système du monde parfaitement rigoureux et efficace ou, plutôt, aussi efficace et rigoureux que
possible pour un païen qui ne disposait pas de la révélation évangélique. !
Les systèmes sont souvent ennuyeux et peu attirant par leur prétention à la totalité. De cette figure
médiévale du maître assis sur son système inamovible, marchepied vers la révélation chrétienne
et son interprétation thomiste, se distingue un autre figure d’Aristote, mise au jour par les
spécialistes de philosophie antique: celle du chercheur infatigable, passionné de connaissance et
de mise en pratique, curieux de tout, et pas toujours cohérent dans les réponses qu’il propose. !
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C’est que le corpus d’Aristote est gigantesque et parfois contradictoire. Cela s’explique par le
caractère ésotérique des textes retrouvés, alors que les textes exotériques ont été perdus. Deux
tiers des textes sont biologiques (même si Aristote n’a pas le terme à sa disposition, il en a le
concept), à quoi se rajoutent les textes de logique, de cosmologie, d’éthique, de politique, de
rhétorique, de métaphysique.!
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La notion de système, ensemble d’éléments unis par des relations d’interdépendance, cède donc
le pas à celle de corpus. !
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Un aperçu du corpus:!
Logique: Organon: Catégories/ De l’interprétation/ Premiers analytiques/ Seconds Analytiques/
Topiques/ Réfutations sophistiques!
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Physique: Physique/ Du Ciel/ De la Génération et de la corruption/ De l’âme/ Petits traités
d’histoire naturelle (Du sens, des sensibles; de la mémoire et de la réminiscence/ du sommel et de
la veille; Des rêves; la longueur et la brièveté de la vie; la jeunesse et la vieillesse; de la
respiration) Histoire des animaux; Parties des animaux!
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Ethique, politique, sciences pratiques: Ethique à Nicomaque/ Ethique à Eudème/ Politiques/
Rhétorique/ Poétique!
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Sciences théorétiques/ sciences pratiques: les sciences théorétiques s’appuient sur le syllogisme
scientifique alors que les sciences pratiques s’appuient sur le syllogisme dialectique. La même
rigueur ne pouvant pas être réclamée pour toutes les sciences, les sciences théorétiques relèvent
du domaine de l’universel et les sciences pratiques de celles de la vraisemblance. Les
raisonnements scientifiques partent de prémisses nécessaires pour aboutir à des conclusions
nécessaires. Les raisonnements dialectiques partent de prémisses probables pour parvenir à des
conclusions probables. Ils sont traits aux délibérations et aux controverses.!
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La figure du maitre des savoirs cède donc le pas à celle du chercheur insatiable et infatigable
dont le mérite consiste moins dans les répondes qu’il donne que dans les questions qu’il pose.!
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Aristote tranche dans le livre X de l’Ethique à Nicomaque, chapitre 6 à 10, la question des rapports
entre la contemplation, le plaisir et le souverain bien. !
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Comme toutes les éthiques de l’antiquité occidentale, Aristote pose la question de la définition du
bonheur, c-à-d de la vie bonne. Qu’est-ce que le bonheur? C’est l’idée d’un état dans lequel tous
nos désirs sont satisfaits ou susceptibles de l’être. Souvent, le bonheur possède un caractère
aléatoire, éphémère, accidentel. Pour les anciens, le bonheur,euzein, ou bien vivre doit faire l’objet
d’un choix. C’est une vie agie et non pas subie, qui a son principe dans une liberté et non pas dans
la nécessité dans un cycle des besoins et de leur répétition. L’euzein doit nous mener à
l’eudaimonia, c-à-d un état de satisfaction qui de dépend pas des conditions extérieures. Ensuite,
le critère du bien-vivre change selon l’éthique. D’après les éthiques naturalistes, comme celle
d’Antisthène, de Diogène ou de certains sophistes, c’est la nature. La nature comme cosmos et