des populations qui ne sont pas toutes russes, les Biélorusses et les Ukrainiens, qui restent relativement
proches des Russes, mais aussi la Finlande, les États Baltes, une grande partie de la Pologne, le Caucase, avec
déjà des révoltes des Tchétchènes. Il y a encore des peuples d’Asie centrale, des peuples de Sibérie, et des
Juifs très présents et mal intégrés. L’Empire s’organise dans l’autocratie, sans qu’il soit question de réforme.
Un coup d’État qui voulait libéraliser échoue.
L’Empire ottoman a possédé, au XVIème siècle, une très grande partie de l’Europe, s’étendant sur l’ensemble
des Balkans. Au XIXème siècle, il a déjà beaucoup reculé, il a perdu la Hongrie et une partie de la Roumanie,
puis la Grèce, la Serbie, le Monténégro. Il reste néanmoins solidement installé dans les Balkans (Albanie,
Bulgarie, etc.). Cet Empire a plusieurs particularités : il y a une forte unité politique et religieuse. Le Sultan est
à la fois chef politique et chef religieux de tous les Musulmans (Calife). L’Empire ottoman respecte
néanmoins la liberté religieuse de ses sujets. L’Empire est étendu sur plusieurs continents : en Afrique du
Nord, au Proche-Orient. Or il recule de toutes parts : Maroc, Algérie conquise par la France à partir de 1830,
Égypte. L’Empire est donc en crise, c’est « l’homme malade de l’Europe » comme l’appellent les Anglais.
Cela pose des problèmes : les nationalités sont nombreuses et mêlées. La doctrine anglaise veut qu’on
respecte l’Empire ottoman, car de sa survie dépend un certain équilibre en Europe. Mais la Russie le menace,
afin d’essayer de libérer la population orthodoxe à ses profits. Les grandes puissances (GB, Autriche, France)
s’accordent pour préserver cet Empire.
- Les nationalités niées ou asservies, qui ont une forte identité mais n’ont aucune existence politique, et parfois
même culturelle et religieuse. C’est le cas de la Pologne et de l’Irlande. La Pologne n’existe pas à cette époque,
elle est partagée entre Prusse, Autriche, et surtout Russie (qui possède notamment Varsovie). Les Polonais ont du
mal à conserver leurs traditions, en particulier à cause de la russification dans la partie russe, avec des tentatives
relatives à la langue et la religion. En 1841, la première insurrection polonaise est écrasée dans le sang. Tentative
de germanisation dans la Pologne prussienne, avec une offensive protestante. Le sentiment de nationalité
polonais grandit et se fonde sur la langue et la religion - le catholicisme. L’Irlande, quant à elle, est colonisée par
l’Angleterre depuis la fin du Moyen Age, et de façon aggravée sous Cromwell et Guillaume d’Orange. L’Irlande
a perdu son Parlement en 1800. Le nationalisme irlandais se développe autour du catholicisme, ce qui pose des
problèmes avec la minorité protestante de l’Ulster. Mais la Grande famine de 1846 frappe durement la
population, qui émigre aux États-Unis et en Angleterre, et règle provisoirement la question, qui reste pendante.
Dimensions de la question nationale :
- dimension géographique : les idées de sol et de race sont unies. Chaque nation a des frontières naturelles, qui
correspondent aux peuples. Cette idée a surtout des allures religieuses : c’est Dieu qui a posé ces frontières. La
théorie des frontières naturelles est dangereuse, en ce qu’elle ne s’intéresse pas au consentement des peuples.
Pour les Français, le Rhin est la frontière naturelle, ce qui entraînerait l’annexion de la Belgique, du Luxembourg,
de la hétaïre, alors que les Allemands perçoivent le Rhin comme un fleuve allemand.
- dimension historique. Age d’or des histoires nationales, considérées comme des patrimoines, constitutifs
d’une identité. Des grandes figures sont exaltées, par exemple Jeanne d’Arc en France. Ranke, Carlyle, Thierry et
Michelet sont des grands historiens nationaux.
- dimension linguistique. L’idée de nationalité se fonde sur l’unité linguistique, et on exalte la langue de la nation.
Parmi les langues possibles pour la nation, une s’impose et devient nationale.
- dimension linguistique : uni dans la langue : mais c’est un problème pour certains pays, car il peut exister
plusieurs langues dans un même pays. C’est d’autre part un problème international car les pays essaient
d’imposer leur langue (exemple du Russe en Pologne).
- dimension culturelle. Au XIXème siècle s’invente la notion de patrimoine, la culture des ancêtres. La culture
nationale devient donc une identité nationale. On exalte les grands poètes, le génie de la culture, de la langue.
Cela passe aussi par la musique, et par l’art total et très populaire qu’est l’opéra, avec Wagner, Verdi, auteurs
d’opéras nationaux.
- dimension religieuse. La religion devient parfois le ciment national, par exemple dans la Russie orthodoxe,
dans la Prusse protestante, dans l’Angleterre anglicane, ou dans certaines nationalités opprimées comme la