MODULE PSY III
TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES
L’ANOREXIE MENTALE
SOINS INFIRMIER
I) GENERALITES.
« Le délire hypocondriaque ne saurait être avantageusement combattu temps que les sujets
restent au milieu de leur famille et de leur entourage familial [...] Il est indispensable de
modifier l'habitation et l'entourage, de confier les malades à des mains étrangères [...] Si le
refus persiste malgré toutes les instances, il faut employer l'intimidation et même la force »
L. V MARCE.
L'article de L.V : premier article en français concernant la prise en charge de l'anorexie.
À la même époque, Charcot et lui-même en accord avec cet article.
II) DEFINITION.
Triade classique :
o restriction massive de l'apport alimentaire.
o Amaigrissement.
o Aménorrhée.
A) Restriction massive de l'apport alimentaire.
Obsession +++ de perdre du poids.
Déni de la maigreur (même si cachexie).
Autres caractéristiques psycho comportementales :
o conviction irrationnelle à propos des aliments.
o Dissimulation d'aliments, refus de manger en groupe.
o Tri alimentaire, mastications interminables.
o Attrait pour la préparation des repas, les recettes de cuisine.
o Ascétisme (discipline de vie, un ensemble d'exercices physiques et moraux pratiqués
en vue d'un perfectionnement spirituel. On le retrouve à des degrés divers dans
toutes les religions par l'intermédiaire de pratiques telles que le jeûne, l'abstinence
sexuelle, l'auto-éducation, les retraites, la renonciation aux biens matériels…).
B) Amaigrissement, aménorrhée.
1) Signes physiques de dénutrition :
indice de Quetelet (ou BMI ou IMC) : poids/ (taille)² < 18 ou pertes de poids de 15 % par
rapport au poids de base.
Signes trophiques : cheveux secs, ongles cassant, acrocyanose, lanugo, atrophie musculaire
générale, rétraction tendineuse, troubles digestifs (hypotonicité de musculature digestive,
troubles d'absorption).
Mis au repos des fonctions physiologiques (bradycardie, hypothermie, hypotension
artérielle).
2) Signes biologiques de dénutrition :
leucopénie, anémie ferriprive.
Hypercholestérolémie (car sécrétions de cortisone d'où augmentation du cholestérol), basse
T3, hypo oestrogénie.
Hypokaliémie, hypochlorémie en cas de vomissements.
Hypoglycémie (rare).
Ostéoporose secondaire à l'hypo oestrogénie (examens par densitométrie osseuse à répéter
une fois par an + bilan phosphocalcique).
Blocage des règles.
ECG indispensable dans le bilan (+++ début de renutrition) :
o bradycardie.
o Arythmie.
o Troubles de conduction.
Avec la dénutrition, risque d'épanchement péricardique ou de fuite valvulaire, d'où nécessité
d'une échographie cardiaque.
C) Manifestations associées.
Dépression, anxiété, passage à l'acte, traits obsessionnels et toc.
Accès boulimique.
Actes compensatoires visant un contrôle du poids :
o vomissements provoqués.
o Hyper activité physique.
o Prise de laxatifs, diurétique, coupe-faim, amphétamines.
D) Complément diagnostic.
Type anorexie mentale :
o restrictive.
o Avec boulimie et vomissement ou prise de laxatifs.
Gravité de la maigreur :
o grave (BMI ≤ 13).
o Sévère (13 < BMI < 15).
o Modérée (BMI ≥ 15).
Durée d'évolution :
o + 3 ans = chronique.
+/- rémission :
o Partielle/totale.
o Précoce/prolongée (selon que < ou ≥ 12 mois).
III) EPIDEMIOLOGIE.
Fréquence en augmentation depuis 50 ans chez les filles et garçon pré pubert.
Âge de début : 85 % entre 13 et 20 ans.
1 % des adolescentes, 10 à 20 fois moins chez les garçons.
