PNEUMOPATHIES INFECTIEUSES

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PNEUMOPATHIES
INFECTIEUSES :
BACTERIENNES
NON
TUBERCULEUSES,
VIRALES ET
APPARENTEES.
TUBERCULOSE,
MYCOSES,
PARASITOSES.
MF CARETTE Hôpital Tenon - Paris
1.
GENERALITES
L'aspect radiologique des
pneumopathies infectieuses dépend de la
virulence du germe et des mécanismes de
défense de l'hôte.
- La virulence du germe dépend des
caractéristiques du germe, de son
éventuelle sélection (résistance des
pneumopathies nosocomiales
hospitalières), de l'hôte, enfin de la voie de
propagation.
- Les défenses de l'hôte peuvent avoir un
déficit central, par immunodépression vraie
(SIDA, aplasie, corticothérapie ou malade
sous immunodépresseurs) ou par
splénectomie. Elles peuvent être
simplement fragilisées (diabète, alcool,
malade de réanimation, opéré récent.
Ailleurs elles peuvent être altérées de
façon loco-régionale: déficit de l'escalator
muccociliaire (bronchopneumopathie
chronique obstructive et dilatations
bronchiques), déficit par effraction
glottique (sommeil speudo-anesthésique dû
à l'alcool, anesthésie, intubation) ou enfin
anomalie parenchymateuse (poumon
cicatriciel ou ischémique.
2. LES
PNEUMOPATHIES
BACTERIENNES
2.1. Anatomopathologie et
aspects radiologiques
2.1.1. La dissémination est
fonction du mode de contamination
1 - La contamination aérienne est source
de pneumonies ou de broncho-pneumonies.
Les foyers de condensation pneumonique
sont anatomiquement des foyers uniques,
alvéolaires, par comblement alvéolaire
leucocytaire; ils sont périphériques avec
extension progressive. Cette progression
s'arrête à la plèvre, qu'il s'agisse de la
plèvre pariétale ou des scissures. Elle est
source d'une condensation systématisée
avec hépatisation. Sur le plan radiologique,
c'est un foyer alvéolaire unique, sous
pleural, à contours flous, de plage
homogène avec présence d'un
bronchogramme aérien. Cet aspect évolue
vers une image systématisée à contours
nets, limitée par les plèvres pariétales et
scissurales.
Les foyers de broncho-pneumonie
correspondent anatomiquement à des
foyers multiples, plus ou moins proches,
dus à une atteinte péribronchiolaire.
L'extension alvéolaire se fait de proche en
proche, affectant tout le lobule pulmonaire
secondaire. Radio logiquement, il s'agit
d'opacités alvéolaires multiples,
plurifocales, de forme fréquemment
nodulaire au début (nodules de 3 à 6 mm)
puis atteignant la taille d'un lobule: 6 à 15
mm. La confluence reste non homogène
avec persistance de territoires aérés
(opacités dites "pachy". Il existe une
ébauche de systématisation.
2 - La dissémination hématogène
correspond à des bactériémies, à des
septicémies ou à des septico-pyohémies. Il
s'agit d'une greffe infectieuse sur le
capillaire pulmonaire source d'une
vascularité capillaire, d'une thrombose et
d'une nécrose en aval, avec diffusion
centrifuge à l'ensemble du lobule
secondaire. Elle est source de foyers
multiples, bilatéraux et diffus, de
répartition non homogène. Radio
logiquement, il s'agit d'opacités alvéolaires
multiples, plurifocales, bilatérales,
prédominant aux bases avec parfois
confluence et image "pachy". L'examen
TDM montre que ces foyers sont en règle
triangulaires, sous pleuraux et prennent le
contraste en périphérie avec nécrose
centrale.
2.1.2. L'évolution
1 - La régression de l'exsudat alvéolaire de
proche en proche est source d'une
disparition en 10 à 20 jours des images qui
sont à limite floue. On peut observer un
léger collapsus transitoire par obstruction
des bronchioles par l'exsudat infectieux.
2 - La nécrose, due à l'endartérite
infectieuse et à la thrombose, peut être
source d'une excavation par évacuation de
cette nécrose par voie aérienne. Les aspects
de ces lésions nécrotiques peuvent être
multiples.
L'image de nécrose unique, localisée,
correspond au classique abcès pulmonaire.
Il peut s'accompagner d'un bombement des
scissures par syndrome de masse. Il se
traduit par l'apparition d'un niveau hydroaérique dans l'opacité; celle-ci reste
initialement à limite floue en dehors. Les
parois internes de l'excavation sont nettes,
légèrement ovalaires en hauteur. Fait
important, les diamètres, droit-gauche et
antéro-postérieur, sont voisins, le
distinguant éventuellement d'un empyème.
Après quelques jours, le contour externe
devient mieux visible avec une paroi
régulière, inférieure à 15 mm.
Les nécroses multiples donnent de petites
hyper clartés entourées d'opacités floues
avec ou sans niveau hydro-aérique.
Les aspects évolutifs peuvent aboutir à une
radiographie de thorax normale, à des
images en bandes résiduelles de 2 à 6 mm
d'épaisseur, à des pneumatocèles
résiduelles ou à des dilatations
bronchiques.
Les gangrènes pulmonaires sont des
formes particulières de nécrose en masse
de tout un territoire avec présence de
séquestres dans une néocavité pouvant
réaliser une image de croissant gazeux
inférieur ou supérieur au séquestre. On
observe ensuite une liquéfaction. Un
infarctus surinfecté, par thrombose
infectieuse d'une grosse branche artérielle
pulmonaire, est à son origine. On peut
assister à un retour à la normale ultérieure.
Les images cavitaires péribronchiolaires
sont dues à un piégeage en amont des
bronchioles. L'évolution se fait vers des
images bulleuses ou pneumatocèles. Ceux
là peuvent se rompre dans la plèvre avec
danger de pneumothorax bilatéraux voire
simultanés. C'est le cas de la
staphylococcie bulleuse.
