METAPHYSIQUE GENETIQUE ET ONTOLOGIE RELATIONNELLE
besoin de signifier que c’est nous qui, en permanence, effectuons
ces opérations. Les aspects relationnels de notre intentionnalité et
les situations de dialogue ne sont donc pas exprimés. Ce fait
culturel, qui occulte notre agir et nous focalise sur ses objets,
conduit la réflexion philosophique, en ses origines, à mimer, par
le biais du langage, notre connaissance des choses.
En conséquence, les propriétés de notre connaissance
intentionnelle et empirique s’imposent, comme par atavisme, à la
connaissance réflexive vécue que nous avons de nous-mêmes.
Au lieu de se reconnaître réflexivement en son mouvement
intentionnel vers les choses et vers ses semblables, la conscience
humaine se conçoit comme si elle était « isolable devant elle-
même », comme un « objet indivis pour elle-même », un objet
sur lequel elle projette sa propre identité individuelle avec elle-
même, un objet juxtaposé aux autres. Le sujet conscient est
pensé de ce fait comme pouvant rester solitaire, privée de toute
relationnalité constitutive. Voyez le « cogito » cartésien !
L’homme parle aussi à propos de lui-même comme il parle à
propos des choses selon une identité de nature, « identité » qu’il
projette aussi sur les choses à partir de la sienne.
Ainsi se forma la première orientation de la philosophie,
d’allure objectiviste et substantialiste, dans le milieu culturel
grec, à partir du 7me siècle avant notre ère.
À la même époque en Israël, plus précisément dans le petit
royaume de Juda aux confins des influences assyriennes et
égyptiennes, se formula une compréhension narrative du monde
et de l’homme plus ouverte aux relations que les hommes ont
entre eux et avec la divinité, que ne le fut celle des Grecs. La
dimension fiduciale de la conscience s’exprimait sous forme
d’une « histoire » ; histoire « sainte » pour cette raison.
Toutefois, cet aspect relationnel de la conscience humaine
restait aussi en ses débuts largement tributaire des
représentations unitaires et identicistes des choses. Un Dieu
identique à lui-même en son unité individuelle, projection dans
l’absolu de l’unité personnelle que chacun éprouve en lui-même.
Pourtant ce Dieu unique est pensé en relation de création avec le
monde et en relation d’alliance avec son peuple, Israël, considéré
dans son unité collective. Certes les prophètes et les sages en
Israël n’ont pas été jusqu’à se demander si leur idée de Dieu
s’accordait philosophiquement avec l’action de création et
l’engagement d’alliance, en vertu desquels ils l’adoraient et