
ANNEXE 2
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Affection concernée et présentation de la proposition d'innovation :
1. Affection concernée :
Patients ayant une hypertension artérielle (HTA) résistante à une trithérapie antihypertensive
incluant un diurétique selon les critères définis par la HAS (pression artérielle, PA, > 140 ou 90
mmHg chez l’hypertendu tout venant ou > 130 ou 80 mmHg chez le l’hypertendu diabétique ou ayant
une néphropathie protéinurique)
2. Présentation de la proposition d’innovation :
La dénervation sympathique rénale par ablation intra-artérielle (ou dénervation rénale, DR), consiste
à interrompre par radiofréquence l’innervation sympathique afférente et efférente dans l’adventice
des artères rénales. Le courant de radiofréquence est délivré dans les deux artères rénales par une
électrode de dispersion de courant de radiofréquence située à l’extrémité d’un cathéter spécifique à
usage unique introduit par voie trans-fémorale (Symplicity® Catheter System, Ardian, USA) connecté
à un générateur de courant de radiofréquence. L’intervention, réalisée sous sédation-analgésie en
salle d’angiographie, dure environ 30 à 45 minutes.
Cette technique s’appuie sur un pré-requis ancien. Dans de nombreux modèles animaux, la DR
bilatérale prévient le développement ou atténue l’importance de l’HTA. Les premiers essais
chirurgicaux de DR dans les années 1960 à 1970 (intervention de Smithwick), réservés à des
patients ayant une HTA très sévère, ont montré l’efficacité de l’approche en permettant une
réduction tensionnelle importante, mais l’intervention chirurgicale était lourde et se compliquait
fréquemment d’une hypotension orthostatique sévère et mal tolérée, d’impuissance etc.
La mise au point de cathéters permettant d’appliquer un courant de faible intensité au contact de la
paroi artérielle rénale par voie endovasculaire pour détruire les filets nerveux sympathique présents
dans l’adventice artérielle, a relancé la DR dans le traitement des formes sévères d’HTA. Une étude
préliminaire de faisabilité, non contrôlée (Krumm et al) a été menée sur 45 patients hypertendus,
résistants (PA = 177/101 mm Hg) malgré trois antihypertenseurs dont un diurétique. La DR par
ablation endovasculaire a entraîné une baisse importante de la PA systolique/diastolique
respectivement à 1, 3, 6, 9 et 12 mois de : -14/-10 mm Hg, -21/-10 mm Hg, -22/-11 mm Hg, -24/-11
mm Hg et -27/-17 mm Hg avec un traitement de même intensité. Les complications directes liées à
la procédure ont été rares : une dissection de l’artère rénale liée à la mise en place du cathéter,
traitée avec succès par stent, et un faux anévrysme au point de ponction, traité médicalement avec
succès. Aucun des 18 patients ayant un contrôle angiographique à 1 mois n’avait d’anomalie de
l’artère rénale ou du rein d’aval. Le suivi morphologique, disponible en IRM chez 14 patients à 6
mois, n’a pas montré d’anomalie de la paroi artérielle rénale tronculaire. Il n’y a pas eu d’altération
de la fonction rénale après la procédure.
L’efficacité et la sécurité de la DR utilisant le Symplicity® Catheter System est en cours
d’évaluation dans un essai randomisé contrôlé HTN2 auquel le groupe de l’Hôpital Européen
Georges Pompidou a participé (analyse en cours).
Nombre de malades pour la France entière susceptibles de bénéficier de l’innovation en une
année (population cible) :
En appliquant les taux de prévalence observés dans les deux études ENNS (2006-2007) et MONA
LISA aux derniers chiffres de population publiés par l’INSEE pour 2009, on estime la prévalence de
l’HTA à 12 millions de personnes entre 34 et 74 ans et 13 millions entre 18 et 74 ans, soit 31 % de la
population adulte française. L’incidence annuelle de l’HTA en médecine de ville issue de l’enquête
sur le panel THALES, réalisée auprès de 1300 médecins de ville et extrapolée sur la base de 56000
médecins généralistes est de 1,7 million en 2006 contre 1,9 million en 2004 et 2005 (CSD-Th@les
2007).
La proportion de patients pour lesquels l’HTA n’est pas normalisée (<140mmHg et une <90mmHg)
parmi les hypertendus traités (18-74 ans) est de 49% dans l’étude ENNS (femmes : 58%, hommes :
42%) et de 24% pour les hommes et 39% pour les femmes dans l’étude MONA LISA (35 -74 ans).
Cette proportion ne tient pas compte du nombre de traitements antihypertenseurs pris et de leur
nature. Le données de la CNAMTS (2006) montrent qu’environ 26% des hypertendus sont traités par
plus de trois antihypertenseurs en France.
La prévalence de « l’HTA résistante » selon le critère ci-dessus est moins bien connue. Elle est
estimée à 5% dans la population générale et serait comprise entre 15 et 25 % dans les services