L’Asie Orientale
une aire de puissance
I. Pourquoi peut-on parler d’aire de puissance ? Quels sont les éléments communs
de la puissance ?
II. L’organisation de l’aire
III. Les limites de la puissance
L’Asie Orientale comprend le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, la Chine littorale et Singapour.
C’est une aire de puissance formée d’éléments discontinus éparpillés sur une vaste superficie. C’est un
ensemble tourné vers le Pacifique. C’est une aire de puissance originale, très hétérogène par les taille des
Etats, la structure politique et le niveau économique.
Les relations entre les différents pays ne sont pas gérées par des accords d’ensemble mais par des
accords bilatéraux ou entre firmes. Il existe toute fois, l’association des nations de l’Asie du sud-est.
I. L’aire, sous le signe de la puissance
a. le poids démographique
L’Asie orientale est le principal foyer de peuplement de la Terre. Elle regroupe 740 millions d’habitants. Dans
cet espace tous les pays ont achevés leur transition démographique au prix d’une politique antinataliste très
dure. Aujourd’hui ces pays sont confrontés au vieillissement de la population. La répartition de la population
est inégale, le peuplement est majoritairement urbain (Japon, Corée du sud). Pour la Chine littorale,
l’urbanisation est moins dense. On rencontre dans cet espace de très fortes concentrations urbaines.
- Tokyo → 30 millions d’habitants
- Séoul → 20 millions d’habitants
Du point de vue économique, l’ensemble de la population est marquée par la culture chinoise, qui s’est
diffusée par les échanges ou la conquête. A Singapour, 80% de la population est d’origine chinoise. Ceci
n’empêche pas l’existence d’identité nationale et culturelle très forte.
b. une aire de puissance économique dynamique
Les croissances économiques des différents pays sont spectaculaires, l’Asie Orientale réalise 21% du
revenu mondial et 25% des exportations de marchandise.
- l’expansion de l’Asie orientale s’est faite par étape
La décolonisation économique du Japon commence au milieu du XIXe siècle à l’aire Meiji, puis après la
guerre, le Japon reçoit l’aide américaine qui lui permet de connaître une très forte croissance (10%) entre
1945 et 1975, et de devenir la 2e puissance économique mondiale.
La Corée du Sud, HongKong, Singapour et Taiwan entrent en scène à partir des année 60 : les 4 Dragons
sont d’abord des pays ateliers pour les firmes multinationales puis deviennent dans les années 90, des pays
disposant d’entreprises nationales renommées et d’une économie diversifiée.
L’essor de la Chine commence dans les années 80, son PIB augmente de 8 à 10%/an. Il faut toute fois
noter que depuis les années 90, un ralentissement économique touche cette zone. La Chine et Singapour
ont un taux de croissance de 7%, Taiwan 5%, et la Corée du sud et le Japon sont en récession.
Comment expliquer le dynamisme ?
Ce dynamisme repose sur la mise en application d’un modèle expérimenté par le Japon.
- le rôle de l’Etat et des entreprises
Les bases de la puissance japonaise repose sur les grandes entreprises issues des groupes familiaux
d’avant guerre (Keritsu), comme par exemple des entreprises Mitsubishi. Elles entretiennent des relations
étroites avec le Miti (ministère) et sont soutenus par les Soga Shosha.
Les Keritsu sont des conglomérats (regroupement de firmes) qui pratiquent des activités diverses, liées
entre elles par des liens financiers. Le Miti est le ministère du commerce extérieur de l’industrie = fonction
d’information, rassemble des données sur les technologies et marchés étrangers :
- la recherche : l’Etat traduit les périodiques scientifiques
- se charge du développement des technopoles
- il oriente l’économie par le bais des entreprises, des crédits et de l’onde financière aux entreprises.
- fonction commerciale : il réglemente la concurrence et fixe les quotas.
Les Soga Shosha sont des sociétés commerciales qui ont pour but de favoriser et de promouvoir la réussite
de l’entreprise.
- la société japonaise
C’est une société consensuelle. Elle est marquée par l’attachement au groupe, le respect de la hiérarchie
qui explique le lien fort des travailleurs et le nationalisme des japonais du point de vu économique.
Elle est très solidaire au sens familial du terme, ce qui permet de compenser le faible niveau de protection
sociale qui oblige par ailleurs la population à épargner, favorisant aussi les investissements.
