PD Ouverture des magasins

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Service de presse de Travail.Suisse – No 16 – 8 novembre 2010 – Ouverture des magasins
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Magasins des stations-services
Il n’est pas nécessaire d’ouvrir les magasins 24 heures sur 24,
365 jours par an
Si l’on suivait la Commission de l’économie et des redevances du Conseil national, 1200 magasins seraient bientôt ouverts en Suisse 24 heures sur 24 pendant 7 jours de la semaine. Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante
des travailleurs, se mobilise pour lutter contre cette nouvelle étape de libéralisation inutile. La lutte pour gagner des parts de marché dans le commerce de détail n’apporte aucune valeur ajoutée économique et se fait totalement au détriment du personnel de vente.
À fin novembre 2005, le peuple a approuvé, à une très faible majorité de 50,6 %, la vente
dominicale généralisée dans les grandes gares. Les partisans bourgeois laissaient alors
entrevoir, dans la lutte menée autour du scrutin, que des réglementations de convention
collective seraient négociées pour le personnel de vente concerné. Or, rien de tel n’a eu
lieu.
Au niveau cantonal également, des tentatives fort diverses ont été entreprises par le camp
bourgeois en vue de prolonger les heures d’ouverture des magasins. Au cours des dernières années, nombre de votations cantonales portant sur la déréglementation des horaires d’ouverture des magasins ont eu lieu. En règle générale, le peuple les a rejetées.
Pour la dernière fois en septembre dans le canton de Saint-Gall, avec 63 % de Non.
Les magasins jumelés aux stations-services de la région de Zurich, qui ont offert tout leur
assortiment 24 heures sur 24, ont été déboutés en juillet 2010. Le Tribunal fédéral a arrêté
que ces magasins n’étaient pas autorisés à vendre leurs produits 24 heures sur 24. En effet,
avec leur offre, il ne s’agit pas de répondre à des « besoins de consommation particuliers »
qui justifieraient une exception selon la loi sur le travail.
Maintenant, les partis bourgeois préparent leur prochain coup de massue en matière de
déréglementation au niveau national. En août 2010, la Commission de l’économie et des
redevances du Conseil national (CER-N) a donné suite à l’initiative parlementaire
Lüscher, qui veut que les boutiques des stations-services puissent être ouvertes 24 heures
sur 24, 7 jours sur 7, sur les restoroutes et les grandes artères. Ce n’est pas rien: quelque
1200 magasins de stations-services pourraient dès lors vendre tout ce qui est vendable 24
heures sur 24, 365 jours par an. L’initiative sera prochainement entre les mains du Conseil
national.
Il est clair pour Travail.Suisse qu’il n’est pas question d’adoucir une nouvelle fois
l’interdiction du travail de nuit ou du dimanche.
Service de presse de Travail.Suisse – No 16 – 8 novembre 2010 – Ouverture des magasins
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Contre l’adoucissement de la loi sur le travail
La loi en vigueur autorise le travail de nuit uniquement en cas de nécessité technique ou
économique absolue. Les envies acheteuses particulières que pourrait déclencher
l’assortiment des magasins de stations-services ne justifient aucune exception à
l’interdiction du travail de nuit. Ou en d’autres termes, l’achat d’une pizza surgelée à 3
heures du matin peut être qualifiée de « superflue » pour les consommateurs potentiels.
L’initiative parlementaire Lüscher adoucit l’interdiction du travail de nuit et du dimanche, et piétine ainsi la protection des travailleurs.
Contre l’assouplissement des horaires de travail au détriment de la santé du personnel
de vente
Il est médicalement établi que le travail de nuit constitue une contrainte physique et psychique pour le corps et peut entraîner des troubles du sommeil, des maux de tête, des
troubles circulatoires, jusqu’à des troubles du rythme cardiaque. Les travailleurs qui accomplissent un travail de nuit pendant un certain temps ont souvent des problèmes de
santé. La protection de la santé des travailleurs est prioritaire: on ne doit pas autoriser à la
légère une prolongation du travail de nuit.
Aucun supplément de valeur ajoutée économique
Considérés sous l’angle de l’ensemble de la branche du commerce de détail, des horaires
d’ouverture non-stop des magasins de stations-services n’augmenteront pas les chiffres
d’affaires. Le gâteau ne sera pas plus gros, les francs ne seront dépensés qu’une seule fois,
la consommation privée ne sera pas stimulée pour autant. C’est uniquement la lutte pour
des parts de marché dans le commerce de détail qui sera prolongée pendant la nuit, et ce,
totalement au détriment des conditions de travail du personnel de vente.
Contre la suppression des rythmes « communs » du jour et de la nuit
La « soirée (cessation du travail en fin de la journée) » en tant que moment de loisir passé
en famille ou avec des amis, la nuit utilisée pour le sommeil, le repos: les rythmes diurnes
et nocturnes, réglés ensemble, ont une grande valeur pour la vie sociale et en particulier
pour la vie familiale. Une déréglementation complète des horaires de travail dans le secteur de la vente rendra la vie sociale plus difficile et rendra vie professionnelle et vie familiale pratiquement incompatibles. Les quelques moments de détente communs que nous
réserve encore notre société non-stop ne doivent pas être supprimés.
Service de presse de Travail.Suisse – No 16 – 8 novembre 2010 – Ouverture des magasins
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Contre la poursuite de la précarisation du personnel de vente
Il est de notoriété publique que le commerce de détail est une branche où les salaires sont
bas, et où les employés sont souvent des femmes ou des personnes peu qualifiées. Il
n’existe aucune convention collective de travail de force obligatoire générale qui fixe les
conditions de travail ou les salaires au niveau de la branche. Le pouvoir de négociation
des employés face à leurs employeurs est faible. Le fait d’introduire le travail de nuit dans
le commerce de détail continuerait de précariser les conditions de travail dans ce secteur.
En effet, ne nous leurrons pas: prolonger les heures d’ouverture des magasins n’est pas
synonyme de création de nouveaux emplois, mais signifie davantage de travail pour le
personnel déjà en place.
Contre l’effet boule de neige sur d’autres branches
La possibilité de faire ses achats à toute heure de la journée et de la nuit dans les magasins
des stations-services déclenchera un effet boule de neige qui atteindra d’autres branches.
Concrètement, le service de livraison de produits frais devra pouvoir, lui aussi, rouler la
nuit, l’informaticien devra garantir 24 heures sur 24 l’exploitation sans accroc des caisses
et des caméras de surveillance, le personnel d’entretien devra faire des nettoyages pendant la nuit, la sécurité devra être assurée 24 heures sur 24, etc. Finalement, le travail de
nuit et du dimanche deviendra une « nécessité technique et économique absolue » pour
toutes les branches. Voilà qui serait intolérable !
Susanne Blank, responsable de la politique économique, Travail.Suisse
Travail.Suisse, Hopfenweg 21, 3001 Berne, Tél. 031 370 21 11, [email protected],
www.travailsuisse.ch
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