules rouges et se multiplient à leur surface. Cas de M. haemofelis La transmission se fait par contact avec le sang d’un animal infecté (morsures, puces et transmission des bactéries des mères à leur descendance). L’apparition de symptômes nécessite des conditions favorisantes. L’incubation dure 3 semaines une fois la multiplication bactérienne enclenchée. L’importance de la maladie est fonction de la quantité de bactéries présentes dans le sang : on a alors différentes formes, pouvant aller jusqu’à la mort, l’animal mourant alors d’anémie. Souvent, les symptômes sont modérés : anémie faible, affaiblissement de l’animal, tachypnée, léthargie et pâleur des muqueuses. Il y aussi une réponse immunitaire traduite par des poussées de fièvre, encore une fois proportionnelles à la quantité de bactéries présentes dans le sang. La maladie BACTERIOLOGIE - Mycoplasmes - page 5/6 a souvent un caractère cyclique chez le chat : en effet, les bactéries se remultiplient à la faveur d’un stress. Souvent les symptômes ne sont pas très aigus mais ils sont fatiguant pour l’animal. Le diagnostic par cytologie est difficile, par contre celui par PCR, 8 jours post-infection, est le plus facile. Le traitement dure plus d’un mois, avec des macrolides ou des tétracyclines. Cytologie : sang de chat infecté par M. haemofelis présentant une anémie régénérative (coloration Giemsa). Rq : les points indiqués par les petites flèches représentent les noyaux de nouvelles hématies, qui disparaitront au cours de leur maturation. Dans le cas d’anémie régénérative on observe donc une forte production d’érythrocytes. On a souvent une association avec FeLV (virus de la leucose féline), et FIV (causes favorisantes ?). Conclusion : Les mycoplasmes sont des bactéries atypique puisque sans parois, pourvues d’un petit génome et donc d’un équipement enzymatique limité : elles ont donc absolument besoin d’un hôte dont elles utilisent les ressources pour survivre. Elles sont à l’origine de pathologies importantes, souvent des maladies de troupeaux. Elles ont été longtemps sous-estimées mais sont maintenant mises en évidence par PCR. BACTERIOLOGIE - Mycoplasmes - page 6/6