Mesures européennes

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REGION CENTRE
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
Séance plénière du 10 décembre 2008
POINT D’ACTUALITE
PREMIERES CONSEQUENCES DE LA CRISE FINANCIERE SUR
L’ECONOMIE ET LE SOCIAL DE LA REGION CENTRE
Rapporteur : Jean-Jacques FRANCOIS
Dans cette période de crise avérée dont on ne sait jusqu’où elle peut aller et durer, le CESR souhaite
alerter sur les premières conséquences économiques et sociales notamment pour la région. Pour ce
faire, il est proposé de faire le point sur un certain nombre de situations dont l’évolution nécessite une
veille particulière.
1) LA CRISE
Les pertes sur le marché des prêts hypothécaires à risque (subprimes) aux Etats Unis ont été le
révélateur de la crise financière qui vient dégrader l’économie réelle.
La croissance a été partiellement alimentée par le recours au crédit ainsi que par des taux de
rendements supérieurs aux richesses produites, dans un contexte de pouvoir d’achat limité et
d’ouverture non contrôlée des marchés. C’est pourquoi certains économistes parlent de crise
structurelle.
La situation économique internationale s’en trouve détériorée par les graves tensions sur le système
bancaire et les conditions de crédit. Les indicateurs économiques récents font état d’une poursuite de
l’affaiblissement de l’activité économique, alors que dans le même temps les tensions inflationnistes
se sont atténuées en raison du fort recul des cours des matières premières (pétrole, minerais, produits
agricoles …)
L’intensification de la crise financière entraîne une incertitude accrue sur l'ampleur des conséquences
économiques et sociales et sur les perspectives de croissance mondiale. Le risque de récession n’est
pas propre à la France.
Les signes de contagion de la crise à l’économie réelle se multiplient : défaillances d’entreprises,
marché immobilier, chômage… Quant aux conséquences sociales, elles ne sont pas aujourd’hui
totalement mesurables : salaires, pouvoir d’achat, précarité, pauvreté…
2) DONNEES GENERALES
Taux de croissance
La France affiche une maigre hausse de son PIB de 0,14 % au troisième trimestre 2008, selon les
données publiées par l'INSEE.
Selon les prévisions de l’OCDE, le PIB reculerait ensuite de 0,4% l'an prochain, pour se redresser
nettement en 2010 (+1,5%).
1
Inflation
Le ralentissement de la demande et la baisse des cours des matières premières commencent à faire
fléchir l'inflation qui s'était envolée au-delà de 3% en 2008.
Matières premières
Le prix du pétrole a fondu de plus de moitié en trois mois et est repassé sous la barre des 50 dollars.
Les craintes sur l’économie pèsent sur les cours.
Euro / Dollar
Le cours de l’euro a perdu plus de 20 % de sa valeur en l’espace de 3 mois, s’établissant au 3
décembre 2008 à 1,26 $ pour 1 € (source Banque Centrale Européenne).
CAC 40
A environ 3 000 points, le CAC 40 a chuté de près de 50 % depuis le 1er janvier 2008.
Crédit
Les dernières statistiques de la Banque de France en matière d’encours de crédits pour la France ne
font pas apparaître de recul.
La Banque Centrale Européenne a décidé d’abaisser de 0,75 point son principal taux directeur, celui-ci
est dorénavant de 2,50 %.
Le CESR attend des mesures gouvernementales et européennes qu’elles aient une influence réelle et
rapide sur les taux de crédit pratiqués auprès des entreprises et des particuliers.
Point rapide sur la situation régionale au 1er semestre 2008
Activité : Après un 1er trimestre stable, l'activité économique a ralenti au 2ème trimestre, notamment
dans l'industrie et le bâtiment où l'activité est en net recul (le fléchissement conjoncturel affecte surtout
le logement individuel). Dans le même temps, l'activité dans les services se raffermit et les créations
d'entreprise continuent leur progression. Le commerce extérieur se maintient avec des exportations en
hausse de 1,2 % sur les 4 derniers trimestres et des importations en hausse également de 2,3 %.