3 - Les atteintes pleurales:
L'épanchement réactionnel est fréquent, le
plus souvent minime réduit à un
comblement du cul de sac avec
éventuellement réaction scissurale. La
ponction montre qu'il s'agit d'un liquide
inflammatoire stérile.
La pleurésie purulente est plus abondante.
Elle évolue souvent vers l'enkystement.
Elle peut survenir sur une pneumopathie de
petite taille et la masquer. Un signe
évocateur est la limite floue en tangence
dans sa limite interne.
L'empyème est une poche purulente intra
pleurale qui communique avec les voies
aériennes. Il existe donc un niveau hydroaérique intrapleural par fistule
bronchopleurale. A la différence de l'abcès,
il existe une discordance entre la taille du
niveau hydro-aérique sur les deux
incidences orthogonales. En cas de doute,
l'examen TDM permet de visualiser une
plèvre épaissie, prenant le contraste, avec
raccordement en pente douce de la paroi.
Les aspects évolutifs peuvent être
présentés par une pachypleurite, c'est à dire
un épaississement pleural avec une
diminution de transparence et de volume
de l'hémithorax. Le parenchyme sousjacent peut être siège de dilatations
bronchiques ou d'une opacité ronde par
atélectasie par enroulement dite de
Hancké.
4 - L'atteinte ganglionnaire est possible en
cas d'abcès ou d'évolution chronique d'une
pneumopathie, avec certains germes et en
cas de pneumonie obstructive pour laquelle
il faut rechercher un obstacle bronchique.
2.2. Formes cliniques selon
le germe et le terrain
2.2.1. Les germes Gram positif
1 - Le pneumocoque ou Streptococcus
pneumoniae est responsable de
pneumonies franches lobaires aiguës
typiques. Il est également responsable de
broncho-pneumonies chez l'insuffisant
respiratoire chronique ou chez des
malades, greffés de moelle osseuse, ou
atteints de leucémie lymphoïde chronique.
Il peut être source de complications
pleurales. La nécrose est exceptionnelle, le
fait de terrain fragilisé (diabétique). La
gravité de l'affection chez les malades
splénectomisés (hémopathie,
drépanocytose, greffé de moelle osseuse),
est due à l'apparition d'une septicémie avec
choc et oedème lésionnel. On observe
également cet aspect chez le malade HIV
(+) chez qui la pneumonie à pneumocoque
est fréquente.
2 - Le staphylocoque ou Staphylococcus
auréus est essentiellement responsable,
chez l'enfant, de broncho-pneumonies ou
de pneumopathies hématogènes. Celles-là
sont source de nécroses multiples à peu
près constante avec apparition de cavités
soufflées. La gravité est due à l'apparition
de fistule bronchopleurale avec danger de
pneumothorax bilatéraux nécessitant une
surveillance en réanimation et un matériel
de drainage prêt. Chez l'adulte, les
broncho-pneumonies sont plus rares, il est
surtout responsable de pneumopathies
hématogènes nécrosantes avec possible
complication pleurale. On les observe
surtout actuellement chez le malade
toxicomane; le fait que ce dernier soit HIV
(+) ou (-) ne change rien à la sémiologie
observée. L'origine des bactériémies est en
règle une thrombophlébite suppurée avec
éventuellement un relais sur l'endocarde
(valve tricuspide); ce peut être également
un foyer cutané.
3 - Les autres Gram positifs
Le streptocoque peut être à l'origine d'une
pneumonie au décours d'une amygdalite ou
d'une rhino-pharyngite.
La Listeria (Listeria monocytogenes) est
responsable d'une pneumopathie du
nouveau-né.
Le Charbon (Bacillus anthracis) est
aujourd'hui exceptionnel.
2.2.2. Les germes Gram négatifs
1 - Le pyocyanique ou Pseudomonas
aeruginosa est responsable de
pneumopathies nosocomiales, en
particulier chez les malades aplasiques. Sa
dissémination peut être bronchogène avec
pneumopathie extensive plus ou moins
systématisée, ou être hématogène,
responsable d'une miliaire. Il peut être
responsable d'excavation ou d'une atteinte
pleurale, fréquente. Chez le malade
insuffisant respiratoire chronique ou atteint
de dilatations bronchiques, en particulier
en cas de mucoviscidose, il peut rester
simple saprophyte ou être responsable
d'une suppuration bronchique. Signalons
qu'en cas de pneumopathie chez
l'aplasique, la radiographie du thorax peut
être normale, rendant le diagnostic difficile
avec une septicémie; ou être non
spécifique, les images radiologiques étant
uniquement en rapport avec un oedème
alvéolaire hémodynamique et/ou lésionnel
et/ou avec des hémorragies alvéolaires.
2 - Le colibacille ou Escherichia coli est
responsable de pneumopathies chez les
immunodéprimés, les bronchopathes
chroniques ou chez des malades ayant des
séquelles post-infectieuses. Il s'agit de
foyers de condensation pneumoniques, de
broncho-pneumonies, de foyers
nécrotiques ou gangreneux; une atteinte
pleurale est possible. On observe
également des oedèmes lésionnels sur choc
septique.
3 - La klebsielle ou Klebsiella pneumoniae
(ex bacille de Friedlander) est responsable
de pneumopathie bronchogène
systématisée très oedémateuse faisant
bomber les scissures de façon transitoire.
Cette pneumopathie évolue rapidement
vers une nécrose tissulaire, souvent
étendue, véritable gangrène, d'où le terme
parfois employé de "pneumonie
disséquante". Une atteinte pleurale est
possible.
4 - L'hemophilus influenzae ou bacille de
Pfeiffer, est surtout responsable de
broncho-pneumonie chez les malades
atteints de broncho-pneumopathie
chronique obstructive, chez le malade
atteint du SIDA et au décours d'une
pneumopathie virale.
