Le monde depuis 1945 CHAPITRE I : Emancipation des peuples « dépendants » et émergence du Tiers-monde Problématique Comment passe-t-on d’un logique bipolaire à une logique multipolaire ? En quoi la décolonisation est un facteur de passage d’un monde bipolaire à un monde multipolaire ? Doit-on parler d’un Tiers-monde ou des Tiers-mondes ? I] Les facteurs de la décolonisation 1) Aspirations et détermination des peuples dépendants Système colonialisme : inégalités des populations colonisées par rapport aux colonisateurs, exploitation, développement dans les métropoles. En France, l’indigénat est le statut officiel qui place les populations colonisées à une situation juridique et sociale inférieure. Les mouvements nationalistes réclament plus d’autonomie et ensuite l’indépendance : Centrés sur la propre identité du pays colonisé et rejet de la culture du colonisateur S’appuyant sur l’idéologie et les valeurs occidentales (liberté, égalité, nation) avec Gandhi qui a fait ses études en Inde et au Royaume-Uni, et Hô chi minh qui a un parti politique où en 1886, il est au Congrès en Inde puis en 1941 au Congrès du Vietminh. 2) Le choc de la Seconde Guerre Mondiale et la nouvelle donne internationale La Grande Alliance est pour un combat de la liberté des peuples et de son égalité. Traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale sur la vieille Europe dite civilisée légitimant la colonisation. Pendant le conflit, les Alliés ont obtenu le soutien de leurs colonies contre une future autonomie, indépendance comme le fit entendre De Gaulle à Brazzaville au Congo en 1944. Le Japon a constitué un empire en récupérant les colonies grâce à une propagande nationaliste. Lorsque le Japon s’écroule, ses mouvements nationalistes prennent acte de leur autonomie. Au lendemain de la guerre, les Etats-Unis et l’URSS ont une politique anticoloniale : Etats-Unis : ancienne colonie, guerre d’indépendance URSS : liberté des peuples à visée internationale, doctrine Jdanov La décolonisation devient d’intérêts politiques pour étendre les zones d’influence des deux grands. 3) La résignation croissante des métropoles L’opinion des autorités politiques n’est pas ouverte sur une idée d’autonomie ou d’indépendance car l’empire colonial est considéré comme un facteur de puissance. Ceci dit, il y a une évolution qui se fait conciliante sur une solution inéluctable. Les pays occidentaux prônent la liberté, la guerre peut être coûteuse s’il y a une lutte contre l’indépendance. Protectorat des deux grands Courants idéologiques anti-colonialisme : Ferry, Clemenceau, l’Eglise II] Etapes et voies de la décolonisation 1) Les étapes a) Asie (1945-1955) A partir de la capitulation du Japon, on retrouve une idée d’indépendance des pays colonisés. Le Japon soutient l’idée des mouvements indépendantistes pour faire face à l’Europe. Il y a une forte imprégnation de l’idéologie marxiste-léniniste en Asie notamment l’idéologie de subversion soutenue par l’URSS. L’attitude américaine donne l’exemple en donnant l’indépendance aux Philippines en 07/1946 mais en y maintenant leurs intérêts économiques. Le monde indien appartient au Royaume-Uni et se retrouve face à l’activisme des indépendantistes depuis plusieurs décennies avec Nehru et Gandhi. Churchill y est opposé mais il est évincé lors des élections, son remplaçant Attlee y est pour. Négociations difficiles, fortes tensions : hindous et musulmans, ces derniers à travers une ligue musulmane d’Ali Jinnah veulent a séparation des deux peuples. Partage du monde indien, le 15/08/1947, entre l’union indienne avec les hindous et les musulmans qui a le Pakistan occidentale et le Bangladesh orientale en 1961. Le transfert de population fait un million de morts. L’île de Ceylan est indépendante en 1947, future Sri Lanka. La Birmanie (Myanmar) est indépendante à partir de 1948. Indochine : indépendance, le 02/09/1945 par Hô Chi Minh lors de la capitulation japonaise mais la France envoie des contingents. 03/1946 : accords de Fontainebleau, la France prépare une guerre de reconquête. 11/1946 : bombardements de Haiphong. 12/1946 : Hanoi, massacre d’européens. 