
formes monétaires ou équivalentes ont vu le jour en
dépassant largement les cibles monétaires officielles.
D’abord, les secteurs privés de l’économie ont secrété de
nouvelles formes de liquidité, émises par les banques ou
même les entreprises et surtout ce gonflement de la
sphère monétaire et financière d’origine tout à fait privée
fut développé loin de tout contrôle officiel. Les politiques
monétaires restrictives des autorités publiques furent ainsi
surpassées par les politiques monétaires expansives des
secteurs privés. D’autre part, d’énormes quantités
monétaires furent déversées dans l’économie par la voie
de l’endettement auprès des pays excédentaires,
notamment asiatiques. Ces deux conditions ont
progressivement créé l’univers des innovations
financières qui a permis de légaliser les pratiques qui
restaient interdites depuis l’époque de Franklin Roosevelt
(1933). L’apothéose de ce processus fut atteint en 1999,
sous la présidence de Bill Clinton, par l’abolition dans un
climat de fanfare de la loi Glass-Steagall (1933), qui
séparait les activités des banques commerciales de celles
des banques d’investissement. A partir de cette date,
l’assaut fut donné vers l’achèvement de la mutation
financière de l’économie capitaliste. L’économiste
Américain Simon Johnson, au MIT et ancien responsable
des études du FMI, qualifie cette mutation de « coup
d’état financier » et dénonce la formation d’une
« nouvelle oligarchie financière ». C’est précisément de
cette période qu’émerge la notion d’ « économie
virtuelle », lancée pour la première fois par les conseillers
économiques du Président Clinton. Cette notion fut
connue surtout par son mépris des lois économiques et
par sa prétention de substituer le « virtuel » au principe
de la réalité. C’est à partir de cette date que se
développent les formes les plus fantaisistes, abstraites et
arbitraires de la monnaie et du crédit, sans le moindre
rapport avec l’économie réelle et en définitive dans une
relation antagonique avec elle. Les produits financiers
dérivés, selon Warren Buffet, ont constitué des
« nouvelles armes de destruction massive ». La titrisation
des dettes douteuses et sous-performantes, les swaps, les
ventes à découvert, les CDS nus, les hedge funds
imposant le principe de « casino » au centre de
l’économie. En deux mots, dans une époque qui se