EXPOSE DES TRAVAUX SCIENTIFIQUES de G. DUREAU – 1995Ce bref exposé des travaux scientifiques concerne trente années de recherches puisque la première publication nationale « Transplantation d'un cœur de cadavre chez le chien » date de 1966. Cette mention résume bien le caractère général des travaux présentés dans cet exposé : -d'une part des travaux expérimentaux dont le passage à la clinique ne se fit pas immédiatement mais qui restent une alternative potentielle encore aujourd'hui, -d'autres qui ont eu une application beaucoup plus rapide mais qui ont déjà cédé la place à d'autres approches (dissections aortiques). Même si l'essentiel de l'activité rapportée concerne la transplantation cardiaque et la transformation d'un modèle expérimental en une large application clinique (plus de 550 greffes cardiaques humaines dans notre équipe) on ne peut qu'être frappé du temps qui sépare le travail expérimental et l'application clinique. Il n'est que de mentionner : -la réanimation et évaluation des cœurs prélevés arrêtés en vue de la transplantation, première publication en 1966 et réévaluation à ce jour pour une application clinique en raison de la pénurie d'organes, - manipulation de la réponse immunitaire par des virus publié en 1978.- il s'agissait d'une manipulation de l' »organe » et non du receveur- qui voit s'ouvrir son champ d'application dans le chimérisme associé à la greffe aujourd'hui seulement, étude des conditions biologiques requises au succès d'un implant « valvulaire » en tissu autologue (péricarde) qui fut proposé cliniquement (1978), abandonné, et que l'on redécouvre actuellement. L'exposé des travaux traduit donc cette double perspective à long terme pour les travaux expérimentaux, et à beaucoup plus court terme pour les travaux cliniques. Mon appartenance à l'INSERM pour l'activité de recherche et aux Hospices Civils de Lyon pour l'activité clinique favorise cependant le transport du laboratoire à l'application , mais il faut compter avec le mouvement général des idées, le fait que l'on appartient de plus en plus à une communauté qui réclame un consensus dans l'approche d'une nouvelle solution thérapeutique. Un tel bilan à l'approche de la soixantaine nous fait découvrir le chemin parcouru mais aussi celui qu'il reste à accomplir ne serait-ce que pour achever la pleine exploitation des données expérimentales. 1 Sommaire REMPLACEMENT CARDIAQUE .............................................................................. 3 Travaux expérimentaux .......................................................................................... 3 Réanimation des cœurs anoxiés et Conservation d’organes ................................ 3 Conservation hypothermique ................................................................................. 4 Synthèse de l’approche expérimentale de la transplantation cardiaque. Etat de la question en 1967. ................................................................................................... 6 Etat de la transplantation cardiaque en 1995 ......................................................... 6 Nouvelle stratégie de l’évaluation de la viabilité potentielle du cœur arrêté. ........ 7 Travaux cliniques ..................................................................................................... 8 Bilan du traitement conventionnel. ........................................................................ 8 Simplification des techniques de suivi des transplantés cardiaques. ..................... 9 Rôle de l’hyperagrégabilité plaquettaire du transplanté dans le rejet chronique . 10 IMMUNOLOGIE DES TRANSPLANTATIONS...................................................... 11 Influence de l’histocompatibilité sur le résultat de la greffe et sur l’électrogenèse cardiaque ...................................................................................... 11 Manipulation de la réponse immunitaire par l’infection virale du donneur .. 11 Mise en évidence de l’influence des facteurs géométriques dans l’appartion des tromboformations et dégradation structurale des valves biologiques .............. 13 TECHNIQUES CHIRURGICALES NOUVELLES ................................................. 13 Travaux expérimentaux ........................................................................................ 13 Transplantation cardiomonopulmonaire............................................................. 13 Inversion cardiaque .............................................................................................. 15 Cloisonnement intra-aortique............................................................................... 