2.2.3. Les germes particuliers
1 - Les germes anaérobies sont source
d'une dissémination aérienne le plus
souvent à point de départ dentaire, voire
ORL. Ils sont responsables de foyer
souvent unique, postérieur. Une
dissémination hématogène avec embolies
septiques et foyers multiples, au cours
d'une thrombophlébite, est exceptionnelle.
Radiologiquement, c'est le plus souvent un
foyer nécrotique unique avec atteinte
pleurale (empyème).
2 - La légionnellose due à Legionella
pneumophila, est responsable chez l'adulte
sain, d'une pneumopathie alvéolaire en
foyer, semblable à celle due au
pneumocoque, et de début brutal. Elle s'en
distingue cliniquement par l'apparition
d'une encéphalopathie, des signes digestifs
et sa résistance aux pénicillines. Il peut
exister des foyers de broncho-pneumonie,
des foyers rétractiles. On décrit, chez les
immunodéprimés (greffés rénaux ou de
moelle osseuse, malades sous corticoïdes),
des formes nodulaires alvéolaires, des
foyers multiples, mais surtout une
évolution nécrosante avec une excavation
du foyer de condensation pneumonique
chez 30% d'entre eux.
3 - La nocardiose, due à Nocardia
astéroïdes, est responsable d'images
granulomateuses assez semblables à celle
de la tuberculose, de suppurations, de
pneumopathies chroniques fibrosantes.
Elle survient chez des malades alcoolotabagiques ou immunodéprimés. Dans les
formes graves, elle peut atteindre la plèvre
voire la paroi ou proliférer sur des zones de
ponctions.
4 - L'actinomycose, due à Actinomyces
israëli, est responsable de pneumopathie en
foyers multiples, sans topographie, avec
nécrose progressive et extension de proche
en proche au poumon, à la plèvre puis à la
paroi. Il s'agit parfois d'une pneumopathie
chronique fibrosante. Elle est fortement
corrélées à une mauvaise hygiène dentaire.
5 - Certains germes apparentés comme les
Rickettsies ou Chlamydia psittaci, sont
traités, comme les pneumopathies à
Mycoplasme (Mycoplasma pneumoniae)
avec les virus comme donnant des
pneumopathies interstitielles. Dans notre
expérience, ces pneumopathies se
présentent essentiellement comme des
pneumopathies en foyer, très semblable à
la légionellose à la fois sur le plan clinique
et radiologique. Leur gravité potentielle
avec forte létalité pour les chlamydioses,
joint à leur sensibilité aux antibiotiques
nous invitent à les citer ici pour qu'elles
fassent partie intégrante du diagnostic
d'une pneumopathie en foyer chez l'adulte
sain.
3. LES
PNEUMOPATHIES
VIRALES
Fréquentes, elles sont le plus souvent
bénignes. Leur diagnostic spécifique est
rarement fait avant le résultat d'une
sérologie. Elles peuvent être graves chez
l'immunodéprimé voire même chez l'adulte
sain si elles sont source d'un oedème
lésionnel; cela peut être le cas pour la
grippe, dans certaines épidémies.
3.1. Anatomopathologie
3.1.1. Le mode de dissémination
est fonction du mode d'invasion
1 - Le mode de dissémination descendant
commence par une atteinte des voies
aériennes supérieures, puis de l'épithélium
trachéal, puis bronchique, puis
bronchiolaire. Ceci est responsable d'une
broncho-pneumonie.
2 - La dissémination hématogène est due à
une virémie. Ce mode de dissémination est
celui de l'immunodéprimé; il entraîne une
atteinte parenchymateuse et des
bronchioles. C'est le cas des infections par
Herpès virus (HV) ou Cytomégalovirus
(CMV).
3.1.2. Les lésions anatomiques
évoluent en trois phases
1 - La phase de lyse cellulaire alvéolaire et
bronchiolaire est source d'une
inflammation oedémateuse et cellulaire au
niveau de l'interstitium périphérique et
proximal. L'épaississement de septas inter
alvéolaires et des lobules secondaires est
responsable des lignes de Kerley. L'atteinte
du tissu péribronchiolaire est responsable
de nodules.
2 - La phase d'atteinte alvéolaire sévère est
responsable d'une desquamation épithéliale
au niveau de la lumière alvéolaire. On note
également à ce niveau, de l'oedème, du
sang, de la nécrose. Au maximum, il existe
une hémorragie alvéolaire franche ou un
oedème lésionnel.
3 - La phase de réparation tissulaire se fait
du 3ème au 14ème jour, à partir des cellules
d'amont, avec le plus souvent restitution ad
integrum.
3.1.3. Une évolution compliquée
peut donc se faire vers une
bronchiolite oblitérante, vers une
forme suraiguë (grippe maligne
avec hémorragie intra-alvéolaire et
oedème lésionnel), vers des formes
subaiguës ou chroniques avec
fibrose pulmonaire diffuse.
3.2. Aspects
radiologiques
3.2.1. Le syndrome interstitiel est
classique dans les pneumopathies virales.
Il comporte des signes proximaux avec
effacement des contours vasculaires dans
la région paracardiaque par des opacités
péribronchovasculaires, et des signes
périphériques avec présence de lignes de
Kerley et renforcement des scissures.
3.2.2. L'aspect de pneumonie et de
broncho-pneumonie est le fait de certains
micro-organismes et de formes
compliquées. Il réalise des opacités
systématisées homogènes, des opacités
plurifocales à limite floue plus ou moins
confluantes, systématisées ou diffuses,
toujours hétérogènes. L'oedème lésionnel
grave réalise une forme alvéolaire diffuse
bilatérale.
3.2.3. L'association avec un épanchement
pleural inflammatoire ou septique est
fréquente, avec des adénopathies hilaires
ou médiastinales, est possible. Par contre,
contrairement aux pneumopathies
bactériennes, il n'existe pas de nécrose ou
d'excavation, pas d'empyème, pas
d'épanchement pleural enkysté.
