Le Moyen-Orient dans la Première Guerre mondiale

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Le Moyen-Orient dans la Première Guerre mondiale
Introduction
Le Moyen-Orient est une région où les puissances européennes ont depuis longtemps des
intérêts stratégiques, économiques et culturels majeurs. Le début du conflit mondial va précipiter
la région dans la rivalité franco-britannique pour le contrôle territorial. Pour envisager la place du
Moyen-Orient dans la Première Guerre mondiale, il est impossible de restreindre cette dernière à
ses dates admises (1914-1918). Il faut en donner une conception élargie, qui s’étendrait jusqu’en au
début des années 1920. Les tractations diplomatiques entamées dès le début de la guerre par les
puissances se prolongent en effet jusque-là. Dans la Première Guerre mondiale, le Moyen-Orient
semble se situer du côté des victimes plutôt que de celui des acteurs. Comment les rivalités
européennes influent-elles directement sur son sort à la fin de la guerre ? En 1914, le MoyenOrient est un enjeu majeur, aux yeux des puissances européennes d’abord, mais aussi parce le
nationalisme turc attise les revendications arabes (I.) ; durant les années 1915-1916, la GrandeBretagne joue un double jeu, entre les promesses faites aux Arabes et les accords conclus avec la
France (II.) ; enfin, de 1917 à 1921, le Moyen-Orient ne peut plus repousser sa défaite face au jeu
diplomatique des puissances, qui se déroule à son insu (III.).
Conclusion
A la fin du conflit, la carte du Moyen-Orient a été grandement modifiée. Les grands
vainqueurs du partage sont clairement la France et la Grande-Bretagne : grâce aux Mandats de la
SDN, les deux puissances conservent un important droit de regard sur la gestion des pays. De plus,
les territoires qu’ils en retirent sont riches en pétrole, quand la guerre a montré toute l’importance
qu’a désormais cette matière première. Après des années de domination ottomane placées sous le
signe des revendications autonomistes, le Moyen-Orient se trouve désormais sous une domination
européenne tacite, parce que camouflée sous le statut d’administration indirecte. L’Empire
ottoman démembré se réduit désormais à la grande Turquie anatolienne, et se voit imposer des
conditions humiliantes (démilitarisation, internationalisation de sa propre capitale), qui
contribuent à attiser le nouveau nationalisme kémaliste dès le milieu des années 1920.
I. Les enjeux du Moyen-Orient en 1914
L’Egypte
L’inauguration du canal de Suez (1869) a consacré l’Egypte comme étape majeure des
routes commerciales internationales. Mais sa dette extérieure l’a forcée à vendre ses parts du canal
à la Grande Bretagne à très bas prix. En 1882, l’Angleterre a envoyé des troupes en Egypte,
officiellement pour stabiliser les finances du pays. En réalité, elle a plus tard utilisé les conflits au
Soudan comme prétexte pour s’installer durablement, et asseoir son contrôle sur le canal et ses
opportunités commerciales : cet évènement a marqué la substitution de l’Empire ottoman par
l’Angleterre en tant que tuteur de l’Egypte. Le pays est administré par des fonctionnaires
britanniques attachés aux ministères locaux sous l’autorité du consul général. En 1914, lorsque
l’Empire ottoman se joint aux puissances centrales, la loi martiale et la censure sont imposées dans
le pays ; l’Egypte devient protectorat britannique, ce qui officialise la situation. Le canal de Suez va
être un enjeu majeur de la guerre, et sa protection l’un des objectifs premiers de la GrandeBretagne.
Le pétrole
En 1914, l’attention portée au pétrole est croissante, mais pas nouvelle. Au début du siècle,
la flotte britannique a changé de carburant en passant du charbon au pétrole. En 1901, le Foreign
Office et une partie de l’Amirauté ont apporté à l’investisseur William Knox d’Arcy leur soutien
financier, pour l’aider à rentabiliser sa concession de 60 ans en Perse, afin d’éviter que la France, la
Russie ou l’Allemagne lancée dans la Weltpolitik ne s’y implantent. C’est à cette date que la
question du pétrole est devenue un enjeu politique. L’objectif est de devancer les autres puissances
dans la course au pétrole. En juin 1914, suite à la détermination de Churchill, qui y voit la
condition même de la puissance, l’Etat achète la majorité du capital de l’Anglo-Persian Oil
Company de d’Arcy, une entreprise privée, et s’assure ainsi un contrat d’approvisionnement pour
son Amirauté. Le pétrole et son contrôle sont désormais politiques.
