Je suis Piette NICOLAS étudiant Infirmier en 3é année à

Etudiant en Soins Infirmiers (ESI) : Je suis Pierre NICOLAS étudiant Infirmier en 3é année à Rennes. Dans
le cadre de mon TFE je dois faire des entretiens auprès de 2 infirmières et un patient en unité de soins
intensifs de cardiologie. Mon TFE porte sur le sevrage tabagique des patients atteints de pathologies
cardiovasculaires. Avec votre accord je me permets d’enregistrer cet entretien. Je préserverai votre
anonymat ainsi que les noms qui pourront figurer dans l’entretien.
Donc ma première question c’est : Quelles actions mettez vous en place dans l’accompagnement des patients
fumeurs ? Est-ce qu’il y a des protocoles de service, ou des habitudes de service ?
IDE : Infirmière Diplômée d’Etat (IDE) : Alors il y a des protocoles de services depuis que notre collègue s’est
formée, je dirais ça fait 3-4 ans. C'est-à-dire pour tant de paquet consommé par jour, on met tel patch. Voilà, on
met tel patch et des gommes à portée de main jusqu’à une certaine dose par jour.
ESI : D’accord, donc votre collègue c’est …
IDE : Mme A., une infirmière de médecine cardiologique qui s’est formée et qui fait donc des consultations anti-
tabac le jeudi matin et qui vient juste là depuis cette semaine vient d’être indépendante totalement du service, qui
est maintenant infirmière en éducation tabac et surtout elle a eu ce poste grâce à l’éducation de l’insuffisant
cardiaque. Donc elle est complètement en dehors du service, elle vient d’avoir son poste donc elle est indépendante
de l’équipe et euh … voilà. Elle a des horaires de 8h30 à 16h30, elle est complètement indépendante et donc elle,
elle s’est formée pendant une année pratiquement et puis on lui avait donné tout le jeudi matin, non, toute la
journée jeudi elle a des consultations antitabac et donc elles sont, au sein de l’hôpital elles sont 2 : une de
cardiologie et une de pneumologie. Donc elles sont 2 sur l’hôpital à faire des consultations antitabac avec un
médecin tabacologue, Mme B. qui les chapote si il y a besoin d’ordonnances ou quoi que ce soit.
ESI : Le sevrage tabagique est-il indispensable lors du traitement des patients souffrant de pathologies
cardiovasculaires ?
IDE : Est-il indispensable ? Ca dépend des patients. Il y en a qui le supporte très mal, le servage tabagique, d’autres
qui le gèrent. Qui le gèrent bien, d’autres qui ne le gère pas bien. Donc il y en a o propose toujours de patcher les
gens parce que on peut, parce que c’est vrai qu’autrefois, moi je travaillais ici et on avait rien et il fallait se
débrouiller avec. Il fallait donner un petit lexomil pour que ça puisse calmer les gens. On avait rien, on avait pas de
patch, il fallait laisser passer la crise et maintenant comme on a les patchs on peut proposer tout de suite : « est ce
que vous voulez qu’on vous patch ? ». C’est suivant la volonté du patient. Parce que contre son grès, on sait très
bien que ça ne marchera pas. Donc euh … je dirais que ça dépend de chacun, chacun est différent.
ESI : En fonction des patients.
IDE : Voilà oui et il n’y a pas de problème le cardiologue va nous prescrire ça facilement, ce qui n’était pas le cas il
y a 2-3 ans. Un infarctus il disait « Non pas de patch, ça apporte de la nicotine supplémentaire » et donc on était un
petit peu en désaccord avec les médecins par contre, nous au niveau infirmier grâce à notre collègue, elle disait
« Non il faut patcher même en phase aiguë d’infarctus, il vaut mieux ça qu’un sevrage mal toléré ou alors un
cigarette. Là ça va mieux mais c’est vrai qu’on a eu un décalage, un flottement pendant une année ou 2.
ESI : 3éme question, vous y avez un peu répondu : qui décide de la mise en place d’un sevrage tabagique ?
Donc c’est … un protocole de service
IDE : Oui c’est un protocole de service donc nous si on oit que le patient le supporte mal ou si c’est une demande,
on fait un petit entretien avec lui et on fait la demande donc auprès du cardiologue qui nous prescrit patchs et
gommes.