15 Travaux cliniques ................................................................................................... 15 NOUVELLE TECHNIQUE POUR LA CURE DES DISSECTIONS AORTIQUES ....................................................................................................... 15 2 REMPLACEMENT CARDIAQUE Travaux expérimentaux Publications internationales : 30, 36, 37, 38, 40, 41, 42, 45; 46, 48, 54, 57, 58, 65, 68, 69 Publications nationales : 1, 2, 4 Réanimation des cœurs anoxiés et Conservation d’organes Les contraintes éthiques des pays occidentaux du début des années 60 nous interdisaient le prélèvement d'un cœur battant sur des sujets en état de mort cérébrale. Nous avons donc été amenés dès que le problème technique de la transplantation cardiaque fut résolu d'envisager la réanimation d'un cœur arrêté en vue de la transplantation. J'ai conduit cette technique pendant deux ans dans le laboratoire de chirurgie expérimentale du Professeur KANTROWITZ au Malmonides Hospital de BROOKLYN, New-York en 1964-1965 d'abord de façon isolée, puis avec l'aide de T. OKURA puis de W. SCHILT lorsque les résultats se sont révélés prometteurs d'application clinique. Les étapes de cette recherche ont été les suivantes LA TRANSPLANTATION AVEC SUCCES D'UN CŒUR ARRÊTE 30 A 45 MINUTES PUIS REANIME A L'AIDE D'UNE MACHINE A PERFUSION D'ORGANES ISOLES EST POSSIBLE A l'aide d'une machine de perfusion d'organes isolés inspirée de celle décrite par CARREL et LINDBERGH nous avons pu montrer qu'il était possible de réanimer un cœur prélevé arrêté jusqu'à 45 minutes après les derniers battements et le transplanter ensuite avec succès. Les premiers essais démontrèrent la nécessité d'une évaluation du cœur après la phase de réanimation. C'est sur ce schéma qu'a été entreprise une tentative de transplantation humaine en juillet 1965 qui fut interrompue en raison de la dégradation secondaire du cœur après sa phase de réanimation. 3 EVALUATION DU GREFFON : NECESSITE ET DEFINITION DES PREMIERS CRITERES DE VIABILTTE DU CŒUR ISOLE Il apparut rapidement que des cœurs prélevés dans des conditions apparaissant identiques ne donnaient pas un résultat constant, d'où la nécessité d'évaluer la viabilité potentielle de l'organe au cours de la perfusion isolée. Trois types de test ont été étudiés - biochimiques avec les dosages enzymatiques qui n'étaient pas alors utilisables en raison du caractère tardif de leur information - fonctionnels qui se sont révélés inaptes à prédire une défaillance secondaire du greffon - seuls les tests électrocardiographiques, en particulier les constantes chronologiques telles que la mesure du temps QT se sont révélés aptes à rendre compte du comportement immédiat et secondaire du greffon. Ainsi se dégageait le schéma d'approche réelle de la transplantation cardiaque humaine 1 - Prélèvement d'un cœur de condition biologique indéterminée 2 - Perfusion réanimatrice 3 - Evaluation de la viabilité de l'organe 4 - Transplantation selon les données de cette étude Conservation hypothermique Les conditions de la perfusion réanimatrice : au sang et en normothermie, interdisaient toute conservation de longue durée. Celle-ci était cependant reconnue nécessaire pour la mise en oeuvre de la transplantation clinique. Ceci nous a amené à concevoir de manière originale la perfusion hypothermique afin `obtenir une conservation de meilleur qualité que la simple conservation froide. Les premières microperfusions continues à l'aide de solutés pauvres en sodium et riches en potassium remontent à cette période. L'élément essentiel de cette phase de recherche a été de montrer qu'une phase de conservation hypothermique et de perfusion pouvant s'étendre jusqu'à 24 heures était possible avant la perfusion réanimatrice au sang et en normothennie sans que le résultat de la greffe en soit notablement modifié. Dès lors le schéma de la greffe devenait 1 - Prélèvement d'un cœur de condition biologique indéterminée 2 - Conservation par perfusion hypothermique 3 - Perfusion réanimatrice au sang et en nonnothermie 4 - Evaluation de la viabilité de l'organe 5 - Transplantation selon les données de cette étude. Une autre application des divers travaux sur les solutions de perfusion hypothermique a été la protection myocardique qui a représenté un pas décisif dans la chirurgie à cœur ouvert au cours de ces dix dernières années. Les premiers cœurs a être ainsi protégés, à 4 l'Hôpital Cardiologique de Lyon, ont été des cœurs transplantés en 1978 après conditionnement par la solution de Bretshneider. Les cas cliniques de chirurgie cardiaque conventionnelle suivirent ces expériences mais il s'agit indiscutablement d'une retombée de la transplantation sur le domaine de la chirurgie conventionnelle. 