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Colloque organisé par le GREITD, l’IRD
et les Universités de Paris I (IEDES), Paris 8 et Paris 13
«Mondialisation économique et gouvernement des sociétés :
l’Amérique latine, un laboratoire ? »
Paris, 7-8 juin 2000
Session III : MARCHÉ DU TRAVAIL, PROTECTION SOCIALE
ET GOUVERNABILITÉ (8 JUIN, 9-12 H.)
2 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
REORGANISATION PRODUCTIVE, ABSORPTION DE MAIN-D'ŒUVRE
ET QUALIFICATION AU BRÉSIL1
Claudio Salvadori Dedecca2
Cet essai analyse les nouvelles conditions d'absorption de la main-d'œuvre au Brésil a partir des
années quatre-vingt-dix. Ce processus s'est caractérisé par une informalité croissante du marché du
travail non agricole et par la reproduction d'un chomâge pondérable. La reconfiguration du marché
du travail national actuellement en cours a des répercussions sur le présent et l'avenir. Les nouvelles
conditions de fonctionnement exercent des effets aussi bien économiques que sociaux. Notre travail
propose une interprétation de ce processus. Nous montrons comment l'informalité croissante et le
chomâge sont liés à une nouvelle dynamique de l'économie brésilienne qui provoque une
désarticulation de la base du travail salarié et une forte augmentation des segments d'activités non
salariées destinés aux services personnels et aux services à domicile, dans lesquels prédominent les
tâches peu qualifiées et de faible rémunération. De plus, cet essai montre, à partir de l'étude de
l'industrie manufacturière, comment il semble que la réorganisation du secteur formel ne soit pas
associée à une élévation du profil de qualification de la main-d'œuvre restante. Les arguments que
nous proposons ici défendent donc l'idée selon laquelle la nouvelle dynamique de l'économie ne
devrait pas engendrer un nouveau marché du travail qui serait moins précaire et exclusif. Bien au
contraire, nous pensons que cette dynamique nouvelle devrait approfondir encore plus cette
caractéristique structurelle tant de la société que de l'économie brésiliennes.
Les deux premières parties de l'article reprennent les conditions de fonctionnement de l'économie
brésilienne entre 1930 et 1980 puis après 1980. A partir des arguments que nous y proposons, nous
tentons de mettre en évidence l'évolution de la structure occupationnelle non agricole au sein des
nouvelles conditions de fonctionnement de l'économie apparues dans les années quatre-vingt-dix,
lorsque le caractère informel et le chomâge deviennent les traits principaux du processus. Nous
cherchons à montrer la précarité de ces nouvelles conditions d'absorption de la main-d'œuvre.
Ensuite, nous analysons l'évolution de l'emploi formel ainsi que ses déterminants. Cette discussion
débouche alors sur une réflexion quant à l'emploi dans l'industrie manufacturière, avec un intérêt
tout spécial pour la questions des qualifications et celle des salaires. Cette exposition permet
1
Cet essai présente certains résultats de la recherche Rórganisation Productive et Structure de l'emploi au Brésil - les
années 90, qui abénéficié de l'appui financier du CNPq et de la Fapesp.
2
Professeur de l'Institut d'Economie de l'Université d'Etat de Campinas et Président de l'Association Brésilienne
d'Etudes sur le Travail - Abet, 1997-99 ([email protected]).
3 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
d'expliciter les conditions d'absorption de la main-d'œuvre aussi bien par le segment formel de
l'économie
que par le segment informel et de réfléchir sur ce que cela implique quant à la
dynamique à venir de l'économie et de la société brésilienne.
1. Le développement basé sur l'industrialisation et le marché intérieur - 1930-80
La crise de 1930 a forcé la consolidation d'une base industrielle ainsi que le développement du
marché intérieur du pays, dirigé vers une industrialisation supportée essentiellement, jusque vers les
années cinquante, par les secteurs textile et alimentaire. Le développement du marché intérieur a
éxigé un appareil d'Etat plus complexe de par les nouvelles fonctions publiques, ainsi que des
secteurs tertiaires bancaires et de distribution nécessaires pour le développement du marché intérieur
(Singer, 1971 et Almeida, 1976). Entre 1930 et la moitié des années cinquante, le niveau de l'emploi
industriel a augmenté, ainsi que celui lié aux activités tertiaires urbaines. Dans le même temps, on
assiste à une diminution de la participation relative de l'emploi dans les activités agricoles.
Ce type d'organisation du marché du travail national a connu une première crise pendant la première
moitié des années cinquante, lorsque la modernisation de l'industrie textile a provoqué une réduction
absolue des emplois, révélant alors, pour la première fois, les limites d'un développement qui
permettait encore l'écoulement d'une partie des revenus vers l'extérieur, à travers les importations de
biens d'équipement, et par conséquent, des emplois qui pourraient être créés dans la productions de
ces biens.
Dans la seconde moitié des années cinquante, le type de processus d'industrialisation s'est
rapidement transformé, de par l'installation des industries de production de biens d'équipement et de
biens de consommation durable (Plano de Metas), ce qui a permis une plus grande consolidation de
la production et du marché du travail nationaux. Toutefois, à la fin de cette décennie, on comptait
toujours près de 50% de la population active qui continuaient employés dans des activités agricoles
(Baltar & Dedecca, 1995). L'emploi industriel - en particulier celui offert par les grandes entreprises
nationales ou internationales - continuait à représenter seulement une minorité dans la structure
urbaine des occupations.
La nouvelle dynamique de l'économie qui surgit à la fin des années cinquante a connu, après une
période de crise entre 1961 e 1966, un mouvement d'expansion rapide jusque vers 1973/74, lorsque
commence une phase de ralentissement de la croissance. Ce ralentissement, toutefois, a été endigué
grâce au rôle joué par l'Etat pour le maintien du niveau de formation brute du capital à travers le II
Plan National de Développement Economique (II PND). Mais l'épuisement des conditions de
financement de ces investissements a provoqué, pour la première fois, une crise des formes de la
4 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
croissance économique en vigueur depuis les années trente, à cause du fait que le processus reposait
complètement sur l'endettement extérieur et sur une base tributaire interne de grande fragilité.
Les répercussions internes de la crise internationale du début des années quatre-vingt ont été
combattues par une politique économique très restrictive, ce qui a provoqué un mouvement de
récession brutale et l'apparition d'un phénomène nouveau sur le marché du travail urbain: le
chomâge ouvert (Sabóia, 1986). Depuis la fin des années trente, le type d'ajustement du marché du
travail était caractérisé par le fait que, lorsqu'il y avait une phase de ralentissement de l'activité
économique industrielle, le secteur tertiaire urbain parvenait à absorber la main-d'œuvre
disponibilisée.
Cette forme d'absorption de la main-d'œuvre venait s'inscrire comme conséquence de certaines
caractéristiques du processus d'industrialisation brésilien qui avait provoqué une forme particulière
de structuration du marché du travail. Bien que l'emploi industriel ait atteint une extension limitée de
la structure occupationnelle brésilienne en 1980, il n'y a pas de doute que la principale référence
pour l'organisation du marché national du travail, pendant la période allant de 1930 jusqu'à 1970, ait
été l'emploi salarié de la grande entreprise. L'une des conséquences de la structure productive
moderne a été la croissance systématique de l'emploi salarié, dans une convergence entre les
comportements de la production et ceux de l'emploi. On peut ainsi observer que, pendant les années
soixante-dix, à l'encontre des prévisions pessimistes faites à la fin des années soixante, ce mode de
développement jouissait d'une grande capacité de création d'emplois. Ceci s'est traduit par une plus
forte structuration du marché urbain du travail dû à l'augmentation exponentielle de la force de
travail disponible en ville de par le processus de modernisation agricole qui avait relégué la solution
du problème agraire, en même temps qu'il engendrait un flux migratoire incompatible avec la
capacité de création de nouveaux emplois en milieu urbain (Souza, 1980; et Salm & Eichemberg,
1989). En dehors de cela, la répression militaire très brutale contre toute activité syndicale a
empêché les travailleurs de profiter des moments où la demande de travail par le secteur formel était
plus forte pour obtenir plus d'avantages dans les négociations, ce qui aurait pu favoriser la
structuration du marché et des relations de travail dans le pays.
L'excédent de force de travail a été absorbé petit à petit dans des activités urbaines du secteur
tertiaire traditionnel, en particulier dans les emplois domestiques et les services personnels. La
croissance soutenue du niveau de l'emploi salarié a permis la consolidation de cette forme des
relations de travail et la transformation du marché urbain du travail. Malgré le fort taux de rotativité
de la main-d'œuvre que l'on constate dans les segments les plus structurés du marché urbain du
5 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
travail, la main-d'œuvre absorbée par ces segments parvenait généralement à retrouver un emploi, et
le chomâge n'était alors qu'une phase transitoire entre deux emplois.
La convergence entre l'évolution de la production et celle de l'emploi s'inscrit comme conséquence
de la trajectoire de croissance durable avec une verticalisation productive croissante dans le secteur
industriel, incorporant la quasi totalité des fonctions exigées par le processus de production.
Ainsi, les activités modernes (de type capitaliste) tendent à incorporer l'ensemble des fonctions
productives nécessaires pour sa reproduction, n'ayant que peu de rapport avec les activités plus en
retard (de type activités de survivance) À travers le circuit revenus-consommation (Souza, 1980 et
Cacciamali, 1983). Les activités capitalistes semblent donc constituer un noyau autonome jouissant
d'une capacité de reproduction élargie et rapide, ainsi que de la possibilité de maintenir un éventail
d'activités à faible productivité où serait inséré l'excédent de la force de travail récemment arrivée
dans les villes3. Ce processus n'était que renforcé pas la structure défavorable de la redistribution des
revenus qui rendait possible la reproduction de formes de consommation alimentant tout un
ensemble d'activités de services aux personnes et d'emplois domestiques.
La modernisation consolidait donc une structure productive et un segment de marché du travail
dirigé par les grnades entreprises et le secteur public, en même temps qu'elle maintenait tout un
éventail d'activités économiques ne reposant pas sur le travail salarié ou alors à travers des relations
de grande précarité. De cette façon, le nouveau s'est constitué petit à petit aux côtés du système de
reproduction de l'ancien, augmentant donc le degré d'hétérogénéité de la structure productive et du
marché du travail. Ceci a provoqué une augmentation de l'hétérogénéité de la structure productive
dans la mesure où tout un segment moderne était en train de se consolider sur les restes de l'ancien.
Cette même hétérogénéité se retrouvait aussi dans la structure sociale (Henrique, 1999).
Après le débat, pendant la seconde moitié des années soixante, sur le rôle des activités en retard dans
la nouvelle configuration économique et sociale, qui tournait autour de la notion de marginalité, la
discussion sur l'hétérogénéité de la structure productive et du marché du travail s'est orientée, au
début des années soixante-dix, vers le problème du sous-emploi et de l'informalité (Dedecca, 1990).