07/05/1954 : Dien Ben Phu. 07/1954 : accords de Genève par Pierre Mendès France, indépendance de l’Indochine (Vietnam nord et sud), Cambodge et Laos. Indonésie : Sukarno, de sa propre initiative, veut négocier l’indépendance de son pays, le 08/1945. Les néerlandais ne sont pas réceptifs du mouvement, ils envoient des troupes de 1945 à 1947 afin de récupérer leur colonie mais par la pression de l’ONU, l’indépendance est proclamée en 1949. Malaisie : indépendance en 1957, refus des colons anglais. Proche-Orient : indépendance de la Jordanie et du Liban en 1943, Israël est indépendant en 1948 après que les anglais s’y retirent. b) Afrique (1955-1965) Suivi du modèle de l’Asie où la décolonisation n’est pas encore commencée. Conférence de Bandung en 04/1955 en Indonésie, Sukarno rassemble tous les dirigeants des colonies africaines dont Nasser, Tito et Zhou Enlai pour la Chine. Montrer l’affirmation des nouveaux pays indépendants (Asie) sur la scène internationale. Engager les pays africains, dénonciation du colonialisme, demande de soutien de l’ONU. Afrique du Royaume-Uni, a gardé un lien fort économique grâce au Commonwealth Ghana : mouvement nationaliste par Nkrumah, scolarisé en Occident Phase d’autonomie en 1951 Indépendance en 1957 Indépendance du Nigeria en 1960 et de la Sierra Leone en 1961 Décolonisation progressive par négociations Afrique australe et orientale : processus d’autonomisation avec une forte proportion de colons blancs. Troubles raciaux entre blancs et noirs où le pouvoir est desservi par les noirs. Indépendance du Kenya en 1963, de l’Ouganda en 1962 et du Soudan an 1956. Rhodésie : le nord devient le Zambie en 1964, le sud est en guerre civile sur le conflit d’autorité entre blancs et noirs où un régime d’apartheid s’installe jusqu’en 1985 devenant le Zimbabwe. Décolonisation avec troubles, tensions, problèmes. Afrique de la France, décolonisation facile, pacifique, arrachée ou guerre d’indépendance Création de l’Union Française en 1946, accords pour plus d’autonomie mais les pays restent colonisés. Election législative, représentation à l’Assemblée Nationale : Senghor (Sénégal) et Houphouët-boigny (Côte d’Ivoire) sont députés et deviennent ministres. Insurrection à Madagascar, réprimée dans le sang dès 1947. Maroc et Tunisie : protectorat français, collectivités locales mais revendications d’indépendance. Radicalisation, terrorisme, pression de l’ONU et des deux grands. Au Maroc, sultan avec le parti Istiqlal. En Tunisie, Bourguiba avec le Néo-Destour. Discours de Carthage en 1954 par Pierre Mendès France. Indépendance le 03/1956. Algérie : crise politique en France, facteur du changement de régime (de la IV ème à la Vème République) Statut différent, l’Algérie est divisée en trois départements, colonie de peuplement (1 million d’européens et 9 millions de musulmans). Insurrection à Sétif, réprimée durement. 1947 : nouveau statut avec plus de reconnaissance à la population arabe. A l’exemple de l’Indochine, l’Algérie crée une fondation, le FLN (Front de la Libération Nationale) et une armée, l’ALN. Toussaint 1954 : vague d’attentats qui annonce le début de la Guerre d’Algérie jusqu’en 1962. La France est accrochée à l’Algérie. En 1958, le FLN met en place le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République d’Algérie) où le siège est au Caire grâce au soutien de Nasser. Accords d’Evian en 03/1962 : l’Algérie est officiellement indépendante le 01/07/1962. Rapatriement des pied-noirs, problème des harkis (musulmans enrôlés dans l’armée française). L’Afrique Noire connaît une décolonisation pacifique en AOF (Afrique Occidentale Française) et AEF (Equatoriale). En 1956, la loi cadre Deferre propose soit une autonomie avec en relation la communauté française pour les aides économiques et financières, soit l’indépendance. Tous les pays ont choisi l’autonomie sauf la Guinée, l’indépendance de tous les pays est effectuée en 1960. Autres colonies européennes Congo Belge, futur Zaïre 1945-1947 : situation stable 1960 : troubles violents où les belges prennent peur et accordent l’indépendance en 1960 Lumumba et Kasavubu luttent contre le pouvoir Mobutu qui instaurera une dictature en 1965. Indépendance du Burundi et du Rwanda en 1962 Décolonisation portugaise : Salazar est dictateur du Portugal jusqu’en 1974, il refuse la décolonisation et dicte une politique d’assimilation des colonies (considérées comme un territoire européen, envoi de colons). MPLA : Mouvement pour la Libération de l’Angola, soutenu par l’URSS UNITA : Union Nationale pour la Libération de l’Angola, soutenue par les Etats-Unis « Révolution des œillets » en 1974 : guerre coûteuse, renversement pacifique de la dictature Indépendance du Mozambique et de l’Angola en 1975 : guerre civile actuelle 2) Les voies de la décolonisation a) Processus