Résumé du chapitre de Benoît Haug :
Quel est le potentiel heuristique du concept musicologique de « contrepoint » dans
l'observation, la modélisation et l'analyse de situations de coprésence ? Peut-on tracer une
analogie entre d'une part des individus qui, aussi reliés qu'ils soient, se singularisent par leurs
propres façons de “continuer” leurs existences ; d'autre part des mélodies qui, tout en se
rejoignant dans une harmonie, gardent des conduites qui leur sont propres et qui invite à les
écouter et les analyser en tant que telles ? Ce chapitre se propose de répondre à cette question
à partir d'une description détaillée à l'extrême d'un événement d'une douzaine de secondes
impliquant trois personnes réunies à une même fin – enregistrer une pièce musicale. L'analyse
de cet événement procède en deux temps : l'un dédié aux modalités de la ré-émergence
palpable – et surtout audible – du collectif formé par Zoé, Gauthier et Brigitte après un
moment de silence partagé ; l'autre dédié à ce même événement tel qu'il est traversé par Zoé
avec des enjeux qui lui sont propres. Ces deux fenêtres analytiques sont encadrées par une
définition et réflexion autour du concept de contrepoint et de ses possibles apports dans le
domaine anthropologique.
Résumé du chapitre de Gwendoline Torterat :
Dans ce chapitre, il s’agit de questionner le concept d’interaction tel qu’il a été déployé
notamment dans une tradition interactionniste qui n’entend l’action que lorsqu’elle se trouve
stratégiquement orientée et communément partagée. Son objectif consiste à spécifier un type
d’interaction particulier, à savoir la rencontre, c’est-à-dire le fait, pour deux individus, de se
trouver en contact pour la première fois dans un espace et un temps clairement balisé. La
relation qui suppose ce contact est le pivot vers lequel l’analyse doit tendre pour nuancer les
formes d’intensités qui la sous-tendent. En d’autres termes, la relation est cet espace continu
qui à la fois nous sépare et nous lie plus ou moins à l’individu que nous rencontrons. Le
propos repose précisément sur l’observation d’une rencontre brève entre deux individus qui
ne se connaissent pas et qui se découvrent mutuellement pour la première fois : un
archéologue et une collégienne. Pour répondre aux enjeux théoriques de cette démarche, une
méthodologie adaptée et des outils nous proposant d’observer et de restituer autrement est
développée. Cette recherche s’est appuyée sur une méthode combinatoire – appelée co-filmie
– associant observation filmique et filature. Elle s’inspire des travaux de la psychologie
cognitive, afin de caractériser les formes d’engagement individuel et leur propension à
s’intensifier ou, au contraire à s’abstraire temporairement de la situation. Cela a conduit à un
ensemble de graphiques situationnels détaillant cette relation entre deux individus.
Indéterminables, fluctuantes et dotées d’une extrême fugacité, telles sont les caractéristiques
observées. Tout l’enjeu est alors de spécifier encore davantage ces caractéristiques en
proposant un appareil lexical propre aux modalités de la rencontre.