5 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
travail, la main-d'œuvre absorbée par ces segments parvenait généralement à retrouver un emploi, et
le chomâge n'était alors qu'une phase transitoire entre deux emplois.
La convergence entre l'évolution de la production et celle de l'emploi s'inscrit comme conséquence
de la trajectoire de croissance durable avec une verticalisation productive croissante dans le secteur
industriel, incorporant la quasi totalité des fonctions exigées par le processus de production.
Ainsi, les activités modernes (de type capitaliste) tendent à incorporer l'ensemble des fonctions
productives nécessaires pour sa reproduction, n'ayant que peu de rapport avec les activités plus en
retard (de type activités de survivance) À travers le circuit revenus-consommation (Souza, 1980 et
Cacciamali, 1983). Les activités capitalistes semblent donc constituer un noyau autonome jouissant
d'une capacité de reproduction élargie et rapide, ainsi que de la possibilité de maintenir un éventail
d'activités à faible productivité où serait inséré l'excédent de la force de travail récemment arrivée
dans les villes
. Ce processus n'était que renforcé pas la structure défavorable de la redistribution des
revenus qui rendait possible la reproduction de formes de consommation alimentant tout un
ensemble d'activités de services aux personnes et d'emplois domestiques.
La modernisation consolidait donc une structure productive et un segment de marché du travail
dirigé par les grnades entreprises et le secteur public, en même temps qu'elle maintenait tout un
éventail d'activités économiques ne reposant pas sur le travail salarié ou alors à travers des relations
de grande précarité. De cette façon, le nouveau s'est constitué petit à petit aux côtés du système de
reproduction de l'ancien, augmentant donc le degré d'hétérogénéité de la structure productive et du
marché du travail. Ceci a provoqué une augmentation de l'hétérogénéité de la structure productive
dans la mesure où tout un segment moderne était en train de se consolider sur les restes de l'ancien.
Cette même hétérogénéité se retrouvait aussi dans la structure sociale (Henrique, 1999).
Après le débat, pendant la seconde moitié des années soixante, sur le rôle des activités en retard dans
la nouvelle configuration économique et sociale, qui tournait autour de la notion de marginalité, la
discussion sur l'hétérogénéité de la structure productive et du marché du travail s'est orientée, au
début des années soixante-dix, vers le problème du sous-emploi et de l'informalité (Dedecca, 1990).
L'analyse du sous-emploi associait la fragilité de la condition occupationnelle à l'utilisation partielle
de la capacité productive de la force de travail dans des activités en retard, en raison des bas niveaux
Deux points méritent ici que l'on s'y arrête. Le premier tient à l'argument selon lequel des activités moins développées (plus en
retard) permettaient la réduction du coût de la reproduction de la force de travail du segment plus moderne. En dehors de la
controverse qui existe à ce sujet (voir Oliveira, 1971 et Souza, 1980), il n'en reste pas moins que cette possible réduction ne
s'opère qu'à travers le circuit revenus-consommation et non pas par le circuit productif. Le deuxième point fait référence au
mouvement de destruction et création d'activités peu structurées en terme de capitalisme para la dynamique du secteur moderne.
Ce processus se réalisait à travers l'appropriation de marchés par le segment capitaliste - lorsque ceux-ci atteignaient une
dimension suffisante - ou à travers la création de marchés par le segment capitaliste qui étaient appropriés par des activités non