la finesse de son écriture et la mise en espace d’une pièce qui renouvelle le regard que nous
avons pu porter sur celle de Molière et renouvelle ainsi le mythe dans la première moitié du
XXe siècle. Alors, il fut très tentant, à maintes reprises, de rapprocher certains passages de
Plaute, de Rotrou avec d’autres passages ou citations de Molière, et de Giraudoux. Avons-
nous effectué en définitive un travail de comparaison qui n’ose pas dire son nom ? Nous ne le
pensons pas, même si bien des signes, tel le tableau
des œuvres mis en appendice, le pourrait
laisser supposer, ou encore les relevés puisés dans notre corpus et mis en référence les uns par
rapport aux autres. Ce fut peut-être une des plus grandes difficultés que nous ayons pu
rencontrer ; présenter une œuvre, incluse dans une série, tout en gardant le fil conducteur de
l’espace comme unique garde-fou, et non celui de la comparaison : tant et si bien que nous
avons souvent fusionné la vision de cette pièce en oubliant parfois les différences pour
souvent ne pas nous attacher à savoir s’il s’agissait de l’œuvre de Plaute, de Rotrou, de
Molière ou celle de Giraudoux : considérer ainsi, de temps à autres, ces quatre œuvres comme
un tout, dans leur globalité. Car l’espace, en effet, dans son traitement, dans son occupation, et
dans sa fonction, est un sujet qui ne nous semble pas encore avoir été trop fouillé dans les
pièces qui prennent leur argument autour du mythe d’Amphitryon. Bien sûr la notion
d’espace, dans ces pièces, fut abordée dans bien des ouvrages ou éditions critiques, tel
l’édition de l’Amphitryon de Plaute par Charles Guittard
, celle de Damien Charron des
Sosies, dans l’édition de Georges Couton des œuvres complètes de Molière et dans l’édition
annotée par Jacques Robichez d’Amphitryon 38 de Giraudoux, pour ne citer qu’eux. Cette
notion fut encore abordé aussi dans certains ouvrages sur le théâtre ou des textes se référant
aux aspects techniques du théâtre à l’âge classique qui nous furent d’une grande utilité comme
L‘Histoire La mise en scène de Deierkauf-Holsboer
; ou encore, pour quelques sources
primaire, La Pratique de D’Aubignac
, le Mémoire de Mahelot
et même la Pratique de
Sabbattini
. De précieuses réflexions se sont de plus présentées à nous grâce à la lecture
d’œuvres d’analyse littéraire traitant des thèmes génériques comme L’illusion au XVIIe
siècle
, L’Esthétique de l’identité
ou le Théâtre dans le théâtre
; D’autres ouvrages,
touchant de plus près à l’œuvre complète d’un auteur, nous furent du plus grand bénéfice,
telle l’étude de Jacques Morel
ou celle de Gérard Defaux
, là encore, pour ne citer qu’eux.
Nous nous sommes efforcés de lire la pièce en détectant les indications précieuses qui
pouvaient nous aider à proposer une avancée dans cette étude. Mais, avant tout, nous nous
sommes trouvés confrontés à une autre difficulté : comment trouver une définition acceptable
de l’espace, tant la notion peut déboucher sur une infinité de sens ?
Nous avons parlé géométrie. L’auteur de théâtre ne dispose que de quelques centaines de
vers pour nouer son intrigue et de quelques dizaines de pieds, dans la largeur comme dans la
Rapprochement qui s’inspire de l’effet de parallèle dans le traitement de l’espace traité par Patrick Dandrey
dans La Maladie et la médecine dans le théâtre de Molière, Klincksieck, 1998, tome I, p. 95-96.
Plaute, Amphitryon, édition bilingue, présentation et traduction par Charles Guittard, Paris Flammarion, 1998.
Deierkauf-Holsboer, S. Wilma, Histoire de la mise en scène dans le théâtre français à Paris de 1600 à 1657,
Droz, Paris, 1933.
François Hédelin d'Aubignac, La Pratique du Theatre, Paris, 1657.
Mahelot, Laurent, et autres décorateurs de l'Hôtel de Bourgogne et de la Comédie-Française Au XVIIe siècle,
Le Mémoire, publié par Henry Carrington Lancaster, Librairie ancienne Honoré Champion, Paris, 1920.
Sabbatini, Nicola, Pratiques pour fabriquer scènes et machines de théâtre, 1638, rééditions Ides et calendes
1942 et 1994.
L’illusion au XVIIe siècle, collectif, Littératures classiques n° 44, Klincksieck, Paris, 2002.
Forestier, Georges, Esthétique de l’identité dans le théâtre français (1550-1680), le déguisement et ses
avatars, Droz, Paris, 1988.
Forestier, Georges, Le Théâtre dans le théâtre sur la scène française du XVIIe siècle, Droz, Genève, 1981.
Morel, Jacques, Jean Rotrou, dramaturge de l’ambiguïté, Arman Colin, Paris, 1968.
Defaux, Gérard. Molière, ou les métamorphoses du comique : de la comédie morale au triomphe de la folie,
seconde édition, Klincksieck, Paris, 1992.