3.2.4. Les séquelles peuvent réaliser des
bronchiolites oblitérantes, des petits
poumons clairs unilatéraux (Syndrome de
Mac Leod) ou des dilatations bronchiques,
focalisées ou diffuses.
3.3. Formes cliniques selon
l'agent causal et le terrain
3.3.1. Les virus vrais
1 - Myxovirus ou paramyxovirus
La grippe est due à un Myxovirus
influenzae. Elle entraîne rarement, par
rapport à sa fréquence, une bronchopneumonie avec atteinte interstitielle pure,
guérissant en 8 à 20 jours.
Exceptionnellement, elle est source d'une
oedème alvéolaire lésionnel diffus mortel.
Les surinfections sont toujours possibles,
en particulier à Hémophilus.
Myxovirus para influenzae est source d'une
pneumopathie proche de la grippe.
La rougeole (paramyxovirus) et les
oreillons (Myxovirus) sont responsables de
séquelles bronchiques à type de dilatations
bronchiques.
Le VRS, virus respiratoire syncytial
(paramyxovirus) est responsable de
bronchites et de broncho-pneumonies chez
l'enfant. Le danger est celui de séquelles
importantes tant pulmonaires que
bronchiques.
2 - Les adénovirus sont rarement
responsables de broncho-pneumonie
3 - Herpès virus (HV)
La varicelle (HV varicellae) entraîne
rarement de problème chez l'enfant sauf s'il
est immunodéprimé. Chez l'adulte, elle est
source dans 75% des cas d'une atteinte
pulmonaire par voie hématogène
responsable d'image en "pachy" dont la
régression se fait avec des
microcalcifications parenchymateuses.
Cytomégalovirus (CMV) est responsable,
chez l'immunodéprimé et en particulier
chez le greffé de moelle osseuse, d'une
pneumopathie interstitielle diffuse grave, à
type d'oedème lésionnel. L'aspect est celui
d'images alvéolaires diffuses et bilatérales.
Epstein Barr Virus (EBV) responsable de
la mononucléose infectieuse, peut être
source chez l'adulte jeune, d'adénopathies
hilaires et médiastinales. Chez
l'immunodéprimé, on pourrait observer une
pneumopathie hétérogène confluante.
3.3.2. Les germes apparentés,
comme les bactéries, sont sensibles
aux antibiotiques.
1 - Le mycoplasme ou Mycoplasma
pneumoniae peut entraîner une
pneumopathie interstitielle de type virale
mais également une broncho-pneumonie
typique qui peut régresser en 48 heures
sous traitement adapté (Cyclines ou
Macrolides). Les épanchements pleuraux
sont fréquents (20%), la pneumopathie est
rarement grave et survient par petites
épidémies. Un signe évocateur est
l'existence d'une anémie hémolytique avec
présence d'agglutinines froides.
2 - La chlamydiose, due à Chlamydia
psittaci, est source d'un syndrome grippal
et parfois d'hémoptysies.
Radiologiquement, elle est responsable
d'une broncho-pneumonie ou d'un foyer
systématisé plus ou moins rétractile, dont
l'évolution est favorable sous cyclines. Non
traitée, dans les cas graves, elle
s'accompagne de signes digestifs et d'une
encéphalopathie et évolue vers le décès du
malade. La source de contamination est
représentée par les oiseaux, en particulier
les perruches et les perroquets.
3 - Les rickettsioses sont représentées par
la fièvre Q, due à Rickettsia burnetti,
transmises par la tique, responsable d'une
pneumopathie rarement sévère, parfois
accompagnée d'épanchements pleuraux ou
péricardique.
4. LA
TUBERCULOSE
4.1. Généralités
La décroissance du nombre de cas de
tuberculose a régressé voir disparu depuis
l'augmentation du SIDA. Sa fréquence est
importante chez les transplantés
géographiques et chez les Africains noirs.
4.2. La primo-infection
La primo-infection est actuellement évitée
en France par le BCG mais elle peut
encore atteindre des enfants de milieu
défavorisé. Elle se traduit par un virage des
tests tuberculiniques, une altération de
l'état général, un érythème noueux, ou une
image radiologique; celle-ci reste
cependant normale dans 50% des cas.
1- Dans la forme simple, le chancre
d'inoculation est une petite image
nodulaire à la base droite, en général
isolée, de type alvéolaire (contours flous).
Il est accompagné par une adénopathie
homolatérale, hilaire, interbronchique, ou
latéro-trachéale de forme arrondie ou
polycyclique, rarement volumineuse.
L'examen TDM permet de voir une prise
de contraste périphérique et une nécrose
centrale.
L'aspect séquellaire est celui du complexe
gangliopulmonaire calcifié avec
calcifications nodulaires du chancre et
calcifications globales de l'adénopathie.
2 - Les formes complexes sont représentées
par l'excavation du foyer qui est rare,
survenant sur des chancres de grande taille
chez de grands enfants ou chez l'Africain.
Les troubles de ventilation sont dus à une
compression bronchique par un ganglion,
avec éventuellement fistulisation. Cet
aspect impose l'endoscopie. Le foyer
rétractile peut s'accompagner d'une
distension des autres territoires. Les
épanchements pleuraux sont possibles,
parfois réduit à un comblement du cul de
sac pleural.
3 - Les formes compliquées sont
représentées, en extra thoracique, par les
méningites, les péricardites et les atteintes
rénales. Au niveau du poumon par la
fistulisation et la miliaire. Sur le plan du
terrain par les formes du nouveau né et du
nourrisson.