dépendant du statut des colonies Protectorat : administrations locales, relais d’autorité locale reconnu, exemple de la France avec le Maroc, la Tunisie, la Syrie, le Liban. Colonie de peuplement, d’exploitation : l’Algérie découpée en trois départements, maintenir le maintien des intérêts économiques. b) Attitude des métropoles France, Portugal, Pays-Bas : empire colonial est synonyme de prestige et de puissance, l’humiliation par l’Allemagne pendant le conflit incite, pour la France et les Pays-Bas, à restaurer leur prestige. Royaume-Uni Prêt à décoloniser grâce à l’entrée au pouvoir des travaillistes en 1945 Politique globale de décolonisation, progressivement dans le processus de décolonisation Bewin, ministre des affaires étrangères, instaure « give and keep », Sauvegarde ses intérêts économiques : Commonwealth c) Typologie des processus de décolonisation Emancipation pacifique : Royaume-Uni avec l’Inde, la Birmanie, le Ghana), France avec l’Afrique Noire Guerre de décolonisation, plus ou moins manquée : France avec l’Algérie et l’Indochine, Pays-Bas avec l’Indonésie, Portugal avec l’Angola Indépendance débouchant sur une guerre civile : Congo Belge, Rhodésie puis Kenya III] Emergence et difficultés du Tiers-monde 1) Volonté d’affirmation politique sur la scène internationale Etre indépendant par rapport aux colonisateurs et à la scène internationale Monde bipolaire : Etats-Unis ou URSS Neutralité avec Bandung en Indonésie en 1955 : volonté, refus de la bipolarisation Ligne de neutralité de l’Asie sur la Corée 1956 : politique autonome, crise de Suez, rapprochement de Nasser, Tito et Nehru étant le symbole de la neutralité est – ouest. 1961 : conférence de Belgrade, 25 participants Principe de non-alignement Volonté de Tito d’une autonomie par rapport à l’URSS pendant la détente « Tiers-monde » : expression de Alfred Sauvy en 1952 Troisième monde après le monde oriental et occidental Tiers états, troisième ordre de la société de l’Ancien Régime Extension progressive : ensemble des pays colonisés ensuite des pays sous-développés Asie, Afrique, Amérique Latine : « Sud » Affirmation envers l’ONU qui donne un siège par Etat 1961 : secrétaire générale de l’ONU est un birman, U Thant 2) Difficultés politiques du Tiers-monde a) A l’échelle nationale Fragilité des pays émancipés à travers de guerres civiles : problème ethnique, rivalité politique, régime dictatorial soutenu par les puissants pas suivant les intérêts économiques. Principe et valeur coloniale appliqués dans les pays émancipés où il y a un grand décalage Droits de l’homme, Etat-Nation, démocratie Chili : Pinochet renverse le gouvernement grâce à la CIA en 1973 Nigeria : affrontement entre ethnies divisées religieusement, Haoussas (musulmans) et Ibos (catholique), c’est la guerre du Biafra. Rivalité entre nouveaux pays émancipés : guerre interétatique b) A l’échelle internationale Les deux grands sont maîtres de la politique internationale, donc aucune neutralité possible. Les pays sousdéveloppés doivent choisir leur voie de développement, leur modèle idéologique. Le Tiers-monde est divisé entre pro-occidentaux (Arabie Saoudite, Amérique Latine) et prosoviétique (Cuba, Algérie, Ghana). Début des regroupements régionaux par partie de continent Panarabisme : grands pays arabes, ligue arabe islamique fondée en 1945 par Nasser Panafricanisme : grands pays africains, Union Africaine organisée en 1963 par Nkrumah. Le principe de non-alignement ne fonctionne pas. 09/1991 : dernière conférence des non-alignés à Accra au Ghana 3) Difficultés économiques Sous-développement : facteur de faiblesse, retard chronologique, dernier stade au développement Injection de capitaux pour favoriser le développement Organisation économique du monde non favorable au décollage économique Le Tiers-monde sollicitent des capitaux de leurs anciens colonisateurs en dons ou en prêts (coopération). Situation d’endettement basée sur l’agriculture (Côte-d’Ivoire) Néocolonialisme Les pays du Tiers-monde ont demandé un Nouvel Ordre Economique International (NOEI) Conférence des pays non-alignés : Lusaka en Zambie en 1970, Alger en 1973 Accords de Lomé au Togo en 1974 : partenariat entre UE et ACP Commission de l’ONU sur le commerce et le développement (CNUCED) créée en 1964 Evolution économique contrastée des pays du Tiers-monde Rapide avec les NPI Situation intermédiaire avec les PED Cas particuliers : pays pétrolier, création de l’OPEP en 1960 PMA (Pays les Moins