L'analyse du sous-emploi associait la fragilité de la condition occupationnelle à l'utilisation partielle
de la capacité productive de la force de travail dans des activités en retard, en raison des bas niveaux
3
Deux points méritent ici que l'on s'y arrête. Le premier tient à l'argument selon lequel des activités moins développées (plus en
retard) permettaient la réduction du coût de la reproduction de la force de travail du segment plus moderne. En dehors de la
controverse qui existe à ce sujet (voir Oliveira, 1971 et Souza, 1980), il n'en reste pas moins que cette possible réduction ne
s'opère qu'à travers le circuit revenus-consommation et non pas par le circuit productif. Le deuxième point fait référence au
mouvement de destruction et création d'activités peu structurées en terme de capitalisme para la dynamique du secteur moderne.
Ce processus se réalisait à travers l'appropriation de marchés par le segment capitaliste - lorsque ceux-ci atteignaient une
dimension suffisante - ou à travers la création de marchés par le segment capitaliste qui étaient appropriés par des activités non
6 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
de productivité qui y sont prédominants. La formulation du secteur informel associait l'existence de
relations de travail non salariées dans les activités en retard, entre autre, à la faible productivité.
Aussi bien l'une de ces notions comme l'autre admettaient l'existence d'une dichotomie entre le
moderne et le suranné, de même qu'elles reconnaissent que cette dichotomie vient de la quasi
absence d'intégration productive entre ces secteurs d'activités (Tokman, 1978). Cette configuration
productive et du marché du travail, ainsi que les relations entre le moderne (formel) et l'arriéré
(informel) peuvent être représentées dans le schéma qui suit (Schéma 1).
La forme d'organisation et la propre dynamique de la structure productive permettaient que le
marché du travail soit sa propre image. C'est de la structure productive que l'on déduisait la
configuration du marché du travail puisqu'il y avait une nette identification entre le type de relation
de travail et celui de la relation de production. Cette identité a permis la construction d'une
classification en trois catégories productives-occupationnelles: i. stratégie de survie; ii. quasi
capitalistes; iii.capitalistes. Ou encore en seulement deux catégories: i. secteur formel; ii. secteur
informel. Cela a permis aussi d'associer la notion de sous-emploi aux catégories "stratégie de survie"
et quasi capitalistes ou à celle du secteur informel.
Les travaux de Souza (1980) et de Cacciamali (1983) vont dans ce sens. Leurs études tentent de
montrer la subordination des activités non capitalistes au noyau dynamique de l'économie, allant
structurées, soit à cause de leur taille réduite soit en conséquence de la configuration de la distribution des revenus. On n'a pas
vérifié ici non plus le développement de relations productives entre les activitésde type capitaliste et celles de survivance.
7 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
contre la thèse de Lewis (1969), et de présenter les activités non capitalistes comme faisant partie de
la logique de la nouvelle forme d'organisation économique qui définissait le modèle de
développement basé sur l'industrialisation et le marché intérieur.
2. De 1980 à nos jours
L'épuisement de ce mode de développement a impliqué une reconfiguration de la structure
productive et du marché du travail, ainsi que des inter-relations entre ses segments d'activités et
d'occupation (Dedecca & Baltar, 1998). Bien que ces transformations n'aient pas pu être vraiment
mises en évidence pendant les années quatre-vingt, elles sont devenues suffisamment explicites
pendant les années quatre-vingt-dix. Un premier symptôme des nouvelles conditions de
fonctionnement de la structure productive et du marché du travail consiste en la divergence existant
entre l'évolution du produit et celle de l'emploi (voir Graphique 6).
Graphique 1
Evolution du Produit Intérieur Brut, de l'Emploi Total
et de l'industrie manufacturière
Brésil – 1980-98
160
140
120
100
80
60
40
Pib
Emploi Total
20
Emploi Ind. Biens d'Eq.
0
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1997 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
Source: IBGE, Comptes de la Nation; et IBGE, Etudes Mensuelles sur l'Emploi.
Bien que l'on puisse encore, pour la décennie antérieure, associer une évolution de l'emploi, plus
lente que celle de la production, aux limitations du processus de récupération, on s'aperçoit que,
pendant les années quatre-vingt-dix , ce même argument commence à perdre du terrain dans la
8 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
mesure où devient évidente l'existence d'un processus de réorganisation productive permettant une
augmentation régulière du produit ainsi qu'une chute du niveau de l'emploi.
L'évolution divergente des deux agrégats doit être considérée en association avec les conditions
nouvelles de structuration de la base productive qui se mettaient en place depuis les années quatrevingt, avec une certaine accélération à partir de 1989, quant fut adoptée une nouvelle politique
économique basée sur une ouverture vers l'extérieur rapide et brutale, avec l'élimination d'une partie
de la capacité de production des segments d'activités importants. On peut distinguer deux
caractéristiques principales dans ce processus qui a défini la réorganisation du marché national du
travail. La première, déjà évoquée tient à la diminution absolue du niveau de l'emploi salarié dans le
secteur capitaliste. Ce mouvement implique le transfert de grands contingents de force de travail
vers le chomâge et vers les activités de petites et moyennes unités économiques. De cette façon, le
secteur appelé informel doit absorber aussi bien les contingents provenant de l'exode rural que les
salariés rejetés du secteur formel.
Schéma 2
Dynamique de la Structure Ocupacionnelle
1980-...
Grand Secteur
26,0 millons
Agricole
13,4 millons
Chomâge
6,6 millons
Non Agricole
50,7 millons
Petit-Moyen
Secteur Avec Contrat
4,8 millons
Main d´oeuvre
Production-Services
Sens de la relation
Petit-Moyen
Secteur Sans Contrat
20,3 millons
La seconde caractéristique vient du processus de réorganisation capitaliste avec élimination d'une
partie de la capacité productive, qui s'est faite avec la déverticalisation des activités gérées
9 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
directement par les entreprises ou l'importation d'une partie de la consommation industrielle qui, à
travers l'extinction de postes de travail ou la sous-traitance de tâches ou de parties de la production,
a obligé les grandes entreprises à augmenter, de manière systématique, leurs relations avec les
petites et moyennes entreprises. Ce processus rend encore plus complexes les inter-relations entre
les deux segments de base de l'activité économique - voir Schéma 2. Le petit et moyen secteur,
engagé ou non engagé, voit son propre rôle au sein de la dynamique économique changer en
augmentant les articulations avec les grandes entreprises de son segment engagé. De cette façon, on
aditionne la partie de la production du grand secteur réalisée par de petites et moyennes unités ou sur
le marché international, en notant que l'augmentation du produit du secteur capitaliste ne
s'accompagne plus d'une élévation de son niveau d'emploi4.
La nouvelle dynamique économique reconfigure les divers segments de la structure productive et les
relations que ceux-ci établissent entre eux, de même qu'elle mène à une perte d'importance
progressive du travail salarié, ainsi qu'au maintien permanent du chomâge à un taux élevé et à
l'augmentation sensible des formes non salariées du travail ou des formes salariées non
officiellement régularisées.
On ne peut nier le fait que ce processus est devenu de plus en plus visible de par le faible
dynamisme de l'économie brésilienne dans les années quatre-vingt-dix. L'augmentation très limitée
du produit, au sein d'un contexte de réorganisation de la structure productive avec des augmentations
pondérables de productivité, et d'une fuite d'une partie des revenus vers le secteur externe, a
provoqué un mouvement de rationalisation économique et, par conséquent, du marché du travail. A
ce comportement du grand secteur, s'ajoute une restriction des dépenses courantes et des
investissements de l'Etat, à cause de la nécessité que celui-ci a de destiner les recettes
prioritairement vers le paiement des charges toujours croissantes imposées par la politique
monétaire dont la tendance était de maintenir les taux d'intérêt à un niveau élevé pour les titres
publics.
Les nouvelles conditions de fonctionnement de la structure économique et du marché du travail
modifient sensiblement les relations entre les divers segments économiques qui ne se limitent plus
au circuit revenus-consommation. Un tel changement tend à renforcer un secteur petit-moyen
articulé économiquement et ayant son activité productive dirigée et subordinée à la dynamique du
grand secteur. Il devient de plus en plus évident qu'il est nécessaire de pouvoir identifier la
complexité de la structure productive et du marché urbain du travail, dans le sens d'obtenir une plus
4
La divergence existant entre l'évolution de la production et celle du niveau de l'emploi s'accentue aussi de par la substitution d'une
partie des inputs industriels nationaux par des produits d'origine étrangère.
10 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
grande visibilité à la nouvelle structure kaleidoscopique qui le caractérise (Dedecca, 1998). En
d'autres termes, il faut que soit explicite la nouvelle hétérogénéité de la structure économique et du
marché du travail.
3. Évolution et structure du marché du travail
L'analyse que nous avons faite jusqu'à maintenant montre que les conditions de fonctionnement du
marché du travail brésilien ont changé en substance au long des années quatre-vingt-dix. Les
relations entre la structure de production et l'emploi se développent sur de nouvelles bases et dans un
contexte macro-économique différent. On constate de fortes pressions en faveur d'une augmentation
systématique de la productivité, qui trouve sa source principalement dans la réduction directe des
coûts. Ce processus de réorganisation est allé systématiquement contre le niveau de l'emploi. Il nous
faut donc nous demander comment, face à ces conditions nouvelles, peut se faire la ré-absorption de
la main-d'œuvre, aussi bien au niveau du pays dans son ensemble comme dans certains espaces
régionaux5.
Les informations tirées de la Pnad montrent la chûte en continu de la croissance de la population en
âge de travailler pendant les années quatre-vingt-dix. Cette tendance ne semble pas homogène pour
l'ensemble du pays. On trouve des taux de croissance inférieurs dans les régions Sud-Est et Sud, et
beaucoup plus élevés dans la région Nord-Est - voir Tableau 1.
Recevant encore les influences des taux de natalité élevés du passé récent, la population en âge de
travailler (População em Idade Ativa ou PIA) augmente à un rythme plus fort que la population
totale (PT). On peut aussi constater une plus forte augmentation de la population active (População
Econômica Ativa ou PEA) que de la PIA à cause de l'augmentation en continu du taux de
participation, principalement dû à une plus grande présence des femmes sur le marché du travail. La
croissance de la PEA est encore plus forte en milieu urbain, de par les effets - en diminution mais
encore palpables - de la migration du milieu rural vers les milieux urbains. On doit noter toutefois la
présence récurrente d'une forte pression exercée sur les activités non agricoles en faveur de la
création de nouvelles opportunités de travail.
Malgré cette tendance à la diminution des taux de croissance de la PIA et de la PEA, ceux-ci se sont
maintenus pendant les années quatre-vingt-dix au-dessus des taux de la population employée (1,3%
par an). Pendant cette période, les résultats économiques ne se sont pas montrés satisfaisants, ne
5
En raison des limitations statistiques de la Recherche Nationale par Echantillon de Domiciles (Pesquisa Nacional por
Amostra de Domicílios ou Pnad-Ibge), qui est la principale source d'informations socio-économiques, nous ne prendrons
en considération que trois des cinq grandes régions brésiliennes: le Nord-Est, le Sud-Est et le Sud. Les années étudiées
sont 1990, 1995 et 1997.
11 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
parvenant pas à provoquer une augmentation des opportunités de travail au même rythme que
l'augmentation de la PEA.
