RR - 16/04/17 - 769773499 - 1/7 Termle S Chapitre 4.2 3 semaines Les innovations génétiques I. Les mutations géniques sont à l'origine de nouveaux allèles A. Une mutation est une modification de la séquence des nucléotides d'un gène ►TP 1a. Polyallélisme et mutations (version Anagène) ►TP 1b. Polyallélisme et mutations (version papier) B. On distingue trois principaux types de mutations C. Les mutations ont des conséquences phénotypiques variables ►TP 2. La famille multigénique des globines II. Duplications et mutations géniques permettent l'apparition de nouveaux gènes A. Les familles multigéniques s'expliquent d’abord par la duplication génique B. La divergence des gènes d'une même famille s'explique ensuite par l'accumulation de mutations III. Les innovations génétiques ont des succès divers A. Seules les innovations de la lignée germinale ont une chance de succès ► TP 3. Génotype et environnement FACULTATIF B. Certains allèles confèrent un avantage sélectif C. Des allèles neutres peuvent se répandre ► TP 4. Chronologie du développement FACULTATIF D. Les mutations des gènes de développement : petites causes et grands effets OBJECTIF Beaucoup de gènes présentent de nombreux allèles. Un gène est dit polymorphe si au moins deux allèles sont présents dans l'espèce avec une fréquence supérieure à 1%. Chez l'Homme, environ 30% des gènes sont polymorphes. Les gènes non polymorphes codent généralement des protéines dont la variabilité entraîne la mort de l’individu qui les porte. Chaque individu est unique car il ne possède que deux allèles par gène, et se caractérise par une collection originale d'allèles (voir chapitre 4.1). Sur le plan génétique, une espèce se caractérise par un ensemble de gènes qui en définissent les caractères. L'Homme possède environ 35 000 gènes. Au cours des temps géologiques, les espèces se sont succédées, ce qui suppose l'apparition de nouveaux gènes. Or méiose et fécondation permettent le brassage allélique mais ne permettent pas l’apparition ni de nouveaux allèles ni de nouveaux gènes. On recherche les mécanismes à l'origine de la formation de nouveaux allèles et de nouveaux gènes ainsi que le devenir de ces innovations. RR - 16/04/17 - 769773499 - 2/7 I. Les mutations géniques sont à l'origine de nouveaux allèles A. Une mutation est une modification de la séquence des nucléotides d'un gène Les mutations s'accumulent au fil des générations (dans l'espèce et dans les espèces ancestrales). Une mutation peut intervenir lors de la réplication de l'ADN qui précède toute division cellulaire (mitose ou méiose) ou résulter d'un remaniement chromosomique. Elle est typiquement spontanée (= aléatoire), et non orientée (= sa nature ne dépend pas des caractéristiques du milieu). Une mutation peut être ponctuelle, c'est à dire n'affecter qu'un seul nucléotide ou, étendue c'est à dire affecter de larges portions du gène. Dans un chromosome seulement 10% environ de l'ADN correspond à des gènes. Le reste est dit extragénique. Ces régions extragéniques sont très polymorphes car elles peuvent accumuler de nombreuses mutations (voir Nathan p. 81) sans que cela n’ait de conséquence particulière. Ce sont elles qui sont utilisées pour réaliser les empreintes génétiques. La fréquence des mutations (= taux de mutation) est faible pour un gène donné. Elle est de l'ordre de 10-6 (variable selon les organismes et les gènes de 10-3 à 10-11). Cependant, compte tenu du grand nombre de gènes (environ 35 000 chez l'Homme) la probabilité d'une mutation par gamète n'est pas négligeable (environ 1%). Pour un gène donné, la rareté des mutations permet le maintien des caractéristiques de l'espèce pendant quelques centaines de générations. Cela n'empêche pas le polyallélisme et donc une variabilité intraspécifique pour de nombreux caractères. Les mutations sont plus nombreuses sous l'action de certains agents mutagènes comme les rayons ionisants (rayons X et gamma), les ultraviolets (voir cours de 2de chapitre 2.2.TP3 et §II.C) ou certaines substances chimiques (benzène...). Ces agents augmentent la fréquence des mutations mais n'orientent pas leur nature. ►TP 1a. Polyallélisme et mutations (version Anagène) ►TP 1b. Polyallélisme et mutations (version papier) Selon le temps disponible le TP0 se fait sous forme de TP(TP0a), de TD (TP0b) ou simplement en support du cours (transparents de TP0b). B. On distingue trois principaux types de mutations Codon : séquence de trois nucléotides