Chapitre 2 Sociologie : Le dopage comme objet scientifique I) Introduction Le dopage est un thème d’actualité : tout le monde connaît les affaires Festina et Ben Johnson. Le dopage a changé l’image du sport dans l’imaginaire social, animant les controverses contemporaine. Résultats de sondages « Y a-t-il du dopage dans le sport ? » : 1989 Athlétisme 73% Cyclisme 63% Haltérophilie 17% 1993 Athlétisme 85% Cyclisme 72% Natation 7% 1997 Athlétisme 71% Cyclisme 59% Football 39% 2005 Cyclisme 97% Athlétisme 59% Football 46% La consommation des drogues diverses et variées est un phénomène manifeste dans l’histoire du sport. 1904 : Un marathonien, Thomas Hicks s’effondre aux J.O après avoir consommé Cognac et Strychnine. 1967 : Tom Simpson meut sur le tour de France. 1988 : Ben Johnson pris aux stéroïdes anabolisants. 1997 : Jamel Bourras pris pour dopage. 1998 : affaire Festina. 2001 : affaire de la Juventus sur la créatine. 2003 : affaire des laboratoires Balco, ce laboratoire a crée un stéroïde anabolisant indétectable (la THG). 2004 : scandale des athlète grecs Kenteris et Thanou aux J.O d’Athènes. 2005 : suspicions de dopage sur Lance Armstrong. Affaire de dopage sur Roberto Herras. - Si on s’intéresse à ce fait social (le dopage), alors que peut apporter la sociologie à ce phénomène ? Quels sont les individus qui ont recours au dopage ? Dans quels types de société de dopage est-il une pratique répandue ? Quels sont les normes et les principes de valeur qui sont admis dans une pratique dopante ? Est-ce toujours reconnue comme une pratique licite/illicite, comment et sous quelle forme de contrainte ? Estimation du nombre de consommateurs de médicaments psychotropes en France métropolitaine parmi les 12-75 ans : Occasionnels 8,9 Millions Réguliers 3,8 Millions Quotidiens 2,4 Millions Si le dopage est une pratique qui concerne tout le monde, rien n’atteint le scandale provoqué par le dopage sportif. Sa définition est beaucoup plus précise lorsqu’on parle de sport, même si elle reste floue. Elle désigne le fait de consommer des substances en vue d’améliorer ses performances. Le recours à cette pratique dans le sport peut-être considéré comme un usage social différent par rapport à une société donnée. L’individu ne cherche pas à s’échapper de la réalité sociale ou a chercher un plaisir artificielle. Ehrenberg (1991) : « Le culte de la performance », selon lui, le dopage dans le sport c’est se préparer à affronter une épreuve et celle d’une société concurrencielle pesant sur l’individu et ses performances. En sociologie, on s’interroge sur les liens entre pratique du sport à haut niveau et dopage, même si le sport amateur est aussi touché. Les différentes polémiques ne manquent pas de provoquer des appels à la moralisation et à l’éthique du sport et aux dénonciations des risques que fait courir le dopage aux sportifs. Conclusion à ce sujet : • Le dopage sportif n’est qu’un aspect particulier de la question de dopage en sociologie qui s’inscrit dans un système de mesures. • Il y a 4 normes : sociales, morales, sportives, juridiques. • Il y a 3 principes : - Si on doit intervenir quand il y a triche ou transgression des règles sportives. - S’il y a un problème sanitaire. - Parce qu’il y a une atteinte même aux principes de fonctionnement de la société. II) Définition du dopage Il n’y a pas de définition unique et consensuelle du dopage. Il faut remonter aux années 60 pour voir les débuts des inquiétudes sur le dopage. Cela commence aux J.O de Rome et parallèlement des conférences de médecine sur le dopage. Un cycliste danois (Jensen) leur durant ces J.O. A la suite de ces J.O (1963), un colloque européen à Uriage donne la première définition du « dopage » ou « doping » : « Est considérer comme doping, l’utilisation de substances ou tout moyen destiné à augmenter artificiellement le rendement, en vue ou à l’occasion de la compétition qui peut porter préjudice à l’éthique sportive et à l’intégrité physique et psychique de l’athlète ». A la suite de cela, le CIO va installer une commission médicale en 1967. Cette commission va établir une liste de substances interdites, notamment : - En 1974 : interdiction des stéroïdes anabolisants. - En 1982 : la caféine à forte dose et la testostérone entrent dans la liste. - En 1985 : les auto-transfusions et beta-bloquants entrent dans la liste. Les substances interdites entrent donc au fur et à mesure dans cette liste. En 1999, il y a la création de l’AMA (Agence Mondiale Antidopage) afin de promouvoir et coordonner de manière internationale la lutte antidopage dans toutes ses formes. En France, dès 1965, création de la première loi antidopage dans le monde : la loi Herzog (France et Belgique). On met en place des contrôles antidopage légaux. En 1966 : Anquetil et d’autres font grève pendant le tour de France pour protester contre les contrôles antidopage inopinés. En 1967 : Tom Simpson meurt durant le tour de France. En 1968 : Les premier réels contrôles antidopage ont lieu. En 1989, création de la loi Bambuck, contexte sportif particulier. Affaire Ben Johnson et chute du mur de Berlin : mise à jour des pratiques organisées et planifiées dans les paus de l’Est, contrôles, sanctions. En 1999 : loi Buffet dans le contexte de l’affaire Festina. Cette loi part sur la prévention et l’éducation. A l’heure actuelle, la définition du dopage du CIO tient sur 2 pages. III ) Complexité de l’objet. Tentative d’objectivation… Contrairement à ce que l’on pense, un faible nombre d’études sociologique lui sont consacrées. Très peu de sociologue s’y intéressent. Si l’on recense depuis les années 70, on trouve beaucoup de travaux médicaux et pharmacologique sur le dopage. Il faut attendre les années 90 pour trouver les premier travaux sociologique sur le dopage. Depuis quelques années, le nombre d’études sociologiques sur le dopage augmentent. Les premières recherches sont des études cliniques et épidémiologiques. Au niveau des sciences sociales, on s’intéresse à cet objet, sachant que de nombreuses études cliniques ont été faites avant. La question du dopage, comme toute pratique déviante impliquant le secret, pose aux sciences sociales de nombreuses difficultés, notamment en termes méthodologique. Ex : la recherche par observation. Le dopage par essence, ne se donne pas à voir. 1 ) INSEP (1995) A été réaliser un travail d’émergence sociologique, par un questionnaire puis par entretien avec des athlètes puis entraîneurs. On cherche à dépasser le point de vue médical en partant d’un doute sur l’efficacité des campagnes antidopage. Elle se limite à l’étude des représentations des acteurs, sans vraiment se préoccuper des pratiques réelle et sur leurs effets au plan humain. L’étude des représentations du sport est privilégiée et constitue le cœur de l’enquête et cette étude est suivie d’une analyse en 2 temps du contexte propice au dopage. Les contraintes pouvant entraîner le dopage du sportif : - Le dilemme de l’institution sportive. Si la réussite du sportif est impérative, elle importe également pour son entraîneur et son institution fédérale. - La pression des sponsors ( qui payent le sportif). - L’effet des politiques nationales : l’image du sport nationale reflète la nation. - La carrière est très courte. C’est une étude sous forme prospective. Ils envisagent 3 scénarios différents de l’évolution du dopage : - Le développement de l’éthique sportive. Les valeurs perçues dans le sport s’imposent sur le dopage. - Un auto-contrôle du phénomène par les sportifs et non par les institutions. - La libération du dopage dans le sport. 2 ) CNRS (1998) A été réaliser une expertise collective. Cette enquête a été associée au ministère de la jeunesse et des sports et s’inscrit dans l’étude préparatoire à la loi Buffet (1999). L’introduction de cette loi pose un problème sanitaire et social. Dans les résultats de l’analyse on remet en cause les institutions sportives (trop de pouvoir). Cette enquête qui considère la question du dopage sous l’angle des sciences sociales, revient à analyser les relations entre les acteurs ayant des intérêts différents dans la promotion du sport. Dans cette analyse, les chercheurs distinguent le rapport au corps de populations sportives populaires (ex : cyclistes, footballeur…) et favorisés (ex : marathoniens…). 3 ) L’enquête écout-dopage (08 00 15 20 00) Mise en place en 1998 par Marie George Buffet. Il y a eu 77000 appels en 7 ans. On constate que un tiers des appels proviennent des culturistes et adeptes de la musculation, chez qui on constate que le dopage à tendance à se généraliser. Viennent ensuite les cyclistes les athlètes et les footballeurs. Les produits les plus cités sont : créatine dans un quart des cas, anabolisants, cannabis et compléments nutritionnelles. 4 ) Les enquêtes en milieu scolaire (1999) Elle concerne les adolescents en France, auprès de 3000 élèves âgés de 13 à 19 ans. C’est la première enquête sur le dopage en milieu scolaire. Elle a été réalisée par questionnaire en Midi-Pyrénées. 7% des élèves considèrent avoir consommer un produit dopant. Ce taux atteint 10% lorsqu’ils pratiquent une activité sportives hors milieu scolaire. Les garçons sont plus concernés. Substances utilisés chez les 10% sportifs : caféine sous forme de comprimés, ventoline chez les non asmatiques, cannabisn amphétamines, ectasy, … Chez les 10% sportifs, seuls 14% des compétiteurs déclarent être tentés par le dopage. Il monte à 20% chez les garçons âgés de 17-19ans. 5 ) INSERM Dans les adolescents scolarisés de la 4eme à la terminale, il y a 0,7% des ados qui ont pris déjà une fois des stéroïdes anabolisants. Ce sont des sportifs de haut niveau, au niveau national. Par la suite, ils sont consommateurs de cigarette, alcool, vivant dans des sportétudes. D’après cette enquête, 6,4% d’entre eux ont des troubles associés : tentatives de suicide, dépressions , violences physiques….