Dopage : l'Hematide tente de percer
The Associated Press
Publié lundi 8 février 2010 18.11 ET
Six ans plus tard, aux Jeux de Pékin, le produit dopant de choix était le Mircera, un médicament qui venait tout juste d'être mis en
marché.
Alors que les Jeux de Vancouver s'apprêtent à prendre leur envol, les experts en matière de dopage se demandent si un tout nouveau
produit dopant, l'Hematide, réussira à s'immiscer au cœur des compétitions.
Si la présence d'Hematide est détectée dans les prochaines semaines, elle signalera un problème dépassant les frontières du dopage
sportif. Contrairement aux produits utilisés dans les Jeux précédents, l'Hematide n'a pas encore reçu l'approbation des agents
chargés de la réglementation pharmaceutique et ne devrait pas être disponible.
Le médicament en est aux dernières étapes des essais cliniques, de sorte qu'il doit être soumis à un contrôle très serré et disponible
en quantités très limitées, puisqu'il s'agit d'un produit expérimental pour le traitement de l'anémie sévère. Rien ne garantit cependant
que le médicament ne se trouve pas déjà entre les mains de tricheurs, selon des experts de la lutte antidopage.
"Je dirais que c'est le produit de choix aujourd'hui, s'ils réussissent à mettre la main dessus. Et ils réussissent habituellement à le
faire. Ces personnes obtiennent toujours le médicament avant les autres, explique le Dr Don Catlin, un expert américain en matière
de dopage. Tous ceux parmi nous qui sont dans ce domaine tentent de trouver une méthode pour la (détection) de l'Hematide."
Plusieurs sports d'endurance sont aux prises avec des cas de dopage sanguin, qui désigne une série de techniques utilisées par les
athlètes pour augmenter leur taux de globules rouges dans le sang. L'objectif est d'arriver à envoyer plus d'oxygène aux muscles
pendant une épreuve particulièrement exigeante.
Le dopage sanguin a déjà été rapporté dans différents sports, notamment le cyclisme, le ski de fond, le biathlon et le patinage de
vitesse longue piste.
L'entreprise qui développe l'Hematide sait que son médicament est perçu comme un produit dopant potentiel. Affymax, de Palo
Alto, en Californie, travaille de concert avec l'Agence mondiale antidopage pour accélérer le développement d'un test de dépistage.
"Parce qu'il s'agit d'un médicament expérimental, nous avons beaucoup de mesures en place pour contrôler l'inventaire et savoir où
se trouve le produit", a indiqué la directrice exécutive des communications d'Affymax, Sylvia Wheeler, admettant malgré tout que
lorsqu'une personne veut à tout prix quelque chose, elle trouve généralement le moyen de l'obtenir.
Les experts s'entendent pour dire que l'Hematide sera inévitablement le prochain produit de choix pour le dopage sanguin, mais ils
ne croient pas tous, comme le Dr Don Catlin, que le médicament est déjà utilisé par les athlètes.
"Rien ne prouve, jusqu'à maintenant, que les athlètes pourront se procurer ces médicaments avant leur mise en marché", croit la
directrice du laboratoire antidopage des Jeux de Vancouver, Christine Ayotte. Mais lorsque le produit sera sur le marché, "vous
pouvez être certains que des athlètes seront preneurs dès le premier jour".
Selon le Dr Catlin, le médicament ne peut être détecté par le même test que celui utilisé pour le dépistage de l'EPO. Mme Ayotte
refuse quant à elle de dire si un nouveau test a été développé. "Il reste à voir si nous serons prêts ou non. Je ne révélerai pas nos
secrets à ce moment", a-t-elle exprimé.
Le Comité international olympique a demandé que des échantillons soient conservés pendant huit ans et a avisé les athlètes qu'il
pourrait ordonner des tests rétroactifs si une nouvelle méthode de détection est développée pendant cette période.