s’impose aujourd’hui comme une règle d’or du management des grandes entreprises. Or
le principe de création de « valeur » optimale au bénéfice exclusif des actionnaires est par
essence non transposable à la gouvernance des entreprises associatives.
Sous cette réserve capitale, la gestion d’une entreprise associative aura beaucoup
d’analogies avec celle d’une entreprise commerciale. Toutes sont soumises aux mêmes
rigueurs et aux mêmes règles de gestion comptable et financière. Le système comptable
des associations et les règles de vérification et de contrôle se sont beaucoup rapprochés de
ceux des entreprises commerciales. La présentation formelle du bilan comporte quelques
spécificités (pas de capital social par exemple) ; toutefois, une association gestionnaire
doit disposer de capitaux propres et d’un fonds de roulement net en rapport avec le
volume de son activité. La gestion de sa trésorerie subit les mêmes contraintes que
n’importe quelle entreprise. Les délais de règlement des « clients » particulièrement longs
(notamment les administrations publiques) les soumettent à des problèmes particuliers
pour gérer leurs découverts bancaires récurrents. Les plus fortunées doivent avoir une
stratégie de placements financiers.
Dans deux autres domaines de la gestion, les associations marquent leurs différences :
Dans la gestion commerciale ou le marketing, tout d’abord. L’expression « marketing
social » est un abus de langage. La jurisprudence établit une distinction entre, d’une part,
les moyens de communication et d’information que se donne toute association pour faire
connaître son objet social et ses activités à ses adhérents actuels et potentiels ou à ses
usagers et, d’autre part, les pratiques de publicité commerciales. Un bon système
d’information et de communication interne, vis-à-vis des adhérents, des salariés et des
tiers (usagers, partenaires privés, commanditaires publics, donateurs, etc.) est d’ailleurs
la condition première de la transparence.
Mais les spécificités les plus manifestes résident dans la gestion des ressources humaines.
Certes, les associations sont soumises aux règles communes du droit du travail. Leur non-
respect, encore trop fréquent, traduit le comportement archaïque de « dirigeants »
paternalistes ou autocrates. Mais d’autres relations se nouent entre employeurs et salariés
(et leurs organisations). Les responsables souhaitent associer toutes les parties prenantes,
non seulement les adhérents et bénévoles mais aussi les collaborateurs salariés. A cet
égard, les relations sociales se devraient d’être exemplaires dans le cadre des associations
gestionnaires, comme dans les autres formes d’entreprise de l’économie sociale
(coopératives et mutuelles).
Pourtant, la spécificité de la gestion des ressources humaines est ici de combiner le travail
salarié et l’activité bénévole des adhérents, des militants et éventuellement des usagers.
Si, dans les associations les plus professionnalisées, notamment dans les services sociaux,
la formation, le tourisme social, etc., les bénévoles ne participent pratiquement plus à la
production directe des services, on les retrouve dans les fonctions d’administrateurs et les
fonctions « politiques » d’élaboration et de contrôle du projet associatif.
Henri Desroche avait schématisé ces relations complexes dans un quadrilatère aux quatre
angles duquel se trouvent les managers, le Président et les administrateurs, les salariés, et
enfin les adhérents ; tous peuvent être reliés par les côtés et par les diagonales... Certains
cas de figure se révèlent préjudiciables à l’efficacité ou l’efficience de l’organisation, ou à
la finalité même de l’association : coalition des managers et salariés contre le président,
les administrateurs et les adhérents ; alliance exclusive du directeur et du président,
caractéristique d’une gestion technocratique et autocratique ; ou plus banalement