successifs sur l'ARNm. Triplet : séquence de trois nucléotides successifs sur l'ADN. Le nucléotide est la plus petite unité de mutation. La substitution est le remplacement d'une ou plusieurs paires de nucléotides par une ou plusieurs autres. L'addition (= insertion) est l’ajout d'une ou plusieurs paires de nucléotides. La délétion (= suppression) est la perte d'une ou plusieurs paires de nucléotides. Parmi les autres types de mutation certaines entraînent la répétition d'un triplet (voir le cas de la Chorée de Huntington dans Nathan exercice n° 6 p. 89). RR - 16/04/17 - 769773499 - 3/7 C. Les mutations ont des conséquences phénotypiques variables La substitution ne modifie ni le nombre de nucléotides ni le cadre de lecture de l'ADN. Par contre addition et délétion modifient non seulement le nombre de nucléotides mais aussi le cadre de lecture quand le nombre de nucléotides affectés n'est pas un multiple de trois (l'ADN code par triplets). Cela a pour effet de modifier tout le codage de la protéine correspondante en aval de la mutation. Pour chaque triplet, trois cas sont à envisager. - Cas 1. Le triplet mutant est synonyme du triplet antérieur, du fait de la redondance (= dégénérescence) du code génétique, il n'y a aucune conséquence. La mutation est dite silencieuse (c'est souvent le cas lors d'une substitution ponctuelle sur le troisième nucléotide d'un triplet). - Cas 2. Le triplet mutant correspond (ou ne correspond plus) à un codon stop, la synthèse protéique est interrompue prématurément (ou est poursuivie au delà de la normale). C'est une mutation non sens. - Cas 3. Le triplet mutant code un acide aminé différent du triplet antérieur (l'altération de la séquence des nucléotides du gène muté est reproduite lors de la transcription de l’ADN en ARNm puis lors de la traduction de l’ARNm en protéine, voir cours de 1ère S chapitre 2.1.III ). Dans ce cas : - soit la mutation entraîne une modification de la longueur et/ou de la structure spatiale de la protéine provoquant modification de sa fonction biologique (bénéfique ou non), c'est une mutation faux-sens ; - soit la mutation n'entraîne pas de modification de la fonction de la protéine, elle est dite neutre. Beaucoup de mutations faux-sens sont délétères (= nuisibles au fonctionnement de l'organisme). Les parties non fonctionnelles d'une protéine conservent beaucoup plus facilement les mutations (= évoluent plus rapidement du fait de mutations neutres) que les parties fonctionnelles (mutations faux-sens). ►TP 2. La famille multigénique des globines Possible après II (en application) II. Duplications et mutations géniques permettent l'apparition de nouveaux gènes ► FIGURE 1. La famille multigénique des globines (au complet) dans Ridley, De Boeck, 1997 voir aussi Nathan p. 78. On appelle famille multigénique un ensemble de gènes issus d'un même gène ancestral. On estime qu'une similitude (même acide aminé situé à la même position) entre deux protéines supérieure à 20 % indique une parenté, c'est à dire une origine commune. ► FIGURE 2. Évolution du génome dans Nathan p. 87. A. Les familles multigéniques s'expliquent d’abord par la duplication génique Accompagnement. Les mécanismes à l'origine de la duplication génique dans les familles multigéniques ne sont pas au programme. RR - 16/04/17 - 769773499 - 4/7 On appelle duplication, un mutation particulière qui provoque l’apparition d’une copie supplémentaire d’un gène entier. Les copies ont la même fonction. Ces gènes copiés peuvent rester groupés sur le même chromosome ou bien se disperser sur deux ou plusieurs chromosomes différents (= transposition). B. La divergence des gènes d'une même famille s'explique ensuite par l'accumulation de mutations Les gènes dupliqués peuvent : - ne pas muter (nous possédons ainsi des milliers de gènes identiques d'histone (protéines associées à la structure des chromosomes) ou d'ARN ribosomal), on parle de gènes répétés ; - muter chacun pour son compte, tout en restant apparentés, les nouveaux polypeptides codés conservent la même fonction (cas des globines) ; Dans ce cas une mutation délétère est sans conséquence car une copie intacte du gène initial est conservée. - muter chacun pour son compte en ne conservant pas la même fonction. Ils suivent une évolution indépendante et permettent l'acquisition de nouvelles fonctions (cas des hormones post-hypophysaires ou de la myoglobine (stockage de O2) par rapport aux autres globines (transport