Les ambitions anglaises : la commission Bunsen
En avril 1915, le Premier ministre britannique, Asquith, nomme la commission Bunsen.
Elle a pour but d’envisager les règlements territoriaux pour l’après-guerre, de manière à servir les
intérêts britanniques. La commission met en avant la nécessité de renforcer les liens avec le Golfe
et l’Arabie. Tout doit être fait pour sauvegarder les intérêts liés au commerce et au pétrole, d’où la
nécessité pour l’Angleterre d’assurer une liaison avec la Méditerranée orientale par l’établissement
d’un port (Haïfa). En ce qui concerne la gestion des territoires, la commission donne sa faveur à
l’instauration d’un Empire fortement décentralisé. Les défaites anglaises de 1915 vont également
mettre en avant la nécessité de former des alliances pour protéger le canal de Suez. La commission
Bunsen est donc une base théorique qui résume et annonce les visées anglaises dans la guerre : le
sort de l’Empire, le pétrole mésopotamien, la protection du canal de Suez.
La turquisation
La déposition du sultan ottoman en 1909 a consacré l’arrivée au pouvoir des Jeunes-Turcs.
En janvier 1913, Enver Pacha, l’un des chefs du mouvement, se fait octroyer les pleins pouvoirs au
sein d’un triumvirat. Cet évènement marque la défaite définitive de la frange libérale des JeunesTurcs. Le pouvoir est désormais aux mains des unionistes, opposants aux revendications
nationalistes dans l’Empire et défenseurs d’un panturquisme autoritaire. Celui-ci s’annonce comme
une alternative à l’ottomanisme et à l’islamisme, mais aussi le moyen idéal pour se tourner vers
l’Asie centrale après la perte des territoires européens. Les Jeunes-Turcs pratiquent une politique
autoritaire et dissolvent les sociétés secrètes et les comités politiques qui tentent de contrer le
panturquisme.
A la suite du Congrès général arabe, qui se déroule à Paris en juin 1913, les nationalistes
sont persécutés. Lorsqu’éclate le conflit mondial, le gouvernement nationaliste Jeunes-Turcs ne
tolère plus d'opposition : toute manifestation en faveur de l’arabisme est passible de mort. Devant
la répression (ottomane) placée sous le signe du nationalisme (turc), les autonomistes arabes
doivent en appeler à l’aide des puissances européennes. Kitchener est contacté par un des fils
d’Hussein, souverain du Hedjaz, mais se contente d’affirmer son soutien moral à la cause arabe.
II. 1915-1916 : La promesse du grand Etat arabe.
Attentes arabes et promesses anglaises
La correspondance Hussein-Macmahon
Le djihad lancé par la Porte dès son entrée en guerre inquiète les Alliés, qui croient
l’influence de l’Empire sur les musulmans très importante. L’objectif pour l’Angleterre devient
alors l’établissement d’un contre-pouvoir face à l’autorité religieuse de la Porte. Elle choisit de
rechercher une alliance avec les Arabes, en tentant d’obtenir l’appui du Chérif Hussein de la
Mecque. Celui-ci est le seul capable d’entraîner les Arabes dans une révolte contre les Turcs : il
bénéficie en effet d’une légitimité traditionnelle, en tant que descendant du Prophète et gardien
des Lieux saints. A MacMahon, Hussein réclame, en contrepartie d’un soulèvement, la création
d’un grand « Etat arabe » indépendant, mais qui resterait en contacts privilégiés avec la puissance
britannique. Devant l’insistance d’Hussein, MacMahon définit les limites des territoires qui seront
attribués aux Arabes, et en exclue la Mésopotamie, riche en pétrole, et l’ouest syrien : l’Angleterre
doit en effet prendre en compte les revendications de la France, qui joue depuis longtemps un rôle
important en Syrie. En février 1916, la dernière lettre de MacMahon confirme les termes de
l’accord.