Une telle dissonance s'est manifestée à travers une augmentation du chomâge à des taux
significatifs, près de 15% par an, atteignant les trois régions que nous considérons ici.En termes
d'augmentation totale du chomâge, entre 1990 et 1997, la région Nord-Est a représenté 25%, la
région Sud-Est 47% et la région Sud 14%. Malgré l'importance relative beaucoup plus élevée de la
région Sud-Est dans le chomâge, on ne peut toutefois pas ignorer le problème dans les autres
régions.
Si l'on analyse l'augmentation de la population employée, on constate qu'elle a eu lieu dans les
activités non agricoles, alors qu'on dénotait une certaine stabilité de la partie liée aux activités
agricoles. Cette stabilité s'explique par la compensation de la diminution de l'emploi agricole dans
les régions Sud-Est et Sud par l'augmentation de l'emploi au Nord-Est. En 1997, 13,5 millions de
personnes étaient employées dans l'agriculture, desquels près de sept millions dans la région NordEst.
La stabilité du stock de population employée dans les tâches agricoles montre que la migration du
milieu rural vers le milieu urbain demeure un phénomène important qui doit être pris en compte
pour tracer l'avenir de la PEA urbaine. Ceci exige un bon comportement de l'occupation des activités
non agricoles dans le processus d'absorption de la PEA.
Dans le cas de l'occupation non agricole, on note que les années quatre-vingt-dix ont été marquées
par une contraction de l'emploi salarié dans les grandes et moyennes entreprises, le segment que
nous appelons Grand-Moyen Secteur (GMS). Le comportement de ce secteur d'occupation n'a pas
été encore plus négatif grâce à l'augmentation des emplois publics résultante du développement de
la politique sociale, en conséquence de la Constitution Nationale de 1998. Comme nous l'avons
souligné auparavant dans cet article, l'évolution du GMS a été liée aux nouvelles conditions de
fonctionnement de l'économie brésilienne qui, dans un contexte d'ouverture sans discrimination vers
l'extérieur et de valorisation du taux de change, ont provoqué un mouvement de rationalisation avec
des conséquences très négatives sur l'emploi.
Le résultat d'un tel processus de réorganisation économique a été l'expansion du Petit-Moyen
Secteur, aussi bien de son segment en relation avec l'activité économique du GMS que dans le
segment destiné à la consommation des ménages. Malgré une croissance sensible de ces deux
segments, c'est le "Petit-Moyen Secteur Sans Contrat" (PMS-SC) qui est devenu le lieu privilégié
d'absorption de la main-d'œuvre: 9/10 des nouvelles opportunités de travail créées entre 1990 et
1997 l'ont été par le PMS-SC.
12 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Tableau 1
Taux Annnuels de Croissance de la Population en Âge de Travailler
Brésil, Nord-Est, Sud-Est et Sud, 1990-97
Brésil
Nord-Est
Sud-Est
1,9%
2,1%
1,5%
PIA
1,8%
1,9%
1,4%
Pop. Inactive
2,1%
2,4%
1,6%
PEA
15,0%
15,1%
13,8%
Pop. au Chomâge
1,3%
1,7%
0,8%
Pop. Employée
-0,2%
1,2%
-1,1%
Pop. Empl. dans l'Agric.
Sud
1,6%
1,5%
1,6%
15,2%
1,0%
-3,0%
1,8%
2,0%
1,1%
2,5%
Pop. Empl. Non Agric.
-0,9%
-0,3%
-1,7%
0,2%
GMS
6,9%
4,1%
7,1%
8,7%
PMS-C
4,5%
3,9%
4,4%
4,7%
PMS-NC
Source: Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios, PNAD, Microdados, Elaboration propre de
l'Auteur
Comme le montre le Graphique 2, il y a deux caractéristiques principales à l'évolution de la structure
occupationnelle brésilienne des années quatre-vingt-dix : une moindre visibilité du chomâge et la
constitution du segment que nous appelons PMS-SC en tant que base de création d'emplois. Ces
caractéristiques se retrouvent dans toutes les régions du Brésil que nous avons étudiées,
indépendamment du degré de développement atteint par chacune d'entre elles.
En ce sens, il n'y a rien qui confirme l'idée selon laquelle les problèmes de chomâge et de manque de
formalité puissent être liés à la crise de l'emploi industriel qui a frappé la région Sud-Est pendant
toute la dernière décennie. Ces deux problèmes frappent aussi gravement la région Nord-Est, qui
doit alors faire face à un problème de chomâge explicite, en plus de l'informalité structurellement
présente dans cette région. Le faible dynamisme, allié à une diminution du travail salarié du GMS,
sur un marché du travail connaissant une croissance pondérable de la Population Active, a été
touché, une fois de plus, par l'accentuation de l'informalité, en plus du chomâge.Alors que le GMS
voyait son stock de personnel employé diminuer de 27,6 à 26 millions de personnes, entre 1990 et
1997, le PMS-AC ("Avec Contrat") et le PMS-SC voyaient leurs stocks augmenter de,
respectivement, 3,0 et 14,9 millions à 4,8 et 20,3 millions. La région Nord-Est a contribué pour 25%
à la croissance totale de l'occupation par le PMS-SC, le Sud-Est 45% et le Sud 14%.
13 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Graphique 2
Evolution de la Structure Occupationnelle
Brésil, Nord-Est, Sud-Est et Sud – 1990,95 et 97
Nor d-Es t
B r é s il
2 5 .0 0 0 .0 0 0
8 0 .0 0 0 .0 0 0
7 0 .0 0 0 .0 0 0
2 0 .0 0 0 .0 0 0
6 0 .0 0 0 .0 0 0
1 5 .0 0 0 .0 0 0
5 0 .0 0 0 .0 0 0
4 0 .0 0 0 .0 0 0
1 0 .0 0 0 .0 0 0
3 0 .0 0 0 .0 0 0
2 0 .0 0 0 .0 0 0
5 .0 0 0 .0 0 0
1 0 .0 0 0 .0 0 0
0
0
1990
P O A g r ic o le
GM S
1995
P M S- C
P M S- N C
1990
1997
C h o m â ge
P O A g r ic o le
GM S
S ud-Es t
P M S- C
P M S- N C
1997
C h o m â ge
S ud
3 5 .0 0 0 .0 0 0
1 4 .0 0 0 .0 0 0
3 0 .0 0 0 .0 0 0
1 2 .0 0 0 .0 0 0
2 5 .0 0 0 .0 0 0
1 0 .0 0 0 .0 0 0
2 0 .0 0 0 .0 0 0
8 .0 0 0 .0 0 0
1 5 .0 0 0 .0 0 0
6 .0 0 0 .0 0 0
1 0 .0 0 0 .0 0 0
4 .0 0 0 .0 0 0
5 .0 0 0 .0 0 0
2 .0 0 0 .0 0 0
0
0
1990
P O A g r ic o le
1995
GM S
1995
P M S- C
P M S- N C
1997
C h o m â ge
1990
P O A g r ic o le
GM S
1995
P M S- C
P M S- N C
1997
C h o m â ge
Source: Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios, PNAD, Microdados, Elaboration Propre par l'Auteur.
Si l'on analyse l'augmentation du total de l'occupation non agricole par secteur d'activité, on
s'aperçoit près de 60% a eu lieu dans le Tertiaire pour les Personnes/Ménages, et 20% dans le
Tertiaire pour la Communauté. Dans la région Nord-Est, ces secteurs ont représenté, respectivement,
68% et 17%, et dans le Sud, 76% et 29% (voir Tableau 2). Bien que considérable, la contribution du
Tertiaire pour les entreprises a été particulièrement basse.
14 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Tableau 2
Distribution par Secteur d'Activité de la Croissance de la Population
Employée Non Agricole
Brésil, Nord-Est, Sud-Est et Sud, 1990-97
Brésil
Nord-Est
Sud-Es
Pop. Empl. Non Agricole
100%
100%
100%
Ind. des Biens d'Equip.
-12%
-12%
-49%
Ind. de la Construction
11%
6%
16%
Tertiaire - Communauté
20%
17%
29%
Tertiaire - Entreprises
12%
9%
14%
Tertiaire - Personnes
59%
68%
76%
Sud
100%
21%
11%
11%
14%
37%
Source: Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios, PNAD, Microdados, Elaboration Propre par l'Auteur.
La forme d'absorption de la main-d'œuvre prédominante pendant les années quatre-vingt-dix ne
semble pas avoir favorisé la qualification de la main-d'œuvre. Prenant le degré de scolarité comme
proxy de la qualification, on constate que l'absorption de travailleurs continue à se faire
particulièrement en ce qui concerne les travailleurs les moins scolarisés. Ce phénomène n'est pas très
explicite à cause du fait que la contraction de l'emploi par le GMS s'est concentrée principalement
sur les personnes n'ayant pas atteint l'enseignement secondaire6. Alors que le GMS a expulsé des
travailleurs de bas niveau scolaire, le PMS-SC a permis une incorporation conséquente de ce même
type de travailleurs - voir Tableau 3. Indépendamment de la région, les 2/3 des personnes absorbées
par le PMS-SC avaient terminé la classe de troisième, dans le meilleur des cas.
De plus, cette forme d'absorption s'est concentrée dans les tranches d'âge de 25 à 54 ans et parmi les
chefs de familles et leurs conjoints. La difficulté d'insertion des jeunes et, par conséquent, des
enfants de ces mêmes ménages, a été très grande. Il y a donc certains signes très nets de l'incapacité
d'absorption non seulement des jeunes mais aussi des personnes plus agées. Il semble donc qu'il y ait
eu un renforcement de la concurrence pour l'emploi des personnes jouissant d'une certaine
expérience professionnelle et ayant atteint un âge considéré comme étant plus productif. Ceci est
une caractéristique que l'on retrouve dans toutes les régions géographiques.
15 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Tableau 3
Contribution par Degré de Scolarité à la Variation
Totale de la Population Employée Non Agricole
Brésil, Nord-Est, Sud-Est et Sud, 1990-97
Brésil
Nord-Est Sud-Est
Sud
Pop. Employée Non Agricole
Total
100%
25%
31%
23%
Sans Instr.
3%
-1%
1%
0%
avant 3eme
-11%
3%
-21%
3%
jusqu'à 3eme
36%
7%
18%
6%
niveau Bac
52%
13%
24%
9%
Universitaire
17%
3%
8%
4%
GMS
Total
-30%
-2%
-30%
0%
Sans Instr.
-3%
-2%
-1%
0%
avant 3eme
-51%
-7%
-36%
-5%
jusqu'à 3eme
4%
1%
1%
1%
niveau Bac
16%
5%
6%
3%
Universitaire
3%
1%
0%
1%
PMS-C
Total
30%
4%
15%
7%
Sans Instr.
0%
0%
0%
0%
avant 3eme
4%
0%
1%
1%
jusqu'à 3eme
7%
1%
4%
1%
niveau Bac
11%
2%
5%
3%
Universitaire
7%
1%
4%
2%
PMC-NC
Total
89%
21%
40%
14%
Sans Instr.
5%
1%
2%
0%
avant 3eme
34%
9%
12%
6%
jusqu'à 3eme
24%
5%
12%
3%
niveau Bac
22%
5%
11%
3%
Universitaire
4%
1%
2%
1%
source: Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios, PNAD,
Microdados, Elaboration Propre par l'Auteur.
