Les Phénomènes Lunaires Transitoires écrit en collaboration avec la Dr Winifred S. Cameron, NASA-GSFC Introduction (I) Pendant plusieurs décades, la Dr Winifred S.Cameron a coordonné pour le compte du Goddard Space Flight Center de la NASA le programme d'étude des Phénomènes Lunaires Transitoires (Lunar Transient Phenomena), plus connu sous l'acronyme LTP. La Dr W.S. Cameron débuta cette activité en 1962 et dirigea quelques années plus tard ce projet au sein de l'ALPO (Association of Lunar and Planetary Observers) en tant que "Lunar recorder", dépouillant toute la littérature, les comptes-rendus d'observation amateurs et professionnels. En 1978 la Dr W.S. Cameron rassembla dans un catalogue toutes les observations de LTP enregistrées sur la Lune! Parmi les milliers d'événements enregistrés, 1353 cas furent dépouillés et analysés dans le but de déterminer les causes possibles des LTP. Ce sont ces conclusions dont nous allons discuter et profiter de l'occasion pour vous proposer de participer à ce programme d'étude. Le catalogue Lunar Transient Phenomena de W.S.Cameron. Que sont les LTP ? Il s'est avéré après une longue étude des reliefs lunaires que plusieurs dizaines, jusqu'à 200 sites lunaires, présentaient à l'observation de véritables anomalies durant un lapse de temps de quelques heures à quelques jours. Ce phénomène intriguant ne pouvait pas être dû à une erreur d'appréciation, des clichés en avait été pris, ni plus à la chute d'un météorite sur le site observé car tous les rapports confirmaient par la suite le retour à une situation normale. Bien que quelques lueurs furent mentionnées, un feu-de-camp extraterrestre était exclu... Comme la littérature en faisait aussi mention et que les anomalies se répétaient, les professionnels reconnurent l'existence du phénomène sans pour autant pouvoir donner quelque explication plausible. Voici le compte-rendu de cette extraordinaire histoire. Le 24 janvier 1956 l'amateur R.Houghton découvrit un éclair brillant émanant du cratère Cavendish qui venait juste d'émerger de l'obscurité. Un pic situé sur le rempart est du cratère scintilla de façon répétée. Le 26 octobre 1956, le bord gauche du cratère Alphonsus (colongitude 4°) s'assombri en lumière bleu-violette. Le même phénomène s'était aussi produit en étudiant les clichés pris au télescope du mont Palomar. Le rapport concluait : "il semble qu'il y ait eu un dégagement gazeux de molécules de carbone, d'une densité de 10-9 par rapport à un échantillon de laboratoire, ce qui a pu expliquer l'effet observé en direct". Le 7 Juillet 1958 Linné (348°) disparut en lumière infrarouge et fut remplacé par une zone très brillante durant quelques heures. Le même phénomène se produisit à nouveau quelques temps plus tard dans d'autres observatoires qui en avaient fait leur principal sujet d'observation. Dans la nuit du 2 au 3 novembre 1958 l'astronome Nikolai Kozyrev découvrit un étrange phénomène sur les spectrogrammes du cratère Alphonsus, alors proche du terminateur. Bien qu'il observa la Lune à l'oculaire, le pic central du cratère s'estompa et pris une coloration rouge inhabituelle. Les spectrogrammes confirmèrent son impression : il y avait eu un phénomène volcanique. Les spectres présentaient les raies d'émission de la vapeur de carbone, le C2. Le même phénomène se produisit sur des clichés couleurs d'Aristarchus (47°) réalisés par l'Observatoire Lowell qui révélèrent la présence de trois spots roses sur ses remparts qui s'avèreront être des dégazages d'hydrogène En 1963, Z.Kopal et T.Rackham au Pic-du-Midi photographièrent une brillance autour des cratères Copernic, Kepler et Aristarchus. Kopal suggéra qu'il s'agissait d'un effet de fluorescence provoqué suite au bombardement de la surface lunaire par le vent solaire. Enfin, il y a les comptes rendus effectués par les équipages des missions Apollo entre 1969 et 1972 et étayés par des enregistrements physiques. Images d'amateurs Archimèdes, 82 km Aristarchus, 50 km Tycho, 85 km Certains cratères de la surface lunaire sont connus pour manifester des phénomènes