1 1. Un pôle central de l’économie Comment la puissance de cette aire se manifeste-t-elle ? 1.1 Le poids économique de l’Asie orientale Un poids économique qui progresse La seule Asie orientale est passée de 16 à 33% du PIB mondial de 1980 à 2010 – les Trente Glorieuses de l’Asie ! Des poids économiques différents (PIB en milliards de $ en 2011) Chine : 5800 pays émergent depuis le début des années 2000 Japon : 5500 Agriculture Industrie Services Pays développés Corée du Sud : 1000 Japon 1.5 24 74.5 Indonésie : 706 Chine 10 47 43 Taïwan : 430 Singapour 0 26.5 73.5 Thaïlande : 318 Philippines 12.5 34.5 53 Malaisie : 238 Pays en développement Laos 28 35 37 Singapour : 222 Philippines : 188 Structure de l’économie – part des secteurs d’activité Vietnam : 103 dans la structure du PIB en % (2011) Brunei : 49 Birmanie : 42 Cambodge : 11 PMA Laos : 6 Le reclassement des économies En février 2011, le PIB chinois dépasse celui du Japon jusque-là le deuxième du monde. Ainsi, sur les trois premières économies mondiales, deux proviennent d’Asie orientale. Liste du FMI à partir PIB Pays PIB en milliards de $ 1 États-Unis 15 064 816 2 Chine 6 988 470 3 Japon 5 855 383 4 Allemagne 3 628 623 5 France 2 808 265 6 Brésil 2 517 927 7 Royaume-Uni 2 480 978 8 Italie 2 245 706 9 Russie 1 884 903 15 Corée du Sud 1 163 847 17 Indonésie 834 335 21 Arabie saoudite 560 294 24 Taïwan 504 612 32 Thaïlande 339 396 37 Singapour 266 498 38 Malaisie 247 565 39 Hong Kong 246 941 46 Philippines 216 096 2 1.2 Une forte croissance économique Une croissance exceptionnelle L’Asie orientale est un des moteurs de l’économie mondiale. Alors que les économies stagnent en Europe occidentale… - France (PIB) : + 1,4 % en 2101, + 1,7 % en 2011. Allemagne : + 3.7 ; + 3.0 Italie : +1.8 ; + 0.4 Grèce : - 6.9 en 2011 …et aux Etats-Unis : + 2.9 % en 2010 ; + 2.8 en 2011… …au contraire, l’Asie orientale connaît une croissance importante, avec néanmoins des nuances selon les Etats. Une croissance inégale Forte croissance La Chine a connu pendant des années des rythmes de croissance deux fois supérieurs à ceux de la France pendant les Trente Glorieuses. Croissance moyenne du PNB/ht 1990-2006 : 8.8%. En 2011 : + 8 % Singapour (+14,7 % en 2010). Faible croissance Le Japon La croissance annuelle du PIB réel était de 10,1 % dans les années 1960, de 4,4 % dans les années 1970, et d'environ 4 % dans les années 1980. Depuis 1991, le Japon connaît un marasme économique profond dont il peine à sortir. Causes conjoncturelles : - Bulles spéculatives (éclatent en 90-91). - Catastrophe naturelle - Placements douteux (banques japonaises) - Dérèglement monétaire (origine Thaïlandaise de la crise de 97-98). Causes structurelles : - Endettement public. - Crise des débouchés. - Crise du système productif. 2011 : - 0,5 %. Une croissance compromise ? Pays dont la croissance est modérée voire soutenue. On peut distinguer de ce point de vue là deux catégories de pays : - Les pays avancés : Corée du Sud (+3,6 % en 2011), - Les pays les plus pauvres : la croissance prend de l’ampleur en raison d’une meilleure intégration à l’économie mondiale) : Philippines (+4,7 % en 2011), Cambodge (+6,7 %), Vietnam (+5,6), Birmanie (+5,5%). Dans l'aire orientale, le rythme de la croissance est donc inégal. Il donc difficile de parler d'aire de croissance uniforme. Néanmoins, quelques croissances exceptionnelles confortent l'image d'une Asie orientale en expansion (prévision de la Banque mondiale pour 2012 : + 7,8% à 7,9%). 1.3 L’intégration à l’économie mondiale Quels flux animent l'Asie orientale ? Des flux considérables D'importants flux de marchandises animent cette zone. Pour donner une idée de l'intensité du trafic, l'Asie Orientale représente 45 % du trafic de conteneurs dans le monde. L’Asie orientale se situe au départ (ou à l’arrivée) de routes maritimes majeure : - Asie orientale Pacifique par le détroit de Luçon Amérique du Nord - Asie orientale l'océan Indien par le détroit de Malacca vers Golfe persique, Europe. Ceci explique l'importance de ports comme Kaohsiung à Taiwan, et surtout de Singapour premier port mondial. Classement mondial des ports à conteneurs