de O2)). ► FIGURE COURS. Évolution du génome d’après la figure 2. Gène ancestral, duplication, transposition, divergence (= mutations indépendantes des gènes dupliqués) voir aussi dans Bordas p. 99. ► FIGURE 3. Quelques familles multigéniques dans Nathan p. 79 fig. 3. Certains gènes dupliqués, les pseudogènes, ne sont plus fonctionnels. III. Les innovations génétiques ont des succès divers Accompagnement. Cette partie du programme (chapitre 3.2. III) ne peut, à elle seule, être l'objet d'une question au baccalauréat. A. Seules les innovations de la lignée germinale ont une chance de succès Dans un organisme on distingue deux grandes lignées de cellules : la lignée somatique (du grec sôma = corps) qui aboutit aux cellules non reproductrices, et la lignée germinale qui aboutit aux cellules reproductrices. Les mutations qui affectent la lignée somatique peuvent avoir des conséquences sur l'individu porteur (ex. cancérisation, cf. cours de 2e chapitre 2.2.II.C). Elles sont sans conséquences sur la descendance donc sur l'évolution car non transmissibles. Certaines tâches pigmentaires de la peau, qui apparaissent en cours de vie, proviennent d'une mutation somatique. Les mutations qui affectent la lignée germinale peuvent a voir un impact évolutif car elles sont transmissibles à la descendance par l'intermédiaire des gamètes. ► TP 3. Génotype et environnement FACULTATIF Selon le temps disponible le TP3 se fait sous forme de TP de TD ou simplement en support du cours (pages Génotype et environnement). RR - 16/04/17 - 769773499 - 5/7 B. Certains allèles confèrent un avantage sélectif Les facteurs de l'environnement peuvent provoquer pour les porteurs de certains allèles, une variation de l'espérance de vie et/ou de la capacité à se reproduire. Ainsi, la fréquence des allèles favorables, ou non défavorables, augmente dans la population : on parle de sélection naturelle. Inversement la fréquence des allèles défavorables ou non favorables diminue. L'observation montre qu'il existe une sélection diversifiante quand l'hétérozygotie confère un avantage (vigueur hybride) et une sélection uniformisante qui tend à éliminer les allèles défavorables que des néomutations tendent à restaurer. Du fait de la sélection naturelle les allèles délétères (= provoquant des maladies graves) devraient disparaître d'une population. En fait ils sont sans cesse renouvelés du fait de néomutations (voir Hatier p. 95 fig. 10). Un changement d'environnement peut modifier la pression de sélection et entraîner un changement de(s) l'allèle(s) favorisé(s). Il n'entraîne en aucun cas l'apparition d'allèles nouveaux. On ne s'adapte pas à de nouvelles condition de milieu. On est (= naît) adapté ou on ne l'est pas. ► FIGURE 4. Dérive génétique et fréquence allélique (marqueurs de groupes sanguins) dans Nathan p. 133 fig. 2, voir aussi Didier p. 104, 105 (cf. fig. ts42_10) La fréquence des allèles de groupe sanguin (système A, B, 0) varie selon les populations alors qu'aucun argument ne plaide pour la prévalence de tel ou tel allèle. ► FIGURE 4b. Fréquence de l’allèle béta S et paludisme dans Nathan p. 130. ► FIGURE 5. La dérive génétique dans Nathan p. 132. ► FIGURE 6. Fréquence allélique de quatre populations dans Nathan p. 141. C. Des allèles neutres peuvent se répandre Si la sélection naturelle agissait seule on devrait observer un faible polymorphisme génique (= un appauvrissement génique) au sein des populations. Dans des conditions de milieu données, la majorité des allèles ne confèrent aucun avantage ni désavantage au regard de sélection naturelle, ils sont neutres. Dans une population, la fréquence des allèles neutres fluctue au cours du temps du fait du tirage aléatoire, à chaque génération, des gamètes participant à la reproduction. De manière non prévisible certains allèles se fixent (= se répandent) et d'autres peuvent se perde, c'est la dérive génétique. Ainsi, des mutations peuvent se répandre dans la population sans conférer d'avantage sélectif particulier. Accompagnement. Les mécanismes et les effets de la dérive générique ne sont pas exigibles. ► FIGURE 7. Les hémoglobines des mammifères dans Nathan p. 133 fig., voir aussi Bordas p. 152, 153, 156. L'existence de molécules homologues chez différentes espèces témoigne de l'accumulation de mutations neutres. Comme les mutations ne dépendent pas des conditions de milieu elles s’accumulent en fonction du temps. Si on admet que les mutations se sont