ESI : Les infirmières d’éducation n’ont pas le droit de prescription par rapport aux gommes ou …
IDE : Alors je ne sais pas, il faudrait lui poser la question parce que il me semble qu’elle peut faire la prescription
mais je ne suis pas sûr. Il faudra qu’on redemande à une collègue mais il me semble que je crois qu’elle peut avec
l’accord bien sûr du tabacologue, c’est un protocole. Mais c’est à repréciser. Donc en tout cas nous on ne peut pas.
Nous on est obligé de demander au cardiologue pour les patchs, c'est-à-dire même, je dirais quand Mme A. notre
collègue est là, on lui dit de passer voir le patient. C’est donc le protocole de « vadenschtön », je sais pas comment
on dit, c’est un test pour savoir le taux de dépendance du patient et donc elle voit le taux de dépendance et elle va
dire il faut tel patch avec tant de gommes. Et elle va nous le marquer sur ses transmissions et on va demander au
cardiologue de nous prescrire ça. Alors en consultations externe est-ce qu’elle peut, elle, faire la prescription ça il
faudra poser la question mais en tout cas au sein du service elle nous met ce qu’il faut et on demande au
cardiologue de retranscrire, ils ont toute confiance en l’infirmière parce que, bon, il y a des médecins « c’est une
infirmière qui me prescrit… » c’est mal vécu mais là il sait qu’elle est bien formée, il n’y a pas de problème, ils lui
font confiance, ils estiment qu’elle en sait parfois plus qu’eux.
ESI : Quelles difficultés peuvent rencontrer les patients fumeurs lors de l’arrêt du tabac ?
IDE : Et bien c’est tous les symptômes de manque. Sueurs, énervement, tous les facteurs de manque de drogues,
que ce soit alcool euh … drogues et puis tabac c’est … peut être moindre selon chaque personne … la question
c’était ?
ESI : C’était : quelles difficultés peuvent rencontrer les patients fumeurs lors de l’arrêt du tabac ?
IDE : C’est ça oui, oui, c’est le manque.
ESI : D’accord. Quelles sont les limites et les difficultés que vous pouvez rencontrer lors de
l’accompagnement de patients en servage tabagique ?
IDE : Difficultés c'est-à-dire que c’est vrai qu’on a pas été tellement, on a été formé sur le tas et on a chacune je
dirais selon son vécu, une petite expérience, c’est pas évident et c’est vrai que on a eu une information avec un
tabacologue sur les dangers du tabac, cela un peu plus approfondi que ce qu’on connaît et toute l’équipe
d’infirmière et de médecin ont fait une formation sur le tabac qui nous a un petit peu plus appris aussi mais je
trouve qu’on est, on a pas tous les éléments pour répondre complètement aux désirs du patient c’est pour ça que on
fait une pré information auprès du patient mais tout de suite on donne le relais à notre collègue qui est beaucoup
plus à l’aise suivant les question du patient et je dirais que maintenant avec le patch, on a moins de difficultés à
patcher les patients qu’autrefois. Autrefois le médecin était pas trop d’accord mais là on est sur la même longueur
d’onde donc on a moins de difficultés mais c’est vrai que on est pas tous au même stade. Donc moi je dirais que
j’ai eu plusieurs patients et je demandais à Mme A. qu’est ce que tu mettrais, euh … ceci cela et j’ai appris au fur et
à mesure mais çapend si on a eu plusieurs cas. Si on a pas eu de cas on peut pas en discuter avec notre collègue
c’est vrai qu’on apprend moins. Donc je sais maintenant un petit peu plus ce qu’il faut mais c’est avec l’expérience
c’est sur le tas. Et c’est vrai que moi j’aurais aimé avoir un petit peu plus de formation parce que je veux pas dire
mais c’est presque un patient sur 2 qui fument et ça va être de pire en pire.
ESI : Et à quel niveau vous sentez des manques de formation ?
IDE : Euh peut être au niveau … relationnel, psychologie mais bon est-ce qu’on aura le temps ça je ne sais pas. Et
puis il faut, il faut être formé aussi. Donc on a notre collègue maintenant. Je dirais que c’est plus facile pour elle
maintenant. Je pense que ça va être plus facile pour nous et elle parce qu’elle est en dehors de l’équipe. Avant
c’était sur son temps de travail alors on disait « Mme A. dès que tu as 2 minutes, est ce que tu peux … ? » et c’est
très gênant parce qu’elles ont énormément de travail en médecine cardiologie et donc c’est pas évident pour elle
tandis que là ça va être beaucoup plus facile. Elle est en dehors … sauf pendant ses semaines de vacances mais on
peut appeler quelqu’un d’autre. Mais je pense que là ça va être beaucoup plus facile, elle va être beaucoup plus
disponible.