en 2009 1 Singapour Singapour 3 2 3 4 5 Shanghai Hong Kong Shenzhen Pusan Chine Chine Chine Corée du Sud Au total, sur les 50 premiers ports à conteneurs mondiaux, 21 sont en Asie orientale. Il y a un trafic intra-zone, c’est-à-dire entre les différents pôles éco régionaux, important. L' Asie orientale est donc une aire de développement à la fois interdépendante et ouverte sur le monde caractérisée par des courants d'échanges intra-régionaux. Tous les types de flux circulent dans la région. - Ces pays échangent entre eux des matières premières (Le Japon achète du bois d'Asie du Sud-est, du pétrole indonésien raffiné à Singapour) et des produits semis finis (composants…). Des produits finis destinés aux pays industrialisés. On observe également d'importants flux de capitaux. Bref aperçu du top 10 des bourses à l'échelle mondiale. 1) Bourse de New York (Etats-Unis) 2) NASDAQ (Etats-Unis) 3) Bourse de Londres (Royaume-Uni) 4) Bourse de Tokyo (Japon) 5) Euronext (Belgique, France, Pays-Bas, Portugal) 6) Bourse de Francfort (Allemagne) 7) Bourse de Shanghai (Chine) 8) BME (Espagne) 9) Bourse de valeurs italienne (Italie) 10) Bourse de Hong-Kong (Hong Kong) - Des flux migratoires animent également l'Asie orientale. En Chine, il s'agit d'une immigration interne en provenance des régions intérieures. Au Japon, les immigrés proviennent généralement d'Asie (Corée, Chine, Philippines). Il faut compter également l'arrivée de nikkeijin descendants des émigrés japonais du Brésil ou du Pérou. L’internationalisation des entreprises Les marques des géants locaux (Sony, Samsung…) se mondialisent au tournant des XXe et XXIe siècles et concurrencent frontalement leurs rivales américaines et européennes. Mais davantage qu’à l’ère où le Japon faisait figure d’unique géant économique régional, au début du XXIe siècle, c’est une situation de complémentarité qui prévaut : les firmes américaines utilisent largement l’appareil productif chinois ou taiwanais pour baisser leurs coûts de production via la NDIPP (nouvelle division internationale du processus productif). Le marché américain est le débouché indispensable des usines asiatiques : qu’il se ferme et des dizaines de millions de chômeurs apparaissent instantanément dans toute l’Asie de l’Est... 4 2. Les facteurs de puissance 2.1 Les hommes, atout de la puissance Ancien et principal foyer de peuplement mondial (1/4 de la population mondiale) Le poids démographique de l’Asie orientale est beaucoup plus important que celui des autres aires de la Triade Et le poids démographique des pays étudiés est très différent. Par exemple : - Chine = pays le plus peuplé du monde, 1.3 milliard d’habitants, dont près de 50 % vivent dans les provinces littorales dynamiques. - Japon = 128 millions d’habitants. - Corée du Sud = 48 millions - Taïwan : 23 millions d’habitants. - Hong Kong : 7 millions d’habitants (redevenue chinoise en 1997, mais gardant une autonomie économique) - Singapour : Cité - Etat de 4, 5 millions d’habitants. Le point commun entre ces territoires réside dans les fortes densités (surtout dans les plaines, deltas et vallées) : fortes densités rurales liées à la riziculture (qui demande beaucoup de travail mais est très nourricière), mais aussi fortes densités urbaines (6600 hab/km2 à Singapour, d’immenses agglomérations à croissance rapide comme Tokyo, Séoul ou Shanghai) Cette forte population a pu être un frein au développement (forte croissance démographique), mais représente aujourd’hui un atout. Il s’agit d’un formidable réservoir de main d’œuvre. Complémentarité de deux types de main d’œuvre : main d’œuvre abondante et bon marché (voir Chine : migrants acceptant de bas salaires et de longues journées de travail) et main d’œuvre très qualifiée à Singapour ou au Japon : haut niveau d’éducation) Ces populations constituent parallèlement un vaste marché potentiel. Des valeurs très fortes animent ces populations. Le communautarisme asiatique est souvent opposé à l’individualisme occidental (effort de tous, entraide de la famille, ce qui se voit aussi à travers le rôle des communautés de la diaspora chinoise, qui investit en Chine, par exemple à