La révolte Arabe
Rassuré quant aux intentions de la Grande-Bretagne, Hussein remplit sa part du marché.
Le 6 juin, la Révolte arabe commence. Elle s’annonce comme une revanche des Arabes sur la
turquisation forcée. L’avancée arabe est rapide. Le 2 novembre, Hussein, proclamé « roi des
Arabes », demande aux puissances Alliées de reconnaître l’Etat arabe promis, ce qu’elles font, car
elles ont toujours besoin de son aide pour défaire la menace turque sur l’Egypte. Fayçal, l’un des
fils d’Hussein, mène l’offensive, influencé par T.E. Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, qui s’assure
que la révolte sert les intérêts britanniques. Les Arabes cherchent à gagner Damas les premiers,
pour installer l’Etat et mettre les Anglais devant le fait accompli. Le 30 septembre 1916, Fayçal
entre dans Damas, et proclame l’indépendance de l’Etat arabe au nom du roi Hussein.
Les accords Sykes-Picot
Parallèlement aux promesses faites à Hussein, la Grande Bretagne cherche à statuer avec la
France sur l’avenir de ces régions. Les accords Sykes-Picot font office de compromis entre les
prétentions des deux puissances. Sykes a pour cadre de réflexion le rapport de la commission
Bunsen. Picot suit les revendications des partisans de la Grande Syrie (Syrie, Liban, Palestine), en
ajoutant notamment aux exigences les champs pétrolifères de Mossoul ; la France avance son rôle
de protecteur des Levantins pour s’assurer la conservation de sa zone d’influence. L’Angleterre, qui
tient à maintenir la possibilité d’une alliance avec Hussein, doit prendre en compte ses exigences et
réduire la présence française à proximité du canal de Suez. En janvier 1916, les deux puissances
s’engagent à reconnaître une « confédération d’Etats arabes » ; mais elles accaparent des territoires
d’administration directe et indirecte. En Palestine, les Anglais obtiennent le Sud, qui leur servira
de zone tampon pour protéger le canal, et le port d’Haïfa, ouverture vers le pétrole mésopotamien ;
la France, le Nord ; le reste du territoire doit être internationalisé. Après accord de la Russie, les
accords Sykes-Picot sont formalisés par un échange de lettres entre Cambon, ambassadeur de
France à Londres, et Grey, ministre britannique des affaires étrangères, le 16 mai.
Le génocide arménien
Le génocide arménien est la conséquence du nationalisme Jeune-Turc, qui cherche à fédérer les
peuples turcs dans un grand Etat-nation, le Touran, du Bosphore à la Chine. Après avoir coopéré
avec les arméniens face à l’influence ottomane, les Jeunes-Turcs les considèrent désormais comme
un obstacle à leur projet nationaliste, en fait une « barrière » compacte entre Turcs ottomans et
Tatares du Caucase. L’avancée des troupes russes en Anatolie, qui fait craindre un ralliement
arménien aux Alliés, et la résistance des Arméniens de Van face aux massacres, présentée comme
une insurrection, offrent le prétexte attendu pour débuter le génocide. Celui-ci commence en avril
1915, avec l’exécution des élites de Constantinople. Vient ensuite la déportation forcée des
populations, que le gouvernement nomme « relocalisation » et justifie par le besoin d’éloigner les
Arméniens des zones de front. Les populations sont déplacées à pied vers des camps : soumise à des
conditions lamentables, voire attaquée par les convoyeurs (l’Organisation spéciale), la plupart
meurt en chemin.
Fin 1916, les seuls survivants sont des îlots épargnés et les populations qui ont suivi les
russes lors de leur retraite. On estime généralement le nombre de morts arméniens à 1,2 millions
de personnes. A la fin de la guerre, les tribunaux reconnaissent le caractère planifié des massacres,
et condamnent à mort par contumace les responsables.