ESI : Quelles attitudes soignantes l’infirmier ou l’infirmière doit-il adopté face à un patient opposant à
l’arrêt du tabac ?
IDE : C’est une écoute. J’ai appris avec ma collègue que c’est une écoute d’abord. Ne pas dire « il faut arrêter de
fumer !» mais « Est-ce que vous avez déjà pris conscience d’arrêter de fumer ? » c’est vrai qu’on a appris à l’école,
autrefois, à dire « faut pas faire ci ! Faut pas faire ça ! », « Vous devriez faire ci, vous devriez faire ça ! » et c’est
toute une politique maintenant inverse. C’est très difficile et je dirais même que les médecins sont comme ça, sont
comme la politique autrefois et il faut faire une démarche différente de ce qu’on a appris et c’est très difficile mais
c’est surtout une écoute et puis voir si ils sont réceptifs ou pas parce que et je dirais de la patience parce que les
premiers jours ils arrivent aux soins intensifs c’est déstabilisant, c’est le coups de bambou, donc difficile à accepter
et là on voit bien, je vois que au bout de 2-3 jours d’abord ils s’habitue à nous donc il y a une relation de confiance
qui se forme et tout. Au début ils ne sont pas réceptifs du tout parce que d’abord ils n’acceptent pas d’être aux soins
intensifs, d’avoir fait un infarctus. Il suffit que vous soyez jeune et c’est encore pire. Il y a d’abord l’acceptation
comme dans tout processus psychologique et après il faut attendre, il faut renouveler la question après ils écoutent
et puis après « ouais pourquoi pas ? ». Mais le premier jour ce n’est pas la peine et après ils écoutent. Dès fois je
suis surprise il y a des gens je me dis « oh, c’est même pas la peine de … renouveler » et puis après la relation se
détend entre soignant et soigné et ils écoutent plus, ils vont plus écouter et des fois on y arrive, on arrive à ce qu’il
y ait un processus qui s’enclenche. Mais je ne dirais pas dans les premières journées, progressivement.
ESI : Il faut attendre …
IDE : Il faut attendre un petit peu, c’est de la patience et c’est vrai que c’est une autre démarche d’esprit qu’on n’a
pas appris
ESI : C’est partir du patient …
IDE : Oui. Pour après euh … je dirai l’ « apprivoiser », c’est vrai, on s’apprivoise mutuellement et après lui
montrer quel est l’intérêt progressivement et tout mais il faut que ça chemine chez lui sinon on n’y arrive pas. Ce
n’est pas la peine de le cloîtrer ni rien. C’est un cheminement. Et c’est vrai que des fois pendant l’hospitalisation,
on a pas réussi et on donne le numéro de téléphone de notre collègue : « prenez-le ! »
ESI : Elle a aussi ce rôle, elle a aussi la possibilité de répondre à des appels extérieurs ?
IDE : Ah oui, tout à fait. Elle, elle le fait, elle le dit si elle sent qu’elle est pas bien perçue, elle va juste faire un
petit bonjour, ça souvent je lui dit avant « tu sais celui là, il est un peu réticent et tout » elle me dit « je vais aller le
voir lui faire juste un petit bonjour, montrer que je suis là si il y a besoin ». Elle ne va pas insister, elle va donner le
numéro de téléphone pareil, elle va dire « si vous êtes chez vous et que vous avez envie d’arrêter ou que ça va pas
du tout » parce que il a arrête de lui-même mais qu’il ne tient pas, il téléphone et elle peut lui donner un rendez-
vous ou alors elle luis parle au téléphone. Il n’y a pas de problème. Donc souvent je donne le numéro de téléphone.
Elle, elle le fait, elle dit « même si quelqu’un est réticent je ne vais pas insister et on va laisser cheminer
l’information ».
ESI : D’accord
IDE : Ca va ?
ESI : Très bien.
IDE : (Rire)
ESI : Vous m’avez dit que vous faisiez appel à des infirmières d’éducation …
IDE : Oui
ESI : … un médecin tabacologue …
IDE : Oui. En général c’est plutôt l’infirmière d’éducation qui va pouvoir elle peut être retransmettre plutôt au
tabacologue. Nous on n’est pas e relation avec le tabacologue sauf s’il n’y a aucune infirmière d’éducation on va
l’appeler pour qu’il puisse voir quelqu’un qui en a vraiment besoin. Mais c’est rare qu’on ait euh … qu’on
l’appelle. C’est plutôt notre infirmière d’éducation qui parle avec le tabacologue.
