Fiche information du Dr Denis Mathieu
CHIRURGIE DE L’EPAULE : RUPTURE DE COIFFE
La rupture des tendons de la coiffe des rotateurs est une source très commune de douleurs de l'épaule.
L'incidence des lésions des tendons de la coiffe augmente avec l'âge. Elle est plus souvent en rapport
avec une dégénérescence des tendons plutôt qu'avec une déchirure traumatique.
ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE
La coiffe des rotateurs est constituée de cinq muscles se prolongeant par leurs tendons qui s'attachent
tout autour de la tête de l'humérus, entourant ainsi cette tête humérale. Ce sont : le sus-épineux, le
sous-épineux, le sous-scapulaire, le petit rond et le tendon du long biceps.
Cet ensemble muscles - tendons sert à donner la force pour lever le bras et le tourner. Il contribue
également à la stabilité de l'épaule. Le tendon du sus-épineux est le plus fréquemment impliqué dans les
ruptures dégénératives. Très souvent la rupture est uniquement dégénérative. Mais un traumatisme peut
venir aggraver une usure préexistante.
SYMPTOMES
La rupture générative est donc de loin la cause la plus fréquente des ruptures de la coiffe des
rotateurs. Son incidence augmente avec l'âge et l'utilisation de l'épaule notamment lors de mouvements
répétitifs ou de mouvements de force. Les ruptures traumatiques peuvent survenir après un faux
mouvement ou une chute, ou encore être favorisées chez le sportif par les micro-traumatismes (gestes
répétitifs).
Les symptômes de la rupture de la coiffe des rotateurs sont essentiellement de deux ordres :
La douleur : le plus souvent déclenchée par un mouvement, mais très fréquemment nocturne
empêchant même de dormir.
La diminution de force de l'épaule qui entraîne une impossibilité de tenir un objet à bout de
bras, ou bien à terme une impossibilité complète de lever le bras.
La rupture du long biceps se caractérise par un bras globuleux ressemblant à celui de Popeye
Le diagnostic de la rupture de la coiffe des rotateurs est basé sur l'histoire naturelle des symptômes,
l'âge du patient, l'existence éventuelle d'une notion traumatique.
Le praticien par l'examen clinique cherchera à mettre en évidence :
Le caractère douloureux de certaines manœuvres.
ou encore la diminution de force occasionnée par la lésion des tendons de la coiffe des
rotateurs.
LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES
On commencera systématiquement l'exploration par des radiographies simples de l'épaule,
et une échographie réalisée par un praticien entraîné. Il s'agit d'examens de débrouillage peu
coûteux et non agressifs permettant d'établir le plus souvent le diagnostic.
Si une intervention est envisagée, seul l'arthro-scanner permet d'évaluer la taille exacte de la
rupture, ainsi que les différents tendons mis en cause. La taille de la rupture détermine les
possibilités de réparation. L'IRM est un peu moins performante que l'arthro-scanner.
TRAITEMENT
Le traitement dépend de plusieurs facteurs, notamment : de l'âge du patient, de l'importance de la gêne
dans la vie quotidienne ou dans le cadre d'une activité sportive, ou encore de la taille de la rupture.
Deux options de traitements peuvent être envisagées :
le traitement conservateur,
le traitement chirurgical.
Le traitement conservateur
Le traitement conservateur, essentiellement à base de kinésithérapie, a pour but de
compenser la diminution de force des muscles de la coiffe des rotateurs déficients par le
renforcement d'autres muscles,
Le traitement symptomatique des douleurs se compose de médications anti-inflammatoires,
voire même d'une ou deux infiltrations.
Ce type de traitement est privilégié si la gêne fonctionnelle est peu importante et tolérable, si
le patient est trop âgé, ou surtout si la rupture de la coiffe est irréparable.
Le traitement chirurgical
Le traitement chirurgical des ruptures de la coiffe des rotateurs est, à chaque fois qu'il est
possible, préférable à un traitement conservateur. En effet, avec le temps, la taille des
ruptures de la coiffe tend à augmenter, de telle sorte qu'au bout d'un certain nombre
d'années, la rupture devient irréparable, tant l'extrémité du tendon s'est éloignée de son
attache d'origine en se rétractant comme un élastique.
