La chute de la croissance économique est devenue inquiétante, et le code actuel ne serait pas d'un grand
secours pour changer la donne.
De ce fait, la Tunisie a besoin d'un nouveau code pour accompagner la dynamique des réformes et booster
l'investissement, surtout dans les régions défavorisées.
Cependant, la question qui taraude les analystes reste celle de savoir si le projet du nouveau code serait à la
hauteur des défis auxquels la Tunisie fait face aujourd'hui.
Le nouveau code : La Tunisie pourrait mieux faire
Certes, le projet du nouveau code s'impose comme une réponse à la lourdeur administrative et aux contraintes
réglementaires. Près de la moitié des activités économiques font l'objet d'une autorisation ou d'un cahier des
charges, ce qui représente près de 75% de la valeur ajoutée. Certes, le nouveau code consolide la marche vers
la libéralisation de l'économie tunisienne, en permettant à l'investisseur étranger de transférer librement ses
bénéfices et ses actifs à l'étranger et en limitant le pouvoir discrétionnaire de la Banque Centrale.
Toutefois, sur d'autres terrains, le nouveau code souffre d'un manque de clarté. Il n'a pas été très clair pour
attirer les IDE ou pour encourager les entreprises à exporter.
Contrairement au code en vigueur, les incitations pour les entreprises exportatrices n'ont pas eu la place
qu'elles méritent.
Une gouvernance de l'investissement via trois structures, telle qu'elle est avancée dans le cadre du nouveau
code, n'est pas forcément génératrice d'efficacité. Lancer une structure (Tunisian Investment Fund) jouant le
rôle de fonds souverain, dans un pays déficitaire (balance courante et budget), n'a aucun sens. La Tunisie n'est
ni un pays pétrolier, comme c'est le cas des pays de l'Opep, ni un exportateur net de produits manufacturés,
comme c'est le cas des pays du sud-est asiatique. Quel est l'intérêt d'une autre structure qualifiée de fonds
d'investissement, lorsque la CDC peine à décoller?
Le nouveau projet n'a pas montré une grande détermination pour accélérer la normalisation des activités
informelles qui gangrènent l'économie depuis plusieurs années (manque à gagner fiscal pour l'Etat et
concurrence déloyale pour le secteur formel).
Les incitations favorisant le développement durable (économie d'énergie, économie d'eau…, etc.) n'ont pas
trouvé la place qu'elles méritent dans ce nouveau code.
L'avantage accordé aux entreprises de recruter un personnel d'encadrement de nationalité étrangère, dans une
limite de 30% du total du personnel d'encadrement, va à l'encontre de l'objectif de baisser le chômage.
N'est-il pas plus opportun de cibler davantage cette faveur en la limitant aux secteurs à forte valeur ajoutée?!
Et si on codifie le plus important ?
Sortir un nouveau code aujourd'hui est-il la priorité de l'économie tunisienne ?
La réponse est non. On se trompe de bataille. Dans un tel contexte, où l'entrepreneur a perdu l'enthousiasme
d'investir et la volonté de recruter, il est inimaginable de déplomber son comportement, même avec le meilleur
code de la planète. La bataille est plus sur le terrain sécuritaire et social.