géomagnétisme nom masculin Ensemble des phénomènes magnétiques liés au globe terrestre. (Synonyme : magnétisme terrestre.) Champ magnétique terrestre La manifestation la plus évidente de l'existence d'un magnétisme terrestre (on dit aussi géomagnétisme) est la réaction d'une boussole, c'est-à-dire d'une aiguille aimantée libre de se mouvoir autour d'un axe. En tout point du globe terrestre ou de l'atmosphère, la pointe « nord » d'une telle aiguille s'oriente vers un point de la zone polaire boréale (actuellement situé au Canada, à 73° de latitude nord et 100° de longitude ouest) ; c'est donc que la Terre crée un champ magnétique. Déclinaison et inclinaison magnétiques L'angle formé par la direction du nord magnétique donné par la boussole et par celle du nord géographique est la déclinaison magnétique (D). Cet écart était connu des grands navigateurs du XVe s., qui espéraient pouvoir faire le point en mer (surtout lors de longs voyages) grâce à la connaissance de la déclinaison. Mais leur espoir fut déçu, car la déclinaison ne suit pas une loi parfaitement régulière : en effet, on peut définir un axe magnétique de la Terre qui coupe sa surface aux pôles nord et sud magnétiques, mais ceux-ci sont situés à environ 1 500 km des pôles géographiques. Ainsi, suivant les lieux, la déclinaison est-elle positive ou négative (pôle Nord géographique à l'est ou à l'ouest du pôle magnétique) et peut-elle atteindre une vingtaine de degrés ; de plus, les hétérogénéités de l'écorce terrestre créent des variations locales plus ou moins importantes. Il faut naturellement tenir compte de la déclinaison magnétique lorsqu'on fait le point en mer avec une boussole. Les cartes marines et terrestres donnent la valeur de la déclinaison lors de l'établissement de la carte. Une boussole mobile autour d'un pivot horizontal s'incline en formant un certain angle avec le sol : le champ magnétique terrestre n'est pas horizontal. On ne tient pas compte de cet angle, l' inclinaison (I), en navigation, mais il permet – avec la déclinaison (D) – de caractériser la structure du champ magnétique terrestre. Celui-ci, en un lieu et à un moment donnés, est aussi défini par son intensité (F). L'intensité du champ magnétique terrestre Lorsqu'une boussole est écartée de sa position d'équilibre, elle oscille. La mesure de la période de ces oscillations permet de déterminer l'intensité du champ magnétique auquel est soumise l'aiguille. Le mathématicien allemand Carl Friedrich Gauss montra le premier dans les années 1830 comment mesurer le champ magnétique terrestre de manière à pouvoir comparer les mesures faites en des endroits différents. Il créa un réseau international d'observation afin de vérifier si le champ magnétique terrestre correspondait bien à ses calculs théoriques. Il établit en effet que le globe terrestre peut être représenté par un aimant situé au centre de la Terre et orienté suivant un axe voisin de celui des pôles magnétiques. Il faut ajouter au champ magnétique terrestre une série d'autres sources magnétiques de directions variées, beaucoup moins puissantes. Champ magnétique terrestre dans l'espace On a longtemps pensé que le champ magnétique terrestre s'étendait dans l'espace interplanétaire, vide de toute matière. Mais, depuis les années 1960, la mesure du champ magnétique à bord de sondes et de satellites a révélé qu'il est limité à une certaine partie de l'espace entourant la Terre, qu'on a appeléemagnétosphère. En effet, la Terre est plongée dans le vent solaire, formé de particules électriquement chargées émises par le Soleil dans toutes les directions. Ce vent solaire électrisé, qui contourne la Terre, déforme les lignes du champ terrestre et limite son extension à l'intérieur de la magnétosphère, qui présente un volume en forme de larme pointue. Origine du magnétisme terrestre Comme tous les champs magnétiques, celui de la Terre est dû à des courants électriques. On pense que les courants sont déterminés par les mouvements de la couche liquide qui se trouve dans le noyau externe (entre 2 900 et 5 100 km de profondeur). Les particules chargées qui se trouvent dans cette couche liquide à haute température créeraient, grâce à des mouvements de convection, un effet comparable à celui d'une dynamo. Néanmoins le problème est loin d'être résolu, car à ce champ magnétique global se superposent les effets des roches magnétiques situées à faible profondeur. Variations au cours du temps du champ magnétique terrestre Depuis le XVIIe s., on sait que le champ magnétique terrestre varie avec le temps. Constructeurs d'instruments et physiciens ont cherché à déterminer si ces variations se produisent de façon régulière, journalière, annuelle ou sur de plus longues périodes. Mais le champ magnétique terrestre évolue de manière complexe. Ses variations sont aujourd'hui enregistrées en permanence dans plus de deux cents « observatoires magnétiques » répartis à la surface du globe. Si l'on calcule les moyennes annuelles du champ magnétique en un endroit, on obtient des valeurs qui varient peu d'une année à l'autre, contrairement aux moyennes météorologiques. Le champ moyen en un lieu donné varie lentement d'année en année, et cette variation est liée, pour l'essentiel, à l'évolution des courants à l'intérieur du globe. Mais, sur des échelles de temps plus importantes – comme le siècle –, les variations peuvent atteindre une certaine ampleur ; c'est le phénomène de variation géomagnétique séculaire : ainsi, l'intensité du magnétisme terrestre a diminué approximativement de moitié depuis 600 avant J.