
tribales et sectaires.Partage du butinLe négociateur pour la Grande-Bretagne était Mark Sykes,  et le représentant de la France était François Georges-Picot. Ces deux diplomates décidèrent - 
une fois les Ottomans vaincus - que la France recevrait les zones marquées de la lettre a et qui 
comprenaient la région du sud-est de la Turquie, le nord de l’Irak, et l’essentiel de la Syrie et du  Liban.Les territoires marqués d’un b étaient quant à eux sous contrôle britannique, ce qui  incluait la Jordanie, le sud de l’Irak, Haïfa et Acre en Palestine, et la bande côtière entre la mer 
Méditerranée et le Jourdain.La Russie de son côté ,devait prendre Istanbul, l’Arménie et le 
détroit stratégique turc.La carte improvisée est faite non seulement de lignes mais aussi de 
couleurs, avec un langage qui prouve que les deux pays considéraient la région arabe sur un plan 
purement matériel, sans prêter la moindre attention aux répercussions possibles de ce 
saucissonnage de civilisations entières.L’histoire d’une trahisonLa Première Guerre mondiale  s’est conclue le 11 novembre 1918, après quoi la division de l’Empire ottoman a sérieusement  commencé.Les mandats britannique et français ont été étendus sur des entités arabes divisés,  alors que la Palestine - sur laquelle un État juif a été créé trois décennies plus tard .- était livrée  au mouvement sioniste.L’accord, soigneusement conçu pour répondre aux intérêts coloniaux  occidentaux, n’a produit que de la division, des crises et des guerres.Alors que le statu quo  imposé a garanti l’hégémonie des pays occidentaux sur le Moyen-Orient, il n’a pas réussi à fournir un minimum de stabilité politique ou d’égalité économique.L’accord Sykes-Picot a été conçu en secret, pour une raison particulière : il était en désaccord complet avec les promesses 
faites aux Arabes pendant la Grande Guerre. Les dirigeants arabes, sous le commandement de 
Sharif Hussein, s’étaient vus promettre l’indépendance complète après la guerre en échange de 
leur soutien aux Alliés contre les Ottomans.Il a fallu de nombreuses années et des rébellions 
successives pour que les pays arabes accèdent à l’indépendance. Les conflits entre les Arabes et  les puissances coloniales ont engendré le nationalisme arabe, né dans des environnements 
extrêmement violents et hostiles, ou plus exactement après les avoir surmontés.Le nationalisme 
arabe a peut-être réussi à maintenir un semblant d’identité arabe mais il n’a pas réussi à 
développer une riposte solide et unifiée au colonialisme occidental.Lorsque la Palestine - 
promise par la Grande-Bretagne comme foyer national pour les Juifs dès novembre 1917 - est 
devenue Israël, accueillant principalement des colons européens, le sort de la région arabe à l’est  de la Méditerranée a été scellé comme siège de conflits et d’antagonismes perpétuels.C’est en  cela, en particulier, que le terrible héritage de l’accord Sykes-Picot se fait surtout sentir, dans 
toute sa violence, son imprévoyance et son complet manque de scrupules politiques.Cent ans 
après que deux diplomates britanniques et français aient divisé les peuples arabes en sphères  d’influence, l’accord Sykes-Picot reste une réalité dominante du Moyen-Orient, bien que  contestée.Cinq ans après que la Syrie ait sombré dans une violente guerre civile, la marque de  l’accord Sykes-Picot se fait une fois de plus sentir alors que la France, la Grande-Bretagne, la 
Russie - et maintenant les États-Unis - envisagent ce que le secrétaire d’État américain John  Kerry, a récemment appelé le  «plan B » ,qui consisterait à diviser la Syrie sur la base de lignes  sectaires, probablement en conformité avec une nouvelle interprétation occidentale des  « sphères d’influence .»La carte Sykes-Picot a pu être une vision brute élaborée à la hâte durant  d’une guerre mondiale, mais, depuis lors, elle est devenue le principal cadre de référence que  l’Occident utilise pour redessiner le monde arabe et pour  «le contrôler comme ils le désirent et  comme ils veulent le voir» .La  «Nakba  »palestinienne, par conséquent, doit être comprise 
comme faisant partie intégrante des plus larges conceptions occidentales du Moyen-Orient, 
datant d’un siècle, alors que les Arabes étaient (et restent) divisés et la Palestine était (et reste)