AU QUOTIDIEN | MM35, 24.8.2015 | 99 Les conseils de la Banque Migros L’économie suisse souffre du franc fort. Notre pays va-t-il bientôt sombrer dans la crise? Très vraisemblablement, la Suisse se trouve déjà maintenant en récession. On utilise ce terme en cas de croissance négative durant deux trimestres consécutifs. De janvier à mars, le PIB (produit intérieur brut) a chuté de 0,2%. Et, durant le trimestre suivant, un second recul est probable (les chiffres seront publiés le 27 août). Cependant, ces chiffres trimestriels n’en disent que très peu au sujet de la santé véritable de notre économie. Trop d’éléments à court terme en donnent une image faussée. Tel un feu de paille, maints facteurs – en principe dommageables – poussent transitoirement le PIB vers le haut: un état artificiellement boursouflé (comme la Grèce à l’époque), une bulle immobilière (comme en Espagne), la dévaluation d’une monnaie (comme actuellement dans la zone euro). N’oublions pas qu’en 2006 encore l’économie grecque brillait au firmament avec une croissance de 6%. Albert Steck est responsable d’analyse de marché et des produits à la Banque Migros. L’évolution de la croissance à long terme d’un pays constitue un facteur bien plus pertinent pour l’analyse. Dans le graphique ci-contre, on voit l’évolution du PIB de la Suisse calculée comme une moyenne mobile sur dix ans. Avec cette représentation lissée nous parvenons à occulter les écarts conjoncturels temporaires, La croissance de la Suisse depuis 1880 5% 4% 3% 2% 1% 0% –1% 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 Tendance de l’évolution à long terme de l’économie suisse (PIB réel par tête). Exemple: entre 2005 et 2015, la croissance annuelle moyenne est de 0,8%. comme ceux qui résultent présentement du franc suisse surévalué. Par ailleurs, le graphique met en évidence l’évolution du PIB par habitant. Tant il est vrai qu’avec une forte augmentation de la population – celle issue par exemple d’importants mouvements migratoires – la prospérité est répartie sur un nombre accru de personnes. Le graphique nous montre que les temps bénis du boom consécutif aux années d’après-guerre sont révolus. Pourtant, ce frein à la croissance n’est pas encore dramatique dans notre pays. Au Japon ou dans la zone euro, on doit déjà parler de décennie perdue. Or, quasiment aucun autre pays industriel n’a aussi bien résisté à la crise que la Suisse. Inversement, pour bon nombre de pays de la zone euro, le retour à des taux de croissance supérieurs a une signification existentielle. C’est une condition pour qu’ils prennent en main leurs problèmes aigus, notamment les dettes d’Etat débordantes, l’explosion du chômage et la stabilité vacillante de l’édifice social – domaines dans lesquels la Suisse s’en sort bien. Raison pour laquelle, elle peut aussi nettement mieux supporter un creux conjoncturel. MM Actuellement sur blog.banquemigros.ch: notre comparaison internationale montre comment la Suisse a bien maîtrisé la crise financière. Publicité «Pour surmonter une déception, le mouvement lent du Concerto pour clarinette en la majeur de Mozart m’aide énormément. Peut-être que vous aussi?» Un conseil de Daniel P., aveugle Les personnes aveugles vous aident volontiers. Merci de les aider vous aussi. www.ucba.ch dons: compte 10-3122-5