Avancés) Conclusion Troisième monde, Tiers-monde Affirmation d’un monde multipolaire, rôle globalement faible Caractère divers et pluriel des nouveaux pôles CHAPITRE II : Les transformations économiques et sociales des pays industrialisés Problématique : En quoi cette double conjoncture, expansion et crise, a contribué à une profonde transformation des sociétés des pays industrialisés ? Croissance économique sans précédent au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale A partir des années 70, ces mêmes pays se retrouvent dans une période de difficultés Rapidité des transformations sociales, culturelles des modes de vie I] Les années de la croissance : « Trente Glorieuse » de Fourastié 1) Aspects de la croissance a) Expansion économique sans précédent Augmentation des productions de richesses (biens et services) à travers le PNB et PIB Pendant 30 ans, de 1945 à 1975 Moyenne mondiale à 5% par an Augmentation de l’emploi : plein emploi, période de prospérité b) Le choc de la Seconde Guerre Mondiale et la nouvelle donne internationale Agriculture : modernisation qui s’appuie sur l’industrie Augmentation des rendements : motorisation, mécanisation, chimisation. Nouvelles méthodes de culture intensifiées : agriculture productiviste, facteur fondamental de la croissance économique. Industrie : épanouissement de la seconde révolution industrielle (révolution des transports, pétrole) Essor des biens d’équipements et de consommation. Amorce de la troisième révolution industrielle avec l’industrie de pointe, locomotive de la croissance industrielle. Tertiaire et service : avènement de la société de loisir, rôle de l’Etat providence, développement de nouvelles activités autour de la production (cols blancs). c) Croissance différenciée des pays industrialisés Pays à économie libérale Allemagne et Japon : + 10% par an France, Italie, pays scandinaves, Pays-Bas, Luxembourg : + 6% par an Etats-Unis, Australie, Canada : 4% par an Royaume-Uni, Belgique : 2% par an dû à un vieillissement du potentiel de production, un manque d’investissement, une politique financière non adaptée malgré le maintien d’une monnaie forte. Pays à économie socialiste : croissance importante et en masse L’Etat est le seul acteur économique : nationalisation. Economies fonctionnant sur la planification : biens d’équipements en masse, pénurie en biens de consommations. 2) Facteurs de la croissance a) Contexte de l’après-guerre : facteurs économiques Nécessité de la reconstruction Les Etats-Unis donne de l’argent aux pays européens pour qu’ils achètent leurs produits. Les Etats-Unis mettent en place l’organisation économique du monde occidental où si l’économie est liée alors il y a moins de guerre, avec la stabilité des économies et des monnaies. Les Etats-Unis crée un nouveau SMI à partir des accords de Bretton Woods en 1944 où le dollar est la monnaie de référence basée sur l’or. Le FMI est chargé de surveiller les politiques économiques, budgétaires, monétaires des Etats pour le maintien et la stabilité, pour une régulation de l’économie internationale. Le GATT favorise le libre-échange par accords entre les pays pour les barrières douanières. Internationalisation des économies par les FMN américains. Politique interventionniste dans les Etats : Attlee au Royaume-Uni, Welfose State. b) Facteur technique et scientifique La Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide favorisent la recherche, des innovations applicables dans les secteurs industriels : Automobile, pétrochimie Apparition de nouvelles branches : nucléaire, ordinateur (microprocesseur,…) Les machines gagnent en puissance et en précision : mécanisation, automatisation Gains de productivité entraînant la croissance c) Facteur social Baby-boom : consommation, main d’œuvre Immigration : essor économique grâce à la main d’œuvre peu chère Mise en place d’un Etat providence : besoins de bases à la société (assurance, allocation), augmentation du pouvoir d’achat Changement de mode de vie : modèle de société par la consommation de masse 3) Les limites de la croissance a) Limites économiques A la fin des années 60, il y a un essoufflement de cette euphorie économique qui se traduit par certains indicateurs : Le chômage augmente légèrement notamment dans certaines branches industrielles. Réduction des gains de productivité. Ralentissement de la consommation. Problème d’inflation des prix. Les Etats ne maîtrisent plus leurs masses monétaires en circulation dont les Etats-Unis où le dollar est monnaie repère, Nixon suspend le dollar convertible en or en 1971, fin du SMI de 1944. 