La fistulisation, essentiellement chez le
nourrisson de race noire, est source d'une
insuffisance respiratoire aiguë sévère avec
syndrome d'inhalation. On observe des
opacités alvéolaires disséminées dans les
deux champs pulmonaires à type de
broncho-pneumonie. Chez le sujet plus
grand, elle se traduit simplement par la
persistance de la présence de BAAR dans
les crachats et les tubages. A terme, cette
fistulisation sera responsable de séquelles
bronchiques avec syndrome alvéolaire ou
syndrome rétractile survenant toujours
dans le même territoire, le plus souvent le
lobe moyen ou le segment ventral du lobe
supérieur droit. L'endoscopie montre des
lésions cicatricielles et une sténose. La
TDM montre des séquelles calcifiées au
niveau du hile et l'image rétractile lobaire
ou segmentaire, siège de dilatations
bronchiques.
La miliaire est une complication rare de la
primo-infection tuberculeuse, mais elle
peut survenir plus tard. Elle traduit une
septicémie à partir du chancre. Elle est
responsable de multiples foyers interstitiels
visibles après quelques temps d'évolution.
Radiologiquement, il s'agit de multiples
images punctiformes donnant une
impression de prédominance aux bases par
sommation. Les grains sont inférieurs à 3
mm avec quelques images réticulaires. Ces
images ne sont pas toujours évidentes et
une image miliaire peut être recherchée sur
un profil ou sur un examen TDM en
coupes de 10 mm. Ces coupes épaisses
permettent de mieux visualiser les images
nodulaires par sommation (bonne
sensibilité). Les coupes fines permettent de
mieux individualiser les nodules
(spécificité).
La forme du nourrisson peut être grave en
raison d'adénopathies volumineuses
compressives, source de trouble de
ventilation et posant un problème de
diagnostic différentiel avec une
hémopathie. Nous avons vu les problèmes
posés par la fistulisation de ces
adénopathies chez le nourrisson de race
noire.
Chez le nouveau-né, le contage a souvent
été antérieur à l'accouchement, par voie
transplacentaire ou inhalation de liquide
amniotique. L'infection peut être source
d'une foetopathie, d'une hypotrophie, d'une
hépatosplénomégalie et de lésions miliaires
parenchymateuses. Parfois, il s'agit d'un
syndrome d'inhalation avec opacités
alvéolaires diffuses. D'autres atteintes sont
possibles, osseuses, méningées ou rénales.
4.3. La tuberculose
post-primaire
La tuberculose post-primaire est
découverte chez l'adulte, sur un examen
systématique, lors du bilan d'une
hémoptysie, d'une atteinte de l'état général,
plus rarement d'une insuffisance
respiratoire aiguë. Le diagnostic est
bactériologique; l'histologie, évocatrice,
n'est pas totalement spécifique.
1 - La sémiologie radiologique de base est
très polymorphe comportant des images
nodulaires, des images cavitaires, des
opacités alvéolaires systématisées ou non.
Les nodules sont présents dans 90% des
cas, siégeant aux sommets, dans les
segments postérieurs des lobes supérieurs
ou dans les segments apicaux des lobes
inférieurs. Ils sont de type alvéolaire, le
plus souvent multiples, mesurant 3 à 15
mm de diamètre et d'évolution lente.
Les images cavitaires sont des images
aériques, rarement hydroaériques, de
contours non parfaitement ronds, à limites
nettes et à parois fines ou incluses au sein
d'une opacité. On visualise le plus souvent
un bronche de drainage. La présence de
micronodules autour de cette image
cavitaire est très évocatrice.
Les opacités alvéolaires systématisées
correspondent aux pneumonies
tuberculeuses. Il s'agit d'un syndrome
alvéolaire systématisé avec
bronchogramme aérien, siégeant, chez
l'adulte sain, toujours au niveau des lobes
supérieurs, le plus souvent à droite. Cette
condensation est presque toujours siège
d'une image cavitaire. Une atteinte
ganglionnaire est fréquente. Le caractère
rétractile de cette pneumopathie est très
fréquent et très précoce avec présence, sur
l'examen TDM, de bronchiectasies par
traction. Ce caractère rétractile a un
mauvais pronostic fonctionnel.
2 - Les formes radiologiques
La miliaire bronchogène est responsable
d'opacités nodulaires alvéolaires par
inhalation après rupture d'un foyer dans
une bronche. L'aspect est celui d'une
broncho-pneumonie qui siège dans les
segments ventraux homolatéraux ou
controlatéraux (image de bilatéralisation
typique de tuberculose). Le foyer d'origine
est le plus souvent une caverne apicale
mais il peut s'agir d'une nodule ou d'une
adénopathie.
Le tuberculome est une opacité à contours
nets, mesurant 3 cm de diamètre ou plus,
siège de calcifications centrales, et
résistante au traitement antituberculeux. Le
diagnostic différentiel en est le cancer avec
présence de calcifications,
l'hamartochondrome ou la tumeur
carcinoïde.
La tuberculose ganglionnaire est rare chez
l'adulte de race blanche. Elle est très
fréquente chez l'Africain noir et devient
actuellement fréquente chez le malade HIV
(+) ou atteint de SIDA. L'examen TDM
avec injection de produit de contraste est
très intéressant pour montrer le caractère
nécrotique de ces adénopathies.
L'atteinte bronchique peut n'être traduite
que par la présence de BAAR dans
l'expectoration alors que la radiographie de
thorax est normale. Ailleurs, c'est une
complication d'une atteinte ganglionnaire.
3 - Les formes cliniques, fonction du
terrain
Le vieillard fera plus facilement une
tuberculose des bases
L'Africain noir fait essentiellement une
forme ganglionnaire mais également une
tuberculose osseuse, vertébrale, souvent
multifocale qu'il faut systématiquement
rechercher chez ces malades, si possible
par IRM. Ils font également des
tuberculoses rénales associées.