5 Synthèse de l’approche expérimentale de la transplantation cardiaque. Etat de la question en 1967. Ayant repris mon internat en 1966, interrompu par deux ans de recherches aux Etats Unis, c'est dans le cadre de l'Unité INH 110 dirigée par le Professeur DESCOTES puis l'Unité INSERM U. 37 que ma recherche s'est poursuivie sur les mêmes axes dénis précédemment avec l'aide de W. SCHILT qui m'avait rejoint et de Claude FOURCADE, Ingénieur électronicien du laboratoire U. 37 qui fit avec nous un long chemin de recherche. 'f L'application clinique de la transplantation cardiaque restait envisagée selon les mêmes données qui avaient été définies précédemment et je commençais à perfuser des cœurs humains prélevés post-mortem. II s'agissait là d'une approche très complexe de la transplantation que nous partagions avec N.E. SHUMWAY, l'inventeur de la technique de transplantation. Par contre un grand nombre d'équipes au monde et en France réalisaient expérimentalement des transplantations cardiaques directes, le cœur prélevé battant, avec ou sans période de conservation hypothermique. Etat de la transplantation cardiaque en 1995 A première vue, on peut considérer que la nouvelle approche de la transplantation cardiaque -à partir d'un cœur battant- était la bonne. Cette attitude en effet a permis à un grand nombre d'équipes d'accéder à la transplantation cardiaque : en deux vagues : celle de 1968 qui fait suite immédiatement à la première, . rapidement déçue par les résultats, celle des années 1980 grâce à l'introduction de la ciclosporine dans le traitement immunodépresseur améliorant considérablement les taux de survie. C'est là le grand mérite de l'initiative de C. BARNARD : elle nous apporté la connaissance de la transplantation cardiaque sur le plan clinique et d'autre part une technique accessible au grand nombre est toujours préférable à une technique réservée à quelques-uns. Sa simplicité s'impose : sécurité apparente du geste opératoire puisque le cœur est prélevé battant -comme au laboratoire- réanimation inutile, tests de viabilité inutiles, conservation possible dans les délais restreints de la connaissance de ce qu'il est possible de faire en ` chirurgie cardiaque conventionnelle ...mais suffisants pour une intervention exceptionnelle. L'analyse de la situation actuelle fait ressortir cependant des critiques qui remettent en question cette procédure Des arguments de nombre tout d'abord: il est peu probable que quiconque ait envisagé il ya 20 ans la transplantation cardiaque autrement que sous forme d'une procédure relativement exceptionnelle : parce que la autres modèles de transplantation (rein, foie) malgré leur 6 antériorité restaient à un rythme de réalisation relativement restreint même pour le rein, parce que la mise en oeuvre en particulier du traitement immunodépresseur était lourde et coûteuse l'environnement stérile proposé par Barnard était impressionnant. Le coût de la survie du père Boulogne (2 ans 1/2) opéré par les Professeurs Dubost et Cachera s'éleva à 1,5 milliard de centimes de l'époque, enfin parce que les critères de sélection établis précisément en fonction du poids de la thérapeutique immunodépressive de l'époque étaient tels que 5 seulement des patients proposés à SHUMVVAY pour une transplantation cardiaque étaient acceptés. L'ère de la ciclosporine a transformé les résultats et permis d'élargir les indications en permettant de diminuer le rôle des corticostéroïdes dans l'immunodépression. Il s'ensuit une évolution vers des receveurs de plus en plus âgés, une demande accrue de greffons qui sont acceptés de donneurs également de plus en plus âgés. Un état de pénurie de greffons s'est donc installé depuis les années 90 et 20 % des patients en attente de transplantation décèdent avant de pouvoir en bénéficier. Cette pénurie ne découle pas seulement d'un accroissement des besoins mais également d'un mouvement de société d'opposition au prélèvement dans lequel le prélèvement à cœur battant n'est pas dénué de responsabilité : d'où l'intérêt renaissant des prélèvements à cœur arrêté. Par ailleurs, si la ciclosporine a eu un effet décisif dans les résultats à court et moyen terme, elle n'en démontra aucun dans le rejet chronique : artériopathie du greffon aboutissant à une destruction de l'organe et restant la cause majeure d'échec à long terme. Cette nécessité de retransplantation aggrave encore la pénurie d'organe faisant même soulever des questions d'éthiques quand il s'agit d'en