Singapour). Le poids des grandes métropoles. L’Asie orientale concentre 31 des 100 premières métropoles mondiales La croissance économique en Asie Orientale s’est accompagnée d’une forte croissance urbaine : les taux d’urbanisation sont très élevés (plus de 80% et 100% dans les cités-Etats de Singapour et de Hong Kong), sauf en Chine (35 %, mais le chiffre est plus élevé dans les régions littorales) Cette croissance profite avant tout aux plus grandes villes, qui sont devenues des mégapoles de rang mondial - L’agglomération de Tokyo est la plus grande du monde avec plus de 30 millions d’habitants. Avec OsakaKyoto-Kobé (17 millions d’habitants) et Nagoya (8,6 millions d’habitants), elles forment les piliers de la plus importante mégalopole mondiale (voir le cours suivant) qui regroupe 100 millions d’habitants (4/5 des japonais) ; - Séoul, avec près de 20 millions d’habitants se situe au 4ème rang mondial. Les villes chinoises (Shanghai, Pékin, Guangdong) connaissent un essor rapide et des transformations importantes : de nombreux migrants ruraux viennent y tenter leur chance : - A Pékin, les quartiers anciens sont détruits pour donner naissance à une capitale moderne (CBD à l’américaine, parc technologique, métros, périphériques) ; face au centre historique de Shanghai s’est développée la nouvelle zone de Pudong. Les principales métropoles présentent de fortes similitudes en termes de paysages. On constate un acharnement à construire des gratte-ciel de plus en plus hauts volonté d’affirmer une puissance toute neuve. 6 des 10 plus hauts édifices du monde sont concentrés en Asie orientale : 1. Burj Khalifa Dubaï Émirats arabes unis 828 m (flèche) 739 m 162 2009 2.Abraj Al Bait Towers La Mecque Arabie saoudite 601 m (flèche) 450 m 76 2011 3. Taipei 101 Taipei Taïwan 508 m (flèche) 448 m 101 2004 4. Shanghai World Financial Centre Shanghai Chine 492 m 492 m 101 2008 5 5. International Commerce Center Hong Kong Hong Kong 6. Tours Petronas Kuala Lumpur Malaisie 484 m 476 m 108 2010 452 m (flèche) 410 m 88 1998 7. Willis Tower (anciennement Sears Tower) Chicago États-Unis 527,3 m (antenne) 442 m 108 1974 8. Empire State Building New York États-Unis 443,2 m (antenne) 381 m 102 1931 9. Jin Mao Tower Shanghai Chine 420,5 m 366 m1 93 1998 10. Two International Finance Center Hong Kong Hong Kong 416 m 406,9 m 90 2010 - Des villes nouvelles poussent comme des champignons : elles voient naître de nouveaux comportements et de nouveaux modes de vie ; - ces villes, qui manquent souvent de place pour s’étaler, poussent en hauteur ; - elles concentrent le plus souvent les activités industrielles, portuaires, mais aussi les activités du tertiaire supérieur (aéroports, commerce, finances, recherche) On trouve donc des métropoles puissantes, mais inégalement réparties. L’Asie orientale compte 16 des 100 premières métropoles mondiales en termes de PIB. Le Japon vient nettement en tête : 3/100. Tokyo a le 1er PIB urbain mondial avec 1479 milliards de $. La Corée du Sud est représentée par Séoul (12e PIB en 2000) – 21E en 2009 Hong Kong figure à la 14e place (16e en 2009). En quoi les métropoles ancrent-elles l’Asie orientale dans la mondialisation ? - Les métropoles asiatiques sont les plaques tournantes des transports aériens de leur pays voire de l’Asie. - Elles sont souvent en situation littorale et s’intègrent aisément par leurs ports et leurs activités industrielles au système économique mondial. - Ces villes sont des pôles de commandement économique, de rayonnement politique et culturel. 2.2 Les facteurs économiques Un essor économique par étapes La théorie du vol d'oies sauvages est un modèle de développement économique décrit par l'économiste japonais Kaname Akamatsu en 1937. Elle fut complétée par Shinohara en 1982. Dans ce modèle d'industrialisation, on observe qu'un pays initie le processus d'industrialisation sur un produit à faible technicité, il en devient exportateur, puis l'abandonne pour un produit à plus haute valeur ajoutée. Cet « abandon » permet à un autre pays d'entamer son propre processus d'industrialisation. Ainsi, on observe trois phases : premièrement, le pays importe le produit, puis