Prévalence vie entière : 0,5 % de la population féminine.
Syndrome incomplet : 5 % des filles.
Fréquence plus élevée dans les pays industrialisés et dans certaines professions
(mannequins, danseuses de ballet).
IV) EVOLUTION.
Certaines formes vers la chronicité.
Facteurs de bons pronostics :
o début précoce.
o Sensation de faim exprimée.
o Entourage familial adapté.
Facteurs de mauvais pronostic :
o troubles psychopathologiques dans l'enfance.
o Comportements associés (accès boulimique, prise de laxatifs, diurétique, coupe-
faim).
o Symptomatologie psychiatrique associée.
Étude du devenir des anorexiques (recul = environ 10 ans) :
o décès 7 %.
o Normalisation du poids : 80 %.
o Conduites alimentaires normales : 80 %.
o Retour des menstruations : 70 %.
o État physique satisfaisant : 50 %.
o Mariage : 60 %.
o Enfant : 69 % dans les années suivants la normalisation du poids.
o Grossesse : 36 %.
Dissociation entre bonne insertion sociale et difficultés dans la vie intime.
V) GROSSESSE.
A) Il faut distinguer :
les rares cas d'anorexie mentale survenant pendant ou au décours d'une grossesse.
Les cas peu fréquents de grossesse par induction de l'ovulation.
Les cas habituels de grossesse après rémission de l'anorexie mentale.
B) Étude de Brinch & Coll.
Étude rétrospective sur 140 femmes.
Suivi moyen = 12,5 ans.
50 sont devenus mères (86 enfants).
Impact favorable sur l'anorexie mentale dans 72 % des cas.
Nausées et vomissements : idem non anorexie mentale.
Fréquence et durée d'allaitement : idem non anorexie mentale.
C) Complications.
Retards de croissance intra-utérin.
Prématurité.
Faible poids à la naissance.
Score APGAR plus faible à la naissance.
Mortalité périnatale nettement plus élevée : fréquence double de la population générale
(même si rémission).
VI) TRAITEMENT.
A) Traitement principalement ambulatoire.
Le recours à l'hospitalisation forcée par pression de l'entourage ou par internement de
longue durée et avec isolement du milieu familial se révèle :
o coûteux.
o Culpabilisant pour les familles.
o Peu conforme à l'éthique médicale.
o Globalement inefficace.
B) Principes généraux du traitement.
Les soins sont coordonnés par une équipe psychiatrique (au CHRU : service d'addictologie).
Ils doivent être pensés sur le long terme.
Ils sont ambulatoires (des séjours hospitaliers sont parfois nécessaires mais de courte durée).
Ils sont compliqués par la tendance au déni de troubles de la patiente (troubles ego-
syntonique d'où des difficultés d'alliance thérapeutique).
Attention :
o les perturbations du bilan biologique sont tardives.
o Les fractures dues à l'ostéoporose (même sévère) sont rares.
o De manière générale, le jeûne est bien supporté pendant longtemps sur le plan
fonctionnel.
C) La prise en charge demande une coordination.
Coordination et psychothérapie (+/- pharmacothérapie) dans le service d'addictologie.
Alimentation entérale en collaboration avec le service de nutrition, et l'unité de nutrition
artificielle à domicile.
Approche corporelle.
Prévention et traitement de l'ostéopénie (carence oestrogénique.
Collaboration avec le médecin traitant les services de santé universitaire.
D) L'hospitalisation est indiquée dans certains cas.
Indications classiques :
o malnutrition sévère.
o Échec du traitement ambulatoire.
o Complications médicales (déshydratation, troubles hydroélétrolytique, troubles du
rythme cardiaque...).
o Complications / comorbidités psychiatrique.
o Inadaptation du milieu familial.
o Hospitalisation courte pour mettre en place le suivi et faire un bilan initial.
VII) SCHEMA THERAPEUTIQUE.
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