régulièrement accumulées le degré de similitude entre deux gènes homologues traduit le temps écoulé depuis leur divergence, c’est la notion d’horloge moléculaire (voir chapitre 3.1 Parentés et phylogénies). La notion d’horloge moléculaire a des limites car les vitesses d’évolution diffèrent selon les molécules et la vitesse d’évolution est variable au sein d’une même molécule. RR - 16/04/17 - 769773499 - 6/7 ► TP 4. Chronologie du développement FACULTATIF D. Les mutations des gènes de développement : petites causes et grands effets ► FIGURE 8. Le plan d'organisation des insectes dans Nathan p. 134 - Hatier p. 105 - Bordas p. 160 . ► FIGURE 9. La transition nageoire-patte dans Nathan p. 134,135. On appelle gène du développement (= gène homéotique = gène architecte) un gène qui contrôle l’expression d’autres gènes. Il gouverne ainsi la position et la chronologie de mise en place des organes (plan d’organisation). Les mutations qui affectent les gènes du développement (petites causes) peuvent avoir deux types de conséquences (grands effets) : - apparition d'un nouveau plan d'organisation (ex. passage de la nageoire à la patte chez les tétrapodes) ; - apparition de décalages (ralentissements ou accélérations) dans le développement embryonnaire et/ou la durée relative de la mise en place des caractères morphologiques. On parle d'hétérochronies. ► FIGURE 10a. Hétérochronies chez le chien dans La Recherche n°375, mai 2004. La différence entre le squelette d’un lévrier et celui d’un pitbull s’expliquerait par des déphasages dans le temps entre l’action des mêmes gènes régulateurs de la croissance. ► FIGURE 10b. Hétérochronies chez l'Homme et le Chimpanzé dans dossier PLS Les origines de l’humanité p. 42, 64 et Hatier p. 109, voir aussi Nathan p. 138, 139. La « forme juvénile » du crâne (front bombé et face peu saillante) du nouveau né humain, est conservée chez l’Homme adulte, alors qu‘elle disparaît chez le Chimpanzé et l’ancêtre Lucy au cours de la croissance. La « forme juvénile » du bassin (ailes iliaques plates et latérales) disparaît chez l’homme adulte (le bassin devient une cuvette) alors qu’elle est conservée chez le Chimpanzé et l’ancêtre adulte. Chez l'Homme et le jeune Chimpanzé le trou occipital, situé à la base du crâne, impose une bipédie permanente. La poursuite du développement crânien du Chimpanzé entraîne la bascule vers l'arrière du trou occipital qui accompagne la quadrupédie à partir de un an. Des hétérochronies comparables concernent d'autres caractères (mandibule, longueur relative des membres...) alors que le développement embryonnaire et nerveux est plus long chez l'Homme que chez le Chimpanzé. ► FIGURE 11. La diversité des hétérochronies dans Nathan p. 137. Trois sortes de modifications peuvent affecter l'ontogenèse : - le taux de développement ou de croissance (augmenté ou diminué) ; - le début de développement (précoce ou tardif) ; - la fin de développement (précoce ou tardive). Les mutations touchant les gènes du développement ont probablement joué un grand rôle dans l'évolution et peuvent expliquer son caractère discontinu. On oppose l'évolution discontinue (= par sauts) à l'évolution graduelle (= progressive), telle qu'elle est suggérée par la sélection naturelle. BILAN À l'échelle de l'espèce les mutations sont à l'origine de la diversité allélique qui se manifeste par une hétérozygotie à de nombreux locus. La relation entre polyallélisme de l'espèce et fréquence de l'hétérozygotie est une simplification qui n'est acceptable qu'au sein d'une population se reproduisant selon une modalité "classique" de reproduction biparentale et aléatoire (= panmictique). RR - 16/04/17 - 769773499 - 7/7 Au cours des générations successives, les fréquences des allèles peuvent être modifiés selon que les innovations génétiques sont favorables, défavorables ou neutres par rapport aux conditions de milieu du moment. L'enchaînement duplication mutation conduisant à l'apparition de nouveaux gènes, et les mutations touchant les gènes du développement peuvent avoir de grands effets et expliquer le caractère souvent discontinu de l'évolution des espèces. Ces innovations génétiques n'ont d'importance que si elles touchent la lignée germinale ce qui leur permet de s'accumuler au fil des générations. Alors qu'elles apparaissent au niveau des individus, ce sont donc les populations et les espèces qui évoluent. Gradualisme et discontinuités (voir Bordas p. 157 dernier paragraphe).