transitoires, des dégagements gazeux ou des brillances. Cliquer sur les images pour les agrandir. Théophile, 110 km Copernic, 107 km Le 19 juillet 1969, le module de commande d'Apollo XI achevait son orbite autour de la Lune, lorsque le Centre de Contrôle de Houston le prévint que deux amateurs allemands, MM.Pruss et Witte venaient d'observer à 18h45m TU un phénomène transitoire dans les environs d'Aristarchus. Une brillance exceptionnelle était apparue sur le mur NO durant 5 à 7 sec, d'une magnitude plus brillante que l'arrière-plan. Et en effet, à 18h46m TU les astronautes Armstrong, Collins et Aldin virent le mur NO d'un cratère qui se trouvait proche de l'horizon (probablement Aristarchus) d'une éclatante brillance. Il s'agissait de la première confirmation en groupe, séparée par 380000 km dont voici le compte-rendu : - Armstrong : Hé, Houston ! - Je regarde le nord, vers Aristarchus, et à cette distance je ne suis pas certain que ce soit bien Aristarchus, mais il y a là une région considérablement plus lumineuse que la zone qui l'entoure. Il est... on dirait qu'elle est légèrement fluorescente. - Houston : Roger, Onze. Nous notons. - Aldrin : Je regarde vers la même zone... Il semble en tout cas qu'une des parois du cratère soit plus claire que les autres... Je ne suis pas certain qu'il y ait fluorescence, mais c'est nettement plus lumineux que ce qui l'entoure. - Houston : Pouvez-vous percevoir une différence de couleur dans l'éclairage et s'agit-il d'une paroi intérieure ou extérieure du cratère ? Terminé. - Aldrin : Je pense que c'est une paroi intérieure. - Collins : Non Bruce, je ne pense pas que la couleur joue un rôle. - Houston : Roger, Onze. Nous notons. Apollo XI au Mission Control le 19 juillet 1969 alors qu'ils survolaient un site LTP à environ 110 km d'altitude à 13h45m heure de Houston (18h45m TU). Extrait de la bande son d'Apollo XI. Et jusqu'au 20 juillet 1969 à 00h35m TU puis à nouveau de 05h30m à 23h45m TU Aristarchus apparu à nouveau plus brillants aux observateurs terrestres ainsi qu'à l'équipage d'Apollo XI. Ces deux groupes d'observateurs ainsi que d'autres dispersés aux quatre coins du monde observèrent le même jour des zones brillantes ou rougeâtres autour de Proclus, Théophile, Eudoxus, Grimaldi, Maskelyne, Mare Crisium, Moretus, Alphonsus, Cauchy, Atlas et bien sûr à nouveau sur Aristarchus à partir du 23 juillet 1969 jusqu'au 2 Août. De semblables apparitions se produisirent également sur Tycho, autour de Mare Crisium, Mare Imbrium et Mare Serenitatis. Par la suite alors que l'équipage d'Apollo XIV (22 février et 20 mars 1971) se trouvait dans le site Fra Mauro (231-238°) le détecteur d'ions ALSEP enregistra des phénomènes gazeux intenses suivis par deux petits phénomènes sismiques. Le premier phénomène gazeux dura 13 heures ! De 14 à 20 molécules d'eau ont été enregistrées mais peut-être également du néon, de la fluorine et de l'oxygène. Le second phénomène dura 19 minutes et la quantité de gaz expulsé pendant ce temps augmenta d'un facteur 100. L'année suivante l'astronaute Matingly d'Apollo XVI (21 avril 1972) observa un flash brillant sur l'horizon durant plus de 30 minutes. Quelques mois plus tard l'équipage d'Apollo XVII (10-11 décembre 1972) observa un flash sur Grimaldi (321°) qui sera confirmé par des observateurs sur Terre et le lendemain Cernan observa dans une fracture située à l'est de Mare Orientale (345°, coord. sélén. 88°O, 20°S) un flash brillant. Grâce à ces enregistrements, la seule explication avancée à l'époque était liée à la présence de gaz peu dense, ionisé par le rayonnement solaire qui, au sortir du sol lunaire produisait un effet lumineux qui s'était accentué aux courtes longueurs d'ondes. Le phénomène était donc pris au sérieux. Analyse des sites LTP (II) Ces phénomènes transitoires sont en fait des changements temporaires qui se produisent sur la surface de la Lune et qui ont déjà été observés en l'an 557 avant JC, précédant l'invention du télescope ! Parmi les 1353 cas analysés par la Dr W.S. Cameron une corrélation a pu être établie avec certains