il substitue la production nationale aux importations avant de l'exporter. Suite au Japon, les nouveaux pays industrialisés (NPI) de la première génération (Singapour, Corée du Sud, Hong Kong, Taïwan) ont ainsi entamé leur industrialisation dans les années 1960. Dans les années 1980, une seconde génération de NPI apparaît (Thaïlande, Malaisie, Philippines et Indonésie). L'industrialisation de la république populaire de Chine s'appuie sur d'autres éléments, mais son insertion récente dans l'économie mondiale se rapproche de ce modèle d'industrialisation. N°12, p. 219 6 7 Un essor économique par étapes …) Différents niveaux de développement. Il y a une tradition autoritaire en Asie orientale (on a parlé de « despotisme oriental » et l’Etat, par des méthodes différentes, joue toujours un rôle important). Aujourd’hui, l’Etat, dans des contexte différents continue de jouer un rôle important : - au Japon : Constitution de 1946 (régime démocratique), mais intervention de l’Etat à travers le MITI créé en 1948 - en Chine, régime communiste depuis 1949 : après les difficultés des années Mao, Deng Xiao Ping lance en 1978 une politique progressive de réformes et d’ouverture aux investissements étrangers des régions littorales. 8 2.3 L’intégration par les flux 3. Limites à la puissance et tensions 3.1 La persistance, voire l’aggravation des inégalités Entre les Etats – cf. 1.1 Les inégalités régionales : 3 Etats Que disent les cartes ? Exemple n°1 : Singapour - N°1 et 5, p. 224 et 225 accords commerciaux entre les Etats ouverture des frontières (Malaisie et Indonésie) construction et mise en place d’infrastructures de transports. Spécialisation des territoires - Singapour : services et industries de pointe - Malaisie : industries - Indonésie : tourisme Modèle centre/Périphérie. Singapour est un centre d’impulsion régional. Exemple n°2 : Corée du Sud - n°9, p. 219 Montée des inégalités : littoral/intérieur ; axe Séoul-Pusan/reste du territoire ; Séoul/autres agglomérations Les deux axes de l’aménagement du territoire sud-coréen : rééquilibrage de certains vers certains littoraux en profitant de l’ouverture croissante de la Chine + renforcement de l’axe Séoul-Pusan pour le rendre plus performant (c’est la puissance de ce territoire qui permet à la Corée du Sud de jouer un rôle dans la mondialisation). Un territoire intégré à la mondialisation : - ports, aéroports - zones franches - fonctions de commandement (bourse, banque) - stratégies de délocalisation Le cas chinois : article Questions internationales + N°1 et 3, p. 222 et 223 9 3.2 L’Asie orientale : les facteurs de fragmentation Quelles tensions s’expriment dans la région ? - entre la Chine et Taïwan. Le problème repose principalement sur le fait que Beijing considère encore aujourd'hui l'île de Taiwan comme une « province rebelle » faisant partie intégrante du territoire chinois et devant être réunifiée sous la formule « un pays, deux systèmes » (formule ayant déjà été appliquée pour la réunification de Hong Kong en 1997 et de Macau en 1999). De son côté, Taiwan possède toutes les caractéristiques d'un État et revendique un statut égalitaire face à la Chine continentale. Actuellement, les deux parties semblent être campés sur leurs positions respectives. Du côté chinois, Beijing refuse de renoncer à l'usage de la force afin de ramener Taiwan dans son giron et une aucun dirigeant du PCC ne semble enclin à accepter la « perte » de l'île. Du côté taiwanais, une imposante majorité de citoyens considèrent leur pays comme étant souverain et plus de 75 % de la population s'oppose de façon constante à la formule « un pays, deux systèmes. » - entre la chine et le Japon Plusieurs facteurs de tensions : Nature territoriale Administrativement, les îles Senkaku dépendent de la ville d'Ishigaki sur l'île éponyme, dans la préfecture d'Okinawa. Géographiquement, elles font partie de l'archipel Sakishima, avec les îles Yaeyama et Miyako (plus au sud), et donc des îles Ryūkyū. L'intérêt de ces îles est économique, avec les gisements potentiels d'hydrocarbures situés à proximité, notamment celui de Chunxiao/Shirakaba, ainsi que stratégique pour la marine