Contribution par Tranches d'Age à la Variation Totale
de la Population Employée Non Agricole
Brésil, Nord-Est, Sud-Est et Sud, 1990-97
Brésil
Nord-Est Sud-Est
Sud
Pop. Employée Non Agricole
Total
100%
25%
31%
10 - 17
-11%
-3%
-7%
18 - 24
5%
1%
0%
25 - 39
47%
15%
11%
40 - 54
51%
10%
24%
55 - 64
4%
1%
2%
65 et plus
3%
0%
2%
GMS
Total
-28%
-2%
-29%
10 - 17
-10%
-2%
-6%
18 - 24
-11%
-2%
-8%
25 - 39
-10%
1%
-13%
40 - 54
7%
2%
1%
55 - 64
-4%
0%
-3%
65 et plus
0%
0%
0%
PMS-C
Total
30%
4%
15%
10 - 17
0%
-1%
0%
18 - 24
4%
0%
2%
25 - 39
13%
3%
6%
40 - 54
11%
1%
6%
55 - 64
2%
0%
1%
65 et plus
1%
0%
1%
PMC-NC
Total
90%
21%
40%
10 - 17
0%
0%
-1%
18 - 24
12%
4%
5%
25 - 39
40%
11%
16%
40 - 54
30%
5%
15%
55 - 64
6%
1%
3%
65 et plus
2%
0%
1%
23%
-1%
1%
11%
10%
1%
1%
1%
-1%
0%
2%
2%
-1%
0%
7%
0%
1%
3%
2%
0%
0%
14%
0%
1%
6%
6%
1%
1%
source: Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios, PNAD,
Microdados, Elaboration Propre par l'Auteur.
Cette plus grande concurrence est manifeste aussi entre les sexes. La participation des femmes dans
la PEA, tout comme dans la Population Employée, a plus augmenté. Malgré tout, elles représentent
aussi un plus fort taux de chomâge (Tableau 5). Si d'un côté, elles parviennent à obtenir un plus
grand nombre d'opportunités de travail, de l'autre côté, la croissance plus rapide de cette partie de la
PEA les condamne plus sûrement au chomâge. Ce profil de l'incorporation du travail féminin sur le
marché du travail est plus net dans la région Sud-Est, où le chomâge a augmenté plus fortement,
ainsi que le PMS-SC.
6
C'est-à-dire des personnes ayant arrêté l'école avant la fin de la troisième du système français. Note de la Traductrice.
16 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Tableau 4
Contribution par Tranches d'Age et Position Familiale
à la Variation Totale de la Population Employée Non Agricole
Brésil, Nord-Est, Sud-Est et Sud
Tranches d'Age
Total
10 - 17
18 - 24
25 - 39
40 - 54
55 - 64
65 et plus
Position Familiale
Total
Chef
Conjoint
Enfant
Brésil
Nord-Est
Sud-Est
Sud
100%
-11%
5%
47%
51%
4%
3%
25%
-3%
1%
15%
10%
1%
0%
31%
-7%
0%
11%
24%
2%
2%
23%
-1%
1%
11%
10%
1%
1%
100%
51%
40%
7%
25%
14%
8%
1%
31%
14%
16%
3%
23%
13%
9%
1%
Source: Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios, PNAD,
Microdados, Elaboration Propre de l'Auteur
4. L'Evolution de l'Emploi Formel
La perte d'importance relative de l'emploi formel dans la structure du marché brésilien du travail a
été interprétée comme étant le reflet des changements structurels touchant l'économie nationale qui
ont, d'une part, provoqué la diminution de l'emploi salarié et, d'autre part, engendré la nécessité
d'une main-d'œuvre à plus haut niveau de qualification.
Les résultats de l'analyse de l'évolution récente du marché brésilien du travail nous livre des
informations qui permettent de relativiser une éventuelle tendance à l'augmentation du niveau des
qualifications de l'emploi formel. Nous en faisons une synthèse à partir des données sur les résultats
des grands secteurs économiques: Commerce, Services, Industrie Manufacturière, Construction
Civile et Services d'Utilité Publique.Nous avons suivi l'évolution de l'emploi formel à partir de son
comportement dans l'ensemble du pays, dans la région Nord-Est et dans l'Etat de São Paulo.
Pendant les années quatre-vingt-dix, l'emploi formel a vu diminuer sa participation relative dans la
composition de l'emploi global. Entre 1989 et 1996, le niveau de l'emploi a fortement baissé,
supprimant 1,4 million de postes de travail. Ceci a été la conséquence, principalement de ce qui s'est
passé dans l'industrie manufacturière (-1,4 million) et dans le Secteur Financier (-400.000). Les
Services d'Utilité Publique (+43.000) et de la Fonction Publique y compris l'Enseignement
(+937.000) ont connu une évolution positive mais qui n'a pas compensé l'effet négatif des deux
17 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
premiers secteurs cités. Dans l'Etat de São Paulo, on a supprimé 800.000 postes de travail, alors que,
dans la région Nord-Est, on n'en perdait que 23.000.
Tableau 5
Contribution par Catégorie à la Variation Totale de la
Population Active (PEA)
Brésil, Nord-Est, Sud-Est et Sud, 1990-97
Brésil
Nord-Est Sud-Est Sud
PEA
Total
100%
31%
35%
13%
Hommes
40%
13%
13%
4%
Femmes
60%
18%
22%
10%
Chômeurs
Total
39%
10%
18%
6%
Hommes
15%
3%
7%
2%
Femmes
24%
6%
11%
4%
Employés
Total
61%
21%
17%
8%
Hommes
25%
10%
6%
2%
Femmes
35%
11%
11%
6%
Source: Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios, PNAD,
Microdados, Elaboration Propre par l'Auteur.
La récupération qu'a connue l'économie nationale entre 1992 et 1995 a permis une recomposition
partielle du niveau de l'emploi, avec la création nette de près de 500.000 nouveaux postes de travail.
Les secteurs les plus performants en ce domaine ont été la Fonction Publique et l'Enseignement (1,5
million), le Commerce (452.000) et les Services (206.000). Toutefois, le comportement de
l'ensemble de ces secteurs n'est pas parvenu à compenser les pertes enregistrées entre 1989 et 1992
et le niveau de l'emploi est donc resté en-dessous de celui de 1989.
Le résultat global de l'emploi formel aurait pu être encore pire s'il n'y avait eu un comportement très
positif de l'emploi dans l'Administration Publique et dans l'Enseignement. Entre 1986 et 1996, 1,3
million d'emplois y a été créé. Cette augmentation du niveau de l'emploi sectoriel a été
particulièrement substantielle entre 1992 et 1996, sans doute à cause des effets dûs au
développement des politiques sociales dans la sphère municipale induite par la Constitution
Nationale de 1988.
La première chose que l'on doit noter tient à la récupération limitée de l'emploi formel entre 1992 et
1996 (Tableau 6). Le niveau de l'emploi est resté à peu près stable dans l'Etat de São Paulo alors
qu'il augmentait légèrement dans la région Nord-Est. La Fonction Publique et l'Enseignement ont été
décisif dans ce phénomène: 70% des postes de travail au moins ont été créés dans ce secteur. Une
18 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
même évolution favorable peut être notée dans les Services d'Utilité Publique, surtout dans l'Etat de
São Paulo. L'augmentation spécifique dans les Services d'Utilité Publique est due au processus de
privatisation, dans lequel la préparation des entreprises publiques à la vente représente des
investissements substantiels exerçant d'importants effets sur le niveau d'activité, surtout dans le
domaine des télécommunications. Ce processus a donc provoqué, à la fois, une diminution de
l'emploi chez les entreprises operatrices du système de télécommunications mais aussi une
augmentation de l'emploi chez les entreprises avec lesquelles celles-ci sous-traitaient. De plus, il faut
souligner que la croissance de la population, indépendamment du comportement de l'économie,
entraîne une hausse de la demande de Services d'Utilité Publique et, donc, une augmentation de
l'emploi pour satisfaire ces services. Toutefois, la participation relative de ce secteur étant assez
faible, l'augmentation de son niveau d'emploi n'a pas eu de conséquences majeures sur le niveau de
l'emploi non agricole dans son ensemble.
Tableau 6
Evolution de l'Emploi Salarié Formel Non Agricole
Brésil, Nord-Est et Etat de São Paulo – 1986, 1989, 1992, 1996
Total Não Agrícola
Indústria de
Transformação
Serviços de
Utilidade Pública
Comércio
Serviços
Administração
Pública e Ensino
Brasil
1986
1989
1992
1996
100,0
100,1
91,1
93,5
100,0
102,4
78,7
81,1
100,0
108,2
109,6
123,7
100,0
110,5
85,6
108,9
100,0
112,0
100,1
104,1
100,0
107,6
96,8
126,7
100,0
110,9
99,8
98,3
100,0
102,2
75,4
72,1
100,0
111,4
115,5
154,3
100,0
115,9
92,7
116,2
100,0
113,4
103,4
109,6
100,0
113,1
113,3
146,4
100,0
107,1
100,2
106,3
100,0
105,5
85,7
85,6
100,0
97,6
95,3
110,7
100,0
103,6
82,7
109,0
100,0
111,5
101,4
108,7
100,0
101,4
91,5
115,5
São Paulo
1986
1989
1992
1996
Nordeste
1986
1989
1992
1996
Source: Relação Anual de Informações Sociais, RAIS. Elaboration Propre par l'Auteur.
Un autre fait notable qui apparait dans ces informations est le manque de signes clairs quant à une
éventuelle mobilité intercetorielle du travail salarié - de l'industrie vers le tertiaire. La croissance de
l'emploi de ce secteur n'a pas dépassé l'augmentation de la Population Active. En d'autres termes,
19 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
l'augmentation de l'emploi s'est situé près du niveau minimum d'expansion du secteur tertiaire,
largement accepté par la littérature en ce domaine. Il n'y a pas d'évidences montrant que les activités
modernes de services, en dehors de la Fonction Publique et de l'Enseignement, représenteraient le
lieu privilégié d'absorption et de maintien du niveau de l'emploi formel.
Cette contraction du niveau de l'emploi formel qui a eu lieu pendant les premières années de la
décennie de quatre-vingt-dix a visé le licenciement des travailleurs moins qualifiés, surtout ceux
présentant un bas niveau scolaire et avec moins d'ancienneté (Dedecca & Rosandiski, 1997). Ceci a
provoqué une transformation des structures occupationnelles, allant dans le sens d'une augmentation
du niveau moyen de scolarité et de l'ancienneté dans les divers secteurs d'activité. Ce changement a
renforcé la vision selon laquelle le problème du chomâge serait lié au manque de qualification. Cette
vision est très souvent reprise dans les discours sur l'employabilité qui associe l'informalité au profil
professionnel défavorable de la main-d'œuvre brésilienne. Mais les informations dévoilées par
l'étude du changement intervenant dans la structure de l'emploi du secteur formel obligent à faire
preuve de plus de rigueur dans l'acceptation d'un tel argument.
