JP Levieux 2006-2007
CM 10h – L2S4 Etude critique du système éducatif
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Page 5
5/2. L’école nouvelle, refusant l’autoritarisme, a mis en avant des
principes d’acquisition du savoir
Historiquement, l’éducation nouvelle s’inspire de JJ Rousseau (18ème) qui a donné les bases de ce que sera la
psychologie de l’enfant.
C’est le 20ème siècle qui lance les bases des techniques du système de l’éducation nouvelle:
Maria de Montessori à Rome (Casa di Bambini) organise un système d’auto éducation à partir d’un matériel
riche et librement choisi.
Ovide Decroly en Belgique (Ecole de l’Hermitage) lance les techniques d’observation du concret : « les
leçons de chose ». Médecin et psychologue, il lutta pour une réforme profonde de l'enseignement basée sur la
méthode globale d'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Il participe par ses travaux au mouvement de
l'éducation nouvelle et adhère à la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle, créée en 1921.
Georg Michael Kerschensteiner en Allemagne, Roger Cousinet et Célestin Freinet en France instaurent
une méthode de travail libre par groupes. Ils utilisent l’imprimerie et le livre de vie comme supports de
l’expression libre. Ces supports de l’éducation constituent les prétextes de la connaissance, mais aussi le moyen
de la finaliser.
John Dewey aux USA affirme que l’apprentissage est indissociable de l’action concrète et l’expérience
(learning by doing). Celle-ci doit avoir deux qualités: le plaisir immédiat et son influence sur l'expérience
suivante. L'enfant doit apprendre à dégager de l'expérience ce qu'elle a de positif, afin de faire un projet. Cinq
étapes caractérisent l’organisation de l’expérience: Reconnaissance d’un problème - définition de ce problème -
solutions possibles - résultats possibles - mise à l’épreuve.
Toutes les méthodes ont en commun des principes temporels d’acquisition du savoir:
-dans un premier temps, il s’agit de proposer une expérience sensori-motrice et des observations.
-dans un deuxième temps, l’activité d’étayage du maître consiste à confronter les observations individuelles.
Dans cette séquence de formation l’objectif est de faire évoluer les représentations individuelles et hétérogènes
vers des représentations collectives plus objectives et consensuelles.
-dans un troisième temps, le maître organise la consolidation des découvertes faites en groupe par un travail
d’expression verbale et écrite.
Toutes ces méthodes ont en commun la même relation éducative fondée sur le désir d’apprendre
F.Best 1973, directrice honoraire de l’INRP ne dissocie pas la relation éducative de l’acte d’apprendre, elle prône
une « pédagogie de l’éveil » (
) dont les caractéristiques sont les suivantes:
-le pouvoir de réflexion de l’élève est le but essentiel de tout apprentissage (autonomie de la connaissance)
-l’intérêt constitue le dynamisme essentiel de l’apprentissage : « l’intérêt » est la relation sujet–objet qui crée le
dynamisme. En effet un objet en lui même n’est jamais intéressant, la motivation du sujet tient avant tout à la
relation qu’il entretient avec l’objet (relation de surprise – d’étonnement – de conflit – volonté de faire la preuve
de sa compétence – désir d’autodétermination – mise en projet…).
-la stratégie pédagogique consiste à provoquer « l’étonnement » du sujet pour un objet d’apprentissage ; c’est à
dire « une certaine difficulté à comprendre », et par voie de conséquence « un désir d’apprendre », c'est-à-dire un
motif pour résoudre cette difficulté (homéostasie).
De ce point de vue, la technique de l’observation par l’élève est une étape essentielle, car elle condense les
aptitudes à l’étonnement et à l’explication : « s’il n’y a pas de question, il ne peut y avoir de connaissance. Rien
ne va de soi, tout est construit » (Gaston Bachelard)… « la connaissance est toujours une réponse à une
question que se pose le sujet»
-cette stratégie s’organise temporellement en trois étapes : une étape de « libération » dans laquelle l’enfant
montre ce qu’il sait faire - une étape de « structuration » qui organise le changement des représentations avec le
soutien du groupe d’élèves - une étape de « libération maîtrise » qui permet de vérifier la disponibilité de la
connaissance.
-L’évaluation formative porte sur « l’activité » de l’élève. Il convient cependant de faire attention car
« l’activité » ne se réduit pas l’action observable par ses aspects extérieurs et visibles ; « l’activité » est comprise
ici au sens fonctionnel et concerne les processus sensori-moteurs, conceptuels, affectifs et sociaux, mobilisés par
le sujet pour produire un résultat.
F.Best ; Pour une pédagogie de l’éveil ; Armand Colin, Paris 1973