1972-1973, surchauffes de l’économie mondiale qui se prépare à un contexte de crise. Les économies socialistes ont des dysfonctionnements de planification, de production étatique. b) Limites sociales Poches de pauvreté : « Affluent society » de Galbraith « Laissés pour compte » de la croissance, écart de revenu. Population : minorités ethniques aux Etats-Unis, immigrés, certaines catégories d’ouvriers les moins qualifiés. Malaise social par rapport à l’organisation du travail Travail à la chaîne, cadence très dure Rythme de vie « Métro, Boulot, Dodo » Prise de conscience du problème écologique : limite du système de productivité par rapport à la pollution Scandale du Minamata au Japon, pollution au mercure de 1953 à 1960 1967 : marée noire en Bretagne 1971 : fondation de Greenpeace, au départ pour lutter contre les essais nucléaires américains Limite du système soviétique : Nomenklatura c) Interrogation sur la pertinence du modèle de société à l’occidental Le « Club de Rome » en 1968 regroupe des scientifiques, l’élite intellectuelle, des industriels dont FIAT, des experts : Notion de développement durable 1971-1972 : « Limits of growth » ou « Halte à la croissance » Idée d’une « croissance zéro » au risque de pollution, d’épuisement des ressources, cataclysme mondial, inégalité de croissance entre Nord et Sud. II] Les années de crise et de difficultés 1) Choc et ampleur de la crise a) Une crise brutale Le premier choc pétrolier en 1973 est dû à la guerre de Kippour en 08/1973 : OPEP, fondée en 1960, décide de multiplier par 4 le prix du baril de pétrole, l’objectif est d’atteindre les économies industrielles. Les coûts de l’approvisionnement sont élevés et se répercute sur les coûts de production freinant la consommation, la compétitivité,… Augmentation du chômage Problème d’inflation b) Une crise durable 1976 : reprise avec une croissance lente 1979 : deuxième crise pétrolière due à la révolution iranienne avec des tensions islamistes au Moyen-Orient OPEP multiplie par 3 le prix du baril de pétrole Recul de la production industrielle, flambée du chômage, inflation élevée 1982 : baisse du prix du baril de pétrole Inflation maîtrisée, chômage non résorbé Le chômage traduit une stagnation économique et l’inflation, un essor économique, c’est la stagflation soit une corrélation entre le chômage et l’inflation. c) Crise non uniforme « Trente Piteuses » de Nicolas Baverez Deux ans de croissance négative : 1975 et 1992 Période de récession, croissance molle à taux faibles : entre 1976 et 1979, il y a 5% de croissance par an pour les Etats-Unis et le Japon contre 10% pour les NPI. Nouvelle géographie des pays industriels dans le monde. De 1983 au milieu des années 90, sauf 1991 et 1993 : croissance lente Par rapport aux secteurs économiques Plus touché : industrie de la 1ère et 2ème révolution industrielle (charbon, textile, pétrochimie) Plus dynamique : tertiaire supérieur avec la finance, la bourse (économies qui s’autofinancent), et les services haut de gamme aux entreprises (marketing, ressources humaines, conseillers). 2) Interrogation sur les facteurs de la dépression a) Rôle des chocs pétroliers Forte répercussion, frein à la croissance En 1982, le prix du pétrole est en réduction malgré les difficultés qui persistent. Les Etats développent d’autres politiques énergétiques dont la France avec le nucléaire. La croissance des Trente Glorieuses n’était pas soutenue uniquement sur le pris du pétrole, il y a d’autres facteurs de dépression. Détonateur et révélateur de difficultés sous-jacentes. b) Désordre monétaire international Il y a concordance entre difficultés et suspension de la convertibilité dollar – or : Aucune concordance fixe entre les monnaies, flottement des monnaies Contribution à la gène des échanges internationaux SMI de 1944 est officiellement suspendu par les accords de Jamaïque en 1976. Augmentation des échanges mondiaux entre les années 80 et 90. c) Crise structurelle Limites de la consommation : système qui fonctionne sur une croissance appuyée sur la société de consommation en pleine expansion Pendant la fin des années 60 et début des années 70, tous les ménages sont équipés donc la consommation ne peut se faire qu’à travers le renouvellement de l’équipement. Diminution structurelle de la demande. Capacité de production : problème de saturation du marché, surproduction