Emploi : Après une hausse au cours du 1er trimestre, le nombre d'intérimaire diminue de 5 % au
second trimestre, de manière homogène dans les trois secteurs de l'industrie, de la construction et des
services. Parallèlement, le taux de chômage augmente de 0,2 points alors qu'il reste stable pour la
France. Les bonnes performances du marché du travail régional s'atténuent avec une augmentation de
1,8 % des demandeurs d'emploi de catégorie 1. On constate, par ailleurs, une forte progression des
contrats de très courte durée (+ 9,3 % d'offres, dont plus de la moitié à durée déterminée parmi
lesquelles 63 % pour des contrats < à 1 mois). Enfin, les sorties du chômage sont moins nombreuses
(- 7,5 %), et les inscriptions à l'ANPE en hausse (+ 2,4 % sur 1 an).
Dans ce contexte, quels impacts réels cette crise a-t-elle déjà en région Centre ?
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3) LES PREMIERES CONSEQUENCES
Créations et défaillances d'entreprise
Entre janvier et octobre 2008, le taux de création d'entreprises a progressé de 5 % par rapport à la
même période de 2007 (+ 4,3 % au niveau national)1.
Cependant, le greffe du Tribunal de commerce enregistre en région une diminution de 5 % des
créations d'entreprise entre les mois de septembre et octobre 2008, comparé aux mêmes mois de
l’année 2007, et corrélativement une augmentation des radiations de 6 %2.
Commerce extérieur
Alors que le déficit commercial de la France pour les 10 premiers mois de 2008 est de 46,246 Mds €,
la région Centre enregistre un excédent de 880 M € au cours des trois premiers trimestres 2008, soit
une progression par rapport aux 570 M € d’excédent pour la même période 2007.
La Direction régionale du commerce extérieur considère que les perspectives pour le secteur de la
pharmacie – premier poste des exportations de la région – et de la sous-traitance sont incertaines et
méritent une attention particulière.
Secteurs économiques touchés
Selon les enquêtes menées par la Banque de France, concernant le mois d’octobre 2008, l’activité
industrielle globale en région Centre a légèrement baissé.
Les secteurs d’activités potentiellement les plus fragiles face à la crise financière demeurent l’industrie
automobile et le bâtiment.
Concernant l’industrie automobile, la baisse des volumes produits ainsi que la demande (sur le marché
intérieur comme à l’export) s’est poursuivie au mois d’octobre. On note également une contraction du
marché de l’emploi dans ce secteur, avec une baisse des effectifs et un recours de plus en plus
important au chômage partiel.
Le bâtiment et les travaux publics affichent, au niveau national, un recul de l’activité au 3ème trimestre
2008. Cependant, la Fédération Française du Bâtiment prévoit une réduction de l’activité de seulement
1 % pour l’année 2008. Au niveau de l’emploi, le secteur du bâtiment aurait créé 15 000 nouveaux
postes au 3ème trimestre 2008 avec cependant une baisse massive de l’intérim.
Concernant l’industrie des biens de consommation, la Banque de France note un recul global de
l’activité en région Centre au mois d’octobre, à l’exception de la branche parfumerie qui reste
dynamique. Les services marchands sont également touchés, en particulier dans les agences d’intérim.
Toutefois, des branches telles que l’hôtellerie-restauration, l’ingénierie informatique, la réparation
automobile ou le conseil en publicité semblent pour l’instant épargnées.
Des secteurs en difficulté avant la crise financière (transport, pharmacie, agriculture par exemple)
devront faire l’objet d’une attention particulière.
Enfin les incidences sur les secteurs associatifs et de l’économie sociale et solidaire seront
certainement plus difficiles à appréhender.
1
Source APCE
Il convient d'être particulièrement prudent sur l'utilisation de ces chiffres : les radiations comprennent les
liquidations judiciaires, mais aussi les cessations d'activité liées au départ en retraite du dirigeant.
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Particularité des collectivités
Le « sauvetage » de Dexia grâce aux garanties publiques apportées par les gouvernements français,
belge et luxembourgeois a permis de préserver l’une des banques majeures pour le financement des
collectivités locales. Si des difficultés d’accès à l’emprunt sont à craindre dans certains cas, les
collectivités les plus importantes ont su nouer avec leurs partenaires financiers des relations qui leur
permettent de ne pas craindre des restrictions et bénéficieront de la baisse des taux d’intérêt.
