de l’empilage, le blanchisseur de capitaux a besoin de fournir une explication pour habiller sa
richesse d’un parfum de légalité. Les plans d’intégration replacent les produits blanchis dans
l’économie de telle façon qu’ils réintègrent le système bancaire en apparaissant alors comme
les profits normaux d’une affaire commerciale.
Le mécanisme du blanchiment met donc en exergue la place que peuvent avoir des
professionnels dans cette opération. En effet, pour mettre en place l’opération, les
blanchisseurs vont avoir nécessairement comme interlocuteurs privilégiés des professionnels
juridiques, financiers ou autres. Ces derniers vont, de par leurs fonctions, être amenés à
connaître certains détails qui peuvent les amener à avoir des doutes sur la légalité de
l’opération. Même si la plupart du temps ils n’ont qu’une vision parcellaire de l’opération,
l’utilisation de certains mécanismes et le comportement de leur client peut être un facteur
déclenchant de ce doute. Face à une situation inquiétante, le professionnel va se retrouver
confronter à un dilemme. Par principe, tout professionnel détenteur d’une information
confidentielle, reçue lors de sa mission, est tenu de garder le secret. Néanmoins, comme nous
le verrons dans notre développement, la lutte contre le blanchiment est un cas particulier de la
répression du crime dans la mesure où l’Etat délègue une partie de son pouvoir aux
professionnels impliqués dans le mécanisme en sollicitant leur coopération dans la
surveillance des opérations financières et la détection des transactions menées par les
blanchisseurs. Les membres de la société civile sont intégrés dans la lutte de manière
systématique.
Dans un premier temps, on peut donc voir une sorte de rapport conflictuel entre le
devoir de discrétion des professionnels et le rôle actif dans la lutte contre le blanchiment
qu’entend leur confier la loi. Néanmoins, depuis plus de 10 ans un dispositif légal basé sur la
coopération des professions a été mis en place. Le mécanisme légal est basé sur une
obligation de coopération et de vigilance imposée de manière plus ou moins étendue selon les
professions. L’approche du secret professionnel n’est donc pas envisagée de manière
uniforme. En outre, quant on s’attache à analyser le dispositif légal face aux pratiques des
blanchisseurs, on peut mettre rapidement en évidence les failles du système qui sont dues à la
fois à un manque de coopération de certaines professions et à un défaut conceptuel du
dispositif légal qui ne prend pas en compte l’ensemble des mécanismes juridiques