territoires sont retirés à la souveraineté des puissances vaincues mais leurs populations, jugées
inaptes à accéder à l’indépendance, sont placées sous la tutelle d’une puissance mandataire. Cette
solution satisfait la France et la Grande-Bretagne, qui bénéficient ainsi d’un régime
d’administration peu coûteux.
A San Remo, Londres et Paris s’entendent sur la répartition de leurs zones d’influences
dans l’Orient arabe. La France reçoit officiellement la Syrie et le Liban, et la Grande-Bretagne, la
Palestine et l’Irak. Le partage est inégal, car la zone attribuée à la Grande-Bretagne comporte
l’essentiel des ressources pétrolières. Rendues publiques le 5 mai, les décisions ont un impact
majeur dans le monde arabe, et les troubles reprennent en Palestine et en Irak.
La conférence de Sèvres règle le sort réservé à l’Empire ottoman vaincu, qui est partagé
entre la Grèce, l’Italie, la France et la Grande-Bretagne. Istanbul et les Détroits sont démilitarisés,
une commission internationale y bénéficiant d’un droit de police. Les Capitulations sont rétablies
et les finances turques sont placées sous tutelle. Un Etat indépendant d’Arménie est crée en
Anatolie centrale. L’Empire humilié se réduit désormais à la grande Turquie d’Anatolie.
La déclaration Balfour et la question palestinienne
La défection de la Russie remet en cause l’accord Sykes-Picot, qui prévoyait pour la
Palestine un régime d’internationalisation. Le 2 novembre 1917, Arthur James Balfour, ministre
des Affaires étrangères, publie, en accord avec Weizmann, président de la Fédération sioniste, une
lettre adressée à Lord Rothschild, président de la branche britannique de la Fédération. Dans cette
lettre ouverte, il affirme que le gouvernement « envisage favorablement l'établissement en
Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif ». Cette lettre est le fruit d’un travail de longue
durée, et elle est donc intéressée : elle vise à obtenir le soutien financier des banques juives dans la
guerre, autant qu’à assurer un territoire-tampon entre la Syrie française et le canal de Suez. Cette
lettre s’oppose donc directement aux promesses faites à Hussein. Les Arabes de Palestine n’y sont
mentionnés que comme « communautés non juives », ce qui exclut pour eux la possibilité de droits
nationaux.
Les sionistes cherchent à contourner les réticences palestiniennes en rencontrant Fayçal.
Lors de la conférence de la paix à Paris, celui-ci représente les Arabes. Il propose dans son
mémorandum une confédération panarabe incluant la Syrie, l’Irak, la Palestine, le Hedjaz et le
Yémen. Le 3 janvier 1919, il rencontre Weizmann pour satisfaire les Américains, dont il espère le
soutien à propos de la Syrie ; il passe avec lui un accord où il accepte l’application de la déclaration
Balfour, à condition que les revendications arabes soient d’abord satisfaites. Le 27 février
cependant, Weizmann ne cache pas ses intentions : le « foyer » juif a vocation à devenir un Etat.
A la demande de Fayçal, la commission américaine King-Crane est envoyée sur place en
juin pour entendre les désirs des populations syrienne et palestinienne. En août 1919, elle
recommande le maintien de la Palestine dans la Syrie et la limitation du sionisme, mais le recul des
Etats-Unis suite à la maladie de Wilson fait tomber ses conclusions dans l’oubli. Les revendications
arabes n’étant pas respectées, l’accord passé avec Weizmann devient caduc, et Faysal revendique la
Palestine au sein du royaume syrien. Le 8 mars 1920, le Congrès général syrien proclame
l’indépendance et réaffirme l’appartenance de la Palestine et du Liban à la Grande Syrie : Fayçal
est proclamé roi, et espère que son nouveau statut poussera les puissances à respecter leurs
engagements. En juillet cependant, Gouraud exige la reconnaissance du mandat français sur la
Syrie et le Liban : il lance l’offensive, et le 28, Fayçal doit quitter le pays. La Palestine revient à la
Grande-Bretagne, en vertu des décisions de San Remo.