La crise actuelle pourrait davantage se traduire par des sollicitations d’intervention pour aider
l’économie à faire face aux situations de tension que par des pénalisations liées aux conditions
d’emprunt. Par ailleurs, l’investissement public pourrait bénéficier de réponses aux appels d’offres
plus raisonnables en termes de coût. Mais il est encore trop tôt pour mesurer les tendances…
Marché du travail
Intérim
Le recul du marché du travail temporaire a débuté au mois de mars. Sur les 2 premières semaines
d’octobre le nombre d’intérimaires occupés a décru d’environ 12 % par rapport à la même période de
2007.
Chômage
La barre des 2 millions de chômeurs en France est franchie malgré la modération naturelle due au
retournement démographique, caractérisé par un grand nombre de départs en retraites et un faible
nombre d’entrées sur le marché du travail.
Les demandeurs d’emploi de catégorie 1 ont augmenté de 2,8 % en région Centre par rapport à la
situation de septembre 2007, soit 72 400 demandeurs d'emploi au 30 septembre.
Le chômage partiel se développe dans l’industrie, notamment au mois de décembre, mais touche
également le BTP (dans une moindre mesure) ainsi que l'emballage.
Des inquiétudes montent sur l'augmentation du nombre de personnes pouvant basculer dans une
précarité annonciatrice de paupérisation.
Plans sociaux
Des plans sociaux sont régulièrement annoncés dans la région sans que l’on puisse à cet instant
mesurer l’ampleur du phénomène qui par ailleurs n’est pas toujours lié à la crise
Au vu des premières informations disponibles, il apparaît clairement que la crise est devant nous.
Face à la multiplicité des initiatives des différents acteurs, le CESR souligne la nécessité de cohérence
afin d’obtenir le maximum d’efficacité.
Les dispositions prises par le Conseil régional pour soutenir les entreprises du territoire devraient
donner à celles-ci un peu plus de souplesse et de réactivité pour traverser la crise actuelle.
Dans cette période, l’investissement peut constituer un élément moteur de relance.
Enfin, différents acteurs ont entamé une réflexion sur l’intérêt de « profiter » de cette période délicate
pour investir dans la formation des personnels, ce qui participerait à renforcer les compétences
disponibles sur notre territoire.
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ANNEXE
Mesures européennes
Mesures en direction des banques plus ou moins concertées :
-
sauvetage d’établissements bancaires et d’assurance
intervention en capital et garantie
confirmation, voire renforcement de la garantie des dépôts
L’Europe va venir à l’aide de son secteur automobile.
Pour l'heure, l'Union européenne exclut un grand plan coordonné de relance économique, à l'instar du
sauvetage du secteur bancaire.
Mesures nationales
Soutien financier aux principaux réseaux bancaires nationaux
Société de Financement de l’Economie Française et Société Française de Refinancement
- évolution des crédits (encours et taux)
Mesures pour l’Assurance crédit
Plan sur les infrastructures (dont réseau SNCF)
Exonération des nouveaux investissements de taxe professionnelle
Plan de mobilisation pour l’emploi
Mesures de stimulation au profit des collectivités locales
Désignation d’un Médiateur du crédit aux entreprises - www.mediateurducredit.fr
Mesures régionales
Conseil régional
Consolidation de mesures existantes
Le Conseil régional va abonder de 1,5M€ le fonds de garantie d’emprunt qu’il accorde aux entreprises,
dont 0,5M€ pour les artisans.
La Région souhaite aussi que les entreprises s’appuient sur le « CAP » contrats d’appui sur le
développement et l’innovation à l’emploi et à la formation qui représentent 21M€.
Fonds de retournement « Opportunité région » (capital risque)
La région Centre va mettre en place, avec le réseau bancaire régional, un fonds de retournement
dénommé "opportunités région" de 12,5 millions d'euros destiné à renforcer les fonds propres et à
restructurer la dette d'entreprises qui rencontreraient une période de difficultés conjoncturelles.
Autres interventions :
directe d’Oséo,
DRIRE (« parrain PME »),
Chambres consulaires (enquêtes, assistance)
Coordination mensuelle entre préfectures, TPG, banques, entreprises
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