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TD n°9
Les différents courants sociologiques
I. Fonder la sociologie comme une science
C’est Auguste Comte (1798-1857) qui invente le terme « sociologie ».
Document 1 : Auguste Comte : la sociologie, une science positive
Le mot « sociologie » apparaît pour la première fois en 1839. C’est à contrecoeur que ce néologisme est introduit par son auteur.
En effet, Auguste Comte avait envisagé d’appeler « physique sociale » la science de la société qu’il appelait de ses vœux. Mais
quelques mois avant lui, Adolphe Quételet […] s’est approprié le terme de « physique sociale » pour l’applique à une nouvelle
science : l’étude statistique des populations humaines […]. L’expression « physique sociale » affichait pourtant les intentions de son
auteur. Pour ce féru de mathématiques et de physique qu’est Comte, il n’est de science qu’appuyée sur la raison et les faits. La
référence à la physique indique la volonté d’établir une vraie science soucieuse de trouver des lois. C’est là un des principes premiers
de la « philosophie positive » ou « positivisme » dont Comte est le promoteur : découvrir les lois de la société, puis mettre ce savoir
au service du bon gouvernement de la Cité. […]
Comte propose une classification générale des sciences. Cette classification se fonde dur les degrés de complexité croissante des
objets étudiés. L’astronomie et la physique étudient des objets inanimés. La chimie et la biologie sont les sciences du vivant : elles ont
affaire à des objets complexes et changeants. La science sociale est arrivée en dernier dans l’ordre des sciences. Elle doit intégrer les
acquis des autres sciences pour affronter l’objet le plus complexe qui soit : la société humaine.
La […] sociologie doit devenir à son tour une science positive. Elle permettra de connaître à la fois les lois d’organisation de la
société (statique sociale) et celle de son évolution (dynamique sociale). Avec la sociologie, A. Comte pense résoudre les problèmes
sociaux. Car son but est aussi de résoudre le problème de l’organisation sociale : « savoir pour prévoir, prévoir pour pouvoir ». Ainsi
se termine le Cours de Philosophie positive.
J.-F. Dortier, « De la sociologie à la religion de l’Humanité », Sciences Humaines n°109, oct. 2000.
Questions :
a) Quel est l’objet de la sociologie ?
b) Quel(s) but(s) Comte assigne-t-il à la sociologie ?
Les courants de pensée sociologique n’apparaissent pas nettement, ainsi, recenser l’histoire sociologique s’avère
difficile.
Les fondateurs se sont néanmoins orientés dans deux directions principales :
- la sociologie du fait social : le holisme méthodologique ;
- et la sociologie de l’action sociale : l’individualisme méthodologique.
Au-delà de ces deux différences, trois interrogations essentielles dominent la pensée sociologique :
- l’interrogation sur la rationalité
- l’interrogation sur l’objectivité du sociologue
- l’interrogation méthodologique
Document 2 : « Considérer les faits sociaux comme des choses »
Le but de Durkheim est de démontrer qu’il peut et qu’il doit exister une sociologie qui soit une science objective, conforme au
modèle des autres sciences, dont l’objet serait le fait social. Pour qu’il y ait une sociologie, deux choses sont nécessaires : il faut,
d’une part, que l’objet de cette science soit spécifique, c’est-à-dire qu’il se distingue des objets de toutes les autres sciences. Il faut,
d’autre part, que cet objet puisse être observé et expliqué de manière semblable à celle dont les faits de toutes les autres sciences sont
observés et expliqués. Cette double exigence conduit aux deux formules célèbres par lesquelles on résume généralement la pensée
durkheimienne : il faut considérer les faits sociaux comme des choses ; et la caractéristique du fait social, c’est qu’il exerce une
contrainte sur les individus.
La première formule a été très discutée. […] Le point de départ est l’idée que nous ne savons pas, au sens scientifique du mot
« savoir », ce que sont les phénomènes sociaux qui nous entourent, au milieu desquels nous vivons. Nous ne savons pas ce que sont
l’Etat, la souveraineté, la liberté politique, la démocratie, le socialisme ou le communisme. Cela ne signifie pas que nous n’en ayons
pas quelque idée. Mais précisément parce que nous en avons une idée vague et confuse, il importe de considérer les faits sociaux
comme des choses, c’est-à-dire de nous débarrasser des prénotions et des préjugés qui nous paralysent lorsque nous voulons les
connaître scientifiquement. Il faut considérer les faits sociaux de l’extérieur, les découvrir comme nous découvrons les faits
physiques.
Parce que nous avons l’illusion de connaître les réalités sociales, il importe que nous nous convainquions qu’ils ne nous sont pas
immédiatement connus. C’est en ce sens que Durkheim affirme qu’il faut considérer les faits sociaux comme des choses. Les choses
sont tout ce qui s’offre ou plutôt s’impose à l’observation. Raymond Aron, Les étapes de la pensée sociologique, Gallimard, 1967.