Ils sont donc condamnés à échanger leur production. Les hommes se répartissent les tâches pour survivre, puis s’échangent les
fruits de leur travail. Plus les échanges s’accroissent, plus les hommes sont à même de se consacrer à une tâche particulière et
d’espérer des autres la satisfaction de leurs autres besoins.
(2) En poursuivant des buts égoïstes dans l’échange, les hommes s’enrichissent mutuellement (métaphorede la « main
invisible »).
Selon Smith, les « lois » du marché, associées au caractère égoïste des agents économiques, conduiraient à un résultat inattendu :
l’harmonie sociale. La confrontation des intérêts individuels mène naturellement à la concurrence, et cette dernière amène les
individus à produire ce dont la société a besoin. En effet la forte demande provoque l’envolée des prix, cette dernière amène donc
naturellement les producteurs avides de profits à produire le bien recherché. Le marché est autorégulateur.
En conséquence, l'Etat n'a pas à intervenir dans l'économie. Il doit se limiter à son rôle d'« Etat-Gendarme » (l'armée, la police, la
justice) auquel Smith ajoute la prise en charge des infrastructures non rentables. L'Etat doit, en particulier défendre le droit de
propriété indispensable aux échanges et le droit d'échanger librement. Selon Smith, le marché ne peut pas prendre en charge
toutes les activités économiques, car certaines ne sont rentables pour aucune entreprise, et pourtant elles profitent largement à la
société dans son ensemble. Ces activités doivent alors être prises en charge par l’État.
On voit que cette vision repose sur une conception particulière de l’individu qui serait un " homœconomicus "
L' homœconomicus est une notion abstraite par laquelle la science économique aborde la question du
comportement de l'homme. Elle est principalement fondée sur l'idée que les agents économiques sont
parfaitement rationnels et prennent des décisions qui maximisent leur satisfaction
B) …ou construction sociale ?
Pour certains historiens, économistes, anthropologues, le marché est une construction sociale et il ne relève pas d’un ordre
naturel.
a) Le marché n’est pas universel (donc pas naturel)
Activité 4 : Le marché, une construction sociale car il n’est pas universel
nombre d’exemples nous montrent que les relations marchandes n’ont pas toujours existé et contredisent l’idée du caractère
naturel, donc universel des relations marchandes.
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La Kula, […] est un cercle: au cours des expéditions maritimes auxquelles se livrent les Trobriandais, les nourritures, les fêtes, les
services de toutes sortes et même les hommes et les femmes, semblent pris dans un mouvement circulaire assez régulier dans le
temps et dans l’espace. La Kula, comme le pollatch nord-ouest américain, consiste à donner de la part des uns et à recevoir de la
part des autres, les donataires d'un jour étant les receveurs de la fois suivante. Dans la forme la plus solennelle des grandes
expéditions maritimes (les Uvalaku), la règle est de partir sans rien avoir à échanger ou à donner: on ne fait que recevoir, et
encore, dans des formes très solennelles puisque la chose reçue est d’abord dédaignée et que le donateur affecte, de son côté, une
modestie exagérée, s’excusant de ne donner que ses restes. C'est quand la tribu visiteuse recevra plus tard la tribu visitée (un an
après) que les cadeaux seront rendus.
L’objet essentiel de ces échanges-donations est les coquillages. Il en existe deux genres : les mwali, beaux bracelets taillés et polis
dans une coquille et portés dans les grandes occasions par leurs propriétaires ou leurs parents, et les soulava, colliers ouvrés par
d’habiles tourneurs qui sont portés par les femmes et aussi, plus exceptionnellement, par les hommes. Au quotidien, mwali et
soulava sont thésaurisés. Les Trobriandais les conservent pour jouir de leur possession et ce sont leur seule source de fortune.
D’après Malinowski, ces coquillages sont animés d’un mouvement circulaire: les mwali. donc les bracelets, se transmettent
régulièrement d’Ouest en Est et les soulava, donc les colliers, voyagent toujours d’Est en Ouest. La circulation de ces richesses
obéit à des règles précises: on ne doit pas les garder trop longtemps et on ne doit pas non plus être trop dur à s’en défaire. Il est
donc clair que l’échange Kula ne s’effectue pas selon une base utilitaire. Cet échange n’est pas immédiatement accessible pour la
rationalité économique de l’homme occidental. Il ne s’agit pas ici de vendre et d’acheter des biens mais plutôt d’unir des
partenaires échangistes pour la vie et de nouer le lien social qui unit les membres de la communauté. La Kula est avant tout affaire
de sociabilité et de solidarité. Dans cette affaire, le problème de la valeur des biens, et donc de l’échange équitable entre les
marchandises, est tout à fait ignoré.
100 Fiches de lecture en économie, sociologie, histoire et géographie, Par Marc Montoussé
La kula est le nom d'un système d'échanges de biens prestigieux mais sans aucune valeur économique directe pratiqué à l'est de
la Nouvelle-Guinée entre une vingtaine d'îles, et décrit pour la première fois par un Européen au début du xxe siècle :
l'anthropologue, ethnologue Bronislaw Malinowski aux îles Trobriand.
*Le mot « potlatch » signifiait « action de donner ». Le terme est utilisé par les ethnologues américains pour désigner diverses
cérémonies ostentatoires et dispendieuses donnant lieu à des festivités, à des déclarations publiques, ainsi qu'à des distributions