Petites sociétés et minorités nationales:
enjeux politiques et perspectives comparées
Hull - Ottawa
21-24 aout 2002
Liliana Deyanova
Assoc. Prof. Departement de Sociologie
Université de Sofia "St.Kl. Ohridski"
Les expertises à la croisée des chemins balkaniques
Il est probable que le thème de cette intervention devient plus clair à l’aide d’une
énumération de quelques mots clés. Voilà pourquoi je commence ainsi : expertise et
critique, savoir positif et savoir normatif, think tanks et politiques, sphère publique
moderne et autonomie de la recherche scientifique, problèmes ethniques et discours sur
les problèmes ethniques (construction d’un discours dominant sur les Balkans).
Ce que je présenterai ci-dessous ne sont pas les résultats d’une recherche empirique, mais
plutôt les tentatives de formuler des questions en vue d’une recherche ultérieure.
Cependant ces questions ont surgi d’une archive empirique concrète. En m’intéressant
aux messages des sociologues dans les médias et au discours des experts dans l’espace
public afin d’approfondir ma compréhension de l’expertise et de l’engagement, j’ai
essayé de relire un grand nombre de recherches sociologiques, politologiques et
anthropologiques traitant de thèmes liés aux problèmes ethniques et réalisés en Bulgarie
après 1989
. J’ai examiné les ouvrages, les périodiques des centres universitaires et des
ONG principaux sur les problèmes des minorités. J’ai effectué des interviews avec des
experts sur la manière dont on traite des problèmes ethniques dans les institutions
étatiques et dans les organisations non-gouvernementales
.
L’objectif était de retracer la dynamique des concepts à l’aide desquels les problèmes
ethniques sont décrits (comme par exemple l’apparition, la sur-expansion et les
métamorphoses du concept « identité » dans le contexte de « conflits ethniques » ; ou
bien la diffusion du « multiculturalisme »
; ou bien l’ancrage, visible ces derniers temps,
Pour une présentation de ces problèmes et recherches, voir Anna Krasteva, ed., Communities and
identities, Sofia, Petekston, 1998; Michail Ivanov, Problemite na malzinstvata v Balgaria, Sofia 2001,
Institut za liberalni izsledvania; Nadège Ragaru, “Quel Islam en Bulgarie post-communiste?”, In: Archives
de Sciences Sociales des Religions, pp. 125-159 ; Nadège Ragaru, “Recompositions identitaires chez les
musulmans de Bulgarie: entre marqueurs éthniques et réligieux”, Balkanologie, 1999, N 3, pp. 121 – 145;
Maya Grekova, Malzinstvo, /minorité/, Sofia, Kritika I humanisam, 2001; les travaux de Ilona Tomova et
de D’après le recensement de 1992 la population musulmane en Bulgarie compte 13, 1 %. (N. Ragaru y cite
– si on adopte un critère “ethnique” – les proportions suivantes: 75% de Turcs, 13,5 de Bulgares Islamiseés,
connus sous le nom de Pomaks, et 10,5% de Tsiganes ); selon le Centre National des Problèmes Ethniques
et Démographique la population en Bulgarie compte 82% bulgares, 7.7% turcs, 8.8% tsiganes.
Comme par exemple ICMSIR - Center for Minority Studies and Intercultural Relations ; Fondation
« L"initiative inter-ethnique » et son édition périodique Etnoreporter , les revues Fokus et Obectiv, le
numéro spéciale de la revue académique Sotsiologitcheski problemi, la revue académique Istoritcheski
pregled etc.
Sur des questionnements pareils , voir les travaux cités de Bourdieu et de Wacquant, ainsi que de Dezlay
et Garth, Calhoun (qui analyse les raisons de « l’emergeance du concept de l’emergeance »et le paysage
intellectuel de la « the very little reflecive social science »).