5. Evolution économique, emploi et qualification: le cas de l'industrie manufacturière
Malgré la réduction absolue et relative de l'emploi industriel et l'argument correct selon lequel le
secteur ne constitue plus un levier pour la création directe d'emplois, la qualification de sa structure
d'occupation continue à être décisive pour viabiliser des gains systémiques de productivité et, par
conséquent, pour garantir l'augmentation de la compétitivité (Moreira & Najberg, 1997).
L'amélioration du profil de la structure occupationnelle est souvent associée à la possibilité de
maintenir le niveau de l'emploi sectoriel. La qualification apparait alors comme un puissant moyen
pour dépasser les problèmes rencontrés par la dynamique industrielle. Dans le nouveau contexte, les
travailleurs qui ont de bas niveaux de scolarité et peu d'autonomie dans le processus de production
peuvent être rejettés. Par contre, on commence à attribuer plus de valeur à un ensemble de
travailleurs, ceux qui sont à l'origine d'une augmentation de la productivité industrielle. La
qualification devient ainsi une sorte de passeport pour le marché formel du travail dans les nouvelles
conditions de fonctionnement de l'économie brésilienne.
Il n'y a aucun doute que l'amélioration du profil de la structure d'occupations de l'industrie
manufacturière peut favoriser la productivité, l'emploi, les salaires et la compétitivité. L'emploi,
quant à lui, sera défini en fonction de la croissance sectorielle. Les salaires seront liés à
l'augmentation de la productivité et au niveau de la production. La productivité, quant à elle, dépend
20 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
des modes d'investissement et de financement en relation avec la réorganisation productive. Ces
modes pourront élargir les relations intersectorielles, mener à la modernisation technologique,
renforcer les politiques d'administration de la main-d'œuvre et financer la production intermédiaire
et finale, les investissements et la qualification professionnelle. Le gain de productivité dans un
contexte d'augmentation de la production a une action bénéfique sur la competitivité du secteur
industriel ainsi que sur celle de toute l'économie brésilienne.
Le mode d'investissement et de financement est lié aux politiques économique et industrielle mais
aussi, et surtout, à la notion d'efficience qui détermine chacune d'elles. Il y a aujourd'hui deux
courants dominants dans le débat tant national qu'international7.
L'un des courants définit sa notion d'efficience principalement de la sphère microéconomique
(l'entreprise). L'augmentation de productivité doit compenser les effets défavorables des facteurs
extérieurs à l'entreprise, tels que les lacunes de l'infrastructure exigée ou la faible croissance de la
production industrielle. Dans ce contexte, la diminution des coûts devient un facteur déterminant
pour la competitivité. L'augmentation de la productivité dépend aussi bien d'une plus haute
qualification de la main-d'œuvre que de la réduction des coûts salariaux. Il est donc nécessaire de
réduire les coûts de transaction de l'entreprise. C'est dans l'administration de ceux-ci (microanalytique) que l'on trouve le facteur décisif pour l'augmentation de la productivité et de la
competitivité (Williamson, 1991). Les politiques économique et industrielle adéquates devraient
avoir pour objectif la desobstruction des voies d'informations internes à l'entreprise et de celles-ci
avec le marché. La focalisation de ces politiques devient alors fondamentale. L'action publique de
l'Etat diminue et la politique industrielle doit être soutenue par des coordinations non
gouvernementales (governance). Il faut financer la formation professionnelle et les investissements
de modernisation dans des contextes restreints, en même temps qu'on facilite la déréglementation
publique. La ré-oxigénation des entreprises est considérée décisive pour que celles-ci obtiennent une
plus grande efficience.
Une autre perspective considère le mode d'investissement basé sur l'efficience macroéconomique,
qui doit favoriser celle-ci dans le domaine micro. La définition de politiques industrielles articulées
verticalement et horizontalement et associées à des politiques de financement, d'infrastructure, de
revenus, de qualification professionnelle en liaison avec le système éducatif, peut mener à une
croissance du marché intérieur capable de promouvoir le redéploiement de la structure et
l'approfondissement du tissu industriel. Dans une telle perspective, les gains microéconomiques ne
sont que complémentaires, et le processus de modernisation n'est alors plus dirigé vers la seule
21 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
diminution des coûts de transaction et peut être obtenu par des gains en efficience micro à travers
des augmentations des échelles de production. La préoccupation centrale n'est plus la réduction des
coûts en soi mais sa contraction au sein de la croissance de l'entreprise (Penrose, 1980; Chandler,
1990). ainsi les effets pervers de la modernisation sur l'emploi peuvent être dilués dans la croissance
de la production industrielle.
Il y a au Brésil un débat très intense sur ce thème depuis près de huit ans 8. Les évaluations des effets
de la restructuration se basent sur les données industrielles qui constituent elles-mêmes un important
sujet de controverse. Le recensement industriel le plus récent réalisé par l'IBGE 9 date de 1985.
Depuis, cet institut a continué à recueillir des données dans le sein d'une recherche industrielle
annuelle (PIA) et d'une autre mensuelle (PIM). Les échantillons de ces deux recherches sont
constitués à partir du registre d'entreprises monté à l'occasion du recensement industriel de 1980 et
des actualisations officelles réalisées en 1981 et 1982 (Carvalho & Feijó, 1999).
Le vieillissement de ces banques de données est notoire. En plus du manque d'actualisation des
registres qui permettent de définir les échantillons, on s'aperçoit que n'est pas prise en compte la
transformation substantielle de la base industrielle de ces vingt dernières années, qui est la
conséquence aussi bien de l'instabilité qui a atteint de plein fouet l'economie brésilienne pendant les
années quatre-vingt que des effets provoqués par la politique d'ouverture sur l'extérieur des années
quatre-vingt-dix. La modernisation technologique et organisationnelle, la tertiarisation, les
déplacements géographiques, la plus grande intégration des fournisseurs avec la production finale, la
croissance des inputs importés élaborés et non élaborés dans la production finale, ainsi que d'autres
processus, ont affectés la structure de la production, changeant les coefficients techniques et
modifiant qualitativement le contenu de chacune des variables utilisées dans les recherches annuelle et mensuelle - sur l'industrie.
Face au besoin de connaître avec précision les principales caractéristiques d'une telle transformation
de la base productive, des efforts ont été faits pour la qualification des données sur les résultats de
l'industrie produites par l'IBGE. Les informations des recherches PIA et PIM sont confrontées aux
données des Comptes de la Nation, publiées en 1997 et qui couvrent l'ensemble des années quatrevingt-dix, sur la recherche mensuelle sur l'emploi (PME) et la Pnad (Gonzaga & Feijó, 1999). La
7
Pour une réflexion sur l'efficience, voir, Lorino (1992), Gordon (1996) et Duval (1998).
Voir Carvalho & Feijó, 1999; et Feijó & Carvalho, 1999. Ces études proposent un panorama actualisé du débat sur la
restructuration, la productivité et les résultats industriels. Elles admettent les limitations qu'il y a aujourd'hui dans les
indicateurs de l'industrie manufacturière, mais montrent clairement qu'il est toutefois possible de leur reconnaître une
certaine capacité pour décrire de façon adéquate les performances du secteur.
9
IBGE: Institut Brésilien de Géographie et Statistiques, sorte d'INSEE, qui centralise la plupart des informations
statistiques du pays. Note de la Traductrice.
8
22 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
principale controverse est à propos de l'indicateur de productivité avec lequel il faut travailler,
calculé à partir de la relation de la valeur produite par travailleur. L'intensité de la croissance de la
productivité pendant les années quatre-vingt-dix a deux interprétations distinctes. L'une d'elles
considère que cette augmentation est le résultat d'une réorganisation substantielle de la base
industrielle (Bonelli, 1998; Considera, 1998). L'autre prétend qu'elle découle du processus de
modernisation technologique étroitement lié à l'augmentation de la part des inputs élaborés importés,
ainsi que de l'intensification de la tertiarisation et d'un processus d'affaiblissement de la base
industrielle (Coutinho & Ferraz, 1997; Kupfer, 1998). La première interprétation implique donc une
perspective optimiste alors que la seconde est plutôt pessimiste.
Le Graphique 4 montre un ensemble d'indicateurs macroéconomiques. Le premier quadrant détaille
le comportement du Produit Intérieur Brut (PIB) par secteur d'activité et le second montre la
distribution du produit entre ces mêmes secteurs. On voit une divergence entre le comportement du
PIB total et celui du secteur industriel entre 1987 et 1992. Pendant cette période, l'industrie a
diminué sa participation relative dans le PIB, ceci s'expliquant par les mesures d'ouverture
économique alors adoptées. Cette perte de participation du PIB industriel s'interrompt à partir de
1993. Mais le maintien systématique de la distance entre les deux courbes, ainsi que l'évolution plus
favorable du PIB du secteur des services, montrent que, depuis lors, la structure productive
brésilienne compte une participation beaucoup plus importante des importations qui augmentent, au
minimum, dans la même proportion que le PIB industriel. La nouvelle dynamique industrielle
comporte donc des liens plus étroits avec l'économie internationale, tout au moins à travers la
variable exportations et, surtout, la variable importations.
Les indicateurs relatifs aux exportations et aux importations rendent cette situation plus visible.
Entre 1989 et 1995, il y a eu une augmentation plus significative de la part des importations dans le
PIB. Depuis 1989, on observe une tendance à l'augmentation du poids des importations,
accompagnant celle de la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF), bien que la première ne soit pas
determinée par la seconde. Prenant l'année 1985 comme référence, on voit que le taux de FBCF, en
1997, est encore à un niveau inférieur alors que les importations le sont à un niveau nettement
supérieur. L'augmentation des importations ne peut donc être imputée à la légère récupération de la
FBCF, indépendamment de sa composition, et doit être expliquée plutôt par l'augmentation de la
consommation des divers secteurs d'activité et de la population elle-même.
23 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Graphique 4 – Indicateurs Macroéconomiques
Brésil – 1985-97
Distribution du PIB par Secteur d'Activité
Evolution du PIB par Secteur d'Activité
100
150
80
130
60
110
40
90
20
70
0
50
1985
1987
Total
1989
1991
Industrie
1993
1995
Services
198
5
1997
198
7
Industrie
Agr./Elevage
Evolution des Exp. et Imp. de Biens et Services et
de la FBCF (% du PIB)
20
198
9
199
1
199
3
Services
199
5
199
7
Agr./Elevage
Taux de Change Effectif
120
100
15
80
10
60
40
5
Exportations
Importations
FBCF
20
0
0
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1985
1997
Evolution de la Dette Extérieure Totale (US$ milliards)
1987
1989
1991
1993
1995
1997
Evolution du PIB du Brésil et des Pays Industriels (G7)
250
150
200
130
150
110
100
90
50
70
Brésil
G7
50
0
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
Source: IBGE, Comptes de la Nation; Conjuntura Econômica, Juin, 1999; Fundap, Indicadores Diesp, 72, mai-juin,
1999. Elaboration Propre de l'Auteur.
En ce qui concerne les exportations, la baisse de leur participation coïncide avec la valorisation du
taux de change qui commence en 1992. La relation entre les deux courbes est parfaite. Si d'un côté
cette valorisation a été bénéfique pour le quantum importé, elle a par ailleurs exercé une effet négatif
sur les exportations. Le maintien du niveau des exportations, dans un tel contexte, dépendait alors
d'une augmentation substantielle de la productivité agricole et industrielle qui puisse compenser la
variation du change et être repassée aux prix, pour que l'on obtienne ainsi une plus grande
competitivité.