Chez le malade VIH (+), essentiellement
des toxicomanes ou des Haïtiens, la
tuberculose est surtout ganglionnaire, à
type de miliaire ou de pleurésie ou enfin à
type de pneumonie. Celle-là siège dans la
moitié des cas aux bases. La radiographie
de thorax peut être normale et l'on doit
alors rechercher par TDM, si la clinique y
invite, des adénopathies médiastinales.
Cette tuberculose a la même sensibilité au
traitement antituberculeux. Il existe chez
ces malades des formes généralisées. Les
formes typiques, ulcéro-caséeuses, sont
possibles au stade initial de
l'immunodépession.
4 - Les formes bactériologiques
Les mycobactérioses atypiques ont souvent
un aspect radiologique identique à la
tuberculose. C'est la culture qui permet de
montrer que ces BAAR correspondent,
pour les plus fréquents, à un
Mycobacterium xenopi, kansasii ou avium
intra cellulare (MBAIC). Les deux
premiers colonisent parfois seulement des
lésions séquellaires ou les bronches de
bronchopathes chroniques. Tous colonisent
fréquemment les malades atteints de SIDA.
Ces derniers, à un stade
d'immunodépression avancé font
d'authentiques pneumopathies ou
infections disséminées à MBAIC. Ces
germes sont le plus souvent résistants au
traitement antituberculeux classique.
5 - Les formes séquellaires
Les séquelles parenchymateuses peuvent
être minimes ou inexistantes mais le plus
souvent ces séquelles sont à type de
cicatrice fibreuse, de calcifications, de
sclérose de foyer systématisé rétractile
avec présence de dilatation bronchique.
Certaines complications sont dues aux
traitements. Les pneumoséreuses
thérapeutiques sont responsables
d'émoussement du cul de sac pleural, ou de
la présence d'une coque pleurale plus ou
moins calcifiée avec parenchyme
pulmonaire sous-jacent peu fonctionnel.
L'apparition d'une fistule bronchopleurale
avec niveau hydro-aérique dans la cavité
résiduelle est signe d'une reprise évolutive
de la maladie ou d'une surinfection, à
pyogène ou à Aspergillus. Il faut
également connaître l'aspect des plasties à
billes ou des thoracoplasties.
L'aspergillome est une greffe aspergillaire
sur une caverne détergée
Le cancer sur cicatrice parenchymateuse,
en particulier cancer bronchiolo-alvéolaire
est possible, la cancérisation d'une poche
pleurale, voire l'apparition d'un lymphome
est exceptionnel.
5. MYCOSES
PULMONAIRES
Il existe deux types de mycose pulmonaire:
Des mycoses cosmopolites que sont
l'aspergillose, la cryptococcose, la
candidose et la mucormycose, et des
mycoses d'importation, représentées par
l'histoplasmose, la blastomycose et la
coccidioidomycose.
5.1. L'aspergillose
L'aspergillose est due à plusieurs espèces
d'Aspergillus, les plus fréquentes étant
fumigatus et flavus. Les atteintes
pulmonaires dues à l'Aspergillus sont
nombreuses et leur type est fonction de
l'état immunologique et immunitaire sousjacent.
Sur un terrain atopique, une allergie de
type I sera responsable d'un asthme
aspergillaire; une allergie de type III sera
responsable d'une aspergillose
bronchopulmonaire allergique ou maladie
de Hinson Pepys.
Une inhalation massive d'allergène est
source d'une allergie de type IV, et sera
responsable d'une alvéolite allergique
extrinsèque ou pneumopathie
d'hypersensibilité (PHS) pouvant évoluer
vers la fibrose.
Une immunodépression locale (déficit
local en macrophages), comme le réalise
une caverne détergée ou des
bronchectasies, est responsable d'une
colonisation aspergillaire avec formation
d'une boule mycélienne que l'on appelle
aspergillome, celui ci pouvant être intracavitaire, intrabronchique ou intrapleural.
Un déficit de l'immunité générale (forte
corticothérapie, aplasie, greffe de moelle
osseuse) sera responsable d'une
dissémination de l'Aspergillus au niveau
du parenchyme pulmonaire mais
également dans l'ensemble de l'organisme.
C'est l'aspergillose pulmonaire aiguë et
invasive. Elle est caractérisée par la
pénétration intratissulaire et en particulier
intravasculaire pulmonaire de l'aspergillus
qui est responsable de nécroses. Si ce
même phénomène survient uniquement
dans une portion localisée du poumon, on
est en face d'une aspergillose pulmonaire
semi-invasive.
1 - L'aspergillome réalise donc une
colonisation d'une cavité préexistante. On
voit successivement paraître un
épaississement de la paroi de cette cavité
avec rétraction de celle-ci, impression de
feutrage, fermeture de la cavité. Lorsque le
feutrage aspergillaire devient trop lourd,
son décollement et sa chute entraînent la
formation d'un "grelot" intracavitaire. Cette
image nodulaire intracavitaire est libre
dans la cavité comme le montrent des
clichés en décubitus dorsal puis ventral en
TDM. Cela explique le caractère déclive
du "grelot" surmonté d'un croissant
aérique. Ces aspergillomes sont en règle
responsables d'une hypervascularisation
bronchique et systémique périlésionnelle,
source d'hémoptysies de mauvais pronostic
malgré une embolisation et poussant à la
chirurgie si le malade est opérable. Des
traitements locaux percutanés guidés par
TDM sont proposés et en cours d'étude
chez les malades non opérables.
2 - L'aspergillose aiguë invasive survient
le plus souvent chez des malades
aplasiques après une phase d'aplasie
durable blastique puis thérapeutique, et en
règle après traitements anti-infectieux
lourds pour staphylococcie et infection à
pyocyanique. Elle est responsable
d'opacités rondes à limites floues,
augmentant en nombre et en taille, souvent
associées à des douleurs thoraciques. Une
excavation avec formation d'un séquestre
non déclive par envahissement artériel est
bien visible de façon précoce en TDM.