III. 1917-1921 : Une défaite tardive
Le Partage du Moyen-Orient
Les suites des accords Sykes-Picot
Après la révolution de 1917, Londres déclenche une offensive contre la Palestine.
La défection russe a rendu les accords Sykes-Picot caducs, et la Grande-Bretagne est libre de
s’imposer sur le terrain pour remettre en cause le statut international prévu. Elle en profite pour
accaparer les champs pétrolifères de Mésopotamie en occupant Mossoul, zone promise aux
Français, en novembre 18. Elle s’empresse également de renouveler ses promesses auprès
d’Hussein, à qui le nouveau gouvernement russe a transmis les traités signés par le tsar en 1916. Le
15 septembre 1919, durant un entretien informel, la France et la Grande-Bretagne concluent un
traité visant l’application des accords Sykes-Picot. Lloyd Georges obtient le contrôle de la Palestine
et la zone de Mossoul. Paris en retire le Liban et la petite Syrie, en plus d’une participation à
l’exploitation du pétrole de Mossoul. Les accords Sykes-Picot sont donc modifiés par le rapport de
force dans la région. C’est désormais avec la France que Fayçal doit s’entendre pour le traitement
de la Syrie. Mais il se heurte au radicalisme des nationalistes du Congrès syrien, hostiles à
l’influence française. L’accord du 6 janvier, qui prévoyait l’indépendance de la Syrie et la
reconnaissance d’un protectorat français sur un Liban à définir, n’entre pas en vigueur.
Les conférences
En 1920, les conférences de Londres (février-mars 1920), San Remo (avril), et Sèvres (août)
règlent le sort du Moyen-Orient. La distinction prévue en 1916 entre administrations directe et
indirecte est abandonnée : la forme nouvelle du mandat est créée par le pacte de la SDN. Les
territoires sont retirés à la souveraineté des puissances vaincues mais leurs populations, jugées
inaptes à accéder à l’indépendance, sont placées sous la tutelle d’une puissance mandataire. Cette
solution satisfait la France et la Grande-Bretagne, qui bénéficient ainsi d’un régime
d’administration peu coûteux.
A San Remo, Londres et Paris s’entendent sur la répartition de leurs zones d’influences
dans l’Orient arabe. La France reçoit officiellement la Syrie et le Liban, et la Grande-Bretagne, la
Palestine et l’Irak. Le partage est inégal, car la zone attribuée à la Grande-Bretagne comporte
l’essentiel des ressources pétrolières. Rendues publiques le 5 mai, les décisions ont un impact
majeur dans le monde arabe, et les troubles reprennent en Palestine et en Irak.
La conférence de Sèvres règle le sort réservé à l’Empire ottoman vaincu, qui est partagé
entre la Grèce, l’Italie, la France et la Grande-Bretagne. Istanbul et les Détroits sont démilitarisés,
une commission internationale y bénéficiant d’un droit de police. Les Capitulations sont rétablies
et les finances turques sont placées sous tutelle. Un Etat indépendant d’Arménie est crée en
Anatolie centrale. L’Empire humilié se réduit désormais à la grande Turquie d’Anatolie.
La déclaration Balfour et la question palestinienne
La défection de la Russie remet en cause l’accord Sykes-Picot, qui prévoyait pour la
Palestine un régime d’internationalisation. Le 2 novembre 1917, Arthur James Balfour, ministre
des Affaires étrangères, publie, en accord avec Weizmann, président de la Fédération sioniste, une
lettre adressée à Lord Rothschild, président de la branche britannique de la Fédération. Dans cette
lettre ouverte, il affirme que le gouvernement « envisage favorablement l'établissement en
Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif ». Cette lettre est le fruit d’un travail de longue
durée, et elle est donc intéressée : elle vise à obtenir le soutien financier des banques juives dans la
guerre, autant qu’à assurer un territoire-tampon entre la Syrie française et le canal de Suez. Cette
lettre s’oppose donc directement aux promesses faites à Hussein. Les Arabes de Palestine n’y sont
mentionnés que comme « communautés non juives », ce qui exclut pour eux la possibilité de droits
nationaux.