24 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Il n'était pourtant guère possible de réaliser un tel mouvement car pour augmenter la productivité il
aurait fallu élever le niveau de FBCF, ce qui aurait accéléré encore plus les importations. En d'autres
termes, tout taux de croissance plus significatif pour le secteur industriel, étant donné le coefficient
d'ouverture sur l'extérieur en vigueur depuis 1992, aurait provoqué une augmentation rapide des
importations et, par conséquent, un accroissement de la dette extérieure dont la valeur augmentait
déjà très rapidement en vertu de ses coûts financiers.
Graphique 5 - Indicateurs de Résultats de l'Industrie Manufacturière
Brésil 1985-98
Biens d'Equip.
Industrie Manufact.
2,0
2
1,8
1,6
1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
1,8
1,6
1,4
1,2
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
1985
1987
0,0
1985
1987
1989
1991
1993
1995
Production Phys.
PIB
Personnel Empl.
1989
1991
1993
1995
1997
1995
1997
Production Phys.
Personnel Empl.
Productivité Phys./h
1997
Productivité Physique/h
Alimentaire
Chimie
2,5
2
1,8
1,6
1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
2
1,5
1
0,5
0
1985
1987
1989
1991
1993
Production Phys.
Personnel Empl.
Productivité Phys./h
1995
1997
1985
1987
1989
1991
1993
Production Phys.
Personnel Empl.
Productivité Phys./h
Source: IBGE, Comtes de la Nation et IBGE, Recherche Industrielle Mensuelle. Elaboration Propre par l'Auteur.
Cette contrainte a imposé une croissance lente aussi bien du PIB total que du PIB industriel. Comme
le montre le dernier quadrant du Graphique 4, la croissance du PIB brésilien a été, après 1994, tout
au plus égale à la croissance des pays industriels, ce qui est considéré tout à fait insuffisant.
On peut penser que, face aux contraintes macroéconomiques, tout gain de productivité devrait être
obtenu principalement à travers l'amélioration de l'utilisation des facteurs disponibles, avec le
renfort d'un mouvement de modernisation technologique restreint. C'est-à-dire avec, notamment,
l'introduction d'innovations organisationnelles et l'externalisation de segments moins importants de
25 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
la production ou encore l'achat d'une partie de la consommation industrielle sur les marchés
internationaux, à cause des prix bas garantis par la valorisation du change.
Pour cette raison, les facteurs microéconomiques expliquant l'efficience industrielle ont acquis plus
d'importance, provoquant une redéfinition des directives de financement du BNDES 10 qui sont
maintenant plus orientées vers le financement des investissements d'entreprises dotées d'un plus
grand potentiel de competitivité. Le gouvernement n'utilisent plus comme indicateurs de
competitivité ceux qui retracent la moyenne de chaque segment industriel et a adopté la chute des
prix des produits comme indice d'une meilleure performance productive. Bien qu'ayant leurs prix
exprimés en dollars, la plupart de ces produits demeure destinée au marché intérieur.
Graphique 6
Production Physique de l'Industrie Manufacturière par Catégories d'usage
Brésil 1985-98
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
Biens d'Equipement
Biens de consommation
Semidurables et non durables
Biens intermédiaires
Biens de cons. durable
Source: PIM, IBGE. Elaboration Propre par l'Auteur.
Base Moyenne 1991 = 100.
Les conditions internes (coûts de transaction) aux entreprises ont été vues comme la principale
source d'une plus grande competitivité. On peut mieux comprendre ce processus en observant les
indicateurs de résultats de l'industrie manufacturière, tels que la production physique, la productivité
physique par heure travaillée et la masse de personnel employé dans la production - Graphique 5.
26 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
La comparaison de la production physique et du PIB montre que ceux-ci s'éloignent l'un de l'autre.
A partir de 1994, le PIB maintient sa tendance à la croissance mais pas la production physique. Les
quantités produites ne suivent pas la croissance du produit intérieur du pays ou, selon un autre point
de vue, la consommation intérieure. Par ailleurs, la stabilité que connait la production physique
s'accompagne d'une accélération du taux de croissance de la productivité physique horaire, avec de
fortes conséquences négatives sur le niveau de l'emploi dans la production. Ce comportement est
pratiquement le même en ce qui concerne les principaux segments industriels (biens d'équipement,
chimie, alimentaire). A partir de 1994, la production physique tend à une certaine stabilité,
exception faite de l'industrie de la chimie qui révèle une tendance à une croissance lente.
Indépendamment du comportement de la production physique, a productivité physique par heure
travaillée, quant à elle, augmente rapidement, avec des conséquences nettement négatives sur
l'évolution du personnel employé dans la production.
Graphique 7
Evolution du Salaire Contractuel Réel de l'Industrie Manufacturière, du Taux
de Change Effectif et de la Relation Salaire-Change Réel (1) (2)
160,0
140,0
120,0
100,0
80,0
Salaire Contractuel
Taux de Change Eff.
Saláire/Change
60,0
40,0
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
Source: IBGE, PIM; Márcio Holland (1998). Taxa de câmbio e regimes cambiais no Brasil, IE/Unicamp
(Thèse de Doctorat), Campinas; et Fundap, Indicadores Diesp, 27, São Paulo. Elaboration Propre de
l'Auteur.
(1) Relation entre le Taux de Change Effectif Moyen Annuel et le Salaire Contractuel Moyen de l'Industrie
Manufacturière.
(2) Base: 1985 = 100.
10
BNDES - Banque Nationale pour le Développement Economique et Social, agent gouvernemental de financement.
27 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Si l'on compare le mouvement disproportionnel qui se passe entre la FBCF, la production physique
et la productivité horaire, on s'aperçoit qu'il est difficle de croire que la modernisation ait été suivie
d'une forte incorporation de nouvelles machines.
Certaines informations macroéconomiques vont dans le sens de cet argument. Pendant cette période,
le marché intérieur a souffert de la concurrence des produits importés, le taux de change réel est
resté très élevé et la production industrielle a augmenté lentement - exception faite de certains
segments industriels (pièces automobiles, biens électroniques de consommation). En fait, les
conditions macroéconomiques n'étaient guère favorables
au processus d'investissement et
d'endettement. La modernisation technologique n'a été possible que dans les cas où il n'y avait pas
de nécessité de gros investissements ni d'endettement important. Si elle avait vraiment eu lieu, le
segment producteur de biens d'équipement n'aurait pas eu ce faible résultat que l'on observe
(Graphique 6). Par ailleurs, l'augmentation de la productivité avec un modernisation restreinte a
provoqué l'élévation de la consommation industrielle de produits importés, ce qui est clair à tarvers
le comportement très médiocre du segment de biens intermédiaires. Si cette forme de modernisation
est cohérente avec l'environnement macroéconomique du moment, elle représente une stratégie de
modernisation peu risquée.
Comme le montre une étude réalisée par la Confédération Nationale de l'Industrie (CNI/Cepal, 1997,
pag. 18), l'investissement en capital fixe, en 1995-96, a été destiné principalement à la réduction des
coûts et au remplacement des équipements. Les investissements en augmentation de la production,
implantation de nouvelles unités de production et lancement de nouveaux produits ont été bien
inférieurs. La modernisation ne visait pas l'expansion mais la meilleure utilisation de la capacité de
production existant déjà.
C'est pour cette raison que les innovations dans le domaine de l'organisation surgissent comme un
lieu privilégié pour le processus de modernisation, dans un contexte marqué par l'absence de
croissance des entreprises. Il ya, au moins, deux points très positifs. Em premier lieu, l'efficience de
la production devenait viable sans que soit nécessaire une véritable modernisation technologique, ce
qui permettait l'assemblage d'équipements de générations très disparates (Lorino, 1992 et Dedecca,
1999). De plus, il n'était nul besoin de mobiliser d'importantes sommes d'argent, ce qui pourrait
augmenter le risque financier de l'entreprise. En somme, la modernisation à partir des innovations
organisationnelles a permis la réduction des pressions visant des innovations technologiques plus
substantielles. Malheureusement, nous n'avons pas d'informations véritablement solides sur cette
Note de la Traductrice.
28 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
tendance. Les études CNI/Cepal (1997) et CNI/Senai (1998) montrent clairement que les
innovations en termes d'organisation ont constitué une voie décisive pour la modernisation des
entreprises11. Ces recherches montrent, par ailleurs, comment la diminution des coûts, spécialement
de la main-d'œuvre, a été un facteur essentiel pour le processus. Les innovations organisationnelles
sont d'autant plus importantes qu'elles permettent de diluer les investissements en machines. Il est
aussi montré que la tertiarisation a consisté en une innovation qui a peu touché le processus
productif, ayant plus d'influence sur l'administration de la production.
La modernisation s'est traduite, essentiellement, par un coût plus faible de la production, la réduction
des dépenses en main-d'œuvre étant décisive dans le processus. La pression à la baisse des coûts en
main-d'œuvre a augmenté de par la valorisation du change qui a provoqué une dépréciation
injustifiée de la relation salaire-change (Graphique 4). Cet indicateur remonte, à partir de 1995,
grâce à la baisse des salaires réels (Graphique 7).
Graphique 8
Relation entre Masse Salariale et Production Physique
Brésil 1985-98
1,2
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
Source: Recherche Industrielle Mensuelle, IBGE. Elaboration Propre par l'Auteur.
11
Voir aussi Salm et alli, 1997; Abramo, 1996; et Bielschowski et al , 1995.
29 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
L'évolution des salaires pendant la période récente est aussi liée aux innovations organisationnelles.
L'introduction de nouvelles formes de gestion de la main-d'œuvre s'accompagne de nouvelles
normes de régulation de l'utilisation du travail (Dedecca, 1998). L'annualisation du temps de travail
(banque d'heures) ainsi que la flexibilisation des salaires (participations aux profits et résultats)
constituent des innovations qui vont dans le sens d'une augmentation de la productivité du travail et,
dans un contexte d'affaiblissement du pouvoir des syndicats, d'une réduction des salaire réels. Ceci
se traduit par la chûte de la relation entre la masse salariale réelle et la production physique
(Graphique 8). En d'autres termes, il y a des signes montrant que les augmentations de productivité
sont appropriées essentiellement par les entreprises.
Mais, au moins, cette augmentation de productivité reflète-t-elle une amélioration du profil des
qualifications de la structure occupationnelle? Après tout, une élévation du degré de qualification
peut jouer favorablement pour la competitivité et, dans l'avenir, permettre le transfert d'une partie
des gains vers les salaires.
6. La structure des occupations et la qualification
Il n'y a pas de doutes que les conditions de fonctionnement nouvelles de l'économie brésilienne
entraînent une restructuration de la structure de l'emploi formel. La propre réduction de son niveau
provoque déjà un changement de sa structure.
