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ses obsèques sur la place Saint Pierre de Rome, pour un ultime hommage à ce grand témoin de
l’Esprit ? Il avait dissuadé certains chefs d’Etat d’entreprendre l’aventure belliqueuse de 2003 qui
devait engendrer la chute du régime de Saddâm Husayn à Bagdad et entraîner les populations
irakiennes en des années de souffrances et de malheurs. On sait combien il en avait été
personnellement affecté.
Le 19 avril 2005, le Cardinal J. Ratzinger, qui avait été son étroit collaborateur à la Congrégation de la
Doctrine de la Foi, devenait son successeur sous le nom de Benoît XVI et allait en continuer son
« ouverture aux musulmans » en esprit de dialogue, tout en insistant sur la cohérence de la foi
chrétienne en tous ses engagements et sur la relation étroite qui existe entre religion et culture.
C’est dans cette perspective, semble-t-il, qu’il décida, le 15 février 2006, d’unir la présidence du
Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux (CPDI) à celle du Conseil Pontifical pour la Culture
(CPC), les confiant toutes deux ad interim au Cardinal Paul Poupard, président du CPC, et nommant
Mgr. M.L. Fitzgerald, jusqu’alors président du CPDI, nonce apostolique au Caire, auprès du
gouvernement égyptien, et représentant du Saint-Siège auprès de la Ligue des Etats Arabes. On sait
que, quelques mois après, le 12 septembre 2006, il prononça à l’Université de Ratisbonne la
conférence qui devait paradoxalement donner au dialogue islamo-chrétien un regain d’expressions
contrastées. Plus tard, le 1er septembre 2007, le Cardinal Jean-Louis Tauran devenait président du
CPDI, redevenu autonome, et le futur Cardinal Ravasi, président du CPC. Benoît XVI n’a pas manqué,
depuis lors, d’insister sur l’importance du dialogue entre catholiques et musulmans, développant
ainsi ce qu’il avait dit à ses hôtes de Castel Gandolfo, le 25 septembre 2006 : « Dans un monde
marqué par le relativisme et excluant trop souvent la transcendance de l’universalité de la raison,
nous avons impérativement besoin d’un dialogue authentique entre les religions et les cultures,
capable de nous aider à surmonter ensemble toutes les tensions, dans un esprit de collaboration
fructueuse. Poursuivant l’œuvre entreprise par mon prédécesseur, le Pape Jean Paul II, je souhaite
donc vivement que les relations confiantes qui se sont développées entre chrétiens et musulmans
depuis de nombreuses années, non seulement se poursuivent, mais se développent dans un esprit de
dialogue sincère et respectueux, fondé sur une connaissance réciproque toujours plus vraie qui, avec
joie, reconnaît les valeurs religieuses que nous avons en commun et qui, avec loyauté, respecte les
différences ». Ayant repris à son compte la tradition des rassemblements d’Assise, Benoît XVI a pu
confirmer, avec succès, son souci de dialogue lors de son Pèlerinage en Terre Sainte, du 8 au 15 mai
2009, que ce soit en Jordanie, en Palestine et en Israël
. A résumer l’essentiel de son message, il y a
le petit papier qu’il a déposé, à Jérusalem, dans une fente du Mur occidental, dit « des
lamentations » : « Dieu de tous les âges, au cours de ma visite à Jérusalem, la ville de la paix, la patrie
spirituelle des juifs, des chrétiens et des musulmans, je T’apporte les joies, les espoirs et les
aspirations, les épreuves, les souffrances et la douleur de tous Tes peuples à travers le monde. Dieu
d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, entends le cri des affligés, de ceux qui ont peur et de ceux qui
souffrent de privations. Envoie Ta paix sur cette Terre sainte, sur le Moyen-Orient, sur l’ensemble de
la famille humaine et bouleverse les cœurs de tous ceux qui invoquent Ton nom, afin de marcher
humblement sur le chemin de la justice et de la compassion. ‘Le Seigneur est bon pour ceux qui
L’attendent, pour les esprits qui Le cherchent’ (Lm 3, 25) ».
Tous les textes essentiels de ce Pèlerinage se retrouvent dans le dossier « Pilgrimage of His Holiness Benedict
XVI to the Holy Land », in Islamochristiana, PISAI, Roma, 35 (2009), pp. 254-267.