méthodologique) et refuse l’hypothèse du dualisme méthodologique. L’unicité de la méthode
affirme qu’il faut copier le processus de la recherche dans les sciences sociales (sociologie,
économie, anthropologie) sur celui des sciences de la nature (physique et biologie), alors que
le dualisme méthodologique adopte la proposition de M. Weber qui sépare d’un coté les
sciences de la nature sujettes à l’expérience et à la vérification d’une proposition de loi
scientifique, et de l’autre les sciences sociales qui sont concernées par les interactions
humaines qui impliquent des comportements, des motivations et des enjeux multiples souvent
contradictoires : par exemple recherche du pouvoir et bienveillance versus recherche du
pouvoir et malveillance.
Pour les scientistes, les preuves empiriques fournies par une méthode statistique rigoureuse
sont censées permettre une démonstration scientifique devant laquelle le politique ne peut que
s’effacer
car il devient possible d’organiser scientifiquement l’humanité. Cette conception de
la recherche et des ses utilisations sont positivistes.
… et son utilisation politique
Ma contribution tente principalement d’expliquer les apports et limites de ces deux types de
recherche « scientiste » et le soutien qu’elles rencontrent autant dans le monde académique
que dans celui des décideurs des institutions financières internationales (IFI). La place des ces
recherches se construit techniquement, politiquement et institutionnellement. Deux
interrogations émergent alors.
La première est épistémologique et concerne les méthodes de vérification empirique dans le
domaine de l’économie institutionnelle. Comment se tranche un débat ? Qu’est-ce qu’une
preuve ? Quel rapport se noue entre la pensée intuitive, les concepts, les théories, les modèles,
les données empiriques et leurs traitements ? La réponse que l’on trouve, plus dans le discours
que dans la pratique de la majorité des économistes, et que je trouve insatisfaisante, se fonde
sur les méthodes des sciences exactes avec la découverte de preuves concernant la causalité.
Plus précisément pour notre sujet, la majorité des économistes cherchent actuellement à
produire une théorie des origines et des effets des institutions et des comportements humains,
qui suivrait ce canon méthodologique constitué pour analyser les données quantitatives (par
ex. les prix) et qui est issu des sciences de la nature. Le tournant institutionnaliste n’a pas
entrainé d’évolution méthodologique. Dit autrement pour reprendre le titre d’un livre :
« L’économie devient-elle une science dure ? » (d’Autume et Cartelier, 1995)
. Et si on pense
Les mauvaises politiques s’expliqueraient alors par l’ignorance des causalités entre les
variables et non par les conflits distributifs ou de temporalité. La recherche scientifique et sa
diffusion pédagogique devraient permettre la mise en œuvre des bonnes politiques. Les points
d’appui méthodologique des deux approches ne sont pas très clairs, mais ils ne semblent pas
conformes à l’infirmationisme poppérien (la falsifiabilité).
Dans leur introduction les deux auteurs écrivent que « la question de la scientificité de
l’économie se pose de façon plus nette que dans n’importe qu’elle autre discipline sociale.
S’il en est ainsi, c’est sans doute à cause de l’aspect directement quantitatif des phénomènes
que l’économie a pour tâche de comprendre et éventuellement d’influencer ». C. Benetti et J.
Cartelier dans cet ouvrage vont plus loin en affirmant que la science économique concerne la
théorie de la valeur et des prix, donc « parmi l’ensemble des relations sociales, les
économistes ont choisi celles qui se présentent sous une forme quantitative… et ont laissé les
autres (famille, relations politiques, pratiques religieuses et symboliques) être l’objet d’autres
savoirs spécialisés ». Accepter l’intégration des institutions comme variable essentielle à