poser l'indication. Nouvelle stratégie de l’évaluation de la viabilité potentielle du cœur arrêté. La transformation du modèle expérimental de transplantation de cœur de cadavre en un modèle d'application clinique a fait l'objet d'un contrat de recherche en réseau de l'INSERM de 1991 à 1994 « Création d'une cellule dévaluation des cœurs humains en vue de la transplantation ». Orienté initialement sur une simple transposition des différentes étapes expérimentales réanimation de l'organe sur un banc d'essai - évaluation -conditionnement-conservation et enfin transplantation. L'analyse de ce concept ne tarda par à faire apparaître de graves défauts condamnant une application clinique 7 I° la complexité des différentes étapes en faisait une technique impropre à une application courante 2° En supposant que les risques accrus d'infection au cours des différentes étapes aient été maîtrisées, le fait de réanimer sur un banc d'essai l'organe pour l'évaluer introduisait une phase de reperfusion qui s'ajoutait à celle de la transplantation elle-même. On sait depuis ` quelques années que cette phase est l'une des plus délétères de l'acte chirurgical. C'est ainsi que nous avons été amenés à modifier l'approche de l'évaluation: celle-ci se ferait désormais sur le cœur arrêté -et non pas réanimé- immédiatement après le prélèvement : que celui-ci soit effectué à cœur battant ou arrêté. Ceci implique la validation de tests de viabilité sur cœur arrêté avec la contrainte de simplicité obligatoire pour une application courante. Nous nous sommes arrêtés sur deux mesures simples couplées à la perfusion de l'organe qui possèdent une haute signification en terme d'altération fonctionnelle liée à la réserve en phosphates énergétiques cellulaires : la mesure des résistances capillaires de' l'organe et la compliance myocardique Le premier paramètre a déjà fait l'objet d'une publication et le second est actuellement en évaluation. Travaux cliniques Publications internationales: 16, 27, 28, 29, 31, 32, 33, 35, 39, 43, 44, 49, 50, 51, 52, 53, 55, 56 Publications nationales : 7, 18 Bilan du traitement conventionnel. Nous avons rapporté nos résultats du traitement conventionnel dans l'un des premiers numéros de la revue « Heart Transplantation » : 17 transplantations avaient été réalisées de 1968 à 1981 avec 50 % de survie à 1 an, 4 patients de cette période survivent à ce jour. TRANSPLANTATIONS DIFFEREES APRES CONSERVATION. RESULTATS IMMEDIATS ET ELOIGNES DES TRANSPLANTATIONS DIFFEREES 11 patients ont été transplantés avec des cœurs conservés de 10 à 14 heures à ce jour dans notre équipe avec des résultats similaires aux transplantations réalisées avec des cœurs conservés pour des durées de temps inférieures à 6 heures. Ces résultats ont été rapportés au Congrès de l' Internationale Society for Heart Transplantation à Fort Lauderdale en 1989. TRANSPLANTATION D'UN CŒUR DE CADAVRE CHEZ L'HOMME Les circonstances nous ont amené à prélever un cœur 15 minutes après la cessation de son 8 activité. L'utilisation de ce cœur était l'unique chance de survie d'un jeune italien intubé, ventilé, au dernier stade de l'insuffisance cardiaque. Nous ne disposions pas alors d'un cœur artificiel. Notre expérimentation nous avait montré que cela était possible. II a été transplanté avec succès et les étapes de la réanimation de ce cœurt furent superposables à celles observées chez l'animal. La fonction cardiaque de ce jeune patient est excellente après plus de 8 ans et fait l'objet d'une publication. Simplification des techniques de suivi des transplantés cardiaques. L'école de SHUMVVAY a établi le dogme intangible de la biopsie endomyocardique comme moyen unique de surveillance des transplantés cardiaques. Nous avons validé et situé la place de la clinique et d'examens non invasifs comme l'échocardiographie dans ce suivi qui a court terme doit permettre à ces malades d'être suivis par leurs cardiologues habituels. 9 Rôle de l’hyperagrégabilité plaquettaire du transplanté dans le rejet chronique Le rôle de l'hyperagrégabilité plaquettaire a fait l'objet de travaux importants en collaboration avec Michel de LORGERIL de l'Unité INSERM U. 91. Ils ont abouti à définir le risque d'accident thrombotique -dans le cadre du rejet chronique- chez les transplantés cardiaques, risque très supérieur à celui des athéromateux ayant déjà présenté un infarctus. Ces travaux aboutissent à la mise en place d'une action thérapeutique à la fois diététique mais également pharmacologique qui est actuellement en cours. 