phénomènes astronomiques. Statistiquement 201 sites furent reportés au moins une fois; 50% des sites ont deux rapports ou plus; une douzaine de sites rassemblent 70% de toutes les observations, tandis que Aristarchus à lui seul représente 30% des enregistrements. Ces phénomènes temporaires apparaissent donc en certains endroits bien localisés de la surface de la Lune et ne sont presque jamais des illusions d'optiques. Des observateurs aussi réputés que William Herschel, Wilhelm Struve et E.Bernard ainsi que les équipages d'Apollo XI, XIV, XVI et XVII en ont également observé. La NASA dispose également d'enregistrements polarimétriques, photométriques et spectroscopiques qui tentent à confirmer leur existence. Leur origine par contre fait encore l'objet de bien des polémiques. Les observations LTP se manifestent par 5 phénomènes : - Les phénomènes de brillances (Brightenings) - Les assombrissements (Darkenings) - Les dégagements de gaz (Gazeous) - Les colorations rouges, roses, cuivre ou orange (Reddish) - Les lueurs bleues-violettes (Bluish). Quelques formations appartiennent à plusieurs catégories. Ainsi la montagne Piton dans Mare Imbrium fut enveloppé dans un "nuage de brume" le 23 septembre 1958. Mais ce type de rapport n'est pas unique. Le 11 et le 21 octobre 1981 M.B.Hobdell nota que la plaine de Platon (183°) brilla soudainement et fut enveloppée d'une brume qui se dissipa peu de temps après. Ce site LTP devient plus brillant au moment du coucher du Soleil sur ses remparts, au 23e jour. Les observateurs surveillent depuis lors de telles apparitions au lever du Soleil (colongitude 3-8° au 8e jour). Dawes est le plus instable, présentant 10.5% d'anomalie par nuit, soit 2.6% des mesures individuelles, alors qu'un site LTP présente en général des anomalies une fois toutes les dix nuits. Origines des phénomènes LTP Les missions Apollo ont établi que le volcanisme actuel de la Lune est inactif. Seuls quelques légers dégazages se sont produits depuis lors et occasionnellement quelques explosions plus fortes ont été mises en évidence par les détecteurs d'ions (1971) et les compteurs Geiger (1974). Les rapports LTP révèlent une activité très récente. Ces dégazages sont peu importants mais ils pourraient soulever la poussière lunaire. Ils peuvent se produire à intervalles réguliers, sporadiquement ou épisodiquement. Si ces gaz existent bien tels qu'on les observe, la question est de savoir qu'elle est l'activité qui peut ainsi les rendre suffisamment brillants pour qu'ils puissent être observés depuis la Terre ? La seule activité notable à laquelle on pense immédiatement sont les tremblements de Lune imputables en partie à l’attraction terrestre sur l’écorce lunaire. 80 fois plus massive que la Lune, la Terre soulève en effet l’écorce lunaire, étirant l’hémisphère visible de 2 à 3 km par rapport au diamètre moyen. Le stress ainsi accumulé au fil des lunaisons devant se dissiper, à chaque nouvelle et pleine Lune et en respect avec les forces de marées, les sélénologues observent cette détente sous la forme d’ondes sismiques. Ces tremblements peuvent soulever la poussière lunaire. Ce réajustement est également à l’origine d’une synchronisation de la rotation de la Lune avec sa durée de révolution autour de la Terre, raison pour laquelle elle nous présente toujours le même visage à quelques balancements près. Mais quelles sont les autres hypothèses ? A partir de 1965, Green, Chapman et de nombreux autres chercheurs s'attachèrent à déterminer les principales causes qui expliqueraient la variété des LTP. Onze hypothèses invoquent des influences extérieures, parmi lesquelles nous pouvons retenir : 1- Un effet des marées terrestres (Green, 1965) et solaires (Chapman, 1967) sur la Lune 2- Un phénomène de thermoluminescence suite aux variations brutales de température (Blizard, Sidran,1968) 3- L'effet des radiations ultraviolettes issues du Soleil qui provoqueraient une fluorescence 4- Les turbulences produites par le front magnétique du champ magnétique terrestre (G.Cameron, 1964) 5- Des tremblements de la surface