chinoise. L'île Oki-no-tori est un atoll japonais situé à 1 740 km de Tōkyō, au milieu de la mer des Philippines. L'atoll est le point le plus au sud du Japon, et fait officiellement partie de l'archipel d'Ogasawara (souspréfecture d'Ogasawara). Si Okinotorishima est considéré comme une île par le Japon, la Chine considère qu'il s'agit uniquement de rochers, et que le Japon ne peut pas établir autour d'eux une zone économique exclusive (ZEE) selon l'article 121 de la convention des Nations unies sur le droit de la mer. Cette ZEE couvre environ 400 000 km², avec de nombreuses ressources halieutiques et très certainement des gisements minéraux (manganèse, cobalt, lithium). Nature géopolitique : la Chine veut être la principale puissance régionale et s’oppose à une réforme du Conseil de Sécurité que donnerait un siège permanent au Japon à l’ONU. le poids de l’histoire. Les plaies sont encore vives. Le massacre de Nankin également connu sous l'appellation sac de Nankin ou Viol de Nankin est un évènement de la seconde guerre sino-japonaise qui a eu lieu en 1937, pendant six semaines, après la bataille de Nankin, l'ancienne capitale de la République de Chine. Au cours de cette période des centaines de milliers de civils et de soldats désarmés sont assassinés et entre 20 000 et 80 000 femmes et enfants sont violés par les soldats de l'armée impériale japonaise. Le massacre reste un sujet de controverse politique, puisque certains aspects sont contestés par certains historiens révisionnistes et nationalistes japonais, qui affirment que le massacre a été exagéré voire totalement fabriqué à des fins de propagande. Les estimations des historiens japonais varient largement, entre 40 000 et 200 000 victimes. Actuellement : La haine atteint son paroxysme lors des violentes émeutes antijaponaises qui secouèrent la Chine en 2005. Depuis, elle s'est dissipée. «Le Japon et la Chine sont engagés dans ce qu'ils appellent un partenariat stratégique. Hu Jintao a décidé de faire passer au second plan les querelles historiques. Il ne parle plus que des relations sino-japonaises de l'après-guerre, qui sont sans nuage», explique Ryosei Kokubun, professeur de l'Université Keio, le meilleur spécialiste des relations entre les deux pays. Les dirigeants japonais et chinois multiplient les visites officielles. En 2007, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a prononcé devant la Diète japonaise un discours, retransmis en direct à la télévision chinoise, dans lequel il saluait les multiples excuses du gouvernement japonais à propos de la Seconde Guerre mondiale. 10 En mai 2008, une tragédie a achevé de rapprocher les frères ennemis d'Asie. Après le tremblement de terre du Sichuan, le Japon fut le premier pays à envoyer une équipe de secours sur les lieux du sinistre. Malgré la méfiance réciproque entre les opinions publiques, la télévision d'État chinoise consacra une très large couverture aux efforts des soixante secouristes japonais. En première page, les journaux chinois publièrent la photo de ces ennemis d'hier, voûtés et silencieux, prostrés par leur impuissance face à la mort, au milieu des décombres. «À partir de ce moment, l'image des Japonais a changé en Chine», estime Ryosei Kokubun. - attitude de la Corée du Nord – le nucléaire Dans un contexte de tensions avec les États-Unis qui l'accusaient de mener un programme clandestin d'enrichissement de l'uranium à des fins militaires, la Corée du Nord a présenté le développement de son programme nucléaire (à base de plutonium) comme une mesure de défense face à l'attitude qu'elle jugeait « agressive » des États-Unis : elle a procédé à son premier essai le 9 octobre 2006 après s'être retirée du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en 2003 devenant le neuvième État à devenir une puissance nucléaire militaire dans le monde. Cet essai a été fortement critiqué par la communauté internationale, y compris par la Chine, proche de Pyongyang. Cette dernière a en représailles stoppé la fourniture de pétrole durant trois mois. Deux ans et demi après son premier essai, la Corée du Nord annonce le 25 mai 2009 qu'elle a réalisé un second essai