La littérature économique est copieuse pour montrer que les entreprises adoptent des attitudes
sélectives quant au licenciement des travailleurs dans un contexte défavorable du niveau de l'activité
économique. Les travailleurs à plus faible qualification sont généralement les premiers renvoyés car
leur réadmission, en cas de reprise économique, n'engendrent pas de grosses dépenses de sélection
ou de formation. ainsi, il est facile de prévoir que la baisse du niveau de l'emploi s'accompagne de
l'élévation de la participation des travailleurs jouissant de plus de qualification, d'un meilleur niveau
de scolarité et d'une plus grande ancienneté.
Mais il est difficile de connaître avec précision la teneur de ces changements. La possibilité d'un
meilleur accompagnement du processus par la société dépend des mécanismes de régulation des
relations de travail existantes et de la socialisation des informations qui caractérisent ces relations.
aussi bien aux Etats-Unis que dans l'Europe d'après-guerre, les négociations collectives ont accru le
champ des connaissances des syndicats sur l1usage de la force de travail par les entreprises. Cette
connaissance a été synonyme d'une plus grande régulation des relations de travail, rendant possible
30 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
le transfert d'informations concernant l'usage du travail de l'espace interne des entreprises vers
l'extérieur, où agissent les syndicats et l'Etat (Dedecca, 1999).
Diverses procédures ont été adoptées pour l'analyse de ce type d'informations. La plus cohérente
organisait les occupations selon des niveaux de base de qualification, associés aux dépenses en
formation - formelle et informelle - de la force de travail, ainsi qu'à la position hiérarchique occupée,
à la possibilité de substitution d'un poste de travail déterminé par un travailleur avec un niveau de
qualification avoisinant et à la disponibilité de travailleurs avec des qualifications déterminées sur le
marché du travail. La qualité de ces informations était favorisée soit par la régulation publique des
relations de travail, soit par l'existence d'un marché du travail propice aux travailleurs, étant donné le
bas niveau du chomâge.
Au Brésil, on a l'habitude de considérer le lieu de travail comme un espace physique totalement
contrôlé par l'entreprise et, par conséquent, méconnu des syndicats comme de l'Etat. Il n'y a que
dans des situations extrêmes, quand les conditions de travail étaient réellement outrageantes, que
l'Etat pouvait intervenir. L'action publique était limitée pratiquement au contrôle de la légalité des
contrats d'embauche et on notera que ces contrats en bonne et due forme ont peu été en vogue au
cours des années quatre-vingt-dix. Le manque de connaissance par l'Etat et les syndicats de ce qui se
passe dans les entreprises doit être associé à la présence de gouvernements autoritaires qui ont
jugulé par la force les actions des syndicats après les années trente.
L'absence de l'Etat et des syndicats au sein de la relation établie de manière plus directe par les
entreprises avec les travailleurs a maintenu une certaine opacité de l'information sur le mode d'usage
du travail par celles-ci. La plupart du temps, les informations existantes ont seulement permis de
dénoncer le caractère autoritaire des relations de travail, en association fréquemment avec l'attitude
rétrograde de l'administration des entreprises. On attribue moins d'importance au fait que nos
relations de travail en étaient encore à leurs balbutiements et maintenaient la nature privée de la
relation de travail construite à l'intérieur des entreprises.
De ce fait, l'analyse économique et sociologique au Brésil n'a pas l'habitude de discuter autour de
l'usage de la force de travail fait par les entreprises. Le manque d'informations a toujours rendu
difficiles les tentatives de classifications des travailleurs en fonction de niveaux de qualification,
selon la tradition de l'économie et de la sociologie du travail courante dans les pays plus avancés au
31 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
cours de ce siècle. Les efforts qui ont été faits, généralement, sont le fruit des travaux du Senai 12 qui
a organisé la structure des occupations dans l'industrie selon les orientations dominantes dans les
études industrielles réalisées dans les pays avancés.
L'apparition de la notion de compétence, à la fin des années soixante-dix, a étendu les contraintes
imposées à cette attitude. La perte progressive des connaissances sociales quant à l'usage privé du
travail a réduit graduellement les possibilités d'organisation de la structure occupationnelle selon des
niveaux de qualification. Cette difficulté est encore plus grande dans le cas du Brésil étant donné le
niveu peu développé de l'organisation de notre système de relations travaillistes dans le passé,
surtout en ce qui concerne les négociations collectives.
Il reste que l'on doit se poser la question sur les implications de la restructuration économique sur la
structure de l'occupation. Que signifie un plus haut niveau de scolarité? Est-il vraiment le signe
d'une meilleure qualification de notre structure occupationnelle? La restructuration transforme-t-elle
la structure d'occupations, la rendant plus sensible au mouvement de hausse de la productivité,
augmentant notre capacité de competitivité internationale?
Sachant les limites de l'orientation traditionnelle en ce qui concerne l'observation de la structure
d'occupations selon des niveaux de qualification de base, nous cherchons à définir ici une autre
alternative de segmentation de cette structure. Face à la difficulté de développer une méthodologie
capable de définir des procédures définitives pour le traitement de la structure occupationnelle,
l'alternative que nous retenons n'en est encore qu'à ses premiers pas et doit donc être utilisée avec
prudence. Les critiques qui peuvent lui être adressées sont fondamentales pour son amélioration et
son approfondissement.
L'évaluation du comportement de la structure occupationnelle est développée à partir de la
construction de regroupements d'occupations13.Ceux-ci ont été obtenus par la méthode d'analyse de
clusters - appelé Semis, procédure mixte de regroupements de facteurs (Crivisqui, 1998 et
Aldenderfer & Blashfield, 1984). Les regroupements (clusters) d'occupations ont été faits à partir de
l'analyse des variables de base de la scolarité, l'ancienneté et la rémunération moyennes (Dedecca &
Rosandiski, 1998). On a analysé trois segments industriels: biens d'équipement (métallurgie,
mécanique, matériel électrique et électronique, matériel de transport); chimie et alimentaire
12
Senai: Serviço Nacional de Aprenduzado Industrial. Il s'agit d'un centre permanent de formation maintenu par la
confédération nationale de l'industrie.
13
Cet exercice a produit neuf groupes (clusters) d'occupations. Pour présenter l'analyse, ils ont été réunis en quatre
catégories.
32 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
(aliments et boissons). Les données utilisées sont celles de la Rais/MTb (Rapport Annuel
d'Informations Sectorielles, Ministère du Travail).
Le choix de ces segments a été fait en fonction de l'importance de chacun d'eux dans la dynamique
industrielle. Le segment alimentaire, qui a une forte proportion de travail peu qualifié, a subi
pendant les années quatre-vingt-dix un processus de concentration et d'internationalisation
substantiel, avec d'importantes modifications de son procès de production et de l'organisation de ses
marchés (BNDES, 1999). Son dynamisme dépend de la croissance de la population et des revenus.
La chimie aussi passe par un mouvement progressif de concentration et internationalisation. Le
comportement du secteur est déterminé principalement par la consommation intersectorielle. En ce
qui concerne le secteur des biens d'équipements, deux industries sont fondamentales: matériel de
transport et matériel électrique et électronique. A partir de 1992, ces deux secteurs ont eu une
évolution particulièrement positive, après avoir approfondi les relations entre les processus de
production et le marché international, bien que la production demeure destinée essentiellement au
marché intérieur. Les deux segments sont dépendants du revenu intérieur et possèdent une bonne
capacité de levier vis-à-vis de l'activité productive intersectorielle et de l'économie dans son
ensemble. Le comportement des structures d'occupations de ces trois secteurs permet donc de
dresser un portrait tout à fait représentatif de l'industrie manufacturière.
Le Graphique 9 montre l'évolution des structures occupationneles de ces trois segments industriels.
Tous ont connu une amélioration du profil des qualifications jusqu'en 1992. A partir de là, on
observe une certaine stabilité dans chacune des trois structures. Si l'on considère les deux premières
tranches (bas et moyen-bas), on note une légère augmentation de la participation d'ensemble dans les
biens d'équipement et la chimie. En d'autres termes, les occupations caractérisées par de bas niveaux
de scolarité, de salaire et d'ancienneté ont vu leur participation dans les structures d'occupation
augmenté, bien que de façon limitée, dans les deux segments.
Etant donné que l'on considère que ces deux segments sont déterminants pour la dynamique
industrielle et pour la competitivité de l'économie brésilienne, on peut dire que la relative stabilité de
la structure occupationnelle s'inscrit comme un phénomène défavorable, si l'on tient compte du gain
de productivité observé dans ces segments. L'adoption d'innovations en termes d'organisation, à la
base de la croissance de l'efficience industrielle, ne semble pas avoir apporté d'amélioration de la
structure d'occupations. De plus, la stabilité des structures occupationnelles se passe dans un
contexte de réduction du niveau de l'emploi dans les deux branches industrielles, n'indiquant pas que
les entreprises aient adopté une politique sélective en faveur des travailleurs les plus anciens.
33 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Graphique 9
Structure d'occupations selon des Regroupements de Qualification
Brésil, 1986/96
Biens d'Equip.
Iindustrie Manufacturière
100%
100%
80%
80%
60%
60%
40%
40%
20%
20%
0%
0%
1986
Bas
o
1989
Moyen-Bas
1992
Moyen
1986
1996
Bas
o
Haut
o
1989
Moyen-Bas
1992
Moyen
1996
Haut
Alimentaire
Chimie
100%
100%
80%
80%
60%
60%
40%
40%
20%
20%
0%
1986
Bas
o
1989
Moyen-Bas
1992
Moyen
1996
Haut
Source: Rais. Elaboration Propre par l'Auteur.
0%
1986
Bas
o
1989
Moyen-Bas
1992
Moyen
1996
Haut
Cet argument converge vers les résultats d'études antérieures (Dedecca & Rosandiski, 1997 et 1998)
qui soulignent certaines particularités de l'augmentation de niveau moyen de scolarité et de la
rotativité dans l'industrie après 1992. Dans ces travaux, nous avons noté que l'augmentation du
niveau de scolarité moyen a lieu de façon prédominante à l'intérieur de chacun des regroupements
d'occupations, montrant ainsi que les entreprises auraient commencé à exiger une plus longue
scolarité pour l'exécution de mêmes tâches. On a constaté aussi que les indicateurs de rotativité ont
de nouveau augmenté avec la récupération du niveau d'activité, ce qui suggère que les innovations
organisationnelles n'ont pas atténué momentanément l'une des principales caractéristiques de la
politique de gestion de la main-d'œuvre des entreprises brésiliennes. Face à la faiblesse du pouvoir
34 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
des syndicats, il ne semble pas y avoir de barrières au maintien d'un processus de modernisation allié
à une politique de la main-d'œuvre conservatrice.
Graphique 10
Evolution du Salaire Réel Médian ( exprimé en Salaire Minimum Réel de 1998)
Brésil, 1986/96
Bien d´Equipement
Industrie Manufacturi ère
35,0
30,0
30,0
25,0
25,0
20,0
20,0
15,0
15,0
10,0
10,0
5,0
5,0
0,0
0,0
1986
1986
1989
1992
A
A
B
D
E
1989
1992
1996
1996
G
B
D
E
G
H
H
Chimie
Alimentaire
40,0
25,0
35,0
20,0
30,0
25,0
15,0
20,0
10,0
15,0
10,0
5,0
5,0
0,0
0,0
1986
A
1989
B
1992
D
E
1996
G
1986
H
A
1989
B
1992
D
E
1996
G
H
Source: RAIS. Elaboration Propre par l'Auteur.
obs.: les lettres capitales désignent les différents regroupements occupationnels (clusters).