lunaire, de préférence aux époques de périgée ou d'apogée 6- Un effet piézo-électrique similaire à ce qui se produit sur terre lorsque des roches soumises à de fortes contraintes émettent un champ électrique qui ionise l'air en faisant apparaître des halos lumineux D’autres hypothèses moins probables ont été envisagées bien que l'énergie mise en jeu semble trop faible ou le phénomène trop rare pour expliquer les LTP. Ces influences seraient : 7- Le bombardement météoritique (le 13 mai 1972, Apollo XIV enregistra un impact équivalent à l'explosion de 1000 tonnes de TNT). Ces frappes sont cependant très isolées par comparaison avec l'étendue de la surface lunaire 8- L'accélération des particules solaires par la magnétopause de la Terre (Speiser, 1965, 1967) et les effets de sa traînée magnétique (Pala, 1964), mais cet effet n'atteint que 30% de l'intensité d'un choc thermique 9- Un bombardement corpusculaire issu des éruptions solaires (Kopal, 1966), mais il semble que les décharges électriques soient cependant trop faibles pour expliquer les LTP 10- L'illumination du relief sous une lumière rasante (Greenacre, 1964) qui révélerait la présence de gaz et de poussières expulsés (rare) 11- Une diffraction spectrale provoquée par des irrégularités de la surface lunaire qui produiraient des aberrations chromatiques. Mais si cet effet existait, les LTP devraient se produire en tout lieu du disque. 12- Des aberrations chromatiques dues au scintillement de l'atmosphère terrestre, mais ce phénomène est en général bien maîtrisé par les observateurs. Certains phénomènes LTP sont également provoqués par des effets atmosphériques terrestres, telle que la diffusion de la lumière solaire sur des nuages, lumière qui se réfléchit sur la surface sombre de la Lune d'où résulte un pseudo-LTP qui ne fait que réfléter cette illumination. Une autre source de confusion avec des LTP est une aberration chromatique qui entoure les détails brillants d'un éclat bleu au nord et rouge au sud. Cet effet résulte d'une dispersion de la lumière près de l'observateur, peut-être provoqué par des couches d'inversion de température. Enfin, des points étoilés peuvent apparaître sur la surface lunaire et être assimilés à des LTP. Il pourrait s'agir d'effet de réflexion de la lumière solaire sur les rochers lunaires placés sous un angle particulier avec l'observateur. Même en éliminant ces trois types de phénomènes non-LTP, plus de 40% des observations demeurent inexpliquées. Les données nécessaires à l'analyse de telles hypothèses sont interdépendantes. Nous retrouvons : - La distance du LTP au terminateur (cas 2 et 10) - Les jours écoulés depuis la Pleine Lune (cas 8) - La phase Theta de la période anomalistique (cas 1) Ainsi que différents autres paramètres : - L'éventualité des éruptions solaires (CME, etc) - L'arrivée de particules formant le vent solaire sur Terre et sur la Lune (indice Kp) - La soudaineté du phénomène (SC) - La progression d'une tempête magnétique (MS). Méthode de surveillance des sites LTP Lorsque les données sont rassemblées, les sites sont analysés de trois manières : - Des histogrammes sont tracés en fonction du nombre d'observations et de la phase anomalistique Theta ou selon l'âge de la Lune - Une mesure du pourcentage de phénomènes observés sur le pourcentage de phénomènes attendus et leur rapport - Le relevé de l'albédo dans dix zones spécifiques pour déterminer le comportement du site au cours d'une lunaison. Ainsi que le souligne avec insistance Mme Cameron, bien que témoignant d'un grand intérêt, ce sujet ne rassemble en fin de compte qu'un très petit nombre d'observateurs et leurs derniers rapports date parfois d'il y a dix ans, sinon les plus récents sont vieux de près d'un an. Aussi, dans le but de rappeler quelques observateurs assoupis et de former de nouvelles vocations, je rappelle dans la page suivante la procédure à suivre pour mesurer l'albédo. Méthode de surveillance des sites LTP Résultats des dépouillements Les rapports analysés par la Dr W.S. Cameron sont divisés presque également en trois