10 IMMUNOLOGIE DES TRANSPLANTATIONS Publications internationales: 1, 7, 17 Publications nationales :3 Influence de l’histocompatibilité sur le résultat de la greffe et sur l’électrogenèse cardiaque Ce travail est très ancien mais comportait des éléments qui n'ont reçu leur réponse que récemment. Nous montrions en effet que le résultat des greffes dépendait des histocompatibilités -ce qui est très difficile à mettre en évidence aujourd'hui par le groupage HLA- grâce à un test de laboratoire d'histocompatibilité : le test de transfert des lymphocytes. Ce tests est lent de réponse, même modifié par la technique de l'hôte intermédiaire (hamster) irradié. Il ne peut être utilisé en clinique et surtout ne permet pas une approche analytique de l'histocompatibilité. Mais sa fiabilité est bonne, et sa correspondance avec le résultat des greffes est excellente (ce qui n'est pas le cas pour le HLA). A l'époque où Monaco écrivait qu'il n'y a pas de différence entre l'allogreffe et l'isogreffe dans les 4 premiers jours d'une transplantation; nous montrions qu'il existe 3 heures après la greffe des groupes d'électrocardiogrammes bien individualisés qui correspondent 1- aux groupes d'histocompatibilité 2 - aux survies des animaux Nous avons pu fournir une explication à ce phénomène 20 ans après grâce à une collaboration avec C. OJEDA chercheur à l'U. 121 dirigée par le Docteur ARNAUD en réalisant une étude des potentiels d'action de cellules myocardiques perfusés avec des sérums identiques versus incompatibles immunologiquement, mettant en évidence un facteur thermolabile probablement lié au complément intervenant dans la compatibilité tissulaire générale. Manipulation de la réponse immunitaire par l’infection virale du donneur virus Ce travail de 3 ans en virologie en collaboration avec l'unité de virologie 51 dirigée par J.HUPPERT et l'unité de transplantation dirigée par J.L. TOURAINE avait pour objet la 11 modification de l'antigénicité de l'organe avant la greffe afin d'améliorer sa tolérance. SUMMERLIN vers 1975 avait cru obtenir ce résultat avec des greffons cutanés en les cultivant dans certaines conditions. L'utilisation d'un virus à cette fin était plus logique l'altération des sites antigéniques d'une membrane cellulaire ne peut être durable que par une action au niveau du noyau et en particulier de son capital génétique : le virus nous apparut alors comme le seul instrument interactif avec ce capital générique. Certains virus latents pouvaient être considérés comme codant un message de non stimulation, de non réponse, donc utilisables dans le but recherché. On avait déjà observé au cours d'épizooties de maladie de Carré chez le chien des prolongations anormales, voire définitives des greffes. L'hypothèse première fut celle d'une action chez le receveur et ne trouva pas confirmation. Ce n'est que plus tard que l'on songea à une action possible chez le donneur. Ce fut l'hypothèse de départ de ce travail. Nous avons tout d'abord montré qu'au cours de l'infection virale par un virus banal, le lymphocyte voyait sa réponse diminuée, mais également sa capacité de stimulation donc son antigénicité transitoirement diminuée. Ce fut l'objet d'une communication à l'Académie des Sciences en 1978 présentée par Pr. J. DAUSSET. Retournant sur le modèle primitif (chien et virus de Carré) nous avons montré 1 - qu'un chien non immun transplanté par un cœur infecté 3 jours auparavant par du virus de Carré atténué présentait une prolongation de survie des greffes remarquables 2 - que cette action était le fait des lymphocytes passagers du greffon à 80 % porteurs de virus 3 - que le rejet survenant, il était possible de renverser la crise par une seule injection vaccinale répétée chez le receveur. II s'agit là d'un modèle expérimental directement lié à un des mécanisme du chimérisme associé à la tolérance des greffes. Ce travail présenté à -l'Académie des Sciences a été refusé par le Professeur J. DAUSSET pour l'insuffisance de documents et d'explication du phénomène. Il demeure à l'Académie des Sciences sous forme de « pli cacheté ». Ce travail réalisé grâce à la collaboration avec l'Institut Mérieux et d'une boursière de la Fondation Mérieux dut s'interrompre sur les recommandations du Ministère de la Recherche étant donné le caractère de manipulations génétique que prenait ce travail. 