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La  production  du  cheval  de  sport  a  été  pendant  les  années  d’après  guerre  une  filière  agricole 
d’excellence,  source  de  plus-value  pour  les  acteurs  ruraux  tant  sur  le  marché  intérieur  qu’à 
l’exportation. Son apogée peut probablement  se situer en 2002, année où quatre étalons « Selle 
- Français «  remportent le championnat du monde de saut d’obstacles à Jerez de la Frontéra. Ces 
succès  sont  le  fruit  de  la  politique  zootechnique  de  modernisation  de  l’élevage  équin  mis  en 
place dans les années 1970, par Monsieur Henri Blanc, directeur  général des Haras Nationaux. 
Cette  politique  s’articule classiquement en trois volets :  l’identification  généralisée, le  contrôle 
de  performance  et  l’exploitation  par  l’INRA  de  ces  données  afin  de  produire  des  indices  de 
performance et des indices génétiques. Le sens de cette action, c’est la mobilisation du  service 
public  pour développer une recherche au service de la caractérisation objective des animaux, de 
l’évaluation génétique des reproducteurs et de la maximisation du  progrès génétique. 
Dans  un  passé  récent,  l’ANSF,  captant  la  plus  grande  part  des  soutiens  d'Etat,  a  œuvré 
malheureusement avec succès, pour  obtenir le  monopôle de la  représentation de  l’élevage  du 
cheval  de  sport  en  France  et  demander  officiellement  l’arrêt  de  la  publication  des  indices 
génétiques  BLUP.  Ces  demandes  servent  en  réalité  les  intérêts  du  lobby  des  courtiers  en 
semence et impactent de manière néfaste  la structure socio-économique de l’élevage de sport.  
Un des arguments avancé pour réclamer le monopole d’une part et l’arrêt de la publication des 
évaluations  génétiques  objectives  d’autre  part  est  de  comparer  l’élevage  du  cheval  de  sport à 
celui du Pur Sang de plat qui fonctionne dans ces conditions. Cette comparaison est infondée car 
le  Pur Sang de plat ne répond pas au même modèle économique.  
Dans  un  marché  de  type  spéculatif  comme  celui  du  pur  sang  de  haut  niveau,  le  progrès 
génétique  n’est  pas  le  moteur  de  l’économie.  Ce  qui  est  vendu  dans  le  cadre  de  vente  aux 
enchères,  ce  n’est  pas  le  gain  possible  en  course,  c’est  la  valeur  estimée  en  tant  que 
reproducteur, d’animaux jeunes connus sur origine et sur modèle. Dans ce cadre, les BLUP sont 
inutiles car il ne s’agit pas d’évaluer les animaux au plus juste mais au contraire de faire en sorte 
que  les  enchères  puissent  flamber  sur  le  plus  d’animaux  possible.  Le  type  de  distribution 
statistique découlant de l’usage des BLUP est antinomique avec celui indispensable pour générer 
de  gros  écart  de  prix  entre  des  animaux  qui  peuvent  être  finalement  très  proche  au  plan 
génétique.  
Dans ce type d’élevage, il y a bien longtemps que les agriculteurs ne jouent plus aucun rôle. Les 
éleveurs ont  généralement une  stature internationale,  élevant, entrainant  et courant  dans des 
pays différents là où la fiscalité de chaque activité est la plus avantageuse. Ce système n’est pas 
franco- français, il est international et a sa propre cohérence.  Notons que  l’élevage d’AQPS ne 
relève pas de cette logique, l’essentiel de la sélection se réalise sur la voie femelle et les gains 
proviennent des performances en course.  
Depuis  les  années  1990,    on  observe  qu’un  certain  nombre  d’opérateurs  de  la  filière  sport, 
concentrant l'essentiel de la valeur ajoutée, marchands/organisateurs de vente aux enchères et 
 
Centre d’Enseignement 
Zootechnique 
Bergerie 
Nationale 
Objet : Evolution de la filière 
sport/caractérisation 
Email:luc.tavernier@educagri.fr