- la stratégie de développement
Cette stratégie joue sur les inégalités de veloppement pour faire évoluer le sujet productif dans une
remontée de filière. Le Japon expérimente dans les marchés intérieurs de ses voisins moins développés, les
produits qu’il exportera ensuite, tandis qu’il continue d’importer des produits qu’il ne maîtrise pas la
production. Il délocalise chez ses voisins ce sui revient trop cher à fabriquer chez lui.
Ensuite, les pays voisins suivent ce modèle et un entraînement industriel se réalise par glissement
successif des activités d’un pays à l’autre en fonction de l’évolution des coûts de production. Ce modèle a
été baptisé « le vol des oies sauvages ».
Depuis la fin des années 90, un nouveau modèle de production est apparu (baptisé circuit de production
intégré) cf. schéma 2 des feuilles.
Les grandes firmes organisent les échanges et diversifient les implantations des fabrications en tenant
compte de plusieurs éléments :
- présence d’une main d’œuvre qualifiée, bon marché, ou de marché de consommation.
- chute des coûts de transport et de communication
- nature des opérations qui permettent d’élaborer un produit.
Cette organisation a pour conséquences de mettre en réseau les différents pays d’Asie Orientale, et
l’explosion des échanges.
II. Comment s’organise cette aire de puissance
Cette aire constitue une longue façade maritime, multi polaire, le long d’un axe, qui s’étend du Japon à
Singapour. L’aire sud-est asiatique est organisée en réseau à plusieurs échelles.
échelle locale : mise en relation des différents pays de la zone et de leur diverse compétence productive
échelle continentale : les ports chinois qui s’ouvrent sur un arrière pays très peuplé
L’organisation des pays d’Asie s’appuie sur plusieurs éléments :
- multiplication des zones franches (Singapour, ). La Chine présente également de nombreuses zones
économiques spéciales. page 203
- pavillon de complaisance (Singapour, Hong-Kong)
- présence de grandes compagnies maritimes (Evergreen)
- 1ère zone mondiale de construction navale (les 2/3 des navires du monde sont fabriqués en Asie).
Cette organisation met en évidence l’importance des ports qui ont de nombreuses fonctions (industrielles,
commerciales, de recherche et financiers,…).
L’importance des ports explique le déséquilibre qu’il existe entre l’intérieur du pays et les régions côtières.
La pression est elle sur le littoral qu’il a été nécessaire de gagner des terres sur la mer, en construisant des
terre-pleins.
III. Les limites de la puissance
L’Asie Orientale est un centre d’impulsion qui reste toute fois soumis à des fragilités et des incertitudes.
Les remises en cause du modèle économique :
Les dernières années du XV° siècle ont été marquées par une crise financière majeure. Elle a révélé le
surendettement des Etats et la fragilité des conglomérats japonais et coréens qui ont du se restructurer.
Nissan a été sauvé par son alliance entre le groupe Renault.
Même si les pays ont repris leur croissance, cette dernière est très ralentie surtout au Japon : le chômage
et les tensions sociales s’accroissent donc.
Les particularismes politiques et les tensions géopolitiques :
Sauf en Chine, les régimes sont de type démocratique, mais les situations politiques sont différentes. La
Chine, depuis 1949 est dominée par le parti communiste (parti unique) et qui met en place depuis quelques
années l’économie socialiste de marché.
Le Japon est une démocratie libérale, mais depuis la fin de la seconde guerre mondiale, c’est toujours le
même parti qui est au pouvoir (parti libéral démocrate). A Singapour, depuis 30 ans, se sont les membres de
la même famille qui exercent le pouvoir.
A Taiwan et en Corée du Sud, il a fallu attendre 1987 et 1996, pour qu’est finalement lieu des élections
pluralistes.
Autoritarisme politique et libéralisme économique apparaissent comme des points communs, mais la
disparité des régimes politiques n’est pas favorable à la mise en place de structures de coopération et à la
solution des conflits. Les 5 pays que nous étudions ne sont unis au sein d’aucunes associations.
Les zones de tension :
Il y a des tensions entre Chine et Taiwan (depuis 1949), car Taiwan est le refuge des chinois communistes.
En Chine les échanges sont entravés par de fréquents actes de piraterie.
La présence américaine depuis la guerre froide se manifeste par la protection militaire accordée à la
Corée, Taiwan et au Japon, qui était dirigé contre la Chine. Hors la Chine n’a pas l’intention de jouer les
seconds rôles dans la future grande puissance asiatique. Le milieu naturel de cette région est
particulièrement touché par des séismes et des ouragans.
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