Séance n°8 : Mardi 14 avril 2009 (14h-16h30) : La République des honneurs
Olivier Ihl, professeur de science politique à l’IEP de Grenoble, présentera et discutera son
ouvrage Le mérite et la République. Essai sur la société des émules, Paris, Gallimard, « NRF-Les
Essais », 2007.
Discutants : Julien Fretel (Ceraps) et Mathieu Hauchecorne (doctorant au Ceraps)
Elles sont partout — dans les entreprises, les administrations, les Académies, à l’école, à l’armée,
dans le sport, la littérature, la science, les médias… Abolies en 1790 par la Constituante au nom de
l’égalité nouvelle, raillées par Tocqueville comme pâles imitations,« ni bien réglées ni bien savantes
», des moeurs aristocratiques, les « distinctions » redeviennent très vite, pour la République, un
moyen de conduire les esprits et les corps. On ne compte plus aujourd’hui les décorations officielles
qui prétendent être la juste mesure du mérite. La « révolution disciplinaire » de Michel Foucault a
érigé la peine en moyen de contrôle social. Or l’emprise de la récompense, autre technique du
pouvoir, n’est pas moindre. Surtout depuis que l’émulation managériale en a fait une figure
centrale de la dynamique capitaliste. Cette émulation décorative attendait son historien.
Aujourd’hui banalisée et professionnalisée, hiérarchisée et fonctionnelle, la récompense au mérite,
par des signes purement honorifiques ou des primes en numéraire, est devenue, pour la
démocratie libérale, une entreprise permanente de cotation sociale. Elle n’a pas abaissé les
grandeurs, encore moins avili les dignités comme le craignaient ses détracteurs, effrayés par la
montée de la roture et de l’Etat. Non, elle en a fait un nouveau moyen de salut : à chacun de
devenir, pour son bien, un émule — tout à la fois un rival et un exemple. Et pour une présentation
du cahier iconographique (gravures, photos, vidéos) qui accompagne l’ouvrage, voir le site :
www.olivierihl.fr
Séance n°9 : Mardi 19 ou 26 mai 2009 (14h-16h30) : Présentation des travaux des
doctorants du Ceraps
Bastien Sibille, Instruments de savoir et exclusion politique. Sur le déploiement de systèmes
d'informations géographiques en Europe et au Canada (discutante : Isabelle Bruno)
Pierre Dos Santos
Mathieu Robelin
Séance n°10 : Mardi 9 juin 2009 (14h-16h30) : Qu’est-ce qu’une fédération ?
Olivier Beaud, professeur de droit public à Paris II, présentera et discutera son ouvrage, Théorie
de la fédération, Paris, PUF, « Léviathan », 2007.
Discutants : Pierre-Olivier Caille (Ceraps) et Julien Lainé (doctorant au Ceraps)
La formule selon laquelle l'Union européenne serait une « Fédération d'États-nations » a connu un
grand succès. Il est en effet tentant d'examiner la construction européenne au regard de la
doctrine du fédéralisme. Mais une telle formule demeure ambiguë aussi longtemps qu'on ne définit
pas précisément la notion de Fédération. C'est à une telle entreprise de définition que s'attache le
présent ouvrage, dont l'hypothèse est que la Fédération n'est pas un État et qu'il faut donc
l'arracher à l'emprise des concepts forgés par la théorie de l'État (la souveraineté ou la notion
d'État fédéral, par exemple) si l'on veut comprendre sa véritable signification. L'originalité de la
Fédération réside dans le fait qu'elle est issue d'une libre association d'États qui entendent fonder
un nouveau corps politique, tout en voulant rester eux-mêmes des entités politiques. Cette
juxtaposition des États-membres, les membres fondateurs, et de l'entité fédérale ainsi créée est le
problème-clé de toute théorie de la Fédération. Ce problème retentit sur tous les niveaux :
formation de l'union fédérale, institutionnalisation de la fédération, admission de nouveaux
membres, etc. À la différence, toutefois, des simples alliances ou des organisations internationales,
dotées de la même structure juridique, la Fédération est une institution politique, par ailleurs dotée
de finalités spécifiques et limitées. Elle est aussi une forme politique qui se conjugue avec diverses
formes de gouvernement ; si la république fédérale (Suisse, États-Unis) est son type normal, elle
peut aussi avoir comme type anormal l'union de monarchies, comme le montre le cas de
l'Allemagne du XIXe siècle. Ainsi restituée dans toute sa complexité et toute sa richesse, la
Fédération retrouve une place méritée sur l'échiquier des formations politiques, à égale distance de