catégories. Le premier groupe rassemble les observations faites par un seul observateur, Bartlett, qui publia en 1967 un rapport de 107 observations de phénomènes bleus qu'il appela "lueur violette", mais qui à l'analyse révélèrent des variations. Ceci forme un ensemble de données relativement homogène et relatif à un même site, en l'occurrence Aristarchus, pour un même observateur. Bartlett travaillait toujours avec le même équipement, dans les mêmes conditions d'observation qui peuvent donc être comparées avec l'ensemble hétéroclite des autres groupes d'observations. Ces derniers utilisent en effet des équipements divers, observent dans des conditions autres ou appliquent des techniques particulières de mesure, analogiques ou digitales. L'exemple d'Aristarchus est divisé en trois groupes : - Bartlett (symbole B dans le catalogue LTP) - Les autres observateurs (All others) - et les deux combinés (C). Par ailleurs 5.6% des observations LTP coïncident entre les groupes. Il faut noter qu'il y a des pics d'observation aux moments des missions spatiales, comme ce fut le cas à l'époque des missions Apollo où des observateurs aux quatre coins du monde furent mobilisés pour observer la Lune. Cela influença bien sûr les pics des périodes anomalistiques (correspondance avec les marées) et les tableaux selon l'âge de la Lune. Ces rapport forment quelque 7% du catalogue LTP. Les sites LTP reportés qu'une seule fois sont bien sûr très douteux. Dans la distribution des sites LTP, des épicentres superficiels et des épicentres de profondeur, il est une coïncidence remarquable : c'est le manque de site LTP dans les montagnes, spécialement dans les régions accidentées du sud-est de la Lune. La distribution des sites LTP affiche une faveur évidente pour les bords des Terrae et Maria, et la plupart des sites sont associés à des étendues non accidentées et sombres. On remarque rapidement que les phénomènes Darkenings et Gazeous ont une distribution similaire, ces deux phénomènes ayant des pics prononcés lors des apogées et très peu d'activité aux périgées. Il existerait donc, associé au phénomène Darkenings un milieu qui réduirait cette brillance. Or il n'est pas encore noté de corrélation entre ces deux phénomènes. Il est aussi intéressant de noter que le phénomène Gazeous présente une chute d'activité à Theta = 0.6, comparativement au phénomène Reddish qui accuse son pic le plus important à Theta = 0.6, durant la seconde moitié de sa période. Les phénomènes Bluish et Brightenings affichent un comportement similaire. Les Brightenings présentent plusieurs apparences : des flashes inférieurs à 0.25 sec ou des apparitions lentes (1 à 5 sec) déclinant graduellement. Dans d'autres sites LTP, l'albédo ne varie pas mais le relief est simplement plus brillant qu'à l'accoutumée. D'autres encore ressemblent à des taches ponctuelles - ce dernier type fut observé par Mme Cameron en 1972 -. Des brillances ponctuelles ont également été observées mais pouvaient résulter d'effets atmosphériques (instrumentaux et géométriques) ignorés de l'observateur. Enfin, pour un oeil plus sensible au rayonnement bleu, un LTP peut-être classé Bluish et paraître Brightenings à d'autres observateurs selon leur sensibilité rétinienne. Le pic central du phénomène Bluish est à Theta = 0.7 et 1.0, donnant une courbe à double pic, la valeur 0.7 correspondant au minimum dans l'hypothèse d'une influence des marées terrestres. Mais exception faite du phénomène Darkenings, tous les phénomènes ont un pic d'activité à Theta = 0.7. Seraient-ils donc sujets à des effets extérieurs ? Sur l'ensemble des observations LTP nous observons : - 28% se produisent durant les deux jours qui entourent la Pleine Lune - 22% apparaissent endéans les 24 heures qui suivent le lever du Soleil - 20% des LTP sont perturbés par la magnétopause terrestre - 13% se produisent au périgée. Pour le travail pratique d'observation, on ne doit pas s'attendre à plus d'observations aux époques proches de la Pleine Lune qu'à d'autres moments. La raison est que la quantité de détails visibles chute fortement