Cette excavation survient le plus souvent
en sortie d'aplasie. La phase prénécrotique
a été décrite en TDM par Kuhlman comme
une image en halo avec une image
nodulaire centrale et une image de
surdensité périphérique. Cette image, non
spécifique, peut se voir dans toute image
d'infarctus pulmonaire. Le pronostic de
cette infection, sur ce terrain, est
redoutable si l'immunodépression ne peut
pas être diminuée. Elle est aussi observée
chez les malades sous forte corticothérapie,
en particulier les greffés rénaux et plus
récemment chez les malades atteints de
SIDA, à un stade d'immunodépression
importante.
3 - L'aspergillose semi-invasive survient
sur un poumon préalablement ischémique
(infarctus ou irradiation). Le danger est le
passage à la forme aiguë et il faut discuter
une résection chirurgicale quand il en est
encore temps.
4 - Les affections à mucormycose sont
identiques aux précédentes; elles sont plus
rares et surviennent volontiers chez les
diabétiques.
5.2. La cryptococcose
La cryptococcose est due à Cryptococcus
néoformans. Sa dissémination se fait par
voie aérienne mais aussi hématogène chez
l'immunodéprimé (SIDA, malades sous
corticothérapie). Elle est alors responsable
d'adénopathies médiastinales, de foyers de
condensation pneumonique, de nodules,
d'images miliaires, de pneumopathies
interstitielles diffuses et de bronchopneumonie. Ces atteintes thoraciques sont
le plus souvent associées à une atteinte
méningo-encéphalique.
5.3. La candidose
La candidose, due à Candida albicans, ne
se voit que chez le malade très
immunodéprimé. Le plus souvent le
Candida reste saprophyte et on le retrouve
dans les voies aériennes, sans qu'il soit
responsable de la pneumopathie observée.
Dans les cas terminaux, il peut être
responsable de pneumopathies diffuses. La
rareté de ces pneumopathies à Candida
contraste avec la fréquence des atteintes
oesophagiennes et cutanées.
5.4. L'histoplasmose est
due à Histoplasma.
1 - L'Histoplasmose Américaine, due à
Histoplasma capsulatum, est responsable
d'adénopathies médiastinales également à
centre hypodense en TDM, comme dans la
tuberculose. L'aspect de l'atteinte
pulmonaire est identique à celle de la
tuberculose.
2 - L'Histoplasmose Africaine, due à
Histoplasma duboisii, est responsable de
lésions identiques à celles de la tuberculose
avec des complexes ganglio-pulmonaires
puis une dissémination aiguë de type
miliaire. On peut visualiser des chancres
parenchymateux nécrosants. Il existe en
outre une atteinte cutanée et osseuse.
5.5. La blastomycose et
la coccidioïdomycose sont
exceptionnelles en France.
6. LES
PARASITOSES
Elles sont actuellement dominées par la
pneumocystose en raison de sa grande
fréquence chez le malade atteint de SIDA.
La toxoplasmose pulmonaire augmente de
fréquence pour les mêmes raisons. Chez
les malades communs, non
immunodéprimés, les parasitoses
pulmonaires sont dominées par le kyste
hydatique, l'echinococcose alvéolaire et la
paragonimose.
6.1. La pneumocystose
La pneumocystose était connue auparavant
chez l'enfant et chez l'immunodéprimé
sous corticoïde (greffé rénal, malade atteint
de lupus érythémateux aigu disséminé).
Actuellement, elle atteint essentiellement
le malade VIH (+) qu'elle fait passer au
stade de SIDA. La symptomatologie
clinique est faite d'une toux, d'une
hyperthermie et d'une dyspnée. Ce tableau
est plus subaigu chez les malades atteints
de SIDA que chez les autres
immunodéprimés.
1 - L'aspect radiologique typique est celui
d'une pneumopathie interstitielle diffuse à
type de surdensité en plages, bien visible
en TDM sur des coupes fines.
L'aggravation peut se faire vers une
majoration des opacités qui prennent un
aspect alvéolaire diffus et deviennent
source d'une insuffisance respiratoire
aiguë. L'évolution est en règle défavorable
si ces lésions continuent à augmenter après
le 5ème jour de traitement.
La radiographie de thorax peut également
être normale chez les malades sidéens,
mais jamais chez les autres
immunodéprimés.
2 - Des aspects radiologiques atypiques
sont apparues chez les malades atteints de
SIDA avec présence d'images kystiques,
d'images nodulaires, d'images
ganglionnaires, d'épanchements pleuraux
et d'atteinte extra-thoracique. Le diagnostic
est en général fait par la présence du
parasite dans le lavage bronchioloalvéolaire.
6.2. La toxoplasmose
La toxoplasmose, chez le sujet sain, peut
entraîner un syndrome infectieux avec
adénopathies périphériques, voire
médiastinales et des opacités alvéolaires
visibles en radiographie standard ou en
TDM. Souvent, le diagnostic initial
évoqué, est celui de mononucléose
infectieuse. Chez le malade atteint de
SIDA, il s'agit d'une infection opportuniste.
L'atteinte thoracique, qui s'associe le plus
souvent à une atteinte méningée, est une
pneumopathie interstitielle en plage de
faible densité, plus ou moins associée à des
foyers alvéolaires diffus qui peuvent être
excavés. Le diagnostic est fait sur la
ponction lombaire et le LBA qui montrent
la présence de Toxoplasma gondii.
6.3. L'Hydatidose
L'Hydatidose ou Echinococcose hydatique
atteint l'homme sain qui représente un hôte
intermédiaire.
1 - Le kyste sain non compliqué siège
n'importe où dans le parenchyme
pulmonaire. Il s'agit d'un syndrome de
masse de tonalité hydrique à contours
réguliers plus ou moins bosselés, de taille
variable allant de 2 à 10 cm. Cette masse
apparaît déformable et s'aplatit au contact
du diaphragme. Les calcifications sont
exceptionnelles dans le thorax. L'examen
TDM peut montrer le caractère liquidien
plus ou moins cloisonné de la masse.
