Michel Tremblay
né le 25 juin 1942 à Montréal au Canada, Michel Tremblay est un dramaturge et
romancier québécois. Il est aussi conteur, traducteur, adaptateur, scénariste de
films et de pièces de théâtre, parolier pour Pauline Julien, Renée Claude,
Monique Leyrac.
Biographie
Né à Montréal en 1942, Michel Tremblay vit sa jeunesse dans un appartement de
sept pièces du quartier Plateau Mont-Royal avec trois familles totalisant 12
personnes. Considérant avoir eu une enfance heureuse, il grandit entouré de
femmes, qu'il observe, discrètement. Le milieu culturel dans lequel il se
développe, ses proches et le quartier du Plateau-Mont-Royal seront à la source
de son œuvre. L'origine modeste de Tremblay et son homosexualité marqueront
aussi la forme que prendront ses récits. En 1960, il écrit en secret une pièce de
théâtre nommée Le Train. En 1964, Radio-Canada annonce le Concours des
Jeunes Auteurs, Tremblay envoie cette œuvre et gagne le 1er prix.
Sa mère adore les livres et lui transmet ce goût. Plus tard, il écrit un livre qui
raconte l'enfance de sa mère et son long voyage entre les États-Unis et le
Québec.
Œuvre
Michel Tremblay a écrit 28 pièces de théâtre, 22 romans, 4 recueils de récit
autobiographique, 1 recueil de conte, 7 scénarios pour le cinéma ou la télévision,
39 adaptations traduits, 1 livret d'opéra, 2 comédies musicales et les paroles
d'une douzaine de chansons.
La deuxième pièce de Tremblay fut Les Belles-urs, écrite en 1965 et jouée en
première au Théâtre du Rideau Vert le 28 août 1968. Son impact fut énorme,
brisant les principes du théâtre canadien-français qui était alors élitiste. basé sur
les classiques français et conforme à la morale religieuse catholique importante
durant le règne de Maurice Duplessis. Il intègrera le dialecte québécois « joual »
dans ses pièces ainsi qu'un humour basé sur le grotesque et la caricature, chose
qui était peu répandue dans la dramaturgie québécoise de l'époque. Sa peinture
de la vie de femmes de la classe ouvrière québécoise, de travestis,
d'homosexuels, de schizophrènes étaient des thèmes oubliés ou condamnés à
ce moment.
Michel Tremblay profitera donc de la révolution tranquille que connaîtra le
Québec dans les années 1960 pour amener cette nouvelle forme de dramaturgie
qui brisait les valeurs prônées précédemment et jugées « dépassées ». Ce
renouveau sera bien entendu basé sur un nationalisme québécois ainsi que sur
un regard sur les individus du peuple ouvrier, de leur sort et de leur vie
quotidienne conformément à la pensée libérale en pleine effervescence. Nous
pouvons faire à ce propos un parallèle important entre Tremblay et Gogol,
dramaturge russe du xixe siècle.
Tremblay ne cachera pas dans ses œuvres son regard sur la société québécoise
qu'il considèrera comme une société ouvrière dominée par l'Église catholique et
sa morale contraignante (À Toi pour Toujours, Ta Marie-Lou) ou par une élite
anglophone et bourgeoise comme en témoigne, de manière métaphorique la fin
de la pièce Les Belles-Sœurs. Cette réflexion aura une portée considérable
autant sur l'identité québécoise que sur le mouvement indépendantiste
québécois.
Dans les années 1970, Tremblay publiera les Chroniques du Plateau Mont-
Royal, une série de six romans comprenant La grosse femme d'à côté est
enceinte (1978) et La Duchesse et le roturier (1982), œuvre qui poursuit la lancée
de la description du quartier Le Plateau-Mont-Royal à Montréal, quartier qui était
à l'époque celui de la classe ouvrière montréalaise.
Dans les années 1980, il écrira Albertine en cinq temps, pièce majeure qui
marque un pas en avant dans sa recherche dramaturgique. Cette pièce
présentera Albertine, personnage que l'on retrouve dans sa pièce En pièces
détachées, en dialogue avec elle-même à cinq différentes époques.