Les sionistes cherchent à contourner les réticences palestiniennes en rencontrant Fayçal.
Lors de la conférence de la paix à Paris, celui-ci représente les Arabes. Il propose dans son
mémorandum une confédération panarabe incluant la Syrie, l’Irak, la Palestine, le Hedjaz et le
Yémen. Le 3 janvier 1919, il rencontre Weizmann pour satisfaire les Américains, dont il espère le
soutien à propos de la Syrie ; il passe avec lui un accord où il accepte l’application de la déclaration
Balfour, à condition que les revendications arabes soient d’abord satisfaites. Le 27 février
cependant, Weizmann ne cache pas ses intentions : le « foyer » juif a vocation à devenir un Etat.
A la demande de Fayçal, la commission américaine King-Crane est envoyée sur place en
juin pour entendre les désirs des populations syrienne et palestinienne. En août 1919, elle
recommande le maintien de la Palestine dans la Syrie et la limitation du sionisme, mais le recul des
Etats-Unis suite à la maladie de Wilson fait tomber ses conclusions dans l’oubli. Les revendications
arabes n’étant pas respectées, l’accord passé avec Weizmann devient caduc, et Faysal revendique la
Palestine au sein du royaume syrien. Le 8 mars 1920, le Congrès général syrien proclame
l’indépendance et réaffirme l’appartenance de la Palestine et du Liban à la Grande Syrie : Fayçal
est proclamé roi, et espère que son nouveau statut poussera les puissances à respecter leurs
engagements. En juillet cependant, Gouraud exige la reconnaissance du mandat français sur la
Syrie et le Liban : il lance l’offensive, et le 28, Fayçal doit quitter le pays. La Palestine revient à la
Grande-Bretagne, en vertu des décisions de San Remo.
La résistance irakienne et Fayçal
En décembre 1918, la Grande-Bretagne a ignoré les résultats de la consultation des
populations irakiennes. Alors que les notables chi’ites s’apprêtaient à se rendre à la conférence de
la paix, pour demander la cessation de l’occupation britannique, elle a empêché toute délégation
nationale de se rendre sur place. L’Irak doit donc se plier aux décisions prises pour lui par les
puissances européennes. Cependant, tout juste débarrassés de la domination turque, les Irakiens ne
sont pas prêts à accepter l’occupation des Britanniques. Le 8 mars 1920, un congrès national
proclame l’indépendance et nomme Abdallah roi d’Irak. La situation s’aggrave, et les actions
contre les Britanniques se multiplient. En mai, des célébrations communes entre sunnites et chiites
servent de prétexte à des réunions de masse en faveur de l’indépendance ; début juin, devant la
révolte générale, les Britanniques durcissent le ton : Percy Cox reçoit les pleins pouvoirs, et
ramène l’ordre par des massacres de civils. A la fin de l’été, la révolte irakienne est maîtrisée.
Le retour à la normale ne se fait pas sans mal pour Londres, qui a dû engager des moyens
(militaires et financiers) considérables pour se maintenir en Irak et aborder les négociations du
traité de Sèvres en position de force. Pourtant, fin 1920, la révolte menace de reprendre. La
Grande-Bretagne ne peut plus se permettre d’entretenir des troupes dans un pays qu’il semble
impossible de soumettre. Londres décide alors de composer avec les Irakiens, tout en préservant
ses intérêts dans le pays. En mars 1921, sur une idée de Churchill, Fayçal, tout juste chassé de
Damas, se voit remettre l’autorité politique d’Irak. Leader de la révolte arabe, il s’avère un allié
utile pour les Britanniques. Le 23 août, il est fait roi d’Irak, cependant que son frère se proclame
roi de la Transjordanie nouvellement créée par Londres. Le pays conserve des liens commerciaux
avec la Grande-Bretagne, et doit accéder à l’indépendance rapidement. Mais les Britanniques
conservent en fait un contrôle étroit de l’administration et de l’armée du pays, tout en maintenant
le caractère indirect de la gestion.
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