nucléaire souterrain. Voir aussi l’actualité des derniers jours au sujet notamment d’un lancement de satellite nord-coréen. - tensions en Mer de Chine méridonale Les îles Spratley et les îles Paracel sont deux archipels coralliens inhabités de mer de Chine méridionale, qui sont l'objet d'un conflit territorial complexe impliquant la Chine, Taïwan, le Việt Nam, les Philippines, la Malaisie et Brunei. Les intérêts des différentes nations sont l'acquisition de domaines de pêche pour les deux archipels, l'exploitation de gisements de pétrole et de gaz naturel pour les îles Spratley, et la maîtrise d'une position stratégique. Les premiers sondages montrant que la zone pourrait être riche en pétrole remontent à 1968. Le ministre chinois des ressources géologiques et minières a estimé leur potentiel à 17,7 milliards de tonnes de brut (le Koweït en possédant 13 milliards). Dans les années qui suivirent, les revendications s'intensifièrent. Le 11 mars 1976, la première compagnie pétrolière philippine découvrit un gisement pétrolier au large de l'île de Palawan (île de mer de Chine méridionale, mais appartenant aux Philippines). Ces champs pétrolifères fournissent 15 % de la consommation annuelle de pétrole aux Philippines. Cependant, aucun des pays revendiquant les Spratley n'a accordé de concession en mer, pour éviter de provoquer une crise. De plus, les compagnies pétrolières internationales n'ont pas encore pris d'engagements, elles attendent que le litige territorial soit réglé. Les perspectives de pêche abondante sont une autre motivation à la revendication. En 1988, la mer de Chine méridionale comptait pour 8 % des prises mondiales, chiffre qui a crû depuis. Il y a déjà eu de nombreux accrochages dans les Philippines avec des bateaux de pêche étrangers (notamment chinois) dans la ZEE philippine. La Chine estime que la valeur en prise de pêche et pétrole de cette mer se monte à mille milliards de dollars. La zone est également une île des routes maritimes les plus fréquentées au monde. Dans les années 1980, au moins 270 navires de commerce l'empruntaient chaque jour. Actuellement, plus de la moitié du tonnage de pétrole transporté par mer y transite, chiffre en augmentation constante avec la croissance de la consommation chinoise de pétrole. Ce trafic est ainsi trois fois plus important que celui passant par le canal de Suez et cinq fois plus que celui du canal de Panama. Les Spratley forment également une excellente base d'observation des manœuvres de la flotte américaine. Tout cela se produit dans un contexte de poussée nationaliste. 3.3 L’absence d’association régionale 11 Les Etats de la région demeurent incapables de s'associer en un ensemble cohérent de manière à défendre des intérêts communs et à se faire entendre sur la scène internationale. Face aux deux pôles équilibrés constitués par des associations économiques avancées, l'ALENA articulée autour des Etats Unis et de l'UE, l'Asie orientale doit affirmer sa cohésion autour d'une puissance qui reste à déterminer (Japon ? Chine ?). Parfois, il y a des phases de coopération régionales. Mais elles sont ponctuelles. Une réponse commune et concertée lui a particulièrement fait défaut lors de la crise financière qui s'est déclenchée en 1990 au Japon, aggravée par la dévaluation du yuan Chinois en 1994 et transformée en crise économique. L'ASEAN, association visant à établir le libre échange en Asie Pacifique et regroupant la majorité des états hormis les plus industrialisés (Corée du Sud, Taïwan, Japon) et crée en 1967 en réponse à la construction européenne, est peut être la plus apte à défendre et orienter les dynamiques régionales en Asie orientale face à une économie où la concurrence est-elle aussi mondiale. L'Asie orientale a su s'appuyer sur des dynamismes régionaux générés par la mondialisation de l'économie pour se développer. Elle doit désormais prouver sa capacité à maîtriser ce développement à long terme pour ne pas réitérer les erreurs qui ont mené à la crise asiatique, notamment en se réunissant dans une association au pouvoir de décision réel. 12 13 Nb : Birmanie, Laos, Cambodge : même symbole que Indonésie, Malaisie…