L'échographie montre la même chose s'il
existe un contact pariétal.
2 - Le kyste compliqué est dû à une
fissuration dans une bronche. Cette
fissuration s'accompagne d'une hémoptysie
et éventuellement d'une vomique
hydatique. Radiologiquement, il s'agit
d'une image hydro-aérique, soit image
ronde surmontée d'un croissant clair, soit
niveau hydro-aérique mamelonné et
irrégulier due à une membrane décollée.
3 - Les autres formes sont représentées par
des formes multiples évoquant des
métastases, des formes à localisation
pleurale, médiastinales ou osseuses. Des
formes mal décelées sur la radiographie du
thorax. Le diagnostic est souvent orienté
par le contexte épidémiologique. La
sérologie peut être négative dans les
atteintes pulmonaires contrairement à
l'atteinte hépatique. La ponction
transthoracique est contre-indiquée.
4 - Le traitement est chirurgical. Il faut
éviter la dissémination, source de récidive.
6.4. La Paragonimose
La Paragonimose est une dystomatose
(Paragonimus ringeri) que l'on rencontre
au Japon, en Asie, en Extrême Orient mais
aussi en Afrique et en Amérique du sud. La
transmission se fait par ingestion de crabes
ou écrevisses d'eau douce crus ou mal
cuits. Son aspect est très semblable à la
tuberculose. C'est une granulome
inflammatoire réalisant une image
nodulaire puis une image d'aspect kystique.
Parfois, elle prend un aspect évocateur en
anneaux. Il peut exister des calcifications
et des épanchements pleuraux.
6.5. L'Echinococcose
alvéolaire
L'Echinococcose alvéolaire est acquise par
ingestion de myrtilles souillées par le
renard, essentiellement dans les Vosges et
en Alsace. Il existe essentiellement une
atteinte hépatique mais il peut existe une
atteinte pulmonaire associée à cette atteinte
hépatique faite de nodules multiples, voir
d'abcès. L'évolution en est lente.
6.6. L'Amibiase
L'Amibiase, due à Entamoeba histolytica,
est responsable d'abcès amibiens. Ces
abcès siègent à la base droite, en contiguïté
avec une atteinte hépatique qui sera
visualisée par échographie. Cet abcès fait
suite à un antécédent plus ou moins
retrouvé de colite amibienne puis d'atteinte
hépatique. L'abcédation avec fistulisation
bronchique est responsable d'une
expectoration "chocolat". Cette rupture
peut être source d'abcès métastatiques, de
localisations variables. Parfois, il peut y
avoir rupture au niveau de la plèvre. Le
simple contact est responsable d'une
pleurésie sérofibrineuse lymphocytaire.
6.7. La Bilharziose
La Bilharziose pulmonaire est plus
fréquente avec Schistosoma haematobium
(urinaire et vésicale), que mansoni
(intestinale et hépatosplénique). Elle est
responsable d'un syndrome de Löffler ou
d'une hypertension artérielle pulmonaire
par prolifération des oeufs et formation de
granulome péri-artériel. Une bilharziose est
à rechercher systématiquement devant un
coeur pulmonaire chronique si l'on ne
retrouve pas la notion d'embolie
pulmonaire. Des formes chroniques
pseudotuberculeuses ou aiguës à types de
broncho-pneumonie ou d'oedème
pulmonaires sont plus rares.
6.8. La Filariose
La Filariose dite lymphatique, due à Brugia
malayi et Wuchereria bancrofti est
responsable du poumon éosinophile
tropical traduit par de la toux, une dyspnée
asthmatiforme, une asthénie, quelques
adénopathies et une hépatomégalie. La
radiographie montre des infiltrats, des
images nodulaires, des adénopathies, un
épanchement pleural. A l'âge adulte, la
filaire peut être responsable d'un blocage
du canal thoracique, source de chylothorax.
Ailleurs, Dirofilaria immitis qui prolifèrent
dans les artères, est responsable de nodules
et d'infarctus.
6.9. L'Anguillulose
L'Anguillulose ou Strongyloïdose est due à
Strongyloïdes stercoralis. Comme l'ascaris,
elle est responsable d'un certain nombre de
syndrome de Löffler. Dans les formes
chroniques elle est responsable d'une
image miliaire ou d'opacités systématisées.
Chez l'immunodéprimé sous corticoïdes,
elle est surtout responsable d'oedème
lésionnel par choc sur bactériémie à Gram
négatif. Chez les malades atteints de SIDA,
elle peut être également responsable de
pneumonie plus ou moins hémorragique
dans laquelle on retrouve le parasite.
6.10. Les autres
parasitoses
L'ascaridiose due à Ascaris lumbricoïdes,
est responsable d'infiltrats labiles ou
syndrome de Löffler. Ces infiltrats sont des
opacités mal systématisées, fugaces et
migratrices.
La Toxocarose due à Toxocara Canis et
Cati est responsable de migrations
nocturnes source d'accès de dyspnée
nocturne avec présence d'infiltrats labiles.
La Trichinose due à Trichinella spiralis est
responsable, là encore d'infiltrats labiles
associée à une hyperthermie, de la
diarrhée, des myalgies, une éruption et de
la dyspnée. Dans les formes graves, il
existe une encéphalite, un oedème
pulmonaire et une myocardite.
Le Paludisme, lorsqu'il est dû à
Plasmodium falciparum, peut être
responsable d'un oedème lésionnel mortel.
L'ankylostomiase est rare.
La Cysticercose est source de calcifications
au niveau de la paroi thoracique.
La Leishmaniose doit actuellement être
prise en considération en raison des
publications récentes concernant les
malades sidéens chez lesquels ont décrit
des atteintes pleurales, parenchymateuses
et ganglionnaires médiastinales.
7.
BIBLIOGRAPHIE
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