[BIOGRAPHIE - GEORGES CLEMENCEAU ]
Son intérêt pour le pouvoir se mesure lors de son soutien envers Boulanger.
Le président du Conseil Freycinet recherche un général sûr pour tenir les militaires. Il écoute
Clémenceau qui lui conseille Boulanger, le seul général républicain de l’Armée (1886).
Toutefois après l’affaire Schnaébelé (1887), Clémenceau s’en écarte. Il considère que le succès
lui est monté à la tête et qu’il représente une menace pour la république. La victoire de
Boulanger a Paris agit comme un avertissement pour les radicaux : la ville de tradition
républicaine est tombée dans le camp anti-républicain.
C’est finalement en 1906 que Clémenceau atteint le pouvoir d’abord comme ministre de
l’Intérieur (du gouvernement Sarrien) puis comme président du Conseil.
Ce gouvernement est souvent perçu comme un gouvernement de combat et de fractures. Il est
d’abord une tentative de compromis avec les socialistes indépendants qui acceptent (A. Briand
qui entre au gouvernement) et avec la SFIO de Jaurès (qui refuse pour maintenir l’unité du
jeune parti [1905]).
Toutefois le gouvernement Clémenceau affronte des mouvements sociaux importants :
-Des grèves ouvrières encadrées par la CGT (Nord à Lens et dans le Bassin Parisien) en 1906.
Mouvement puissant (1 ouvrier sur 16 en 1906 contre 1 sur 120 en 1866). Le mouvement
dégénère en 1908 : la grève générale décrétée par les ouvriers du bâtiment (Bassin Parisien).
Clémenceau réquisitionne l’armée : elle fait feu, plusieurs morts, 200 blessés.
-Des manifestations d’instituteurs qui réclament le droit de grève et le droit d’adhésion aux
syndicats (surtout la CGT). Clémenceau refuse. Le représentant de leur « syndicat » officiel
(Nègre) est révoqué.
- Grève dans le Midi viticole (1907) qui flambe après la chute des prix consécutive à la
surproduction viticole. La grève devient insurrectionnelle après la mutinerie du 17e régiment
de Narbonne qui au lieu de réprimer les paysans révoltés, pactisent avec eux. Clémenceau
compromet le leader Marcellin Albert en lui faisant accepter de l’argent pour son retour. Le
gouvernement temporise puis vient la répression.
Quels éléments retenir du gouvernement de 1906-1909 ?
- le poste de l’Intérieur (lui-même se revendiquait comme le 1e policier de France) était un
poste clé dans la conquête du pouvoir et qu’à l’ère des masses, il fallait incarner la fonction.
« Le Tigre » est le 1e à multiplier les voyages en province auprès des forces de police et des
habitants. Un ministre de la République doit avoir un visage, et doit être l’incarnation du
pouvoir (en 1899, le président Felix Faure a été le 1e à admettre une caméra pour filmer de son
voyage officiel à travers la France).
-Clémenceau en retire sa réputation de briseur de grève et son impopularité à la gauche de la
gauche (affrontements nombreux à la Chambre avec Jaurès).
- Nuances : Clémenceau accepte la manifestation de protestation mais dans les cadres légaux
de la loi. Il refuse la syndicalisation des fonctionnaires qui agent de l’Etat ne peut être contre
lui. Il réprime les grèves mais ouvre la porte à des manifestations tolérées si les syndicats
s’entendent avec l’Etat pour fixer un parcours et un service d’ordre.
Le Gouvernement Clémenceau durera 3 ans (l’un des gouvernements les plus stables après
celui de Waldeck-Rousseau, 1899-1902). Il tombe en 1909 sur un prétexte qui fait fond sur une
réalité.
-Le prétexte est la question du réarmement de la France suite aux soubresauts de l’affaire
marocaine (1906 : conférence d’Algésiras après le discours offensif de Guillaume II à Tanger).
Clémenceau a fortement critiqué la politique de Delcassé, le ministre des relations étrangères
(1898-1905) en l’accusant de mener une « politique de risque » avec l’Allemagne. Delcassé lui
garde une rancune tenace et l’accuse de n’avoir rien fait pour réformer et armer la marine.
Clémenceau déclare que la « France est mal préparée pour gagner une guerre ». Une motion de
censure est déposée : Clémenceau est mis en minorité et démissionne.