Atelier économie :
l’association est-elle une entreprise comme les autres ?
Réflexions introductives...
Cet atelier vise à prendre en compte la dimension économique de beaucoup de projets associatifs.
S’organiser en collectif nécessite de mobiliser des ressources de tout type et la « souplesse » du
statut associatif permet de faire beaucoup de choses, de proposer des services payants, de mobiliser
des financements publics.
De fait, les associations sont la principale composante de l'Économie sociale et solidaire (ESS).
Notion socio-économique qui regroupe les différentes "familles" juridiques : associations,
coopératives, mutuelles.
Le poids de cette économie est significatif en France et dans la région Languedoc-Roussillon
puisqu'elle représente au niveau national et régional environ 12 % du PIB.
Au départ, conçue pour accueillir des actions collectives non lucratives, la forme associative a fait
donc la preuve de sa capaci à héberger des projets mobilisant et créant des ressources
économiques ayant de fortes incidences en matière d'emploi et d'activité.
Mais la question que l’on peut se poser dans cette prévalence des questions économiques est : la
recherche du modèle économique tue-elle le modèle associatif ?
Cet atelier aura pour objectif de montrer le poids économique des associations sur les territoires tout
en s'interrogeant sur les contraintes que font peser les critères purement économiques sur les
associations, leurs actions et leur avenir.
En somme, peut-on considérer l’association comme une entreprise comme les autres ?
1) Questions à Aurelien Delsol ?
Pour répondre à cette question : voyons comment on travaille avec une asso. pour le
financement ? Qu’est ce qu’on regarde spécifiquement ?
Pour l’AIRDIE qui finance le développement des associations du Languedoc-Roussillon, le
financement d’un projet ou l’aide à la consolidation d’une structure sous forme associative
répond à des critères de diagnostics qui sont empruntés à la fois au monde « économique »
et à l’ESS :
- potentiel de création d’emploi ;
- utilité sociale (environnementale etc.) ;
- et activité économique c’est-à-dire la structure va-t-elle pouvoir générer une activité
propre à lui assurer une viabilité financière.
Que l’on soit sur le champ de la vente de biens ou sur la prestation de services, finalement,
oui, nous pouvons considérer que l’association est une entreprise comme une autre. Elle
peut (doit ?) faire des bénéfices pour renforcer ses fonds propres ; elle doit réaliser des
investissements et donc s’endetter, c’est aussi un point commun avec l’entreprise dite
« classique ».
Sur l’approche du risque, nous pouvons nous poser la question : quel est le niveau de prise
de risque souhaitable mais aussi acceptable lorsque les fonds sont publics ?
Ce point nous amène à recommander un apport en fonds associatifs. Cela est
particulièrement approprié quand il s’agit d’un groupe de personnes qui porte un projet.
Dans tous les cas, nous savons bien que les associations doivent être de plus en plus
professionnelles du fait des injonctions des partenaires institutionnels, des obligations
auxquelles elles sont soumises dans les domaines de la comptabilité, du management etc.
Mais attention à l’épuisement qui guette parfois les équipes bénévoles du fait des
responsabilités qu’elles sont obligées d’endosser….
1) Questions au témoin :
Comment avez- vous pu développer votre activité ? Quelles ressources ?
Comment avez-vous gérer votre développement et la création d’emplois ?
Quelles difficultés ?
Le fait d’être une association : avantages/inconvénients ?
Y a-t-il un modèle associatif ? Comment concilier le but non lucratif et l’aspect économique ?
Et quand il y a des difficultés économiques ? Comment fait-on ?
Spécificités quant à a la relation avec les salariés ? Qualité de vie au travail ? Qualité des relations
sociales ?
Cogard :
Pour ma part, une association n’est pas une entreprise comme une autre.
Le Cogard est né grâce à la passion et à l’engagement de bénévoles puis peu à peu, parce que nous
nous sommes développés, nous avons dû « glisser » vers un fonctionnement qui est celui d’une pe-
tite entreprise mais cela s’est fait avec difficultés et a parfois pris le pas sur le coté bénévole.
Nos activités se sont développées avec des financements publics jusqu’en 2010-2012 puis lorsque
ceux-ci ont commencé à diminuer, c’est l’organisation de la structure qui s’est retrouvée impactée.
Nos partenaires nous incitent à développer notre chiffre d’affaires mais que devient notre projet as-
sociatif dans tout ça ? Je pense que nous devons nous questionner à nouveau sur notre engagement
militant.
Mustapha :
À la CMA nous avons fait des tentatives pour rapprocher les entreprises artisanales du secteur as-
sociatif et plus particulièrement des personnes en insertion mais c’est très difficile. Il y a des aprio-
ri qu’il faut dépasser. Un artisan ne fera cette démarche que s’il a déjà lui-même une certaine sen-
sibilité à ce sujet.
Vouloir que les associations tendent le plus possible vers un fonctionnement de type entreprise n’est
alors peut-être pas la bonne piste. Certes, il faut de la rigueur et du professionnalisme mais le mo-
dèle économique ne doit pas conditionner le projet d’une association.
Christine Tomé :
Notre association Cfaire est, dans le contexte actuel, en mutation. Suite à de fortes baisses des fi-
nancements publics, notre situation s’est dégradée et nous avons dû prendre certaines décisions
douloureuses, comme une entreprise.
Pour autant, les richesses que nous produisons ont une dimension humaine et pas financière. L’as-
sociation doit, selon les circonstances, être prête à s’adapter mais il faut aussi prévoir des gardes
fous pour ne pas aller trop loin et être dans le reniement. Nos projets associatifs sont riches et por-
teurs de valeurs, nous ne devons pas les « tordre » dans tous les sens pour essayer de les faire ren-
trer dans des cases qu’on nous imposerait. Je pense également que nous devons être proche de nos
élus et en quelque sorte les « former » à ces projets.
Emmanuel de Roubaix :
L’association ne doit pas se considérer comme une entreprise car ça n’est pas une entreprise en
soi. Le profit, la rentabilité ne doivent pas guider l’action de l’association, celle-ci existe car ses
membres, un groupe de personnes physiques, ont décidé de mettre quelque chose en commun. Pas
de l’argent mais des idées ! Le financement ne doit pas prévaloir sur les apports en nature.
Dans une association il y a une utopie : agir sur la société dans laquelle nous vivons.
Le modèle économique peut tuer l’association si on fait seulement de la « sous-entreprise ». La loi
sur l’ESS laisse penser que l’associatif pourrait être un supplétif à l’activité économique ou alors
être une économie de réparation. Ça n’est pas sont rôle.
Également, je pense que le développement de la masse salariale doit aller de pair avec le dévelop-
pement du bénévolat. N’oublions pas que seulement 10 à 12 % des associations ont des salariés,
c’est donc surtout le bénévolat qui est le fondement de l’association.
Steffie :
Du fait de la baisse des financements publics, les associations sont de plus en plus amenées à se
tourner vers la recherche de financements privés à travers le mécénat et du fait de la concurrence
croissante entre associations sur ce champ celles-ci doivent utiliser les outils de communication et
marketing de l’entreprise pour faire valoir leurs activités.
Conclusion de Daoud :
- « Légitimité politique contre légitimité associative »
- nous pouvons souhaiter que l’association ne soit pas une entreprise comme une autre
- l’utilité sociale reste notre vraie différence même si certaines entreprises y viennent avec la RSE
- force est de constater que les rapports avec les collectivités sont devenus complexes
- autant d’associations, autant de questionnement et de modèles économique
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