Rapport Indexation Dressage Poneys

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Centre d’Enseignement
Zootechnique
Bergerie
Nationale
Tél. : 01 61 08 68 47
Objet : Evolution de la filière
sport/caractérisation
Email:[email protected]
La production du cheval de sport a été pendant les années d’après guerre une filière agricole
d’excellence, source de plus-value pour les acteurs ruraux tant sur le marché intérieur qu’à
l’exportation. Son apogée peut probablement se situer en 2002, année où quatre étalons « Selle
- Français « remportent le championnat du monde de saut d’obstacles à Jerez de la Frontéra. Ces
succès sont le fruit de la politique zootechnique de modernisation de l’élevage équin mis en
place dans les années 1970, par Monsieur Henri Blanc, directeur général des Haras Nationaux.
Cette politique s’articule classiquement en trois volets : l’identification généralisée, le contrôle
de performance et l’exploitation par l’INRA de ces données afin de produire des indices de
performance et des indices génétiques. Le sens de cette action, c’est la mobilisation du service
public pour développer une recherche au service de la caractérisation objective des animaux, de
l’évaluation génétique des reproducteurs et de la maximisation du progrès génétique.
Dans un passé récent, l’ANSF, captant la plus grande part des soutiens d'Etat, a œuvré
malheureusement avec succès, pour obtenir le monopôle de la représentation de l’élevage du
cheval de sport en France et demander officiellement l’arrêt de la publication des indices
génétiques BLUP. Ces demandes servent en réalité les intérêts du lobby des courtiers en
semence et impactent de manière néfaste la structure socio-économique de l’élevage de sport.
Un des arguments avancé pour réclamer le monopole d’une part et l’arrêt de la publication des
évaluations génétiques objectives d’autre part est de comparer l’élevage du cheval de sport à
celui du Pur Sang de plat qui fonctionne dans ces conditions. Cette comparaison est infondée car
le Pur Sang de plat ne répond pas au même modèle économique.
Dans un marché de type spéculatif comme celui du pur sang de haut niveau, le progrès
génétique n’est pas le moteur de l’économie. Ce qui est vendu dans le cadre de vente aux
enchères, ce n’est pas le gain possible en course, c’est la valeur estimée en tant que
reproducteur, d’animaux jeunes connus sur origine et sur modèle. Dans ce cadre, les BLUP sont
inutiles car il ne s’agit pas d’évaluer les animaux au plus juste mais au contraire de faire en sorte
que les enchères puissent flamber sur le plus d’animaux possible. Le type de distribution
statistique découlant de l’usage des BLUP est antinomique avec celui indispensable pour générer
de gros écart de prix entre des animaux qui peuvent être finalement très proche au plan
génétique.
Dans ce type d’élevage, il y a bien longtemps que les agriculteurs ne jouent plus aucun rôle. Les
éleveurs ont généralement une stature internationale, élevant, entrainant et courant dans des
pays différents là où la fiscalité de chaque activité est la plus avantageuse. Ce système n’est pas
franco- français, il est international et a sa propre cohérence. Notons que l’élevage d’AQPS ne
relève pas de cette logique, l’essentiel de la sélection se réalise sur la voie femelle et les gains
proviennent des performances en course.
Depuis les années 1990, on observe qu’un certain nombre d’opérateurs de la filière sport,
concentrant l'essentiel de la valeur ajoutée, marchands/organisateurs de vente aux enchères et
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étalonniers privés, tout en contestant de manière justifiée le rôle des Haras Nationaux en
matière d’étalonnage essaient de tirer la production du cheval de sport vers le modèle
économique du Pur-sang. Au bout de presque 20 ans, force est de constater que les
conséquences sur l’élevage sont catastrophiques et se traduisent par un manque de
compétitivité internationale au plan de la réussite sportive, une diminution massive des
exportations et une baisse de rentabilité des élevages.
Le modèle spéculatif n’est pas celui du cheval de sport au plan international. Espérer faire
évoluer ce marché sur le modèle du Pur-sang c’est le condamner à être déficitaire. Cela revient à
ignorer le fait que la commercialisation par les ventes aux enchères de jeunes sujets uniquement
évalués sur l’origine et le modèle est extrêmement minoritaire pour les chevaux de sport et enfin
c’est oublier que le financement de la compétition n’est pas soutenu par le PMU. Pousser vers ce
modèle est donc une erreur d’analyse qui ne correspond qu’aux intérêts d’une fraction
minoritaire des socioprofessionnels et a des conséquences économiques et sociales
désastreuses. Cela élimine entre autre de la production les agriculteurs-éleveurs qui, au titre de
la diversification, sont à l’origine de l’élevage du cheval de sport. La production des chevaux de
selle et de sport doit rester ancrée dans la production paysanne si l’on souhaite qu’elle reste
porteuse de valeur ajoutée pour l’agriculture et ne finisse pas uniquement concentrée entre les
mains de quelques passionnés fortunés. Cela pour plusieurs raisons.
La première est que le besoin en chevaux de sport et de selle progresse dans ce pays, et qu’une
production de type élitiste ne saurait satisfaire ces besoins croissant. Par conséquent la
différence sera comblée par des importations dont d'ores et déjà on observe la progression dans
les échanges.
La seconde, c’est que le coût d’entretien des deux ou trois poulinières et de leur suite sera
toujours inférieur chez un agriculteur à ce qui est constaté dans toute autre structure. Tout
simplement parce que les coûts du foncier, de la main d’œuvre et des bâtiments sont absorbés
en grande partie par les productions agricoles principales.
La troisième c’est que la diversification agricole est indispensable au maintien d’une agriculture
de type familial : elle protège ce type d’agriculture contre la fluctuation des marchés et permet
de répartir les risques.
La quatrième est que l’élevage des chevaux de sport constitue un lien social très fort entre le
monde rural et urbain.
La cinquième est que dans les pays voisins concurrents, l’étalonnage qu’il soit de forme plus
collective comme en Allemagne ou plus individuel comme en Hollande, s’est structuré autour
d’un projet économique réel visant l’exportation et utilisant les acquis de la recherche. Cette
ambition est donc réaliste.
Ce modèle de type agricole a fonctionné en France pendant de longues années, car il ne faut pas
oublier que la France exportait de la génétique dans l’Europe entière jusque dans les années 90.
Pour que l’élevage français retrouve sa compétitivité sur le plan international, cela passe comme
pour l’industrie, par l’utilisation des acquis de la recherche et par la mise en concurrence de
différentes structures de sélection.
Pour l’ensemble de ces raisons, je soutiens la création du stud-book Anglo-Normand qui s’appuie
sur un plan de sélection moderne validé par les scientifiques de la CNAG et je pense que l’arrêt
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de la publication des indices génétiques par l’IFCE serait une erreur stratégique majeure néfaste
à la compétitivité des nos élevages.
Faites connaître votre point de vue. Une enquête en ligne est à votre disposition sur internet à
partir du lien suivant https://goo.gl/g12quU
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