l’expérience). Cependant, ces vérités concernent-elles forcément la réalité ? N’est-il pas possible
d’avoir une pensée logique, cohérente, et de se tromper sur la réalité ?
II. La raison permet de prouver des vérités logiques, non des vérités concernant les faits
1. Développement de l’objection amorcée dans la transition
On a vu que la raison nous permet d’élaborer des théories cohérentes, donc de connaître la
réalité, puisque cette dernière est elle-même cohérente. Cependant, il peut arriver que deux
théories scientifiques soient tout aussi cohérentes l’une que l’autre, et pourtant en désaccord
concernant la réalité. Il est donc nécessaire (inévitable) que l’une ou moins soit fausse, ou
partiellement fausse. Cela est encore plus vrai pour les théories des paranoïaques, qui sont des
délires cohérents : ce sont des théories qui ont une certaine logique mais sont en décalage avec la
réalité. Un raisonnement peut être parfaitement logique, mais si ses prémisses sont fausses, la
conclusion le sera aussi, la plupart du temps. La raison, en tant que faculté de bien raisonner, ne
suffit donc pas toujours à prouver qu’un énoncé est vrai ou faux, lorsqu’il s’agit d’une vérité
concrète, qui concerne la réalité. Elle est en revanche très utile pour prouver des vérités abstraites.
2. Les sciences démonstratives s’occupent de vérités abstraites
Avec les sciences démonstratives, et notamment avec les mathématiques, il semble que nous
nous soyons écartés de la vérité au sens d’un accord, entre la pensée et la réalité. Dans ces
sciences, en effet, on étudie des objets abstraits, c’est-à-dire obtenus en isolant certains aspects
de la réalité (nombre, formes, distance…) et en négligeant le reste (on fait abstraction de la
matière, du poids, de la couleur, etc.) La vérité, ici, pourrait se définir plutôt comme un accord de
la pensée avec elle-même. Il s’agit moins de connaître la réalité que d’être logique, cohérent.
Conclusion provisoire
Il semble donc que la raison soit très utile pour ne pas commettre d’erreurs de logique, pour
démontrer des vérités abstraites et pour élaborer des théories cohérentes. Cependant, elle ne peut
pas à elle seule prouver des vérités concernant des faits. Pour obtenir de telles preuves, on verra
qu’il faut recourir à un autre type de connaissance que la connaissance rationnelle : l’expérience.
Mais ceci fera l’objet d’un prochain cours.
QCM : +3 points par bonne réponse, -1 point pour chaque mauvaise réponse
1. Une croyance est… a. un préjugé – b. une idée fausse – c. un point de vue qu’on considère comme vrai
alors qu’il ne repose sur aucune preuve convaincante.
2. Le mot « raison », dans ce cours, désigne…. a. le pouvoir de penser de façon cohérente – b. le pouvoir de
se comporter raisonnablement – c. le motif d’une action (« Pour quelle raison faites-vous cela ? »)
3. Pour le philosophe Épicure, les croyances religieuses de la plupart des Grecs sont fausses parce que… a.
les dieux n’existent pas, au contraire de ce que prétendent ces croyances. – b. il n’y a qu’un seul Dieu,
contrairement à ce que disent les Grecs – c. ces croyances manquent de cohérence.
4. Une démonstration est…. a. une preuve qui repose sur les sens (on démontre le théorème de Pythagore en
dessinant un triangle rectangle et en mesurant ses côtés) – b. un raisonnement logique qui repose sur des
prémisses certaines – c. une vérité mathématique (un théorème)
5. Une démonstration est…. a. un raisonnement déductif, qui tire une conclusion logique d’un ensemble
d’énoncés – b. une sorte d’induction – c. le point de départ d’un raisonnement
6. Une vérité universelle est…. a. une vérité qui est toujours valable, dans toutes les situations – b. une vérité
qui concerne tous les hommes – c. une vérité qui est valable dans la plupart des cas
7. Les objets étudiés par les mathématiciens sont abstraits. Cela veut dire…. a. que ces objets n’ont rien à voir
avec la réalité – b. que ces objets ont été définis à partir de certaines caractéristiques de la réalité qu’on a
isolées par la pensée en faisant abstraction des autres – c. que ces objets ne sont pas visibles