Le principe du geste chirurgical consiste :
à rattacher le ou les tendons sur la tête de l'humérus à l'aide de fils de suture, et
à ôter le bec osseux présent au-dessous de l'acromion, qui contribuait à l'accrochage du
tendon lors des mouvements provoquant la douleur.C’est l’acromioplastie.
Ce geste est réalisé par une ouverture chirurgicale à ciel ouvert ») ou bien sous
caméra, c'est-à-dire sous arthroscopie. Le choix entre les deux types de techniques
dépend de la taille et de la nature de la rupture, mais surtout de l'expérience du
chirurgien, le geste de suture arthroscopique restant du domaine de l'hyperspécialiste.
La grande majorité des lésions sont traitées par arthroscopie dans notre service.
Si les tendons de la coiffe sont trop rétractés et qu'une réparation est impossible :
un simple geste sous arthroscopie est indiqué si le bras arrive à monter seul.
une prothèse inversée est envisagée si le bras n'a plus aucune force pour monter.
Acromioplastie par arthroscopie
L’épaule est constituée de l’extrémité de l’os du bras (te de
l’humérus) qui glisse dans
une cavité (la glène) située sur l’os omoplate.
La tête de votre humérus ne tourne pas convenablement.
Elle a tendance à monter et à coincer contre l’os situé juste au
dessus (acromion) les
attaches (tendons) des muscles qui l’entourent.
Comme ils frottent, ces tendons (de la coiffe des rotateurs)
s’irritent (inflammation). C’est
pourquoi vous avez mal lors de certains mouvements du bras et
quand vous êtes couché
dessus.
Votre opération
Pour supprimer la douleur, votre chirurgien enlève quelques
millimètres sous le dessous de
l’os acromion.
Soit on insensibilise seulement votre épaule, (anesthésie
locorégionale), soit on vous endort complètement (anesthésie
générale).
Cette opération peut se faire sans ouvrir l’articulation, en
visualisant l’intérieur grâce à un
petit câble (fibre optique) relié à une caméra (arthroscopie).Elle
dure 30 minutes.
COMPLICATIONS
La réparation de la coiffe des rotateurs est de pratique courante, et les complications post-opératoires
restent exceptionnelles. On peut noter toutefois l'existence des complications suivantes :
une récidive de rupture portant sur un ou plusieurs tendons réparés,
une infection (< 1 % des cas),
une limitation de la mobilité.
SUITES OPERATOIRES ET REEDUCATION
Lorsque l'on répare les tendons de la coiffe des rotateurs et qu'on les rattache à l'os, il est fondamental
de protéger cette suture afin de faciliter la cicatrisation du tendon sur l'os, à l'aide d'une attelle
d'immobilisation conservée pendant trois semaines en moyenne, attelle sur coussin d’abduction(position
de l’accoudoir). La rééducation est immédiate,elle consiste à réaliser des mouvements passifs(c’est le
kiné qui mobilise l’épaule). Au terme de ces trois semaines d'immobilisation, et après ablation de
l'attelle, le deuxième temps de la rééducation se fait seul, allongé sur son lit, en mobilisant son bras vers
l'avant à l'aide d'un bâton ou du bras valide.Le kiné stimule cette auto-rééducation.
Dès que la douleur aura disparu et que la majeure partie de la mobilité du bras aura récupéré, on
conseille alors l'assistance du kinésithérapeute pour le renforcement musculaire.
Quelques info :
-La conduite auto est interdite 45 jours.
-La reprise d’un travail sédentaire demande 45j à 2 mois ; 6 mois pour un travail physique.
-L’hospitalisation est de 48 à 72 heures, (on passe deux nuits maximum à la clinique).
-La rééducation est prescrite à domicile les 2 premiers mois en général ; l’hospitalisation en centre n’est
pas du tout obligatoire et n’assure pas meilleure récupération mais elle peut être souhaitable si le patient
est en isolement géographique et humain.
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