12 Mise en évidence de l’influence des facteurs géométriques dans l’appartion des tromboformations et dégradation structurale des valves biologiques Le comportement structural à long terme d'un implant valvulaire biologique dépend en fait de facteurs géométriques dans le « design » de la valve. Cette conclusion fut un coup d'arrêt dans cette recherche du fait des difficultés à réaliser techniquement des valves parfaites surtout en ce qui concerne la valve mitrale. Mon investissement dans le programme de transplantations cardiaques ne fut pas étranger à la mise en sommeil de cette recherche. Cependant l'intérêt aujourd'hui se reporte à cette approche du remplacement valvulaire avec des allogreffes de valves, l'étude des conditions de repopulations cellulaires et de viabilité à long terme. TECHNIQUES CHIRURGICALES NOUVELLES Travaux expérimentaux Publications internationales: 6 Publications nationales 3, 10 Transplantation cardiomonopulmonaire La transplantation cardiomonopulmonaire, dont j'ai fait le sujet de ma thèse en 1969, est une technique originale qui permet de lever l'obstacle d'une hypertension pulmonaire à une transplantation cardiaque -qui aujourd'hui ne peut être traitée que par la transplantation du bloc cœur-deux poumons- tout en offrant la possibilité de récupération du poumon restant qui pourrait ensuite jouer un rôle important : l'expérience montre en effet que 1 - la survie au delà d'un an des transplantés cœur-poumons est grevée d'une lourde pathologie et de décès tardifs, en raison de problèmes pulmonaires, en particulier la bronehiolite oblitérante sous la dépendance de réactions immunitaires. 2 - l'hypertension pulmonaire, qui limite la greffe cardiaque simple (limite admise : 640 dyneslsecondelcm- pour les résistances artériolaires) est régressive partiellement après transplantation. Il est licite de concevoir qu'un poumon ayant des résistances artériolaires trop importantes pour permettre une transplantation cardiaque simple, retrouvera des niveaux plus tolérables après quelques semaines ou quelques mois de fonction avec une hémodynamique cardiaque correcte. 13 Notre expérience des transplantations cardiaques avec hypertension pulmonaire confirme cette hypothèse. Dans ce cas, il peut être intéressant de proposer la greffe cardiomonopulmonaire qui permet la greffe cardiaque, et conserve une chance au propre poumon restant du malade. Cette approche est largement utilisée aujourd'hui également en réalisant des transplantations monopulmonaires pour des hypertensions pulmonaires secondaires à des malformations cardiaques qui peut être corrigées dans le temps chirurgical. 14 Inversion cardiaque Cloisonnement intra-aortique Cette technique permet une correction « anatomique » de la transposition des gros vaisseaux, en conservant le ventricule gauche comme ventricule systémique. Elle est plus facile à mettre en oeuvre que l'opération de Jatène consistant à transposer les ostium coronaires. Elle a l'inconvénient en revanche de nécessiter l'utilisation d'un matériel intraortique, qui pour l'instant n'est pas parfaitement défini-: le dacron conduit à des thromboses, les autres types de matériaux n'ont pas été réellement expérimentés dans ce ca de figure. C'est en raison de ce problème que nous n'avons pas encore appliqué cette intervention en clinique humaine. Travaux cliniques Publications internationales: 8 NOUVELLE TECHNIQUE POUR LA CURE DES DISSECTIONS AORTIQUES Cette technique consiste à utiliser une prothèse intraluminale spécialement créée à cet usage, portant deux anneaux rigides aux deux extrémités, sur lesquels sont liés vrai et faux chenal résolvant du même coup le problème de la continuité intimale et celui de l'hémostase du faux chenal. Sur le plan biologique l'hérésie que constitue le fait de lier sur un anneau rigide une paroi vasculaire qui, dès lors devrait se rompre en raison de l'ischémie provoquée par ce lien, cesse d'en être une lorsqu'on remarque que la paroi de dissection aortique est dévitalisée, « momifiée » selon l'expression des anatomo-pathologistes. Cette opération est donc basée sur le principe qu'on « ne meurt qu'une fois » quia été confirmé par l'application clinique directe car il n'existe pas de modèle expérimental de dissections aortiques. A la suite des premiers cas rapportés dans la littérature nous avons utilisé cette technique dans plus de 20 dissections aortiques avec un taux de succès de près de 80 %. La prothèse intraluminale donna lieu au développement d'un produite biomédical d'abord réalisé par Hospal-Rhône Poulenc tant que ce laboratoire fabriqua des prothèses vasculaires. C'est le laboratoire américain BARD-USCI qui les reprit ensuite. Cependant cette technique a laissé place aujourd'hui à des techniques de réparation beaucoup plus complètes rendues possibles par une plus grande maîtrise de la circulation extracorporelle, des troubles de la coagulation, et de l'utilisation de colles biologiques apparues depuis la description de cette technique. 15