ESI : D’accord. Est-ce qu’il y a d’autres partenaires avec lesquels vous travailler pour prendre en charge ces
patients en sevrage tabagique ?
IDE : Je dirai la diététique mais je sais pas si … vous allez voir si ça a un rapport ou pas parce que très souvent les
gens me dise « je vais prendre du poids » donc nous on dit très souvent « il faut voir une infirmière d’éducation et
la diététicienne en même temps ». Et elle, elle est en partenariat avec l’infirmière d’éducation. Justement elles
essaient de combiner ensemble une consultation antitabac et une consultation diététique.
ESI : Et … un psychologue ? Est-ce que vous faites appel à un psychologue ?
IDE : Un psychologue non. Là il faudrait voir avec Mme A. mais il ne me semble pas. Elle, elle peut orienter le
patient pour aller voir quelqu’un peut être parce qu’elle sent que, il y a un problème psychologique très souvent et
des … comment on dit … des comportementaux … des
ESI : Une thérapie comportementale ?
IDE : Oui parce que il y a des attitudes voilà, comportementales, à changer. Il n’y a pas que le tabac, la dépendance
au tabac mais il y a des comportements à changer et une psychologie à changer aussi. Elle peut le ressentir au fur et
à mesure des consultations et peut être diriger vers … suggérer au patient de … mais ça je ne sais pas. Nous le
problème aux soins intensifs c’est qu’ils ne restent que 3-4 jours en général et après ils passent en médecine
cardiologie pour finir leur hospitalisation d’une semaine en général et donc nous on gère le manque des premiers
jours. Donc on gère avec patch ou pas patch, un peu de Lexomil si ils ne veulent pas être patchés. On arrive à les
apprivoiser après, bon, c’est Mme A. qui gère. Toute la partie psychologie. Souvent elle nous dit « on patch et ce
serait bien avec un petit peu de Lexomil parce que il y a un problème psychologique sous jacent. Elle suggère.
ESI : J’arrive à la fin de mes questions. Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter ?
IDE : Je dirais que le sevrage tabagique est mieux géré maintenant parce que c’est vrai qu’autrefois on avait rien
avant, pas de patch après quand il y a eu les patchs les médecins ne voulaient pas, c’était dommage, on avait du
matériel mais on ne pouvait pas le mettre parce qu’ils étaient en phase aiguë. Et maintenant donc on a évolué donc
on peut mettre des patchs donc c’est vrai que c’est beaucoup plus facile pour nous en tant que soignant parce que
sinon vous avez un fauve dans le lit (rire), c’est pas facile à gérer donc c’est vrai que c’est plus gérable déjà pour
nous comme pour les soignés. Euh, quoi dire d’autre euh… c’est vrai que d’avoir une collègue qui fait des
consultations antitabac c’est, je trouve génial parce que vous dites à un patient « il va falloir arrêter de fumer » ou
alors « il va falloir penser à arrêter de fumer » et on ne lui donne pas de moyen : pas de patch, pas de consultation
antitabac et c’est très stressant et donc on a eu une collègue qui a voulu se former et, c’est vrai que si elle ne l’avait
pas fait c’est vrai que j’aurais fait la démarche de chercher à … parce que je trouve ça un peu destabilisant de dire
« non on ne peut plus, il faut arrêter » mais on ne leur donne pas de moyen et je trouve ça très confortable on va
dire, d’avoir le matériel plus la collègue qui fait le travail pour pallier donc euh … on est content ! (Rire) On est
content, moi en tout cas, moi je le ressent comme ça. Bon après, mes autres collègues je ne sais pas, vous verrez,
vous avez un autre entretien ?
ESI : Oui
IDE : Donc vous verrez avec elle, en plus c’est N. je crois que vous voyez ?
ESI : Je ne sais pas
IDE : Je crois que c’est N., elle a 24 ans de cardiologie, on va voir si elle a le même ressenti que moi, on a vu
l’évolution, donc euh … une bonne évolution heureusement. Euh … non je ne voit pas autre chose mais bon c’est
un problème … c’est un problème qui va aller en s’accentuant, ça c’est sûr avec tous les … tous les jeunes qui
fument et qui fument de plus en plus jeune…Oui si je peux dire que dans l’évolution, je dirais qu’il y a 10 ou 15
ans on voyait, je dirais on soignait, et là on en parle depuis je dirais quelques mois avec des collègues … sur notre
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