et rend l'observation peu intéressante pour la plupart des observateurs. D'où la surprise de voir un quart à un tiers de toutes les observations se faire en deux jours environs, ce qui influence la détermination de l'origine des phénomènes. Par ordre d'influence, nous pouvons classer les différents sites LTP comme suit : - Aristarchus : le lever du Soleil, la traînée géomagnétique, les éruptions solaires, le front géomagnétique, les marées, l'illumination rasante - Pour tous les sites : le lever du Soleil, les éruptions solaires, la traînée géomagnétique, les marées, le front géomagnétique et l'illumination rasante. En pourcentage du nombre d'observations enregistrées selon les différentes hypothèses, nous trouvons : - Aristarchus : la traînée géomagnétique, les marées, le lever du Soleil, les éruptions solaires et l'illumination rasante. - Pour tous les sites : la traînée géomagnétique, le lever du Soleil, les marées, les éruptions solaires et l'illumination rasante. la Dr W.S. Cameron précise que "des éventuelles anomalies sont exceptionnellement rares dans les sites non-LTP servant de comparaison, telle que la plaine avoisinante ou les épicentres sismiques. Il faut en conclure que les sites LTP se produisent réellement en certains endroits de la Lune, où l'activité est temporairement anormale et n'est donc plus régie par l'idée d'antan, où ils pouvaient avoir lieu en tout point de sa surface". Appel aux amateurs Si le sujet vous passionne, sachez que l'ALPO Lunar section a créé un groupe d'étude qui collecte toutes les anomalies LTP depuis 1972 coordonné par David O. Darling. Au total quelque 200 sites sont surveillés quotidiennement par une petite centaine d'observateurs, parmi lesquels se trouvent des astronomes professionnels, ceux-ci recoupant les rapports des amateurs. Comme le souligne la Dr W.S. Cameron, "bien que témoignant d'un grand intérêt, ce sujet ne rassemble en fin de compte qu'un très petit nombre d'observateurs et leurs derniers rapports date parfois d'il y a dix ans, sinon les plus récents sont vieux de près d'un an". Si cette activité vous tente, l'ALPO vous assignera 4 LTP, un détail non-LTP de comparaison, un site d'épicentre sismique et un rapport d'observation. C'est la seule façon de couvrir les 200 sites suspects. Si vous maîtrisez bien la technique vous pouvez aussi demander plus de sites à surveiller. Cartes sélénographiques type et rapport d'observation de l'ALPO Il est souhaitable que cette activité qui avait pris un si bel essor dans les années 70' reprenne vitalité et rassemble aujourd'hui un nombre grandissant d'amateurs enthousiastes. La colonisation de la Lune est proche, c'est une raison supplémentaire pour s'y intéresser à nouveau. La Lune n'est donc pas aussi froide et désolée qu'on le dit. Ces types de phénomènes prouvent qu'il reste de quoi meubler quelques soirées en observant la Lune, même si tout semble avoir été mis à nu par les multiples missions Apollo, Luna et autres Clementine. Quelques sites consacrés à la Lune - Spacref - Moon - ALPO Lunar section - UAI Lunar section - Anomalies (IOTA) - GRC-URI - Lunar-arc (NASA) - Lunarsat (DE) - SEDS Lunar pages Méthode de surveillance des sites LTP Rappelons que les sites LTP sont analysés de trois manières : - Des histogrammes sont tracés en fonction du nombre d'observations et de la phase anomalistique Theta ou selon l'âge de la Lune - Un rapport est établi entre le nombre de phénomènes observés et le nombre de phénomènes attendus - Un relevé de l'albédo est effectué dans dix zones spécifiques pour déterminer le comportement du site au cours d'une lunaison. Voyons tout d'abord comment traduire l'évolution de l'albédo des sites LTP les plus actifs sur une lunaison. Hormis la surveillance des sites LTP et l'évolution de l'albédo, nous établirons des comparaisons avec des sites non-LTP et les épicentres séismiques recensés par les missions Apollo ce, sous tous les angles d'éclairage, y compris en lumière cendrée ou d'autres reflets par la Terre. Pour ce faire nous utiliserons une échelle d'observation objective (basée sur l'observation du disque de diffraction d'une étoile placée hors-focale). 