Que Vlo-Ve ? Série 4 No 19 juillet-septembre 2002 pages 87-91
Varia FONGARO, BURGOS, BOHN et DECAUDIN
© DRESAT
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étend à La Fin de Babylone et Les Trois Don Juan la notice liminaire dans laquelle Apollinaire
avoue, non sans détours d'ailleurs, que La Rome des Borgia n'est pas de sa plume. On sait en
effet depuis quelque temps déjà, et on l'a fait savoir, que si ce dernier ouvrage revient à René
Dalize, les deux autres lui appartiennent en propre, sans doute aucun. De plus, à cette première
erreur M. Slatkine en ajoute deux autres : d'une part, en laissant croire que les trois ouvrages ont
été publiés simultanément en 1914, alors que La Rome des Borgia a vu le jour en avril 1913, La
Fin deBabylone en mars 1914 et Les Trois Don Juan en octobre 1915, ; d'autre part, en écrivant
que « ces trois ouvrages ne figurent pas dans les Œuvres complètes d'Apollinaire » - ce qui, pour
ce qui regarde les deux derniers, ne laissera pas de surprendre les apollinariens... et quelques
autres. J[ean].B[urgos].
IONESCO ET L'ESPRIT NOUVEAU
Autant que je sache, personne n'a signalé un passage des Notes et contre-notes (1966)
d'Eugène Ionesco qui verse une lumière inattendue sur les origines de son esthétique. Il se trouve
dans un chapitre intitulé « Expérience du théâtre », publié d'abord dans La Nouvelle revue
française de 1958, où le dramaturge discute en détail les principes qui sous-tendent son théâtre.
Repoussant la dramaturgie réaliste pour les mêmes raisons qu'Apollinaire l'avait fait plus tôt,
Ionesco prétend, comme celui-ci, que son théâtre anti-réaliste est beaucoup plus réaliste que le
théâtre traditionnel : « Il faut réaliser une sorte de dislocation du réel », explique-t-il, « qui doit
précéder sa réintégration ».
Le lecteur d'Apollinaire y trouve plusieurs autres déclarations qui auraient beaucoup plu à
notre poète. En effet, sans trop insister sur cette comparaison, l'anti-réalisme d'Ionesco rappelle
le surréalisme d'Apollinaire sur de nombreux points de vue. Chose intéressante, il semble que le
dramaturge ait médité sur « L'Esprit nouveau et les poètes » en particulier. Célébrant la puissance
de l'imagination vers le début du chapitre, il cite un exemple qui nous est familier :
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Tout ce que nous rêvons, c'est-à-dire tout ce que nous désirons, est vrai (le mythe d'Icare a précédé
l'aviation, et si Ader et Blériot ont volé, c'est parce que tous les hommes avaient rêvé l'envol). Il n'y a de
vrai que le mythe.
Willard BOHN
« HÔTEL »
Que l’on ait mis en musique des poèmes tels que « Le Pont Mirabeau » ou même « La
Carpe » n'a rien d'étonnant, car ce sont des chefs-d'œuvre mélodieux. Mais que dire d'« Hôtel »,
tiré des « Quelconqueries », qui a séduit le groupe musical Pink Martin! ? Je dois cette
découverte à une de mes collègues, Anne Magnan-Park, qui m'a communiqué leur CD
Sympathique. Influencé par des mélodies cubaines, la musique classique, des chansons françaises
et des films internationaux, Pink Martini est très éclectique. Portant le même titre que le CD, le
troisième morceau est une adaptation d'« Hôtel », chantée à la manière d'Edith Piaf. Les deux
premières strophes suivent le poème d'assez près :