Son roman C't'à ton tour Laura Cadieux sera porté à l'écran par la metteure en
scène et comédienne Denise Filiatrault.Une série télévisée en découlera
également.
Il a aussi travaillé sur une série télévisée intitulée Le Cœur découvert, au sujet de
la vie d'un couple homosexuel au Québec, pour le réseau de télévision
francophone Radio-Canada.
Il collaborera à plusieurs reprises avec le metteur en scène André Brassard des
Les Belles-urs et il accordera pour chacune de ses pièces un rôle à la
comédienne Rita Lafontaine, et ce depuis sa première pièce. Plusieurs metteurs
en scène reprendront ses pièces, en particulier René-Richard Cyr et Denise
Filiatrault.
En 2006, il est gagnant du Grand Prix Metropolis bleu pour l'ensemble de son
œuvre.
Les Belles-Sœurs
Les Belles-Sœurs est une pièce de théâtre de l'auteur Michel Tremblay, écrite
en 1965 et présentée pour la première fois en lecture publique le 4 mars 1968 au
Centre du Théâtre d'Aujourd'hui par le Centre des auteurs dramatiques. La pièce
fut produite pour la première fois le 28 août 1968 au Théâtre du Rideau Vert à
Montréal, dans une mise en scène d'André Brassard. Elle est fréquemment citée
comme une des premières pièces québécoises à employer le joual (forme
populaire du français québécois).
Traductions
Représentative de la vie des « petites gens » de n'importe quelle grande
métropole, la pièce a été jouée en yiddish, en anglais, en allemand, en italien, en
polonais et une quinzaine d’autres langues.
En 1987, la revue française Lire faisait figurer Les Belles-Sœurs, pièce-phare,
dans sa liste des 49 pièces à inclure dans la bibliothèque idéale du théâtre des
origines à nos jours.
Version musicale
Une version musicale a été créée par le Théâtre d'Aujourd'hui en 2010, avec
René Richard Cyr au livret, Daniel Bélanger à la musique et l’appui de Michel
Tremblay.
Résumé de la pièce
Germaine Lauzon, femme au foyer à Montréal, gagne un million de timbres
GoldStar lui permettant de se procurer divers objets présentés dans le catalogue
de la compagnie. Afin de coller rapidement les timbres dans les cahiers (et de
partager sa joie), Germaine organise un « party de collage de timbres » en
compagnie de ses belles-sœurs.
Cependant, l'atmosphère dégénère rapidement : Germaine suscite la jalousie des
autres femmes ne se gênant pas pour lui voler des timbres, des amitiés sont
bouleversées et Pierrette Guérin, sœur de Germaine qui mène une vie de
« damnée » dans les clubs, refait surface au grand déplaisir de certaines.
Germaine finit par découvrir le vol des timbres et se retrouve seule avec ce qui
reste des timbres.
Personnages de la pièce
Quinze femmes composent la distribution de la pièce, leur âge variant entre 20 et
93 ans.
Germaine Lauzon, personnage principal
Linda Lauzon, fille de Germaine
Marie-Ange Brouillette, voisine de Germaine
Rose Ouimet, sœur de Germaine
Des-Neiges Verrette
Yvette Longpré
Gabrielle Jodoin
Lise Paquette, amie de Linda
Lisette de Courval
Thérèse Dubuc
Olivine Dubuc
Angéline Sau
Rhéauna Bibeau
Ginette Ménard
Pierrette Guérin
Interprétation
La pièce dépeint la réalité de femmes de l'époque, marquées par la religion (elles
s'agenouillent toutes devant la radio pour réciter le chapelet) et les activités
quotidiennes (elles en font une complainte en énonçant leurs tâches ménagères
hebdomadaires, pour conclure qu'elles mènent « une maudite vie plate »). Tour à
tour, elles viennent à l'avant-scène pour montrer leur jalousie (Marie-Ange),
dénoncer l'appétit sexuel d'un mari à qui elles ne peuvent dire non quand il vient
« réclamer son dû » (Rose) ou encore livrer leur inquiétude face à l'avenir
(Pierrette).
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