-C. ; à Paris, la déclinaison magnétique, qui était de 10° est vers 1600, passa progressivement à 22° ouest en 1800 pour revenir à 4° ouest en 1980. Des inversions des pôles magnétiques, le pôle nord devenant pôle sud et inversement, se sont même produites à de nombreuses reprises au cours des temps géologiques. En l'espace de quelques milliers d'années, le champ magnétique bascule puis reste à peu près stable durant des périodes de cent mille à quelques millions d'années. Ces étonnantes variations ont été déterminées grâce à l'étude des roches volcaniques ou des poteries archéologiques. En effet, les laves s'épanchent à une température supérieure aux points de Curie des minéraux magnétiques présents dans cette lave. En se refroidissant, ces minéraux s'aimantent selon la direction et l'intensité du champ magnétique terrestre local de l'époque ; cette aimantation thermorémanente, sorte de « mémoire magnétique », subsiste tant que la pierre n'est pas réchauffée à une température qui pourrait faire perdre leur propriété magnétique à ses grains ferromagnétiques. On peut donc connaître le champ magnétique terrestre à l'époque du refroidissement de la lave. Inversement, l'étude de l'aimantation fossilisée, le paléomagnétisme, peut renseigner les géologues sur l'histoire de la Terre. Ainsi, par l'étude comparée de magnétisme ancien dans des roches de continents différents et de même période, la dérive des continents a pu être confirmée. Les petites variations qui se superposent au champ moyen sont étudiées avec des magnétomètres, à protons par exemple, qui mesurent l'intensité du champ magnétique au dix-millionième près. Contrairement aux variations lentes du champ moyen, elles sont dues le plus souvent à des causes extérieures au globe terrestre, essentiellement à l'action du Soleil. Il y a des variations régulières, comme les variations diurnes, mais aussi des variations brutales et inattendues, des « orages magnétiques », qui provoquent les aurores boréales. Les éruptions de la couronne solaire qui perturbent le vent solaire sont la cause essentielle de ces variations. Prospection magnétique et magnétoélectrique Les mesures locales du champ magnétique terrestre, qui se font actuellement en avion, mettent en évidence des anomalies magnétiques. Elles résultent de l'existence dans le sous-sol de roches possédant différentes aimantations. Elles sont particulièrement importantes dans les régions volcaniques ; ainsi, au sommet du puy de Dôme, la déclinaison varie de 6° sur une distance de 150 m. Aux endroits où la foudre est tombée, les roches sont souvent fortement aimantées par le champ magnétique créé par le courant électrique de la décharge, et les variations locales peuvent être très fortes. Associée à d'autres méthodes de prospection, la méthode magnétique participe à la recherche des gisements de pétrole, laquelle représente 97 % du chiffre d'affaires de la prospection géophysique industrielle. En archéologie, des mesures faites sur des petites distances permettent de détecter des masses de terres cuites enterrées (fours, murs…). Une autre méthode de prospection utilise les variations rapides du champ magnétique terrestre. Le sol étant légèrement conducteur, les variations du champ magnétique terrestre induisent dans le sol des courants électriques de très faible intensité, appelés courants telluriques. Le rapport entre les courants telluriques et les variations du champ magnétique terrestre dépend naturellement de la conductibilité électrique du sous-sol. De la mesure du champ magnétique et des courants telluriques on peut tirer des informations sur la conductibilité du sol et du sous-sol, et par suite sur la composition de ce dernier. Ainsi, il est possible de distinguer le socle cristallin, qui est en général moins bon conducteur que les roches sédimentaires. Le magnétisme et les organismes vivants Ce qu'on a appelé jusqu'à la fin du siècle dernier « magnétisme animal » désigne les attouchements ou les impositions, avec ou sans aimants, censés guérir toutes sortes de maladies. À la veille de la Révolution française, un médecin, l'Allemand Franz Mesmer, installé à Paris en 1778, consacra d'importants travaux au magnétisme animal ; une commission nommée par l'Académie des sciences, comprenant le chimiste Antoine Laurent de Lavoisier et le naturaliste Antoine Laurent de Jussieu, conclut alors à « un pur effet de l'imagination ». Ces pratiques sont aujourd'hui considérées comme relevant de l'hypnose. Il ne faut pas confondre les magnétiseurs qui s'adonnent à ces pratiques avec les magnéticiens qui étudient les propriétés du magnétisme ! Un magnétisme, très faible, existe cependant dans les corps vivants. Avec des détecteurs très sensibles, comme les sondes à effet Hall ou les SQUID supraconducteurs, on a pu évaluer le champ magnétique du cœur humain à environ un millionième du champ magnétique terrestre. L'hypothèse a été formulée que l'orientation des oiseaux migrateurs pourrait se faire en partie grâce aux faibles quantités de magnétite détectées dans leur cerveau.