Chloé Riban Camille Ruiz Cindy Verger Colonisation et

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Chloé Riban
Camille Ruiz
Cindy Verger
Colonisation et décolonisation en Méditerranée
Dossier réalisé dans le cadre du cours Le Système Méditerranéen
M.Tozy
1er semestre 2011
Introduction
La Méditerranée est un espace marqué par une histoire d’occupation entre les peuples. Le
dictionnaire Larousse définit la colonisation comme un « territoire occupé et administré par une
nation en dehors de ses frontières, et demeurant attaché à la métropole par des liens politiques et
économiques étroits ». Cependant, nous estimons que ce sujet est trop complexe pour être traité
dans un dossier merdique de quinze page. Nous allons cependant nous interrogerons sur l’effet de
ces occupations sur le territoire méditerranéen. C’est à travers l’exemple des deux grandes vagues de
colonisation et de la décolonisation que nous entendons comprendre les causes et les incidences de
ce phénomène. Par soucis d’intelligibilité et du fait de la largeur du sujet, nous avons fait le choix de
présenter une chronologie non exhaustive des événements et de nous concentrer sur quelques
aspects essentiels.
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Partie I. La colonisation dans l’Antiquité
Les colonies grecques
(Carte provenant du site
http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/carte/GRANTCARTE001.jpg)
S’il y a eu colonisation grecque dans l’Antiquité, en parler en ces termes relève de
l’anachronisme car il ne recouvre pas les même réalités que dans le monde moderne. En effet, les
mot “colonie” découle du terme latin colonia et fait donc référence à des comportements
impérialistes qui ne sont pas pertinents pour l’étude de la colonisation grecque puisqu’il n’y avait pas
d’unité politique. En grec, apoikia signifie simplement “une maison loin de la maison”, la
transplantation de citoyens hors de la Cité. Jean Bérard propose un rapprochement entre ce
phénomène et l’image d’un essaim d’abeille, qui, lorsque la population est trop nombreuse, se
scinde en deux essaims. L’un reste sur place tandis que l’autre s’établit ailleurs et devient ainsi une
communauté indépendante de la première.
La colonisation grecque a lieu du VIIIe siècle au VIe siècle avant J.-C., lorsque des colons grecs
quittent la Cité mère (métropolis) pour fonder une nouvelle ville en terres barbares. Dans un premier
temps, ce mouvement se dirige vers la Mer Noire, la Lybie, ainsi que l’Italie méridionale et la Sicile.
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Chronologie et géographie générales
Le peuple phénicien est le premier à étendre son influence aux deux bassins méditerranéens,
grâce aux innovations de leurs techniques de navigation, qui leur permettent d’entreprendre des
voyages plus poussés et également d’établir des comptoirs commerçants sur les côtes. Les grecs
s’inspirent du modèle afin de fonder des comptoirs et des ports marchands dans leurs colonies.
Ainsi, les premiers colons grecs cherchent des terres agricoles et proviennent
majoritairement de l’Ile d’Eubée et de Grèce Continentale. Selon des faits rapportés par Thucydide,
les premières colonies sont fondées par les chalcidiens et des erétriens en -770 dans les îles
Pithécousses. Des mégariens fondent Mégara Hyblaea vers -750, tandis que Syracuse est fondée par
des corinthiens en -733.
En général, on distingue deux phases du mouvement colonial grec : la première phase, dite
modérée, se situe environ entre -775 et -675. Durant cette période, les métropoles sont encore peu
nombreuses et la colonisation se réduit donc à quelques fondations isolées, dans des zones réduites.
Lors d’une seconde phase, dite accélérée, de -625 à -510, le phénomène s’amplifie et les motifs
commerciaux prennent de l’importance, ce qui permet l’enrichissement des cités. Certaines colonies,
comme Syracuse, établiront elles-mêmes des colonies.
Avant d’établir de véritables cités, les colons installent au préalable des comptoirs sur les
côtes, en Occident ou sur les contours de la Mer Noire, afin d’acheminer les marchandises de
l’arrière-pays. C’est ainsi, par exemple, que Phocée fonde Massalia au début du VIe, dans l’optique
de se procurer des métaux. Par la suite, ces comptoirs se transforment peu à peu en cités.
Cependant, à l’exception de Naucratis et Cyrone, on trouvait peu de colonies sur la côte orientale de
la méditerranée et sur les côtes africaines car ces rivages étaient occupés par les phéniciens.
Durant ces trois siècles, le monde grec connaît une grande extension. Cependant, les grecs
n’exercent jamais un contrôle continu sur de vastes territoires comme le sera la colonisation plus
tard. Il s’agit donc d’une série de comptoirs de superficie limitée, et séparés.
Les causes de départ
Il existe de multiples causes d’expatriations mais les principales sont le surpeuplement et la
mauvaise qualité du sol, les luttes politiques internes aux communautés, ainsi que le désir de
développer le commerce.