1°. Au moment de la Pleine Lune, établissez une échelle d'albédo en s'accordant sur l'échelle d'Elger de l'une des manières qui suit : - Utiliser un sensitogramme telle celui édité par Kodak ou de l'exemple ci-joint réalisé grâce à un logiciel de traitement d'image (filtre gradient) ou réaliser une gamme de gris au crayon sur un papier blanc ou encore avec des morceaux de film exposés de différentes densités. Une échelle de gris (sensitogramme) comprenant 17 tonalités - Insérer cette gamme de gris au niveau du plan oculaire et déplacez-la jusqu'à ce qu'elle éteigne le détail observé (exemple d'Elger). - Vous pouvez également travailler par photométrie, éventuellement sous filtre UBV. Les valeurs trouvées à la Pleine Lune donneront "l'albedo vrai". Une fois que le gris observé correspondra à l'échelle d'Elger toutes les autres mesures que vous effectuerez formeront les "albedo enregistrés". 2°. Sélectionner quelques points précis dans chaque relief assigné en y incluant les remparts, le fond et le pic central, ainsi qu'un point à l'extérieur du relief (habituellement une plaine). Ce sont ces points qui sont toujours mesurés et analysés. 3°. Avant d'entreprendre la prospection de la Lune estimer la qualité de votre observation comme suit : - Observer une étoile brillante et placer la crémaillère ou votre système de mise au point en position hors-focale de façon à ce que l'étoile présente un disque flou appréciable (c'est la même technique qui est utilisée pour collimater un télescope) - Sans moteur d'entraînement placer le disque d'une étoile proche de la Lune à la limite est du champ de vision et calculer le temps qui s'écoule pour qu'elle traverse le champ oculaire. - Observer la scintillation (les contractions et les étirements) de l'image et compter le temps écoulé entre deux sursauts. - Avec le moteur d'entraînement placer le disque stellaire à la limite du champ de vision et estimer en fraction du champ oculaire à quelle distance du centre l'étoile commence à s'agiter. - Calculer les intervalles entre ces sauts jusqu'au centre du champ oculaire (les excursions). - Estimer le rapport du plus grand saut du disque de l'étoile sur le plus petit. - Et finalement estimer l'observation par une quelconque méthode classique depuis "mauvaise" jusqu'à "excellente", ou de 0 à 10 (10 étant la meilleure), ou selon l'échelle I-V d'Antoniadi (I étant la meilleure). Figures de diffraction d'une étoile Discerner avec précision l'aspect d'une structure de quelques kilomètres de longueur ne peut s'effectuer que lorsque la turbulence est nulle ou très faible. Pour ce faire observer une étoile. Si le disque d'Airy est entouré d'un ou plusieurs anneaux fermés ou presque (images 2 ou 3) la séance sera utile. Si vous constatez que l'image se divise et bouillonne (images 4 et 5) ne perdez pas votre soirée... Une période d'observation doit avoir au moins deux mesures en chacun des points des reliefs visibles, séparés par un intervalle de 10 minutes au moins. Précisons qu'à l'instar de l'observation d'une planète, des détails non visibles au grossissement de 300x au 300mm peuvent par contre être observés à faible grossissement, 80x par exemple. Un bon observateur pourra aussi discerner des LTP ponctuels de 0.5 à 2" d'arc. Ces faibles valeurs correspondent sur la Lune à des sites de 900 à 3600m de longueur (0.5 à 2 miles). Si une anomalie est notée, des détails fugitifs, des mouvements, etc, précisez l'heure mais surtout, accompagnez si possible vos données de mesures effectuées sur des reliefs nonLTP au nord et au sud de l'anomalie ayant une structure similaire. On précise en général que les mesures qui diffèrent de plus de 2 points sur l'échelle d'albédo d'Elger sont considérées comme anormales. Bien que la plupart des sites LTP soient stables, quelques exceptions existent comme le cratère Dawes qui montre le plus d'anomalie. Toutes vos mesures doivent ensuite être envoyées soit à la NASA-GSFC soit à l'ALPO, Lunar section pour dépouillement.