agricole. Diminution des coûts des matières premières agricoles, risque de baisse des revenus. Limites de la production Plafond atteint pour la société Coûts de production élevés à cause des salaires élevés Fiscalité plus élevée pour l’Etat providence Contexte de concurrence internationale : produits moins compétitifs Recherche de débouchés à l’étranger Deux solutions s’offrent aux entreprises Vendre moins cher : robotisation plus avancée, degrés de technicité plus haute, amélioration de la productivité et baisse des coûts de production. Délocalisation industrielle vers les NPI Le chômage ne se résout pas Fin de la période du plein-emploi Apparition d’un chômage structurel Limite d’une société de consommation étant le fondement de la croissance Contradiction : efficacité économique et compétitivité internationale face à une économie de hauts salaires et d’un Etat providence Changement de société : passage d’une société industrielle à post-industrielle, transition difficile de la 2ème à la 3ème révolution industrielle 3) Solutions apportées a) Politique de relance : Keynes, stimuler la demande Soutenir les revenus Augmentation des salaires pour suivre l’inflation Hausse des prélèvements obligatoires et des prestations sociales Politique de Carter et de Chirac dans les années 70 A court terme : maintien de la consommation A long terme : endettement et hausse des coûts de production d’où une monnaie affaiblie b) Politique de rigueur : Hayek et Friedman, stimuler l’offre Remise en cause de l’Etat providence jugé comme un frein à la reprise économique Réduction des dépenses publiques pour protéger la monnaie Baisse des impôts pour alléger les entreprises Mesure de déréglementation : liberté de la gestion du personnel, flexibilité du travail Politique de Thatcher, de Reagan, de Kohl et de Chirac dans les années 80 Coût social très élevé contribuant à l’apparition des inégalités de richesses et des contrastes dans la société. Chaque pays essaie de gérer la croissance économique, de 2 à 3%, avec le maintien de l’Etat providence et l’oscillation entre politique de relance et rigueur selon les contextes mondiaux et des traditions des pays. Faible croissance avec des difficultés sociales persistantes. Les pays socialistes ont du mal à passer à une économie capitaliste. III] Mutations sociales et culturelles 1) Evolution du monde du travail a) Evolution des catégories professionnelles Primaire : chute des effectifs à cause de la modernisation du secteur Moins de 10% de la population active, de 3 à 8% Facteur de la croissance : secteur déterminant de la puissance d’un pays Transformation des métiers par une technicité plus élevée (recherche, industrie, agronomie) Secondaire : double évolution Gonflement des effectifs : 40% de la PA Désindustrialisation des secteurs de la 1er et 2ème révolution industrielle : 20 à 35% de la PA Tertiaire : gonflement des effectifs et développement du salariat Non-marchand : développement de l’Etat providence (police, école, justice) Marchand à faible ou forte qualification : société de loisirs, explosion du tertiaire supérieur Besoins de qualification et de formation dus aux degrés de technicité à travers l’école mais apparition dans le monde du travail d’un nouveau chômage par le problème d’intégration sociale pour les non-diplômés. b) Evolution des catégories de la population Féminisation : accès égal aux hommes à l’emploi Tertiaire peu qualifié, pote à peu de responsabilité Salaires différents Le baby-boom, classe nombreuse des années 60 et 70, engendre le problème des retraites avec un déséquilibre entre actifs et inactifs. La population immigrée assurait la main d’œuvre dans les années 40 à 60 pour appuyer la croissance, mais en 1974, mise en place d’une politique restrictive sur l’immigration. 2) Evolution des modes de vie a) Avènement de la société de consommation Société de confort, américanisation Apparition de nouveaux modes de consommation, de distribution : hypermarché, self-service Urbanisation : développement des périphéries par extension, paysages urbains nouveaux « Métro, Boulot, Dodo » : remise en cause partielle en 1968 mais la continuité persiste malgré le développement des pratiques culturelles de masse (tourisme, sport,…) b) Avènement d’une culture de masse Développement de la technologie de consommation à travers les supports techniques, Radio, cinéma, internet,… « Star system » : contestation, remise en cause, nouvelles valeurs, repli des anciennes