En effet, la pauvreté du sol, ajoutée au surpeuplement, est telle qu’une augmentation
démographique, fut-elle gère, conduit à l’impossibilité de nourrir l’intégralité de la population. Les
zones de départ sont donc celles le sol est peu propice à l’agriculture, et la répartition de la
propriété foncière est inégale.
De plus, certaines cités sont troublées par des luttes intestines, ce qui peut pousser un
groupe de personnes à s’expatrier. Selon Strabon, la colonie de Rhégion a été en partie fondée par
des Chalcidiens, qui avaient été chassés de Chalcis suite à une disette en Eubée. La cité aurait
contraint un dixième de ses citoyens à quitter les lieux.
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Enfin, l’argument commercial n’est pas négligeable dans les motivations des grecs à
l’expatriation. Le premier établissement grec en Occident date de -770 à Pithécusses, dans l’île
d’Ischia. Cette colonie devait constituer un lieu d’échange entre Orient et Occident.
Cependant, il convient de préciser que ces mouvements ne correspondent pas à des départs
massifs mais étaient souvent limités à quelques centaines de colons, provenant souvent de
différentes cités. Par exemple, la colonie d’Appolonia d’Illyrie aurait été fondée par Gylax,
accompagné de corinthiens et de colons venus de Corcyre. L’établissement colonial n’est donc pas le
fait d’une cité unique, mais, par la suite, les récits de fondations sont remaniés voir totalement
réécrits, afin que la colonie soit liée à une unique métropole.
Les conditions de création de la colonie
Il convient de distinguer les colonies autonomes (apoikia), dont les seuls liens avec la
métropole sont religieux, et les clérouchies, instaurées par Athènes au Ve siècle, qui font partie du
territoire de la Cité et dont les colons demeurent citoyens.
Hérodote a montré le le de l’oracle d’Apollon à Delphes dans la fondation d’une cien
terres étrangères et surtout dans le choix du lieu de l’implantation. La Pythie peut encourager ou
dissuader les colons. Le sacré et les divinités jouaient un le important dans la délimitation de
l’espace. Le transfert religieux de la cité mère à la nouvelle colonie s’opère notamment par le
symbole du feu sacré, que les colons amènent jusqu’à la terre nouvelle.
La création de la colonie s’appuie également sur un fondateur, appelé oikiste, dont le rôle est
de diriger la fondation coloniale et l’expédition. Il est, après sa mort, objet d’un culte, comme par
exemple Nattos, fondateur et roi de Cyrène. Le fondateur est en général choisit dans une ancienne
famille et doit consulter Delphes pour connaître l’opportunité d’un départ et le lieu choisi par les
dieux. Suite à quoi, les colons partent seuls, sans femme ni enfant, afin d’établir leur domination sur
les indigènes et d’installer le feu sacré de la métropole.
La colonie classique devient par la suite indépendante de la métropole, même si elle a
souvent adopté ses institutions et ses divinités. Les colons gardent parfois des obligations religieuses
envers leur métropole mais il n’y a en revanche pas d’obligation de soutien militaire ou d’échanges
commerciaux exclusifs. Ils échangent leur ancienne citoyenneté pour celle de la nouvelle colonie.
L’insertion de la colonie dans un nouvel environnement peut s’avérer une réussite, comme
lors de la fondation de Massilia, rapportée par Strabon, avec le mariage de Protis et de Gyptis, fille du
roi des Ségobriges, qui symbolise l’union des deux populations. Dans d’autres cas, la rencontre est
moins fructueuse : par exemple, en Egypte pharaonique, les grecs étaient cantonnés au comptoir de
Naucratis et dépourvus de liberté de circulation dans le reste des terres.
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La colonisation romaine
(L’Empire Romain http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/images/Empire_romain2.gif)
Durant la période de l’Empire Romain, la mer Méditerranée est envisagée comme le « lac
romain », on parle de Mare Nostrum.
La colonisation romaine est à différencier de la colonisation grecque. En effet, si les colonies
grecques sont autonomes vis-à-vis de leur cité fondatrice, la colonisation romaine relève d’un plan
méthodique de puissance et d’ambitions politiques, et sert en cela la ci principale. Les colonies
romaines sont clairement destinées au contrôle d’un territoire. Ce sont d’abord des garnisons
militaires, qui évolueront en colonies de peuplement à partir du IIIe siècle avant J.-C. Leur
implantation suit l’extension de la domination romaine : en Italie, puis en Sicile, en Sardaigne, en
Hispanie et enfin en Afrique. Les Res Gestae d’Auguste nous donnent des informations importantes
sur la colonisation. Le but des colonies romaines est de transformer des villes déjà existantes, dans
l’optique de leur procurer de l’importance et du prestige, et non pas de fonder une ville ex-nihilo
comme cela a pu être le cas au temps des grecs.
Il convient cependant de distinguer deux types de colonies :
La colonie dite romaine (colonia civum romanorum) remonte à l’époque de la République et
désigne une sorte d’avant-poste de l’état romain. Rome envoie quelques soldats sur des territoires
stratégiques d’Italie. Ce type de colonie obéit à un objectif de romanisation. La cité nouvellement
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