7. Structure d'occupations et salaires
Le dernier point qu'il nous faut considérer est celui du comportements des salaires pendant la
période 1986-96. L'indicateur que nous adoptons est le salaire médian, qui est la mesure que nous
considérons la plus représentative pour évaluer le comportement des rémunérations. Dans le
Graphique 10, nous pouvons voir cette évolution pour les trois segments: la tendance à la baisse des
salaires réels est générale. Les pertes les plus significatives sont observées entre 1986 et 1989. Entre
35 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
1989 et 1992, on ne les retrouve que dans les regroupements inférieurs et on assiste à une ouverture
de l'éventail des salaires. Après 1992, on constate des diminutions du salaire réel dans tous les
segments et les regroupements d'occupations.
Le comportement défavorable des salaires réels, indépendamment du segment industriel ou de la
qualification, renforce l'argument déjà mentionné sur l'apporpriation inégale des gains de
productivité obtenus pendant cette période. Les meilleurs résultats en termes d'efficience, en partie
au moins, n'ont pas été utilisés pour transformer les politiques sectorielles de gestion de la maind'œuvre. La modernisation se réalise en même temps qu'un processus d'appauvrissement des
travailleurs qui parviennent tout de même à survivre dans le secteur formel du travail industriel. Ce
processus d'appauvrissement est cohérent avec la stabilité de la structure des occupations. En fait,
sans amélioration du profil de qualifications, il n'y a pas de raisons pour que les salaires soient
bénéficiés.
8. Considérations finales
Cet essai a abordé les conditions d'absorption de la main-d'œuvre dans le contexte des nouvelles
conditions dynamiques de l'économie brésilienne des années quatre-vingt-dix. La place privilégiée
faite à l'insertion extérieure, considérée stratégiquement importante pour la réinsertion du pays dans
le marché financier international, a imposé une dynamique nouvelle à l'économie. On est passé d'un
processus de développement centré sur l'approfondissement du tissu industriel à un processus qui
soumet la sphère productive aux impositions de l'insertion financière à l'extérieur. Les effets de ce
nouveau contexte ont été, principalement, une réorganisation économique brutale qui s'est traduite
par le dégraissement forcé de certains secteurs industriels et par la perte de relations
intersectorielles. La dénationalisation brutale de segments importants en a été l'un des principaux
traits.
La récupération de l'activité économique, constatée depuis 1993, a été marqué par une présence plus
importante de biens et services importés, ce qui explique des résultats limités ainsi qu'une perte de la
place du secteur industriel. Si l'industrie a, d'une part, perdu de son importance dans la nouvelle
dynamique économique, elle a aussi, d'autre part, subi des pressions pour opérer une rationalisation
productive qui puisse augmenter les niveaux de sa productivité.
36 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Il faut, pour analyser les conditions actuelles d'absorption de la main-d'œuvre dans le pays, bien
comprendre le type d'efficience qui se construit peu à peu en tant qu'élément de la nouvelle
dynamique économique. Comme nous l'avons déjà dit, deux positions distinctes polarisent le débat.
La première privilégie l'approche microéconomique qui voit dans la réorganisation atomisée des
entreprises la source principale de la recomposition de l'efficience de l'économie nationale (Bonelli
et. al., 1998). La dérèglementation publique et la privatisation en sont les instruments clés. La
politique industrielle assume un caractère focalisé, avec pour objectif le renforcement de segments
spécifiques et restreints de l'industrie, l'orientation se faisant dans certains cas au niveau de
l'entreprise. Dans cette approche, prédomine la vision de l'efficience construite à partir de la
performance individuelle des entreprises, le problème de la réduction des coûts revêtant alors une
dimension essentielle et déterminante. L'optique micro-analytique est prépondérante (Williamson,
1996). La croissance de la firme est des marchés n'occupe qu'une position secondaire. La
concurrence féroce par les prix est valorisée. La vision de développement qui est à la base de la
politique économique actuelle s'inscrit clairement dans cette perspective. Le renforcement du
pouvoir des entreprises étrangères est flagrant, étant souvent utilisé d'ailleurs contre l'Etat. La
coordination publique s'affaiblit avec des organes gouvernementaux qui se font la concurrence les
uns aux autres, avec aussi les gouvernements des différents Etats qui renforcent cette politique en
pratiquant une véritable guerre fiscale très agressive pour attirer chez eux les investissements d'un
certain groupe d'entreprises transnationales.
Une autre tendance considère que l'efficience découle principalement des déterminants
macroéconomiques (taux d'intérêt, croissance, financement etc.), qui potentialisent les avantages
microéconomiques acquis à l'intérieur des entreprises. La coordination publique est considérée
comme étant fondamentale et la politique industrielle détient alors une plus grande portée, liée au
mode d'investissement sectoriel et à ses implications sur la dynamique du tissu industriel dans son
ensemble. La réduction des coûts devient alors le résultat de l'expansion de l'entreprise, les
économies d'échelle demeurent essentielles, en lien avec les économies de diversité. Les résultats de
ces deux approches sont complètement différents14. La première correspond essentiellement à un
processus de rationalisation de la production, les principales préoccupations concernant la réduction
des coûts. Les innovations organisationnelles sont prédominantes puisqu'elles ont pour but
primordial non pas l'augmentation de la capacité de production mais bien la meilleure utilisation de
la capacité déjà existante. Le souci premier est produire mieux à moindre coût. Des réductions
14
Pour plus de détails sur ce point, voir Streeck, 1992.
37 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
d'emplois comme de salaires sont donc vitales pour augmenter l'efficience. On peut d'ailleurs
affirmer que la diminution de l'emploi est décisive pour réaliser une réduction des salaires.
La seconde perspective peut entraîner un processus de modernisation effective de la production, en
tant que mouvement d'actualisation, approfondissement et redéploiement du tissu industriel.
L'efficience découle de l'incorporation de nouvelles machines, tout comme d'innovations en termes
d'organisation, dont les effets ne se manifestent que si ce mouvement est associé à une trajectoire de
croissance. La réduction des coûts vient d'une politique d'investissement et de modernisation plus
ample, dans laquelle la régulation publique exerce un rôle fondamental aussi bien pour stimuler le
processus que pour ordonner la concurrence dans l'espace national et au sein des relations avec le
secteur extérieur. Le maintien de l'emploi et des salaires devient viable puisque l'efficience ne
dépend plus d'eux et, au contraire, devient un élément indispensable étant donné qu'il exerce un effet
de levier pour la consommation et la croissance.
Les conditions de fonctionnement de l'économie brésilienne trouvent leur principale orientation dans
la première perspective. On peut d'ailleurs noter une dégradation des conditions macroéconomiques
dans le but de stimuler la dimension microéconomique des entreprises. Celles-ci recherchent
systématiquement la réduction des coûts. La tertiarisation, le déplacement des usines, le recours au
travail informel, les innovations organisationnelles et une plus grande flexibilité des relations de
travail sont autant d'instruments adoptés par les entreprises qui déploient des efforts localisés de
modernisation technologique. La vive concurrence au sein d'un contexte de faible croissance
transforme la réduction des coûts en une stratégie de survie primordiale pour les entreprises. Les
entreprises étrangères profitent de la fragilité de la base productive locale pour racheter à bas prix
des entreprises locales ou pour approfondir les relations de leurs unités de production locales avec
celles qu'elles possèdent dans d'autrs pays, dans le but d'améliorer leur rendement global.
Comme nous le soulignons dans cet essai, ce processus de rationalisation est cohérent avec la
stabilité de la structure des occupations. L'élévation de la productivité industrielle n'a pas été suivie
par un changement bénéfique du profil des qualifications de la structure occupationnelle. Il n'y a
aucune raison pour que les entreprises investissent plus dans la qualité de la main-d'œuvre. La
capacité d'absorption est très inférieure à la disponibilité de main-d'œuvre existante. Celle-ci est
suffisante pour que se réalise le processus de rationalisation productive.
Ce mouvement est doublement pervers, parce qu'en plus d'aller à l'encontre de l'emploi, il exerce
contre les salaires une pression à la baisse. De plus, il contribue à ralentir la croissance en diminuant
le pouvoir d'achat de l'ensemble des salariés. Il ne semble pas qu'il soit susceptible à long terme de
servir la competitivité de l'économie brésilienne.
38 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
Dans un contexte de croissance pondérable de la population active, le processus d'absorption de la
main-d'œuvre, dans de telles conditions, ne se réalisera qu'à travers des activités dépendantes d'un
circuit particulier de revenu-consommation garanti par la précarité structurelle de notre marché du
travail et par la distribution des revenus terriblement mauvaise dans notre pays. L'explosion des
opportunités de travail dans le Petit-Moyen Secteur Non Engagé (PMS-SC) est la principale
conséquence de ce processus. Une énorme quantité de travailleurs se trouve de plus en plus dans
l'obligation de vendre sa force de travail aux individus/ménages, dont le pouvoir d'achat pour ces
services vient de ce que les salaires de ceux-ci sont relativement bas, en dehors de la distribution des
revenus très inégale.
Il est incontestable que toutes les occupations ne sont pas caractérisées par une faible qualification et
un bas salaire. Mais on ne peut pas nier non plus que ces particularités sont prédominantes. Du point
de vue de l'analyse empirique, les données que nous avons montrées ici mettent cet argument en
évidence. D'un point de vue plus théorique, on ne peut imaginer comment ces occupations
pourraient avoir un profil de qualification/rémunération meilleur alors que les revenus augmentent
plus lentement que la masse disponible de main-d'œuvre.
On peut affirmer que c'est justement dans la moindre importance de l'industrie que réside la
principale explication du mouvement de précarité grandissante de notre marché du travail. La
destruction de la base du travail salarié dans les grandes entreprises renvoie au PMS-SC la
responsabilité de résoudre le problème de l'absorption de la main-d'œuvre, de sorte qu'une quantité
croissante de travailleurs se dispute un même revenu disponible qui augmente plus lentement. Les
niveaux de rémunération tendent à se comporterment à l'inverse des nouvelles opportunités
occupationnelles dans le PMS-SC qui, elles, augmentent. Par ailleurs, la logique de rationalisation
économique ronge aussi les salaires aussi bien dans les grandes entreprises que dans le secteur
publique. On observe donc une tendance à la réduction de la rémunération du travail dans les divers
segments d'activité économique, ce qui remet en question la possibilité d'opérer des changements
positifs dans le profil des qualifications de la main-d'œuvre brésilienne. En ce sens, malgré tous les
efforts pour la qualification qui ont été faits dans le pays au cours de ces dernières années, il nous
faut conclure que la nouvelle dynamique économique valide le profil d'une faible qualification de la
main-d'œuvre nationale, entérinant la très mauvaise distribution des revenus et aggravant la structure
sociale historiquement inégale.
39 Réorganisation Productive, Absorption de main-d'oeuvre et Qualification, Claudio S. Dedecca
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